A Istanbul, les milices du MLKP et du TKP/ML ont attaqué ensemble une salle de mariage et de réunion appartenant à des djihadistes dans le quartier de Gazi, à Istanbul. La salle et été mitraillée et incendiée au cocktail Molotov. Les miliciens révolutionnaires ont échangé des coups de feu avec la police.
Un groupe de guérilleros du TIKKO a mitraillé une caserne de gendarmerie dans le district de Hozat, dans la province de Tunceli, hier mercredi à 13h30. Les militaires ont riposté et deux hélicoptères de combat ont été dépêchés sur les lieux, mais les guérilleros avaient disparu dans les forêts avoisinantes. Enfin, un militant de l’EI a été abattu mardi soir dans le district de Sultangazi par l’YDG-H.

Les milices du MLKP et du TKP/ML en action hier à Gazi

Les milices du MLKP et du TKP/ML en action hier à Gazi

A Bruxelles, 250 personnes, dont une délégation de notre Secours Rouge, se sont rassemblées devant l’ambassade de Turquie rue Montoyer pour rendre hommage aux victimes du massacre de Suruç et dénoncer la collusion entre l’AKP et l’Etat islamique. Des délégations de plusieurs organisations de la gauche révolutionnaire turque étaient présentes. Le communiqué du SRI a été lu à cette occasion.

Lire le communiqué du SRI sur l’attentat de Suruç

Le rassemblement à Bruxelles

Le rassemblement à Bruxelles

Le PKK a revendiqué aujourd’hui mercredi l’exécution de deux policiers turcs en représailles à l’attentat de Suruç. Ces policiers collaboraient avec l’Etat Islamique à Ceylanpinar. Les deux policiers ont été abattus d’une balle dans la tête dans un immeuble de la ville de Ceylanpinar, à la frontière avec la Syrie.

Barrage policier à Ceylanpinar

Barrage policier à Ceylanpinar

D’autre part, le massacre continue à susciter manifestations et rassemblements de protestation. Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers à Istanbul.

Affrontements à Istanbul

Affrontements à Istanbul

Une explosion a eu lieu au Centre Culturel Amara de Suruç (ville turque frontalière de Kobané), où étaient rassemblés les membres de la Fédération des Associations de Jeunesse Socialistes (SGDF), qui s’apprêtaient à passer la frontière vers Kobané aujourd’hui pour aider à la reconstruction de la ville. Il n’y a aucun chiffre exact mais il y a très probablement de nombreux morts. A Kobané même, les islamistes ont tenté une attaque à la voiture piégée près de l’école Mihemed Dirra. Les combattants YPG/YPJ ont rapidement repéré et neutralisé l’engin.

De nombreux jeunes kurdes ont été tués à Suruç.

De nombreux jeunes kurdes ont été tués à Suruç.

EDIT
Le dernier bilan officiel fait état d’au moins 31 morts. Une centaine de personnes ont été blessées. L’attaque visait un groupe de 300 jeunes qui s’apprêtaient à se rendre dans la ville kurde syrienne de Kobane, où un autre attentat meurtrier a eu lieu quasi simultanément. Les 300 volontaires, réunis sous la bannière de la Fédération des associations de jeunes socialistes, venaient d’arriver d’Istanbul en bus et s’apprêtaient à passer à Kobane pour participer à la reconstruction de la ville. Au moment de l’explosion, ils étaient attablés pour un petit-déjeuner accompagné d’une conférence de presse dans le jardin du Centre culturel de la ville de Suruç. La thèse d’un ou d’une kamikaze est désormais confirmée. Quelques instants après l’explosion de Suruç, un kamikaze a fait exploser un véhicule piégé à un point de contrôle dans le sud de Kobane. Une manifestation de protestation a eu lieu ce lundi à 15h devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles, avec une délégation de notre Secours rouge.

Rassemblement cet après-midi devant l'ambassade de Turquie

Rassemblement cet après-midi devant l’ambassade de Turquie

Prochaine manifestation de protestation et de solidarité: mercredi 14 H devant l’ambassade de Turquie, rue Montoyer, métro Trône.

Une lutte importante est en cours en Turquie dans la région de Karadeniz (Mer Noire) contre le projet de construction d’une route de 2600 km qui doit traverser les terres agricoles et les pâturages: le Projet Yeşil Yol. La population occupe les terres, bloque les chantiers et attaque les entreprises qui sont protégées par les commandos de la gendarmerie. Des affrontements ont opposés villageois et gendarmes. La résistance populaire est soutenue dans tout le pays, des manifestations ont eu lieu à Izmir et 10.000 personnes ont défilé à Istanbul.

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Une villageoise lors d'un blocage du chantier

Une villageoise lors d’un blocage du chantier

Suite à de multiples agressions de la part des troupes turques et à la construction du barrages dans le Nord-Kurdistan, le KCK (Union des Communautés Kurdes, organisation qui regroupe le PKK et ses organisations sœurs en Turquie, Syrie, Irak et Iran) a officiellement mis fin à la trêve qui avait été déclarée par Abdulah Öcalan « Apo » en 2013. « Toutes nos sources, y compris nos guérillas sont mobilisées […] les barrages et les engins de construction seront les cibles principales de nos forces de guérillas » a déclaré dans ce communiqué le KCK, ce dimanche. La Turquie utilise le cessez-le-feu pour construire de nombreuses installations dans le Nord-Kurdistan, surtout des barrages et des avant-postes. Le nombre de barrages construit est disproportionné par rapport à la production énergétique possible dans la région.

Suite à l’annonce du KCK, les bombardements et les vols de drônes au-dessus du Nord-Kurdistan ont augmenté, un policier turc a été blessé à la jambe après l’arrestation de deux membres du ‘Mouvement de la Jeunesse Patriotique Révolutionnaire’ (YDG-H, organisation de jeunesse du PKK), trois engins de construction ont été incendiés par des partisans armés, une manifestation de solidarité avec Öcalan a tourné à l’émeute, les manifestants érigeant des barricades et lançant des cocktails molotov… Des sources turques déclarent également que trois soldats turcs ont été tués, mais l’information ne peut pas être vérifiée actuellement.

Affrontements entre la police et une organisation de jeunesse kurde.

Affrontements entre la police et une organisation de jeunesse kurde.

Le KDP (Parti Démocrate Kurde, parti libéral au pouvoir dans le Kurdistan autonome irakien) a tenté d’empêcher le passage de 11 corps à travers le checkpoint de Sêmalka, de combattants des YPG/YPJ qui sont tombés aux fronts de Kobané et de Hasaké. Les funérailles doivent avoir lieu dans la partie turque du Kurdistan, le cortège funèbre passait donc de la Syrie à l’Irak et se dirige à présent vers la frontière turco-irakienne. Finalement, devant les milliers de manifestants réunis, le KDP a autorisé le passage du cortège.

Les relations entre le KDP et les factions du PKK ne sont pas toujours bonnes. L’année dernière, le KDP avait réprimé des militants du PCDK (parti frère du PKK et du PYD en Irak) à travers des perquisitions et des arrestations. Le KDP vient également d’annoncer qu’aucune milice n’aurait le droit d’opérer dans la région du Sinjar (en Irak) si elle n’est pas sous le commandement du Ministère des Peshmergas (les Peshmergas sont l’armée officielle du Kurdistan irakien, et donc la branche armée du KDP).

L’accord fait au début de la guerre entre le KDP et le PYD prévoyait de ne pas disputer la souveraineté politique des régions conquises par les Kurdes en Syrie jusqu’à la tenue d’élections, après la guerre. Mais vu l’énorme ancrage populaire et l’implication massive de la population dans les milices YPG/YPJ, cet accord n’est dans les faits pas respecté. Les drapeaux des YPG/YPJ sont accrochés aux sommets des villages libérés plutôt que le drapeau officiel du Kurdistan. De son coté, lors des tensions qui avaient eu lien au printemps 2014, le KDP avait remplacé le drapeau kurde du checkpoint de Sêmalka par son propre drapeau, tout en creusant une nouvelle frontière entre les parties syrienne et irakienne du Kurdistan et en ouvrant le feu sur des manifestants des Jeunesses Révolutionnaires.

La frontière entre le Rojava et le KRG, délimitée par le Tigre.

La frontière entre le Rojava et le KRG, délimitée par le Tigre.

Ce matin à 8 heures, un détachement militaire qui avait pris part à une opération de ratissage dans les forêts de la zone frontalière d’Erzurum, a ouvert le feu sur un minibus civil, tuant un villageois et en blessant gravement deux autres. L’incident s’est passé dans le village de Gundik (Koyunlu) du district de Göle, dans la province d’Ardahan. Après le tir, les militaires se sont approchés du minibus, mais ont quitté les lieux peu de temps après, sans fournir assistance aux villageois qu’ils avaient blessés.

L'arrivée des blessés à l'hôpital

L’arrivée des blessés à l’hôpital

Dans le district de TepêSirya Eruh (province de Siirt), les forces de sécurité ont accéléré les travaux pour la construction de nouvelles routes stratégiques et de nouveaux points de contrôle. Les Forces de Défense populaire du PKK ont mené une action d’avertissement en mettant le feu à quatre camions de l’armée turque transportant des matériaux de construction vers ce chantier. L’armée turque a lancé une vaste opération dans la province avec de nombreux véhicules blindés soutenus par des hélicoptères de type Cobra.

Hélicoptère Cobra de l'armée turque

Hélicoptère Cobra de l’armée turque

Le 1er juillet, suite à une vague de perquisitions, 9 personnes avaient été arrêtées dans le district de Nusaybin (province de Mardin). Après une comparution devant le bureau du procureur de la République, six d’entre eux ont été libérés et les trois autres inculpés d’« appartenance à une organisation terroriste » (le PKK). Ces trois jeunes gens, Halil Oktay, Ramazan Tunç et Doğan Yakup ont été envoyés à la prison de Mardin. Ils sont accusés plus spécifiquement d’avoir levé des barricades lors d’une manifestation avenue Midyat, provoquant les forces de police avec gaz lacrymogènes et canons à eau.

Une des arrestations à Nusaybin

Une des arrestations à Nusaybin

52 personnes avaient été arrêtées dans le district d’Erciş (Van) pour avoir participé à des manifestations les 6-8 octobre 2014, manifestations qui avaient tourné à l’affrontement avec les forces de sécurité. Les manifestants essentiellement des Kurdes, montraient leur solidarité avec la résistance de Kobané contre l’offensive de l’Etat Islamique qui était alors à son sommet. Ils dénonçaient la complicité de l’état turc avec l’EI, le siège local de l’AKP avait d’ailleurs été attaqué par les manifestants.

Les 52 manifestants étaient accusés de onze motifs, allant de la « propagande pour une organisation terroriste » (le PKK) à « appartenance à une organisation armée », en passant par « destruction de biens publics », etc. Le procureur a requis un total de 297 années pour chaque manifestant, soit un total de 15.444 ans de prison ! Seuls les rapports de police ont été utilisés comme preuve dans l’acte d’accusation. Aucune photo, aucune vidéo ne montre les accusés participer à quelque dégradation que ce soit, par contre les accusés sont tous des militants kurdes connus dans la région.

Van, le 7 octobre 2014

Van, le 7 octobre 2014