La police anti-émeute a tiré du gaz lacrymogène et des jets d’eau contre les manifestants kurdes réunis à l’occasion du 15ème ‘anniversaire’ de l’arrestation d’Abdullah Ocalan, leader du PKK. Ceux-ci s’étaient réunis à Diyarbakir, mais aussi dans plusieurs autres villes du sud-est du pays, pour exiger la libération du prisonnier. A Diyarbakir, les manifestants ont fait face aux tirs policiers par des jets de pierres et de cocktails Molotov. Des affrontements similaires ont eu lieu à Sirnak, à Cizre, à Silopi, etc.

Le tribunal d’Eskisehir, dans l’ouest du pays, a condamné 17 personnes à des peines allant de un à deux ans de prison pour avoir insulté le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Toutes ont été reconnues coupables d’avoir ‘délibérément insulté le chef du gouvernement sans manifester le moindre regret’ lors d’un rassemblement dénonçant la politique de santé du gouvernement. Un des slogans scandés ce jour-là était ‘Tayyip Erdogan, le serviteur du FMI, le serviteur des patrons’.

La police anti-émeutes turque a dispersé ce samedi soir une manifestation sur la place Taksim à Istanbul dénonçant une loi controversée sur internet votée par le parlement à l’instigation du pouvoir islamo-conservateur. Plus d’un millier de personnes se sont rassemblées aux abords de cette place centrale de la rive européenne de la métropole, emblématique de la fronde anti-gouvernementale de juin dernier, aux cris « Ne touche pas à mon internet ». La police, largement mobilisée pour l’occasion, qui a bloqué l’accès à la place, a fait usage de canons à eau pour repousser la foule vers la grande avenue piétonne d’Istiklal alors que des manifestants tiraient des feux d’artifice en direction des policiers.

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Des membres du collectif Taksim Solidarity Platform interpellés durant les manifestations de l’été dernier au parc Gezi viennent de prendre connaissance de l’acte d’accusation émis à leur égard. Le Ministère Public a requis jusqu’à 29 ans de prison contre certains d’entre eux. L’acte d’accusation, long de six pages, concerne une grande majorité des membres du collectif, seuls 31 d’entre eux ne seront pas poursuivis. Entre 7,5 et 29 années de prison ont été requis pour ‘fondation d’une organisation à visée criminelle, violation de la loi sur les manifestations et résistance face aux autorités’. Le texte affirme que les activistes ont causé de graves dommages à la sécurité publique à Istanbul en lançant leurs appels aux rassemblements sur la place Taksim via les médias et les réseaux sociaux.

Ce mercredi se déroulait la deuxième audience dans le procès consacré à la mort d’un manifestant le 2 juin dernier dans le cadre du mouvement de contestation du parc Gezi à Istanbul. Dès les premières minutes, le tribunal a prononcé un report de séance pour permettre des examens complémentaires en dépit des demandes des avocats des parties civiles. Le groupe de personnes réuni en solidarité devant le tribunal a vivement réagi à cette décision, tentant de se rendre en cortège vers le siège du Justice and Development Party (AKP – parti au pouvoir). Les forces de l’ordre sont immédiatement intervenues, tirant des gaz lacrymogène et des jets d’eau pour empêcher les manifestants d’avancer. Par ailleurs, selon certaines sources, plusieurs dossiers contenant des éléments clé de l’affaire, dont les rapports d’autopsie et d’expertises, auraient été perdus.

Manifestation au procès sur la mort d'un manifestant

Manifestation au procès sur la mort d’un manifestant

Le parlement turc a adopté ce mercredi une série d’amendements permettant de renforcer le contrôle de l’Etat sur Internet. Ce nouveau texte permet, entre autre, à l’autorité gouvernementale des télécommunications de bloquer sans décision de justice les sites internet ‘portant atteinte à la vie privée ou publiant des contenus discriminatoires ou insultants’. Il lui permet également de demander des informations concernant les sites visités par les internautes aux fournisseurs d’accès et de conserver ces informations durant deux ans.

La police d’Istanbul a fait usage de gaz lacrymogène contre un groupe de personnes qui avaient organisé un sit-in devant un tribunal de la ville en soutien avec 56 membres de la KESK (Confederation of Public Sector Trade Unions) dont le procès était en cours à l’intérieur. Tous sont accusés d’être membres d’une organisation illégale et 29 d’entre eux comparaissent alors qu’ils sont détenus. Le groupe de soutien a fait face aux tirs de gaz lacrymogène sans se disperser avant que la police ne leur permette de faire une déclaration. Le président de la KESK a appelé à la libération des membres de l’organisation détenus depuis le 19 février 2013 et a dénoncer l’attitude des autorités qui qualifient dorénavant d’illégales les activités syndicales.

Gaz lacrymogène devant un tribunal d'Istanbul

Gaz lacrymogène devant un tribunal d’Istanbul

Nihat Konak a été arrêté en 1998 et accusé d’une un dirigeant du parti communiste clandestin TKP/ML et de sa branche armée, le TİKKO. Après 15 ans de détention, pour l’essentiel dans les prisons d’isolement de type F, il aurait dû être libéré en novembre 2013. Mais les autorités pénitentiaires ont prétexté sa participations à une grève de la faim de solidarité avec les prisonniers kurdes en 2008, pour prolonger sa détention de trois années, jusqu’en février 2017. Nihat Konak avait fait appel à cette décision mais le documents de cet appel a été « égaré » par l’administration pénitentiaire et la prolongation de la peine a été confirmée.

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En décembre 2011 des avions turcs avaient bombardé la ville kurde d’Uludere, tuant 34 personnes dont 19 enfants. Au début du mois, des procureurs militaires turcs ont acquitté cinq officiers, accusés d’avoir commis cette attaque, une décision qui a provoqué la colère de nombreux Kurdes. Une manifestation avait été organisée la semaine dernière pour protester contre l’acquittement de militaires responsables du bombardement de 2011 et contre la construction d’une route militaire dans cette région. Une personne avait été gravement blessée lors de cette manifestation, au cours de laquelle des habitants du village ont endommagé des véhicules militaires et des armes.

Les forces de sécurité turques ont effectué un raid dimanche dans Uludere. Sept personnes ont été arrêtées lors de ce raid qui serait lié aux incidents de la manifestation de la semaine passée.

Uludere

Uludere

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2.000 manifestants ont défilé pour condamner un projet de censure sur internet: un projet de loi qui autoriserait notamment la surveillance des internautes ou le blocage de mots-clé pour les recherches. Objectif du gouvernement : limiter par exemple l’accès aux sites de partage de vidéos. Ce projet controversé a été annoncé sur fond de scandale de corruption au sein du gouvernement islamo-conservateur. Un gouvernement déjà mis à mal par le mouvement social du mois de juin. Des incidents ont opposés des groupes de manifestants à la police qui a fait usage d’auto-pompes.