Dix personnes, dont six policiers, ont été blessées vendredi dans un attentat à la bombe à Yüksekova, dans la province de Hakkari, à la frontière avec l’Iran et l’Irak. Quatre policiers sont dans un état grave.

Cette explosion survient au lendemain de l’explosion d’une mine qui a coûté la vie à neuf villageois kurdes. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a assuré que l’attentat de jeudi était l’oeuvre du PKK, mais celui-ci a mis en cause les services secrets turcs. Des milliers de personnes ont défilé sur l’artère principale de Yüksekova après avoir assisté aux funérailles de deux des villageois tués la veille dans le minibus. Avant l’explosion, la foule s’est heurtée à la police anti-émeutes à coups de pierres. La police a riposté avec des canons à eau et des grenades lacrymogène avant de tirer en l’air pour disperser les manifestants. C’est alors que la bombe visant les policiers a explosé.

Les hauts fonctionnaires du gouvernement turc se sont réunis ce mercredi pour une réunion top secrète dans les bureaux du premier ministre Erdogan. L’ordre du jour portait notamment sur la conduite à tenir vis à vis du PKK et à déterminer la voie que la Turquie va adopter dans sa politique de contre-guérilla. Peu d’éléments ont filtré de ce rendez-vous, mais il semblerait que les autorités vont prendre de nouvelles mesures politiques et économiques visant à couper les guérilleros des masses populaires. De nouvelles mesures de sécurité devraient permettre également de diminuer la pression visible du gouvernement.

Vers 9h hier soir, un groupe de guérilleros du PKK a pris d’assaut un poste de contrôle de police à l’entrée de la ville de Semdinli, dans la province de Hakkari. L’attaque à la roquette a blessé trois policiers, qui ont été emmené à l’hôpital. L’un d’entre eux se trouve dans un état critique. Les forces de sécurité ont immédiatement déclenché une vaste opération afin de capturer les assaillants.

Depuis l’annonce lundi d’une opération militaire tuant neuf guérilleros kurdes, alors que le PKK respecte un cessez-le-feu unilatéral jusqu’au 20 septembre, le Kurdistan vit une émeute quasi-permanente qui s’étend de ville en ville, avec son cortège de blessés. Parmi eux un enfant de 13 ans, touché par une balle en pleine tête et qui est dans un état critique, plus proche de la mort que de la vie.

Hier, la police à tiré en l’air et s’est affrontée à plusieurs centaines de manifestants kurdes aujourd’hui sur une place centrale de d’Istanbul.
Des représentants de manifestants, rassemblés à l’appel du principal parti pro-kurde BDP. Les manifestants se sont ensuite heurtés à la police anti-émeutes, ont saccagé la devanture d’un hôtel et se sont pris à coup de pierres et de bâtons à trois voitures, dont une de la police, provoquant des dégâts. La police a tiré en l’air pour disperser la foule et a procédé à des arrestations.

La guérilla du Parti Communiste Maoïste/Armée Populaire de libération (MKP/HKO, cf; photo) a accroché une unité de l’armée près du chantier de la centrale hydroélectrique de Dinar Deresi, dans la province de Tunceli. Un militaire turc (un sergent) a été tué dans l’engagement. La presse avait d’abord parlé d’une opération du PKK. Les forces de sécurité ont lancé une opération de ratissage appuyée par des hélicoptères pour retrouver le commando maoïste.

Guérilleros maoïstes du MKP/HKO en Turquie

Guérilleros maoïstes du MKP/HKO en Turquie

Les neuf membres du PKK ont été tués lors d’opérations des forces de sécurité lancées dimanche dans la province de Hakkari (sud-est) après l’attaque par la guérilla d’un poste de gendarmerie de la zone.

Lundi, un membre du PKK a été abattu dans des affrontements avec les forces de sécurité dans la ville d’Eruh dans la province de Siirt. Treize membres du PKK basés en Irak, se sont rendus lundi aux forces de sécurité turques au poste frontière de la Khabur près de la ville de Silopi dans la province de Sirnak (photo).

Reddition de 13 membres du PKK

Reddition de 13 membres du PKK

Né en 1957 le célèbre écrivain Dogan Akhanli a dû, en raison de ses activités politiques, entrer dans la clandestinité après le coup d’état militaire du 12 Septembre 1980. En 1985, il a été emprisonné et torturé pendant sa détention de deux ans dans une prison militaire à Istanbul . En 1991, il a réussi à s’enfuir en Allemagne, où il a été obtenu un statut de réfugié politique avant de recevoir la citoyenneté allemande.

Très impliqué dans la question du génocide turc des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale (son roman de 1999 « Les juges du Jugement dernier » s’intéresse aux raisons pour lesquelles l’Etat turc jusqu’à ce jour a nié le génocide), Dogan Akhanli a plaidé en faveur de l’ enquête sur l’assassinat du journaliste arménien Hrant Dink par un nationaliste turc en 2007 à Istanbul.

Le 10 août, s’est rendu en Turquie, pour première fois depuis 1991, pour voir son père père malade. A l’aéroport d’Istanbul , il a été arrêté et accusé d’avoir participé en octobre 1989 à un hold up à Istanbul. Akhanli a rejeté toute implication dans ce dossier fondé sur un témoignage extorqué sous la torture en 1992. Nombreux sont ceux établissent un lien direct entre l’arrestation de Dogan Akhanli et son implication dans la question du génocide turc des Arméniens.

Dogan Akhanli

Dogan Akhanli

Le premier ministre turc a admis l’existence de contacts entre des responsables turcs et le leader emprisonné du PKK Abdullah Öcalan, tout en niant qu’il s’agissait d’un « dialogue politique » : «En tant que gouvernement, nous ne nous assiérons jamais à la même table et n’aurons jamais de discussions avec une organisation terroriste ou ses représentants [mais] l’Etat dispose d’une agence de renseignement pour débloquer, résoudre certaines questions.» Le PKK avait affirmé que l’Etat turc s’était pour la première fois engagé à un dialogue. La trêve unilatérale décrétée le 13 août par le PKK pendant le ramadan serait le premier résultat de ces pourparlers.

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