Un officier de police a été tué et trois autres blessés dans une attaque menée par des guérilleros du PKK dans la province de Hatay (sud-est) ce mardi. Un guérillero qui transportait une bombe a été abattu d’une balle dans la tête avant d’avoir pu déclencher le dispositif. Les autorités ont annoncé que les policiers de garde devant le commissariat du district de Iskenderun avaient été pris d’assaut par des membres du PKK leur tirant dessus avec des armes à longue portée depuis deux véhicules séparées. Tous deux sont parvenus à quitter le lieu de la fusillade et sont actuellement activement recherchés par les forces de sécurité.

Le parquet de Diyarbakir (sud-est de la Turquie) a requis aujourd’hui un total de 150 ans de prison contre trois députées du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) pour ‘propagande du terrorisme’ et pour avoir participé à des ‘manifestations non autorisées’. Cinq déclarations publiques de l’une d’entre elles, notamment lors de la campagne électorale du BDP et aux funérailles de guérilleros du PKK, ont été jugées criminelles. Selon le BDP, plus de 200.000 personnes ont été jugées depuis 2009 en vertu de la loi anti-terroriste du code pénal turc qui permettent de condamner toute personne accusée d’être membre d’une organisation terroriste ou de la soutenir. Le parti kurde a ajouté qu’aucune de ses dirigeants n’avait pas été condamné ou poursuivi dans ce cadre. Plus de 4200 membres du BDP ont été interpellés en Turquie ces six derniers mois et près de 1600 d’entre eux sont actuellement en prison.

Alors que la France et les Etats-Unis ont réaffirmé cette semaine leur soutien total aux autorités turques dans leur contre-guérilla (par la fourniture de matériel et la coopération renforcée entre les diverses forces de sécurité), le PKK poursuit ses actions sur le terrain. Mercredi, deux postes de police de la région de Daggöl (province de Hakkari) ont été attaqué. Une première bombe a explosé vers 10h du matin, une seconde peu après midi. Elles ont causé d’importants dégâts matériels. Plus tard dans la journée, quatre des professeurs enlevés il y a une semaine ont été libérés dans le district de Aricak, ce qui porte le nombre d’otage toujours détenus à quatre (quatre autres professeurs avaient été relâchés le 3 octobre). Jeudi, un soldat a été tué par l’explosion d’un IED dans le district de Semdinli (Hakkari). Celui-ci a été déclenché au passage d’un convoi militaire qui se dirigeait vers un poste avancé situé à proximité du village d’Ortaklar. Un autre soldat a été blessé. Des renforts ont immédiatement été envoyés sur place pour poursuivre les guérilleros.

La Turquie et la France ont signé vendredi, lors d’une visite du ministre français de l’Intérieur, un vaste accord de coopération sécuritaire, visant notamment à lutter contre le PKK. L’accord signé à Ankara devant la presse prévoit que les deux pays s’engagent dans une coopération opérationnelle de lutte contre le terrorisme, ce qui devrait permettre aux forces de sécurité turques et françaises de mener une lutte commune sur le terrain.
En 2010 et 2011 respectivement, 38 et 32 kurdes ont été arrêtés sur le sol français sous l’accusation d’appartenance au PKK, la justice française doit se prononcer le 2 novembre sur le sort de 18 d’entre eux, arrêtés en 2007. L’accord ne prévoit pas à priori une extradition des membres du PKK vers la Turquie, mais les deux pays avaient néanmoins décidé de travailler ensemble afin de préparer des extraditions dans les meilleures conditions.

La police turque a lancé aujourd’hui une vaste offensive à travers tout le pays dans le cadre d’une enquête portant sur le KCK (Kurdistan Communities Union), association qu’elle considère comme la branche urbaine du PKK. La police a opéré des descentes simultanées à Istanbul et dans plusieurs provinces du sud-est. A Istanbul, 80 personnes ont été interpellées alors que 40 autres l’ont été en province. Les médias ont également annoncé que vingt personnes supplémentaires avaient été arrêtées dans la province de Gaziantep, dont le dirigeant local du BDP (Peace and Democracy Party). Cette opération intervient dans le cadre plus large de l’offensive militaire lancée par les autorités turques depuis le début de l’été contre les bases du PKK. Rappelons également que des centaines de personnes sont actuellement poursuivies par les autorités turques pour avoir prétendument entretenu des relations avec le PKK. A Diyarbakir, où un tribunal a été spécialement construit pour l’occasion, se déroule le procès de 150 politiciens et militants accusés de soutenir le PKK ou de faire l’apologie du terrorisme. Plusieurs procès similaires se tiennent dans d’autres villes du pays.

Tard dans la soirée de samedi, un groupe de guérilleros a attaqué un site de construction aéroportuaire dans la province de Bingöl (sud-est). Ils ont retenu les ouvriers avant de mettre le feu au bâtiment administratif et à un véhicule de chantier. Ils ont ensuite expliqué aux travailleurs l’objectif de leur action ainsi que le programme du PK avant de s’enfuir dans un véhicule, et puis à pied, dans les bois. Les forces de sécurité, renseignées par un ouvrier ayant pu quitter le site peu après l’attaque, ont immédiatement déclenché une opération pour retrouver les auteurs de l’attaque.

Dimanche soir, de violents affrontements ont opposé des guérilleros et des soldats turcs dans la province de Kahramanmaras. Les membres du PKK ont pris d’assaut une patrouille des forces de gendarmerie, entraînant des échanges de coups de feu durant plus de deux heures. Les autorités ont annoncé que ‘Rojak’, guérillero en charge des activités du PKK dans le district de Pazarak, avait été tué.

Par ailleurs, le ministre de l’intérieur turc a entamé la remise en application d’une loi (existante, mais peu utilisée) selon laquelle toute personne aidant à appréhender un criminel ou donnant son nom doit être récompensée. Cette loi devrait être re-publiée ce mardi.

Jeudi, deux soldats ont été tués dans une embuscade dans la province de Sirnak (sud-est). Les guérilleros du PKK ont fait exploser un IED au passage d’un convoi militaire vers dix heures du soir. Ils ont ensuite ouvert le feu avec des fusils à longue portée, entraînant une longue fusillade. Cinq soldats ont été blessés et deux sont décédés des suites de leurs blessures. Une opération a immédiatement été déclenchée dans la région du Mont Kato (province de Hakkari) où les guérilleros se seraient retirés.

Vendredi matin à la première heure, les autorités ont publié un ordre d’évacuation visant plusieurs villages de la zone, affirmant qu’elles souhaitaient protéger les civils des opérations militaires qui allaient se dérouler. Un convoi de vingt véhicules militaires est arrivé sur place dans la journée, et des véhicules blindés y sont encore attendus. Dans la soirée d’hier, de violents affrontements ont opposé les soldats turcs et les guérilleros dans la montagne dans le cadre de cette nouvelle vaste offensive de la contre-guérilla. Quatre soldats ont été blessés, et trois militants du PKK ont été tués. Il semblerait que l’un d’entre eux soit le commandant des activités du PKK dans la zone du Mont Kato. Des hélicoptères de combat ont soutenu les troupes de l’armée en bombardant la région toute la nuit.

Par ailleurs, l’ambassadeur américain à Ankara a annoncé hier que les Etats-Unis allaient fournir trois hélicoptères Super Cobra à l’armée turque afin quelle dispose de matériel supplémentaire pour mener à bien la contre-guérilla.

Hélicoptère Super Cobra

Hélicoptère Super Cobra

Seize étudiants turcs ont été placés en garde à vue ce jeudi après avoir tenté de manifester leur mécontentement lors de la venue d’un député à l’université de Uludag, dans la province de Bursa, à l’occasion de la rentrée académique. Treize étudiants ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire: ‘AKP, libère le pays, l’université, les rues’ après que le député et d’autres invités soient entrés dans le bâtiment. Les policiers et des agents privés de sécurité les en ont empêché, ce qui a entraîné des échauffourées, et l’interpellation des treize jeunes alors que tous les autres continuaient à scander: ‘Nous voulons une éducation gratuite’. Trois étudiants qui étaient parvenus à rentrer dans la salle ont également été interpellés après avoir commencé à scander leurs slogans à l’intérieur.

Manifestation d'étudiants en Turquie

Manifestation d’étudiants en Turquie

Le 6 octobre prochain, le ministre de l’Intérieur français est attendu à Ankara pour signer un nouvel accord de coopération qui unira les deux pays dans la lutte contre le terrorisme. Cet accord contient de nouveaux mécanismes concrets de coopération dans la lutte contre le terrorisme. Celui-ci intervient alors que ces deux dernières années, la France a considérablement renforcé ses opérations contre le PKK et ses militants à l’intérieur de ses frontières.

Les autorités ont annoncé que des membres présumés du PKK avaient mené différentes actions dans le sud-est du pays tout au long de la journée d’hier. Selon elles, celles-ci font suite à la déclaration du ministre de l’éducation après les événements du week-end, et son affirmation selon laquelle les forces de sécurité maîtrisaient la situation après qu’il ait accusé les guérilleros d’utiliser des professeurs comme boucliers humains.

Ce mardi, au cours de deux actions dans deux provinces distinctes, des guérilleros présumés ont enlevé huit professeurs et un ‘garde de village’. Dans la province de Elizag, ils ont arrêté un véhicule transportant des enseignants, et ont emmené les hommes, laissant le conducteur et les femmes sur place. Trois autres professeurs ont été enlevé chez eux dans la province de Diyarbakir. Un peu plus tard, une bande de guérilleros a pris en embuscade un convoi de l’armée en mission de ratissage suite aux kidnapping. Cinq soldats ont été blessés dans l’explosion de la bombe. Par ailleurs, des camions et des citernes ont été incendiés à divers endroits dans la région.