La Sûreté du Québec (SQ) est en train de regrouper ses meilleurs spécialistes pour créer un grand centre de «vigie et cybersurveillance» qui traquera toute forme de crime sur les réseaux sociaux et l’internet en général. Une vingtaine de policiers travailleront sous peu dans cette unité centralisée sous les ordres du capitaine Jean Lafrenière. Et les budgets seront au rendez-vous. Ces patrouilleurs du Net devront être à l’affût d’un ensemble de crimes, pas seulement de ce qu’on appelait autrefois la cybercriminalité. Des policiers du Service de police de la Ville de Montréal et de la Gendarmerie royale du Canada participent déjà à l’initiative, dont le succès reposera aussi beaucoup sur la collaboration de la population, selon le directeur général de la SQ, qui encourage les citoyens à dénoncer les gestes potentiellement criminels sur le web.

Le siège de la SQ

Le siège de la SQ

La police de l’Ontario a pu obtenir de la justice une liste de 7.500 numéros de téléphone de personnes qui se trouvaient autour d’une antenne GSM, alors qu’un meurtre avait lieu dans le périmètre. La police s’est ensuite servie de cette liste de numéros pour envoyer deux SMS, l’un en anglais l’autre en français, demandant à ces personnes de « répondre à quelques questions » sur un site internet communiqué en lien. La police a défendu cette manœuvre, à priori inédite, en la qualifiant d’équivalent digital à un porte à porte massif. Ce n’est pas la première originalité dans cette affaire, la police faisait déjà circuler un van décoré de l’avis de recherche et d’une promesse de récompense.

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La résistance continue sur le situe du projet de pipe-line « Dakota Access » (voir notre précédent article). Les manifestants amérindiens et écologistes ont affronté hier jeudi la police qui venait les déloger du camp qu’ils occupaient sur le site, près de Cannon Ball, et des barrages routiers qu’ils avaient établis à proximité. La police locale est intervenue en tenue anti-émeute, avec des renforts de sept autres Etats. Les policiers ont utilisé une arme à son pour disperser les militants, et ont procédés à des arrestations.

Face à face entre manifestants sioux et policiers

Face à face entre manifestants sioux et policiers

La tribu sioux de Standing Rock et militants écologistes protestent contre la construction du gazoduc de 1.100 mile au Dakota du Nord depuis plusieurs mois, en disant qu’il menace l’approvisionnement en eau et des sites sacrés. Les policiers locaux ont utilisé des gaz lacrymogènes alors que des centaines de manifestants, majoritairement des amérindiens, tentaient d’arrêter la construction du pipeline Dakota Access, à Standing Rock. 126 manifestants ont été arrêtés le week-end passé dans une série d’affrontements avec la police dans le Dakota du Nord.

Cody Hall, porte-parole du Red Warrior Camp, a déclaré que les tactiques policières utilisées samedi rappelaient celles de l’Occupation de Wounded Knee en 1973 (voir notre article): « Ils essaient de provoquer une réponse, ils essaient de provoquer la violence de notre côté. Nous devons faire face à l’état d’esprit militarisé des fonctionnaires du comté de Morton et du Dakota du Nord ». Le dimanche plus de 800 manifestants de diverses tribus ont bloqué la route principale à Standing Rock. Le bureau du shérif a affirmé que les flèches ont été décochées vers un hélicoptère, et que le même hélicoptère a été contraint de se livrer à des manœuvres d’évitement d’un drone civil, mais le médias indépendant Unicorn Riot a affiché une vidéo montrant deux policiers tirant sur le drone.

Un face à face à Standing Rock

Un face à face à Standing Rock

L’ACLU (Union Américaine des Libertés Civiles) a récemment obtenu des éléments prouvant que les « simples » services de police américains recouraient désormais à Facebook, Twitter et Instagram pour identifier, surveiller et localiser les manifestants. Les trois sociétés n’autorisent pas elles-même cette surveillance, la police passe par l’intermédiaire de Geofeedia, une société qui fournit de nombreuses données à qui les demande, principalement des services de maintien de l’ordre. Les trois sociétés ont depuis coupé l’accès de Geofeedia à leurs services, mais il faudra probablement très peu de temps pour qu’un autre trajet soit trouvé. L’ACLU plaide pour que les boites du web cadenassent mieux leurs logiciels face à ce genre de société.

L’occasion de rappeler une fois de plus que ce n’est pas rendre service que de prendre ses co-manifestants en photo.

Geofeedia

Geofeedia

Yahoo! a développé et mis en oeuvre en 2015 un logiciel capable espionnant en temps réel les courriels de millions d’utilisateurs pour les services secrets américains et le FBI. Des centaines de millions d’utilisateurs auraient été espionnés via ce logiciel. On ignore quel type d’information recherchaient les autorités, mais elles ont demandé à Yahoo! de travailler sur la base d’un ensemble de caractères, comme une phrase dans un courriel ou une pièce jointe. La décision de la directrice générale, Marissa Mayer, de collaborer avec les services américains, a poussé le responsable de la sécurité du groupe, ainsi que d’autres managers, à quitter l’entreprise. Alex Stamos, l’ex-responsable de la sécurité de Yahoo! occupe désormais le même poste chez Facebook. Google et Microsoft ont réagi en disant qu’ils n’avaient jamais espionné les courriels de leurs utilisateurs.
EDIT: Yahoo! a démenti se livrer à une surveillance généralisée des courriels des utilisateurs de sa messagerie.

Le siège de Yahoo!

Le siège de Yahoo!

Douze policiers ont été blessés mardi soir à Charlotte, en Caroline du Nord, lors d’affrontements survenus après la mort d’un noir américain abattu par un policier. Un nombre indéterminé de civils ont également été blessés lors des heurts. Après le décès de Keith Lamont Scott, 43 ans, des manifestants se sont rassemblés près du lieu où il a été abattu en brandissant des pancartes affirmant « Black lives matter » et scandant le slogan « No justice, no peace ». La police a eu recours notamment à des armes anti-émeutes et à du gaz lacrymogène pour essayer de contenir la colère de la foule. Plusieurs véhicules de police ont été attaqués et endommagés.

Affrontements à Charlotte

Affrontements à Charlotte

Chelsea Manning, whistleblower et source de Wikileaks a commencé ce vendredi une grève de la faim depuis sa cellule de prison. Elle a annoncé qu’elle ne se couperait pas les cheveux, et qu’elle ne consommerait ni nourriture, ni boissons (excepté de l’eau) si elle ne reçoit pas un minimum « de dignité, de respect et d’humanité« . Ces demandes incluent des garanties écrites qu’elle pourra recevoir le traitement nécéssaire à la poursuite de son changement de sexe (Chelsea a été emprisonnée en tant que Bradley). Elle est actuellement emprisonnée dans une prison pour hommes, est obligée de se couper les cheveux à une « longueur militaire ». Elle a tenté de se suicider le mois passé. Chelsea Manning avait fait fuité 750,000 pages de documents confidentiels pour les remettre à Wikileaks.

Chelsea Manning

Chelsea Manning

Des manifestations opposent actuellement des tribus de Sioux du Dakota du Nord à un projet de pipe-line qui doit traverser 4 états américains. La construction a déjà détruit plusieurs édifices et lieux de prières (la compagnie de construction a ensuite littéralement enterré les preuves à coups de bulldozers…) et empoisonnera les napes d’eau potable. Amy Goodman (journaliste et productrice de l’émission Democracy Now) a couvert ces évenements et un mandat d’arrêt a été délivré à son encontre pour « effraction ». Elle a notamment pu filmé la brutalité avec laquelle les forces de l’ordre ont attaqué les manifestants à l’aide de chiens et de gaz lacrymo. Plusieurs manifestants ont été sérieusement mordus.

C’est cette vidéo qui a valu son mandat d’arrêt à Amy Goodman:

Des manifestants sioux

Des manifestants sioux

Une tribu sioux a protesté ce week-end à Standing Rock contre la construction d’un oléoduc tout près de son territoire, dans le Dakota du Nord, conduisant à de violents affrontements. La société Energy Transfer Partners, en charge du projet, a en effet démarré les premiers travaux. Les Sioux estiment que les équipes de construction ont déjà détruit plusieurs sites d’inhumation et de prières. En colère, les manifestants ont affronté des gardes de sécurité. Certains d’entre eux ont été mordus par des chiens de garde, et trois gardes ont également été blessés. La tribu assure que l’oléoduc, qui sera long de 1.900 kilomètres, menace l’accès à l’eau potable et à plusieurs de ses sites historiques.

Incidents à Standing Rock

Incidents à Standing Rock