Hier matin, 35 travailleurs d’une usine de fabrication de sièges de voiture dans la province de Kocaeli s’étaient rassemblés pour bloquer l’entrée sur le site de l’entreprise. Ils dénonçaient le licenciement de plusieurs employés membres du syndicat Birlesik Metal-Is, que la direction a justifié par la crise économique. Or, tous les licenciés ont été remplacés par de nouveaux employés. Les travailleurs avaient formé un cordon devant l’usine pour empêcher leurs employeurs de pénétrer dans le bâtiment. Mais la police est rapidement intervenue pour violemment déloger les ouvriers. Deux d’entre eux ont été blessés par les coups des forces de l’ordre.

Sous prétexte de s’attaquer au DHKP-C, les autorités turques ont mené une descente dans une organisation de quartier ce vendredi à 5 heures du matin. En plus de cette action au centre pour les droits du Gülsuyu/Gülensu à Maltepe, elles ont perquisitionné plusieurs domiciles dans le quartier. L’opération, appuyée par un hélicoptère de la police a duré une grande partie de la journée. Dix-huit militants associatifs ont été arrêtés et plusieurs d’entre eux ont été torturés sous les yeux de leurs proches. Tous sont membres du Front Populaire ou lecteurs de l’hebdomadaire militant Yürügüs. En outre, les autorités ont saisi une grande quantité de livres et de CD-roms.

Depuis plus d’un an, Huseyin Edemir, étudiant à la Middle-East Technical University, est détenu, soupçonné d’être membre du DHKP-C. Il a comparu ce mardi devant la Haute Cour Criminelle de Besiktas (Istanbul). A l’audience, le ministère public a requis l’acquittement d’Edemir, a suggéré sa libération sous contrôle judiciaire, et exigé qu’une enquête soit menée concernant la validité et la légalité des preuves. Néanmoins, le juge et les deux membres du conseil judiciaire ont décidé de le maintenir en détention. La prochaine audience a été fixée au 8 mars.

Aujourd’hui, le Parlement turc débat d’un nouvel ensemble de lois portant sur la législation du travail. Certaines des propositions autoriseraient les employeurs à délocaliser des travailleurs contre leur volonté, rendraient les travailleurs – et non les employeurs – financièrement responsables pour les primes de prestations maladie et permettraient aux employeurs d’engager des apprentis durant quatre mois sans salaire.

Des milliers de personnes s’étaient rassemblées ce matin dans un parc au centre d’Ankara pour s’opposer à cette possible nouvelle législation. Leur objectif était de défiler jusqu’au Parlement, ce que les forces de l’ordre ont violemment empêché. Les unités anti-émeutes avaient bloqué la route principale reliant le parc au bâtiment public avec une rangée de fourgons et de canons à eau. Dès l’arrivée de la tête du cortège, elles ont utilisé des gaz lacrymogènes et des jets d’eau pour repousser les manifestants. Ceux-ci ont répliqué en jetant des pierres, des oeufs et des bâtons aux policiers.

Manifestation d'ouvriers à Ankara

Manifestation d’ouvriers à Ankara

Au moins 32 corps de militants présumés du PKK tués par les forces de sécurité, ensevelis anonymement dans une fosse du cimetière d’Asri (province de Elazig) ont été découverts. Certaines victimes étaient encore habillées, et leurs familles n’avaient pas été informées du décès qui semblent remonter aux années ’90. Dans les registres du cimetière, les corps n’ont pas été enregistrés nommément. Par contre, un fonctionnaire a marqué chacun d’eux du terme ‘terroriste’, suivi du lieu où il a été tué et quand il a été enterré.

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Dans une action visant officiellement le DHKP-C, les autorités turques ont interpellé ce mercredi sept militants actifs dans des associations de quartier à Izmir. Il semblerait que tous les sept aient été suivis pendant plus de six mois. Mais ce 26 janvier, trois associations et le domicile de huit autres militants ont également été perquisitionnés. Les autorités ont annoncé avoir saisi des documents ‘organisationnels’, des croquis indiquant des établissements militaires et policiers et des ordinateurs. Ces derniers ont été envoyés au laboratoire de la police criminelle d’Ankara pour que les éventuels messages cryptés puissent être décodés. Cinq des militants ont été mis en examen et incarcérés. Ils sont accusés d’avoir formé des milices en vue de mener des actions contre des institutions de l’état. Les deux autres avaient été interpellés pour simple rébellion, et ont été relâchés.

Hier, plusieurs centaines d’étudiants s’étaient réunis à Ankara et à Istanbul pour dénoncer l’attitude du gouvernement vis à vis du monde estudiantin. Le premier ministre est accusé de refuser tout dialogue. Sur la place centrale de Kizilay dans la capitale, les centaines de manifestants ont été dispersés par des jets de gaz lacrymogènes et l’utilisation de canons à eau. L’important dispositif policier a arrêté tous les étudiants qui tentaient de résister. A Istanbul, une centaine de manifestants ont été confrontés au même genre de déploiement policier. Ils ont été dispersés avec des canons à eaux, des gaz lacrymogènes, et à coups de matraque.

Depuis le mois d’octobre, 151 personnes accusées d’entretenir des relations avec le PKK sont jugées à Diyarbakir, parmi lesquelles douze maires élus, membres du BDP (Peace and Democracy Party). Les accusations retenues sont l’adhésion à un groupe armé illégal, la diffusion de sa propagande, la perturbation de l’intégrité territoriale de la Turquie et la tenue de meetings publics illégaux. Ce jeudi, le procès a repris, les vacances judiciaires étant terminées.

A l’appel du BDP et du DKT (Democratic Society Congress – organisation qui chapeaute plusieurs groupes pro-kurdes), des centaines de personnes s’étaient rassemblées sur une place publique proche du tribunal pour dénoncer, entre autre, l’interdiction faite aux accusés de se défendre dans leur propre langue. La foule pacifique a dansé, scandé des slogans et écouté des discours avant de se mettre en marche vers le tribunal, encadrée comme il se doit par un cordon policier. Petit à petit, la tension est montée entre de petits groupes de manifestants et les forces de l’ordre, et à l’arrivée devant le tribunal, ces dernières ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes. Ceux-ci ont entrainé la fuite d’une grande partie des manifestants. D’autres y ont répondu par des jets de pierres, de pétards et de cocktails Molotovs. Les affrontements ne se sont calmés qu’en fin d’après-midi. Malgré que la police ait été toujours présente en force, les manifestants sont restés sur place et ont chanté en attendant la fin de l’audience.

Manifestation en marge du procès à Diyarbakir

Manifestation en marge du procès à Diyarbakir

En 2008, les autorités pénitentiaires de deux villes du nord du pays (Bolu et Tekirdag) avaient refusé de distribuer leur courrier à plusieurs prisonniers kurdes sous prétexte que celui-ci ne pouvait pas être contrôlé. En effet, les détenus correspondaient avec leurs familles et leurs proches dans leur langue maternelle et non en turc. Dix d’entre eux avaient intenté une action devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Aujourd’hui, sa décision condamne la Turquie. La Cour affirme q’elle n’a aucune base légale pour refuser de distribuer du courrier écrit dans une autre langue que le turc, et qu’elle a violé le droit du respect à la vie privée et familiale des prisonniers.