Une enquête pour ‘propagande en faveur d’une organisation terroriste’ a été déclenchée hier contre le parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) par le bureau provincial du procureur d’Ankara. Les autorités ont justifié l’ouverture de cette investigation en affirmant que des slogans en faveur du PKK ont été scandés durant la convention du BDP organisée le 14 octobre dernier, et que des affiches et des calicots représentants le leader emprisonné du PKK Abdullah Ocalan étaient exposés dans la salle. Une enquête parallèle a par ailleurs été ouverte contre ceux qui brandissaient les calicots ainsi que contre les membres du comité organisateurs de la convention.

Depuis hier, des milliers de prisonniers du PKK sont entrés en grève de la faim, rejoignant les 400 prisonniers qui étaient déjà en grève illimitée depuis le 12 septembre. Ils réclament tout d’abord la libération de leur leader Abdullah Ocalan, emprisonné sur l’île d’Imrali où il n’a pas pu rencontrer ses avocat depuis le 27 juillet 2011. Ensuite, ils entendent, par cette grève de la faim, dénoncer les tortures, les menaces, la répression et l’isolation auxquelles ils sont soumis par les autorités. ‘Si les autorités entendent faire reculer les prisonniers en les jetant dans des cellules, en recourant à la torture et aux menaces, cela veut dire qu’elles ne nous connaissent pas encore (…) Nous sommes prêts à payer le prix fort, à affronter la torture, la répression et l’isolation’ déclarent les prisonniers dans leur communiqué. Les familles des prisonniers ont de leur côté annoncé entamer une grève de la faim illimitée dès ce 16 octobre pour soutenir les mêmes revendications.

Un soldat a été tué et quatre autres blessés aujourd’hui dans des affrontements avec des guérilleros du PKK dans la province de Hakkari (est de la Turquie). De nombreux guérilleros ont également été tués au cours des opérations appuyées par les forces aériennes de l’armée turque menées dans les régions rurales du district de Cukurca. Deux civils ont par ailleurs été blessés par des éclats d’obus résultant des bombardements des hélicoptères militaires au-dessus de la région. Des forces spéciales ont été envoyées en renfort dans la zone et les affrontements se poursuivent.

Hélicoptère de l'armée turque

Hélicoptère de l’armée turque

Dans la nuit du 7 au 8 octobre, des avions turcs ont bombardé des campements du PKK dans le nord de l’Irak. Au moins douze F-16 ont décollé de la base de Diyarbakir dans le sud-est de la Turquie, et ont ciblé quatre camps dans les Monts Kandil et dans la région avoisinante où les autorités soupçonnent le leadership du PKK de se réfugier. Cette opération intervient alors que le gouvernement turc a demandé, la semaine dernière, au parlement de renouveler le mandat autorisant ses forces armées à attaquer les bases kurdes en Irak pour une année supplémentaire. Le rapport d’opération des autorités indique que les camps ont été visés afin de neutraliser les batteries anti-aériennes qui s’y trouvent.

Ce jeudi, un groupe de manifestants rassemblés dans un cortège anti-guerre a tenté de se rendre devant le parlement à Ankara, où les législateurs débattaient d’un projet de loi qui autoriserait l’armée à poursuivre ses raids transfrontaliers dans le nord de l’Irak. La police a utilisé du spray au poivre pour disperser les manifestants à la suite de l’éclatement de tensions entre elle et les manifestants.

Spray au poivre contre des manifestants à Ankara

Spray au poivre contre des manifestants à Ankara

Hier, les forces de sécurité turques ont tué douze militants du PKK dans un affrontement qui s’est déroulé dans le sud-est du pays. Les guérilleros ont pris d’assaut un poste militaire dans le district de Semdinli (province de Hakkari), mais ont échoué à infiltrer le bâtiment qui se trouve dans une zone montagneuse à la frontière avec l’Irak et l’Iran. La fusillade déclenchée par cette tentative a donc fait douze morts dans le camp de la guérilla. Entre-temps, une autre brigade du PKK a attaqué un convoi de véhicules militaires à vingt kilomètres de Cukurça avec une mine terrestre, mais n’est pas parvenue à atteindre sa cible.

Le 25 septembre dernier, les autorités turques ont mené une nouvelle opération à travers le pays dans le cadre de l’affaire KCK (qui remonte aux élections de 2009 et dans laquelle la KCK est accusée d’être la branche urbaine du PKK) utilisée par le régime pour réprimer tous ceux qui se battent pour le peuple kurde en vertu de la loi anti-terroriste. Mardi, 42 personnes ont été arrêtées dans six villes différentes. Parmi elles figurent un correspondant d’une agence de presse, le responsable de l’association des droits de l’home de Mersin, deux dirigeants du parti kurde BDP, des employés de la mairie BDP de Akdeniz, des syndicalistes et des membres d’ONG.

Ce matin, dans le district de Yüksekova de la province de Hakkari, plusieurs guérilleros du PKK sont décédés dans l’explosion inopinée des IED qu’ils étaient en train de placer le long d’une route. Les autorités ont déjà récupéré les corps dont elles n’ont pas révélé les identités et ont déclaré avoir ouvert une enquête autour de l’incident.

Un soldat turc a été tué au cours d’affrontements avec des guérilleros du PKK aujourd’hui dans la province de Hakkari. Un escadron de soldats prenant part à une opération militaire dans la vallée de Kazan du district de Cukurca est entré en contact avec une brigade de guérilleros entraînant une longue fusillade. Un soldat a été tué, alors que les médias affirment également qu’un certain nombre de guérilleros ont été tués dans les combats qui y ont fait suite. L’escadron faisait partie d’une nouvelle vaste opération militaire déclenchée par les forces armées turques et appelée ‘Nettoyage d’automne’. Celle-ci va concentrer ses attaques militaires dans la région de la vallée de Kazan, à la frontière avec l’Irak. Par ailleurs, une mine terrestre a explosé hier soir à proximité du centre-ville de la province de Sirnak au passage d’un convoi militaire. Deux sergents ont été blessés dans l’attaque.

Ali Cemal Agirman, 52 ans, a été condamné à un an et trois mois de prison pour avoir insulté le président turc Abdullah Gül sur le réseau social Facebook. Au cours de l’audience, l’homme a déclaré qu’il ne savait pas que son message constituait un crime et a demandé le non-lieu. Le tribunal n’a en rien tenu compte de sa défense, le condamnant pour ‘insulte au président’. Agirman est également poursuivi pour avoir insulté le premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Ali Ceman Agirman

Ali Ceman Agirman