Ce dimanche soir, une manifestation surprise s’est organisée dans la gare du midi à Bruxelles en soutien à la population du Rojava qui subit actuellement les attaques du régime turc. Une centaine de manifestants se sont regroupés dans la gare pour dénoncer les attaques que subit le territoire du nord-est de la Syrie depuis 5 jours par l’armée turque ainsi que l’inaction de la communauté internationale. Cette manifestation fait également suite au massacre, par l’armée turque, d’un convoi de civils à Serekaniye/Ras al-Aïn qui a fait une dizaine de mort ce dimanche.

Manifestion à la gare du Midi à Bruxelles en soutien au Rojava

Alors que l’État turc avait annoncé avoir pris le contrôle de Serekanye (Ras al-Ain) hier après-midi, la situation laisse apparaître ce dimanche matin que les Forces Démocratiques Syriennes ont repris le contrôle de la ville. Les gangs de djihadistes avaient effectivement pris le contrôle d’une bonne partie de la ville alors que les combattants YPG/YPJ étaient retranchés dans le quartier industriel, avec notamment le QG des YPG (c’est à Serekanye que la guérilla a été fondée en 2012). L’aviation turque a bombardé sans relâches, mais la contre-attaque aura payé. Des dizaines de djihadistes de « l’Armée Nationale Syrienne » (les supplétifs de la Turquie) ont été tués. Une dizaine de combattants internationalistes est toujours en première ligne face à l’envahisseur, comme en témoigne la vidéo plus bas.

Au cinquième jour de l’offensive, la Turquie en est toujours au même point, le contrôle des villages avoisinants Serekanye et Tal Abyad. La ville toute proche, Suluk, viendrait d’être prise par les forces coloniales. Pour ces deux seules villes 130.000 civils ont été déplacés. Les djihadistes à la solde de la Turquie se sont illustrés hier par deux massacres de civils dont les images ont été partagées sur internet et sont particulièrement insoutenables.

Déclaration de Nikos Maziotis et Pola Roupa, membres emprisonnés de l’organisation « Lutte Révolutionnaire » au sujet du feu vert américain à l’invasion turque du Nord de la Syrie.

Après une période de positionnement hypocrite de la part de l’État américain envers les Kurdes et les autres peuples rebelles du Nord de la Syrie qu’ils ont soutenus militairement tandis qu’ils donnaient leurs vies dans la bataille contre Daesh et que leurs forces armées composées de d’hommes et de femmes libéraient une ville après l’autre en étendant le projet révolutionnaire du Confédéralisme Démocratique, le régime US a montré son vrai visage en donnant le feu vert à l’État turc pour une invasion militaire de la région. C’est le développement attendu de la part de l’État « démocratique » américain et de l’Occident « démocratique » en général. Il faut attendre de l’histoire elle-même et de la facilité avec laquelle les « grandes puissances » ont utilisé les peuples en lutte dans l’échiquier de leurs intérêts géopolitiques et économiques à travers les années, qu’elles étendent leur propre pouvoir. Cela doit aussi servir d’exemple pour le peuple de ce pays dans les moments présents, alors que l’État grec offre une fois encore « la terre et l’eau » à ses « alliés » américains pour son intervention militaire dans la région, un fait défendu comme un succès par le gouvernement suite à sa rencontre avec Mr. Pompeo et la présence militaire « mise à jour » en Grèce sous le pacte de coopération sur la défense.

L’invasion militaire des forces armées turques dans le Nord de la Syrie noiera une fois encore la région et la Révolution dans le sang. L’existence d’un projet social révolutionnaire qui devrait être une lueur d’espoir pour tous les peuples opprimés, un exemple pour la libération de tous les peuples, un modèle de liberté pour l’Occident « démocratique », est menacée. La Révolution du Rojava, la révolution de notre époque, est menacée.

Les États sont les seuls terroristes, longue vie à la Révolution du Rojava et du Nord de la Syrie, longue vie à la révolution sociale !

Pola Roupa & Nikos Maziotis, membres de Lutte Révolutionnaire, 7 octobre

Pola Roupa et Nikos Maziotis

L’offensive redoutée de longue date a commencé aujourd’hui : la Turquie a lancé ce matin une offensive militaire de grande ampleur contre plusieurs villes du Nord de la Syrie. Des frappes aériennes ont visé de nombreux endroits, dont certains n’avaient plus connu de situation de guerre depuis 2011. Des frappes aériennes ou de mortiers sont rapportées (dans l’ordre ouest-est) à Kobané, Gire Spî (Tal Abyad),  Mashrafah, Serê Kaniyê (Ras-al-Ayn), Darbasiyah, Qamishlo et Al-Malikiyah. Plus au sud, dans la campagne de Raqqah, une frappe a été rapportée à 50km de la frontière turque. Il est à noter qu’à l’heure d’écrire ces lignes les forces turques, accompagnées de « l’Armée Nationale Syrienne » (le récent rebranding des forces rebelles de l’Armée Syrienne Libre combattant pour le compte de la Turquie) n’ont pas encore avancé sur leurs lignes, cette situation pourrait toutefois changer.

En plus de cette offensive turque, des combattants de Daesh ont attaqué Raqqah ce matin. Il y aurait également eu une mutinerie dans le camp d’al Hol (où de très nombreux combattants de Daesh sont détenus par les Forces Démocratiques Syriennes. Plusieurs prisonnières ce serait échappées à cette occasion, démontrant tout l’intérêt que l’opération turque représente pour Daesh, quelques heures seulement après le début de l’offensive turque. Pour suivre la situation en direct, nous recommandons Syria Live Map ainsi que le compte Twitter « Syrian Rebellion Observatory ».

A Bruxelles, une manifestation a eu lieu devant l’Ambassade de Turquie, les manifestants ont été attaqués par la police alors qu’ils s’approchaient de l’Ambassade américaine, avant d’être repoussés vers la Place du Luxembourg (voir photo). D’autres manifestations et actions sont prévues dans les jours qui suivent pour soutenir la résistance kurde, nous vous tiendrons informés sur ce site.

Via un communiqué publié dans la nuit du 6 au 7 octobre, la Maison Blanche a indiqué que les troupes américaines présentes dans le nord de la Syrie allaient s’éloigner de la frontière turque afin de permettre l’opération militaire voulue par Erdogan contre le Rojava, défendu par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) en grande partie composées des troupes kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Aujourd’hui, les troupes américaines ont déjà quitté les positions qu’elles occupaient à Ras al-Aïn et à Tal Abyad, des secteurs proches de la frontière turco-syrienne. Trump a déclaré que l’État Islamique étant vaincu, il n’a plus besoin de soutenir les FDS.

Les YPG et les YPJ

 

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags: ,

Le groupe islamiste dépendant de l’État turc, « Sultan Murad », a enlevé 6 civils du village de Qurt Qilaq dans le district de Shera le 24 septembre : Mihemed Quma Ehmed, Mihemed Ehmed Reso, Issam Menam Moso, Henan Mihemed Muslim, Mustafa Abdulqadir Sex Ehmed et Omer Sahin Moso. Le même jour, deux étudiants du nom de Leyal Deri et Beyan Hemo ont été kidnappés par les gangs au centre d’Afrin. En août et en septembre, 140 personnes ont été enlevée à Afrin, dont 29 femmes. Et il ne s’agit que des cas connus. Il s’agit parfois pour les jihadistes de racketter les familles, auquel cas une rançon est demandée, mais le sort de la majorité des personnes enlevées par les jihadistes et les services secrets turcs reste inconnu. Par ailleurs, les troupes turques et leurs auxiliaires ont incendié les forêts dans le district de Mabata, mettant le feu à la forêt entre les villages de Rota et Kaxire, les gangs ont aussi coupé des dizaines d’arbres dans le district de Rajo. D’autre part, la soi-disant “police militaire” a mis en place des checkpoints à l’entrée des districts et des villages où ils confisquent les voitures des habitants, leurs biens et leur argent.

La guérilla des Forces de Libération d’Afrin (FLA) poursuit ses activités. Le mois passé, une opération contre les positions de l’armée turque dans le village de Kimare, dans le district de Sherawa a fait deux tués dans les rangs de l’armée turque. Une action contre une base de l’armée turque dans un village du district de Shera a causé la mort de deux autres soldats turcs.

Jihadistes dans le centre de la ville d'Afrin, après la prise de la ville par l'armée turque

 

Le Congrès de la société démocratique kurde du Kurdistan en Europe (KCDK-E) appelle à des manifestations contre le projet d’occupation turque au Rojava ce week-end. Cet appel fait suite à l’accord annoncé mercredi entre les États-Unis et la Turquie qui prévoit l’établissement d’une zone d’occupation conjointe au sein du territoire du Rojava.

Des manifestations ont déjà été annoncées dans de nombreux endroits. Elles ont été décidées ce week-end prochain lors d’une réunion conjointe de 34 partis et organisations kurdes. Il est appelé à une large participation aux manifestations dans divers pays européens, ainsi qu’en Australie et au Canada.

Les dates des manifestations connues à ce jour sont les suivantes :

BELGIQUE
Bruxelles, Gare Centrale – 10 août, 14h

FRANCE
Marseille, Place Canebière – 10 août, 19h
Bordeaux, Place Théâtre – 10  août, 18h
Paris, Gare de l’Est – 10 août, 15h
Rennes,  Place Colombie – 10 août, 16h
Draguignan, devant la poste – 10 août, 18h

SUÈDE
Örebro, Våghustårget – 10 août, 13h
Göteborg, Brunsparken – 10 août, 13h
Malmö, Triangeln, 21143 Malmö – 10 août, 13h
Stockholm, Norra Bantorget – 10 août, 13h

PAYS-BAS
Amsterdam, Waterlooplein – 10 août, 15h

AUTRICHE
Graz, Place du Tyrol du Sud – 10 août, 16h
Vienne, Opéra / Karlsplatz – 10 août, 17h

ALLEMAGNE
Berlin, Potsdamer Platz – 10 août, 17h
Hambourg, Sternschanze Station –  10 août, 16h
Stuttgart, Lautenschlagerstrasse – 10 août, 16h
Francfort, Kaisersack Station – 10 août, 14h
Bremen, Marché de Brême –  Stand d’information du 7 au 10 août de 10h à 18h

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Depuis le 9 juillet, l’armée turque déploie des troupes, des tanks et de l’artillerie en nombre à sa frontière avec le Rojava des districts de Suruç à Ceylanpınar (de la province de Şanlıurfa dans la région de l’Anatolie du sud-est). La ville de Tel-Rifaat (dans le canton de Shahba) a quant-à-elle subi des tirs d’artillerie de la part de l’armée turque et l’armée turque a creusé des tranchées dans la ville de Akckakale. On signale également une augmentation de l’intensité des vols de l’armée de l’air turque ainsi que l’utilisation de drones pour des missions de reconnaissance. Enfin, des rumeurs d’une invasion imminente du Rojava ont circulé ces derniers jours.

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Aujourd’hui, la campagne Fight 4 Rojava a mené une action à Zurich pour honorer la mémoire de Tekoşer Piling (de son vrai nom Lorenzo Orsetti) tombé en martyr en mars en combattant Deash (voir notre article).

Les militant·e·s se sont rassemblés et on placé une banderole à l’extérieur du siège de Rheinmetall AG (un conglomérat industriel allemand spécialisé dans l’armement et l’équipement automobile). Rheinmetall AG est un profiteur de guerre et est responsable de la mort d’Orso. La campagne appelle à attaquer des entreprises et des organisations comme Rheinmetall AG !

Plus d’infos sur la campagne Fight 4 Rojava

L’action de la campagne Fight 4 Rojava en mémoire d’Orso

L'action de la campagne Fight 4 Rojava en mémoire d'Orso

Lundi 17 juin, commençait un procès de trois jours initié par Anne Dalum qui essaye de récupérer son passeport confisqué par la police. Ce passeport lui avait été enlevé le 6 janvier alors qu’elle devait partir le lendemain au Rojava pour participer au programme « Make Rojava Grenn Again » (voir notre article). Cette procédure est la conséquence du durcissement de la loi sur les passeports voté au Danemark en 2015, censé notamment aider à empêcher le recrutement de combattants étrangers dans des conflits armés.

Par ailleurs, le gouvernement britannique prépare une réglementation similaire qui interdirait à ses citoyens d’être présent au nord-est de la Syrie sous peine d’écoper de dix ans de prison.

Solidarité avec Anne Dalum

Solidarité avec Anne Dalum