Le PKK a démenti ce mardi être responsable de l’explosion de la voiture piégée qui a fait neuf morts lundi soir dans la ville de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie. Le bilan s’est alourdi mardi à neuf morts et 69 blessés. Gaziantep abrite un établissement ouvert par la Turquie pour centraliser l’aide internationale destinée aux réfugiés syriens.

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La police turque a annoncé une opération contre le Parti Communiste de Turquie/Marxiste-Léniniste et son Armée de Libération des Ouvriers et Paysans de Turquie (TKP/ML-TIKKO). Cette opération, qui a eu lieu le 10 août, a fait suite à une double arrestation lors d’une attaque de bijouterie ayant échoué à Istamboul. 11 personnes ont été arrêtées au cours de l’opération qui a eu lieu dans deux provinces et neufs districts. La police affirme avoir saisi 15 grenades, huit pistolets, une Kalachnikov et divers équipements militaires.

Les forces armées du Parti Communiste de Turquie/Marxiste-Léniniste, l’Armée de Libération des Ouvriers et Paysans de Turquie (TIKKO) combattent actuellement aux côtés de celles du PKK et de ses Forces de Défense du Peuple (HPG). D’après un communiqué du TIKKO, une unité de guérilla conjointe TIKKO/HPG a tué au moins quatre soldats en juin dans la région de Hozat-Dersim. Le 10 juillet, des unités conjointes de femmes guérilleras TIKKO/HPG ont attaqué le poste de police et une caserne de l’armée à Cemisgezek-Dersim, tuant 3 policiers et 8 militaires.

Guérilleros du TKP/ML - TIKKO

Guérilleros du TKP/ML – TIKKO

Une délégation composée des dirigeants des partis politiques opposants et des organisations de la société civile ont rencontré le 17 aout les combattants du PKK entre le village de Baglar et la commune de Derecik à Semdinli, dans la région de Hakkari. Cette rencontre devant le barrage dressé par la guérilla confirme tout d’abord la prise de contrôle de la guérilla dans cette zone où l’armée n’arrive plus à pénétrer par voie terrestre. Les autorités avaient annoncé avoir terminé les opérations militaires dans cette région, affirmant avoir tué 115 combattants. Cette information n’a été confirmé ni par des hôpitaux, ni par des responsables locaux. Le mouvement qui publie régulièrement les identités et les photos des combattants tués dans des combats pour permettre aux familles d’organiser les funérailles avait annoncé avoir perdu 12 combattants dans ses rangs.

Les images tournées par des journalistes qui accompagnaient la délégation montrent l’accueil chaleureux de la foule. Des centaines de personnes descendues des véhicules crient des slogans en faveur du PKK et ils s’embrassent tour à tour, sous l’acclamation. Une vaste zone est sous contrôle du PKK depuis 23 juillet à Semdinli et depuis 4 aout à Cukurca, toujours dans la région de Hakkari. La guérilla a pris le contrôle d’une autre zone près de la ville de Hakkari, après avoir lancé le 16 aout un assaut d’envergure contre plusieurs postes des forces de l’ordre.

Un policier a été blessé hier dans une explosion à proximité des bureaux du gouvernement dans le district de Semdinli (province de Hakkari). L’action s’est déroulée vers 18h et les autorités ne sont pas encore parvenues à établir le type d’explosifs utilisés. Dans ce même district mais à 20h, des mines ont été déclenchées à distance au passage d’un convoi de l’armée. Une fusillade entre les soldats et les guérilleros en a résulté. Dans le même temps, une brigade de guérilleros a pris d’assaut un poste de contrôle policier situé à sept kilomètres du centre de Hakkari. Les membres du PKK ont ouvert le feu avec des fusils d’assaut depuis trois endroits distincts, entraînant un affrontement violent avec les forces de sécurité. In contingent de la police spéciale a été envoyé sur place pour retrouver les guérilleros qui sont tous parvenus à battre en retraite.

Hier, deux groupes distincts de guérilleros du PKK ont pris d’assaut les bureaux de la police régionale et un commissariat dans le district d’Erzin (province de Hatay – sud du pays). Les attaques ont eu lieu vers 23h30. Les officiers de police de garde devant la résidence du gouverneur et les soldats au commissariat ont immédiatement répliqué. Deux policiers ont été blessés au cours de la fusillade devant les bureaux de la police. Dans les deux cas, les guérilleros, qui disposaient d’armes à canon long, ont quitté les lieux dans des voitures. Une de ces voitures a été retrouvée abandonnée à proximité par les forces de sécurité qui ratissaient la zone alors que toutes les entrées et sorties du district étaient fermées. Une opération à grande échelle est en cours depuis hier soir dans tout le district pour retrouver les guérilleros. Par ailleurs, deux membres du PKK ont été tués dans une fusillade cette nuit. Ils faisaient partie d’un groupe qui a tenté de pénétrer dans le village de Gültepe (province de Van) et a été pris pour cible par des soldats qui montaient la garde devant l’endroit où logeait un membre de l’AKP, parti au pouvoir en Turquie.

Hier également, un groupe de manifestants a érigé des barricades sur une rue importante de la ville d’Hakkari pour commémorer l’anniversaire de la première action du PKK le 15 août 1984. Ils ont scandé des slogans en faveur du parti kurde avant que la police n’intervienne pour les disperser avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont répliqué en jetant des pierres et des cocktails Molotov entraînant de violents affrontements dans les rues de Hakkari.

L’offensive lancée par le PKK le 23 juillet semble porter ses fruits: l’armée n’arrive toujours pas à pénétrer par voie terrestre dans les zones sous son contrôle à Semdinli. Le PKK a également pris le contrôle de plusieurs zones à Cukurca, toujours dans la région de Hakkari, depuis 4 aout. L’armée ne pouvant pas mener des opérations terrestres, elle a du abandonner le 9 aout tous ses barrages routiers sur la route de Semdinli-Yuksekova. Deux jours plus tard, le 11 août, l’armée s’est retirée également de toutes les postes de garde et des positions entre Hakkari et Cukurca. En outre, le PKK a intensifié ses opérations d’arrestations et de destruction des véhicules travaillant pour les chantiers militaires. Au moins 80 personnes dont des militaires, des gardians de village, des entrepreneurs, des maires AKP et un député CHP, parti kémaliste, ont été arrêtés par la guérilla entre 1er mai et 13 aout 2012.

Rappelons que les kurdes syriens ont pris le contrôle de leur région à partir du 19 juillet. Des conseils du peuple avaient déjà été créés dans toutes les villes kurdes, mais aussi à Alep où vivent quelque 600.000 kurdes, après la révolte lancée mi-mars 2011. Le processus de l’autonomie est accéléré: les noms des villes arabisées depuis 40 ans ont été changés, des écoles kurdes ont été multipliées, les enseignants travaillent déjà sur un système éducatif kurde, les Unités de défense populaires (YPG), des forces armées composées de femmes et hommes, ont été créés et les partis kurdes ont unis leurs forces sous la bannière du Conseil suprême kurde. Le principal parti kurde syrien, le PYD propose une confédération démocratique syrienne reconnaissant les droits du peuple kurde en tant que nation dans la future constitution et l’autonomie de la région kurde.

Un soldat turc a été tué et onze autres blessés lorsqu’un bus militaire dans lequel ils se trouvaient a explosé sur un IED. Le véhicule les conduisait vers une base navale de la province d’Izmir (ouest de la Turquie) lorsqu’il a roulé sur une mine déposée par des guérilleros du PKK. L’explosion a détruit le bus et endommagé plusieurs véhicules qui se trouvaient à proximité. Plusieurs représentants de l’armée et de la police étaient déjà sur les lieux lorsqu’une seconde explosion a touché une pompe à incendie, environ huit minutes après la première explosion. Les soldats ont alors ouvert le feu vers la zone boisée le long de la route, mais personne n’a répliqué à cette contre-attaque.

Bus incendié par le PKK

Bus incendié par le PKK

Hier, un soldat avait déjà succombé à ses blessures après avoir été touché par l’explosion d’un IED au cours d’une opération militaire dans la province de Sirnak (sud-est). Dans un même temps mais dans la province de Hakkari, un bataillon de l’armée a été la cible de tirs de mortiers. Plusieurs obus sont tombés juste devant la garnison. Les soldats, dont aucun n’a été blessé, ont immédiatement déclenché une frappe d’artillerie vers les positions présumées des guérilleros.

Le ministère de la Justice turc vient de rendre public un rapport concernant les chiffres des étudiants derrière les barreaux actuellement en Turquie. Selon cette analyse, 2824 étudiants ont été arrêtés depuis le 31 janvier 2012. Parmi eux, 1778 étudiants ont été arrêtés tandis que les autres ont été inculpés, mais laissés en liberté. Parmi ceux qui se trouvent en prison, 609 sont accusés d’être ‘membre d’une organisation terroriste armée’. 176 parmi ceux qui sont libres sont accusés du même fait. Le ministre de la Justice a précisé qu’il ne disposait pas des chiffres du nombre d’étudiants actuellement accusés d’entretenir des relations avec plus d’une organisation illégale.

Trois soldats turcs ont été fait prisonniers par un groupe de guérilleros lundi soir dans la province de Diyarbakir. Les membres du PKK avaient installé un barrage sur la route Lice-Bingöl à proximité du village de Tuzla vers 20h. Ils y ont arrêté un bus et ont fait prisonniers trois soldats qui se rendaient chez eux, à Trabzon. Ils les ont emmenés dans une zone montagneuse proche. Des opérations aériennes et terrestres ont été déclenchées pour les retrouver.