La communauté kurde de Belgique manifestera ce vendredi de 13h à 16h, sur la Place du Luxembourg à Bruxelles, contre les lynchages, massacres et agressions de la part de la police, de l’armée et des nationalistes turcs.

Ces derniers jours, la ville de Cizre vit un siège inédit de la part de l’armée turque alors que plus de 400 locaux du HDP ont été incendiés par des nationalises turcs à travers le pays.

Des élus du principal parti kurde de Turquie, son chef de file en tête, ont entamé mercredi une marche pour rallier à pied la ville kurde de Cizre afin de rompre le blocus imposé depuis près d’une semaine par les autorités sur la ville. Le convoi de l’HDP, emmené par ses deux coprésidents Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag et deux ministres, a été bloqué par les forces de l’ordre autour de Midyat. La délégation a alors décidé de continuer sa route à pied, soit une marche de 90 km.

Le convoi de l'HDP bloqué par les militaires sur la route de Cizre

Le convoi de l’HDP bloqué par les militaires sur la route de Cizre

Les forces de sécurité turques ont imposé il y a six jours un couvre-feu strict sur Cizre, où des affrontements ont éclaté entre les forces de sécurité et des jeunes militants kurdes proches du PKK. Les snipers de l’armée tirent sur les habitants qui sortent de chez eux après l’heure du couvre feu. Au moins sept civils ont ainsi été tués, dont deux mineurs. Environ 120.000 personnes ne peuvent plus sortir de la ville à cause du couvre-feu.

Par ailleurs, dans de nombreuses villes, les locaux du HDP, dont son quartier général d’Ankara, ont été la cible de nombreuses attaques de la part de manifestations nationalistes qui accusent le mouvement de soutenir le PKK. Enfin, une vaste opération policière a visé le Parti Socialiste des opprimés (ESP). Des descentes de police ont eu lieu dans les locaux d’ESP de Maltepe et d’Ataşehir, ainsi que dans des domiciles. Au moins 11 personnes ont été arrêtées.

Le siège de l'HDP attaqué par les nationalistes

Le siège de l’HDP attaqué par les nationalistes

Un convoi de l’armée turque a été visé par une embuscade revendiquée par le PKK, dans la nuit de dimanche 6 à lundi 7 septembre dans la région montagneuse de Daglica, près de la frontière irakienne. Des IED ont été déclenchés au passage du convoi, détruisant deux véhicules blindés, tuant 16 soldats et blessant et six autres selon les autorités turques. Le PKK affirme que 31 soldats ont été tués, dans l’embuscade et les combats qui ont suivi. Dès dimanche soir, l’armée de l’air turque a rapidement riposté en bombardant des positions kurdes. Des unités des forces spéciales ont également été acheminées par hélicoptères dans les environs de Daglica, un secteur montagneux de la province d’Hakkari, située à proximité de la frontière irakienne, où les combats se poursuivaient lundi.

L'armée turque dans la province de Hakkari (archive)

L’armée turque dans la province de Hakkari (archive)

Par ailleurs, des membres du PKK ont tiré au lance-roquettes contre les équipes de police venues pour remplir les fosses creusées par les militants kurdes pour entraver la circulation dans dans à Hasırlı. Une roquette a touché un blindé de la police, tuant deux policiers et blessant trois autres. La préfecture a décidé un couvre-feu jusqu’à nouvel ordre dans la province de Sur.

Le service secret du Gouvernement Régional Kurde irakien, le Parastin a détenu 1 semaine, fouetté et torturé deux Yézidis, Schîar Elias Hashem (20 ans) et Willie Khudaida (19 ans), qui prenaient la défense du HPS (Unités de Protections du Shingal, la guérilla yézidie du PKK dont le commandant avait été arrêté en avril dernier par la police kurde irakienne) sur Facebook, ils sont à priori toujours détenus, comme de nombreux Yézidis et militants proches du PKK au Kurdistan irakien. Huit guérilleros du PKK auraient également été remis à l’armée turque.

Le Gouvernement Régional Kurde est une région quasi-autonome du nord de l’Irak gouvernée par le PDK, un parti de droite en conflit avec le PKK. Condamnant de temps à autres les bombardements de l’armée turque sur son territoire, elle aide dans les faits la Turquie soit par passivité, soit par collaboration à réprimer le PKK sur son territoire. Une nouvelle fuite -à prendre avec des gants- affirme que le PDK aurait ordonné en 2014 aux Peshmerguas (l’armée régulière kurde irakienne) de ne pas attaquer l’Etat Islamique. Probablement pour déstabiliser l’état irakien et gagner en autonomie.

Les deux jeunes militants torturés par Parastin.

Les deux jeunes militants torturés par Parastin.

L’armée turque a tué civils et militants à plusieurs reprises à Dersim, Diyarbakir, Hakkari, Silopi, Batman, Muş, Yüksekova et Cizre. Plusieurs photos insoutenables circulent sur les médias sociaux, montrant entre autres un très jeune enfant blessé par balle, et un autre ,pas beaucoup plus âgé, atrocement torturé. A Cizre la ville est complètement bouclée, la population est immobilisée par un couvre-feu. De nombreux véhicules lourds militaires occupent ces villes insurgées qui ont -pour certaines- déclarées l’auto-gestion. La population résiste et répond aux massacres, à la torture et aux innombrables rafles dont le nombre s’est intensifié ces 4 derniers jours. A Yüksekova, la guérilla a repoussé l’armée turque qui était pourtant assistée par des jets et des hélicoptères, une base militaire y avait déjà été détruite par les guérilleros le 3 septembre. En tout, 25 soldats turcs ont été tués dans des actions de représailles de la part du PKK. A l’intérieur même des villes, les émeutiers attaquent les soldats à coups de pierres, de cocktails molotov et de kalachnikov. A Gelîyê Doskî, la ville a été bombardée toute la nuit du 4 au 5 par l’armée turque, la guérilla a répliqué à ces tirs de mortiers sur la colline Çalareşkê où deux soldats ont été abattus.

Embuscade dans la région du Madrin.

Embuscade dans la région du Madrin.

Quatre policiers ont été tués ce jeudi matin dans l’explosion d’un IED attribué aux combattants du PKK au passage de véhicules des forces de l’ordre qui se rendaient sur les lieux d’un incendie dans un quartier périphérique de la ville de Mardin. L’IED a explosé au passage du convoi, projettant le véhicule blindé à quelques mètres de la route, causant la mort d’un gradé et de trois agents de police. L’armée turque poursuit ses bombardements: les bases de Bezelê, d’Avashin, d’Oremar, de Bager, de Grana et de Bilican, harcelées par la guérilla, ont effectué des tirs d’artillerie hier et aujourd’hui.

A l'arrière plan: le blindé détruit

A l’arrière plan: le blindé détruit

La police turque a fait usage mardi de grenades lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau pour disperser dans le centre d’Istanbul une manifestation contre l’offensive anti-kurdes du gouvernement, procédant également à plus d’une dizaine d’arrestations. La manifestation avait débuté dans la célèbre rue Istiklal dans la partie européenne de la ville. La police est intervenue au milieu de cette rue lorsque les manifestants ont commencé à scander des slogans hostiles au pouvoir du président Erdogan et qu’ils ont protesté contre l’offensive qu’il a lancé contre les militants kurdes. Les manifestants tentaient de former une chaîne humaine jusqu’à la place Taksim.

La police a dirigé ses jets de canons à eau vers le milieu de l’avenue, dans cette zone commerciale très fréquentée, et a lancé des grenades lacrymogènes alors que les manifestants tentaient de se mettre à l’abri. 14 personnes auraient été arrêtées.

Affrontements rue rue Istiklal

Affrontements rue rue Istiklal

La Turquie est en train de mettre en place un système qui récompensera ceux qui dénonceront les membres des groupes révolutionnaires tels que le PKK ou le DHKP-C. La hauteur de la récompense dépend de la qualité de l’information. La dénonciation d’un membre ‘lambda’ sera récompensée 200.000 livres (€61.000), alors que la dénonciation d’un cadre ou l’empêchement d’une action sera payée 4 millions de livres (€1.23 millions). Le communiqué précise que l’informateur ne doit pas nécessairement avoir la nationalité turque pour être une balance, mais qu’il ne peut pas être lui même membre d’une organisation considérée comme terroriste par le régime.

Depuis la reprise des hostilités (la fin du mois de juillet dernier), au moins 2.500 révolutionnaires ont été emprisonnés en Turquie.

Un policier des forces spéciales turques.

Un policier des forces spéciales turques.

Les faits ont eu lieu aux premières heures de ce dimanche 30 août, aux alentours de 2h du matin, la police a encerclé une maison où s’étaient retranchés trois jeunes Kurdes, dans le quartier « Kobané » (à ne pas confondre avec la ville syrienne) de la ville de Silopi, province de Şırnak. Vers 6h du matin, la police est entrée pour récupérer les corps et les emmener vers le checkpoint de Habur. Deux des militants avaient 20 et 22 ans, le troisième n’a pas été identifié. Dans la journée, il a été confirmé que les trois étaient des civils et n’appartenaient pas à la guérilla.

Dans la journée de dimanche, dans le centre-ville de Silopi, un blindé de la police a été attaqué en représailles, un policier est mort et trois autres ont été blessés. Au même moment, le commissariat local était la cible d’un lance-roquette. Enfin, cette nuit, toujours à Silopi, une mère de 55 ans et sa fille de 14 ans ont été la cible d’un sniper de la police. Elles dormaient sur le toit de leur maison. La mère est décédée.

Du coté des actions de la guérilla, il est difficile de transmettre toutes les nouvelles du Nord-Kurdistan tant les actions sont nombreuses. Notamment, deux commandos HPG ont attaqué un commissariat dans la nuit du 29 au 30, à Nazımiye dans la province du Dersim. 16 policiers ont été tués et 2 guérilleros sont morts dans les combats.

La maison où se trouvaient les trois.

La maison où se trouvaient les trois.