Le bloc emmené par al-Nosra (coalition islamiste hétérogènes composée surtout de jihadistes et de Frères musulmans, mais aussi d’autres organisations) continue son offensive contre le régime en direction d’Hama. Il organise les zones conquises. Le bloc de l’ANS, pur proxy de la Turquie, continue de cibler les Kurdes. Des tensions existent entre les deux blocs. Ainsi, al-Nosra voulait remettre en service la centrale électrique d’Alep, mais les mercennaires de l’ANS, comme ils le font toujours, avaient pillé tout ce qui pouvait être emporté et saccagé le reste.

Les forces de l’ANS appuyée par l’artillerie turque se concentrent autour de la région de Manbij – des escarmouches ont déjà eu lieu avec les FDS, faisant plusieurs tués. L’ANS harcèle aussi les quartiers kurdes encerclés à Alep. Des milliers de réfugiés fuyant les forces islamistes ont quitté la zone de Sheba/Tall Rifaat pour se diriger par un froid polaire vers les régions du Rojava démocratique par un corridor humanitaire (photo).

Plus au Sud-Est, les FDS ont pris la dernière tête de pont tenue par le régime à l’Est de l’Euphrate, une large poche de sept localités à la hauteur de la ville de Deir ez-Zor. Cette zone étaient occupées par des milices iraniennes. L’aviation américaine bombarde ces milices, l’aviation russe bombarde al-Nosra, l’aviation israélienne bombarde le Hezbollah, et l’aviation turque bombarde les SDF…

L’offensive des deux grands blocs islamistes, celui rassemblé autour du Hayat Tahrir al-Sham (anciennement al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda), et celui des supplétifs de la Turquie rassemblés sous l’étiquette « Armée Nationale Syrienne », se prolonge. Le premier bloc priorise son offensive contre le régime, nettoie les territoires conquis et continue sa progression vers le sud. La vitesse de cette progression s’est ralentie, sans que l’on sache où le régime a pu établir de nouvelles lignes de défense où si l’offensive touche à ses limites pour des problèmes d’effectif ou de logistique.

Le deuxième bloc, en bon supplétif de la Turquie, a concentré ses efforts à combattre les Kurdes. La région de Shebah/Tall Rifaat a été attaquée par l’ANS qui s’est emparée des campagnes et des villages environnants la ville de Tall Rifat et les grands camps de réfugiés (des dizaines de milliers de Kurdes ayant fuit l’invasion turque du canton voisin d’Afrin en 2018). La carte ci-dessous ne l’indique pas, mais il reste des unités kurdes dans cette zone. Les islamistes ont aussi réussi à couper les corridors que les Kurdes avait pu établir hier entre leurs différentes zones à l’ouest de l’Euphrate. Des négociations sont en cours pour l’évacuation des civils des camps de réfugiés et de Tall Rifaat.

Ayant perdu du terrain à Sheba/Tall Rifaat, les Forces Démocratiques Syriennes en ont gagné sur la rive ouest de l’Euphrate, par une attaque venant de Tabka. La partie de la banlieue Nord-Est d’Alep qui a été occupée hier, par une progression à partir des quartiers kurdes de la ville dans la tentative d’établir un corridor vers l’Est, a également été conservée. Toute cette zone kurde d’Alep est néanmoins totalement isolée du reste du Rojava.

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Les forces islamistes en Syrie se divisent en trois forces : primo le Daech (État islamique) qui n’a plus de territoire mais une solide organisation clandestine, secundo les supplétifs de l’armée turque baptisés Armée nationale syrienne (ANS) qui occupent depuis 2018-19 deux territoires conquis aux kurdes (Afrin et Serekanie), et un territoire conquis au Daech (al-Bab); tertio les forces rassemblées par Hayat Tahrir al-Sham (anciennement al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda) et qui tiennent la région d’Idlib, adossée à la Turquie, dans le nord ouest syrien. Ce sont ces forces qui viennent de passer à l’offensive.

L’offensive n’est sans doute pas commanditée par la Turquie, mais elle ne pourrait se faire sans qu’elle la tolère : la région d’Idlib est entièrement dépendante des approvisionnements venant de Turquie. L’offensive est un succès : ont été pris une grande partie de la ville d’Alep, la seconde ville du pays, qui avait été reprise en 2016 par le régime après des années de combats acharnés, 50 villages et plusieurs bases militaires. L’offensive se prolonge vers le sud, vers la ville d’Hama. Les combats sont limités : les troupes du régime se débandent.

Les forces du Rojava démocratique, à l’ouest de l’Euphrate, sont divisées en trois territoires : primo la région de Manbij, à l’est d’Alep, qui est adossée au reste du Rojava, secundo les quartiers kurdes d’Alep (qui jusqu’à présent ne sont pas touchés par les combats) et tertio le territoire de Sheba/Tell Rifaat, au nord d’Alep, – ces deux territoires n’étaient reliés à Manbij, et donc au reste du Rojava, que par des routes contrôlées (et parfois fermées) par le régime.

La volatilisation des forces du régime ont permis aux YPG et YPJ d’Alep et de Sheba/Tall Rifaat d’occuper plusieurs positions pour établir des corridors unissant toutes les zones kurdes non-occupées. Les YPG-YPJ ont reçu pour cela d’importants renforts des Forces Démocratiques Syriennes. Ces forces n’ont pas eu à livrer combat jusqu’à présent, mais les Turcs effectuent des bombardements et l’ANS a effectué une progression à partir d’al-Bab qui pourrait menacer le corridor. Les questions qui se posent sont : jusqu’à quel point le régime est en crise? Et quelle sera l’attitude de la Turquie ? (une offensive contre les territoires kurdes non-occupés à l’ouest de l’Euphrate est-elle envisagée?).

Edit 16H30: Les combats entre les SDF et les islamistes ont commencé. Le corridor entre les quartiers kurdes d’Alep et Sheba/Tall Rifaat est établi, le corridor en direction de Manbij est coupé par l’offensive de l’ANS qui a progressé vers le sud. L’ANS a lancée une attaque en direction de la ville de Tall Rifaat avec des blindés fournis par la Turquie.
Edit 21H30: La situation se dégrade, le deuxième corridor est à son tour coupé: les quartiers kurdes d’Alep sont à nouveau isolés.

L’armée turque et ses troupes de mercenaires djihadistes ont de nouveau eu recours à l’incendie de champs de céréales dans la région autonome du Nord et de l’Est de la Syrie par des bombardements ciblés, détruisant ainsi les récoltes. L’État turc utilise systématiquement cette méthode depuis l’occupation d’Afrin en mars 2018 et celle de Serêkaniyê (Ras al-Ain) et Girê Spî (Tal Abyad) en octobre 2019 afin d’affamer et de chasser la population. 200 hectares de terres agricoles et 3 000 oliviers ont brûlé dans la seule région de Manbij à la suite des dernières attaques contre la région. Les forces turques d’occupation et les mercenaires positionnés sur la ligne frontalière à l’ouest de la ville de Zirgan ont mis le feu aux cultures qui n’ont pas encore été récoltées.

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Les attaques de drones turcs continuent au Rojava et au Kurdistan irakien. Vendredi 15 septembre, deux membres du commandement du Conseil militaire de l’YPJ, Nûcan Ocalan et Canda Cûdî, ainsi que la commandante du Conseil militaire de Manbij, Şervîn Serdar, ont été tuées à Manbij (photo). Şervîn Serdar est née en 1981 dans la ville de Dirbêsiyê. À l’âge de dix-sept ans, elle rejoint le mouvement de libération kurde dans les rangs de la guérilla du PKK. Elle arrive au Rojava au début de la révolution du Rojava avait participé activement à la défense de la région. Dimanche, une attaque de drone turc a coûté la vie à deux membres des forces de sécurité intérieure à Qamishlo (photo). Lorsque des civils sont venus au secours des victimes, le site de l’attaque a été de nouveau ciblé. Depuis le début de l’année, plus de 70 personnes ont été tuées lors de plus de 50 attaques de drones au Rojava. Parmi eux, quinze étaient des civils travaillant généralement pour l’administration autonome, les autres appartenaient aux forces de défense et de sécurité.

Toujours dimanche, c’est au Kurdistan irakien que les forces turques ont une nouvelle fois frappé, tuant trois combattants des Unités de Résistance de Shengal (YBŞ) – la région où les guérilla kurdes ont sauvé les Yezidis du génocide de l’État islamique.Les fascistes turcs ne procèdent pas que par frappe aérienne: lundi, un homme armé a abattu Deniz Cevdet Bülbül, le réprésentant du Congrès National du Kursdistan (KNK) à Erbil.

 

 

L’explosion d’une bombe a détruit une voiture occupée par des mercenaires au service de l’occupant turc dans le district de Zeydiyê, à Afrin. Il y aurait eu des morts et des blessés dans l’explosion et Abu Emar, chef du conseil local d’Afrin, l’institution coloniale créée par l’État turc pour gouverner le canton kurde d’Afrin, se trouvait également à bord du véhicule. Canton le plus occidental du Rojava, Afrin est sous occupation turque depuis 2018. Les jihadistes syriens armés et payés par les Turcs, la Division Hamza (Furqat al-Hamza) et la Brigade Suleiman Shah (Al-Amshat), y font régner la terreur, perpétrant enlèvements, extorsions, pillages, torture et abus sexuels sur les habitants d’Afrin. Sont particulièrement visées les femmes kurdes. Au moins 99 femmes ont été tuées, 74 violées ou agressées sexuellement, et plus d’un millier enlevées à Afrin depuis l’occupation de la région.

Des affrontements ont éclaté entre des habitants de la ville de Zakia, dans les environs de Damas, et des militants locaux liés à la 4e brigade, dirigée par Maher Assad, le frère de Bashar Assad. Ces affrontements ont éclaté après qu’un individu recherché de la ville ai été tué alors qu’il était poursuivi par des membres de la milice. Les habitants de Zakia ont brûlé plusieurs maisons de miliciens locaux au cours d’affrontements qui ont duré plusieurs heures et qui ont causé la mort de cinq personnes, trois de la 4e brigade et deux hommes armés de la ville.

Manifestation contre le régime le 25 août à Zakia

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Le nord du canton d’Afrin, au Rojava, occupé par l’État turc et les djihadistes qui lui sont affiliés depuis 2018, est le théâtre de crimes incessants contre les populations. Ces derniers jours, des miliciens de la Légion d’Al-Sham ont envelé deux civils du village de Borj Haidar, dans le district de Sherawa d’Afrin. Des miliciens de la faction Al-Jabha Al-Shamiya ont arrêté un civil du village de Zarko, dans le district de Raco, alors qu’il se rendait d’Azaz à Afrin et l’on emmené vers une destination inconnue. Le 20 juin, la police militaire a arrêté un jeune homme, sa mère et ses deux frères quelques jours plus tôt dans le village de Qurzihal, dans le district de Sherawa. Ils ont été battus par des miliciens de la faction Al-Jabha Al-Shamiyyah. Le canton d’Afrin avait une population de 200 000 Kurdes que les islamistes et les Turcs persécutent et poussent à l’exil pour installer les familles des jihadistes ayant quittés les zones reconquises par le régime.

Les soldats israéliens ont empêché, mardi 20 juin, les habitants du Golan occupé d’entrer sur leurs terres dans la zone Al-Hafair à l’est de Masada. Les militaires encerclaient les zones agricoles où le projet connu sous le nom de « Giant Turbines » doit être mis en œuvre et empêcher les propriétaires de ces terres agricoles d’y entrer. C’est ce qui a conduit à un conflit entre les habitants du Golan occupé et les occupants israéliens. Des dizaines de manifestants druzes ont été blessées par suffocation (les gaz lacrymogènes utilisés par l’armée israélienne étant particulièrement agressifs). Pendant longtemps, le régime sioniste a confisqué les terres des habitants de la région et même construit des colonies en recourant à la force dans le Golan syrien sous prétexte de mettre en œuvre le projet d’éoliennes qui a toujours fait l’objet de l’opposition et des protestations des habitants du Golan occupé. Le projet de construction d’éoliennes s’inscrit dans un plan de confiscation de six mille hectares de terres du Golan syrien.

En 2018, la Turquie a attaqué le canton Afrin et occupé cette région du Rojava où se trouve la ville Jindires, qui avait été épargnée jusqu’alors par la guerre civile syrienne. Auparavant, Afrin était à près de 90% kurde et était un bastion de la lutte de libération. Depuis l’occupation, les islamistes règnent sur la région et environ 300.000 personnes en ont été chassées. La population kurde et d’autres minorités sont violemment réprimées ou ont quitté la région. La Turquie installe de manière ciblée des familles de combattants islamistes afin de modifier la démographie. Les moyens de subsistance des poplations kurdes (comme les oliveraies) sont détruites.

Mardi, les Kurdes de Jindires fêtaient le Newroz (nouvel an kurde) lorsque les miliciens islamistes qui servent de supplétifs à l’armée turque ont ouvert le feu sur la foule, tuant quatre personnes et en blessant plusieurs autres. Depuis, des manifestations ont lieu dans la ville pour demander la fin de l’occupation et le départ des milices islamistes. C’est la première fois depuis longtemps que la résistance civile s’exprime dans la région.

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