Mi-juin, l’Union pour la liberté des prisonniers politiques d’Azerbaïdjan dressait une liste de 303 prisonniers politiques. Tout ce que le gouvernement considère comme critique provoque une persécution, qui va de la menace à une longue peine d’emprisonnement, décrétées sans que le condamné ai eu accès à un avocat, et sur base de preuves obtenues par les mauvais traitements et la tortures.  C’est toute campagne d’intimidation qui a visé la société civile à l’approche de la COP-29. Les personnes ciblées sont des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes enquêtant sur la corruption, les universitaires qui écrivent des articles scientifiques – notament des études ethnographiques ne correspondant pas à la propagande nationaliste officielle… et des militants éconlogistes.

Ceux qui enquêtent sur la version officielle de la mine d’or de Gedabek sont ainsi visés. Une commission d’enquête, mise en place, à la demande du président Ilham Aliyev, avec à sa tête : Moukhtar Babaïev, ministre de l’Écologie, et désormais président de la COP29, avait affrimé que les analyses ne révèlaient aucune présence de cyanure dans le nouveau lac artificiel de stockage des déchets de la mine. C’est en prélevant des échantillons sur le site de Gedabek que Kanan Khalilzade, 27 ans, ingénieur en énergies renouvelables et membre de l’ONG Ecofront, a été appréhendé et emprisonné.

23  journalistes sont actuellement emprisonnés en Azerbaïdjan, ce pays accueillera la prochaine COP29 (Conférence des Nations unies sur le changement climatique) en novembre. La Fédération Européenne des Journalistes confirme que les arrestations ont eu lieu dans le cadre du travail des reporters. Cette dernière affirme que le régime azerbaïdjanais ne tolère plus  aucune opposition et réprime de plus en plus les reporters indépendants à l’approche de la conférence. La Fédération Européenne des Journalistes a demandé au secrétariat de CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de s’assurer que tous les pays hôtes des COP respectent les droits humains, que les journalistes puissent exercer leur métier en toute liberté. La FEJ mène une campagne en faveur de la libération de six reporters travaillant pour le média indépendant Abzas Media, ces derniers enquêtaient sur la corruption et les violations des droits humains dans ce pays autoritaire. Elle milite en outre pour la libération de 17 autres journalistes détenus.

 

Le 10 mai 2016, les deux anarchistes Bayram Mammadov et Qiyas Ibrahimov ont été arrêtés par la police à Bakou pour avoir tagué sur un monument dédié à la gloire de l’ancien président -père de l’actuel- Heydar Aliyev. Les graffitis disaient « Nique le système » et « Joyeuse fête des esclaves ». Ceux-ci ont été peints à la veille de l’anniversaire de Aliyev qui est chaque année l’occasion d’une célébration pour le régime. Le simple fait d’avoir tagué la statue aurait valu une année de prison, mais ce n’était pas assez pour la police qui a accusé les deux de transporter trois kilos d’héroïne chacun. Bayram a pu témoigner de son calvaire: il a été arrêté vers 14h30 alors qu’il photographiait les graffitis, la police l’attendait pour l’embarquer. Il a aussitôt été jeté dans une jeep et emmené au commissariat où il a été battu et menacé d’être violé avec un bâton jusqu’à lui faire signer des aveux, y compris pour la drogue. Il a ensuite été emmené au bureau de police où on lui a proposé un deal: s’excuser en déposant des fleurs devant le monument d’Aliyev et devant la télévision. A nouveau battu, il a été transporté au centre de détention provisoire où il est encore tabassé. Le lendemain, passage devant le juge puis passage à tabac pour lui faire cracher d’autres noms. Les humiliations et tabassages se sont poursuivis pendant plusieurs jours, parfois filmés par les policiers.

Une campagne de solidarité appelle à manifester devant les ambassades et consulats azeris pour réclamer leur libération. Les déclarations devant le tribunal peuvent être lues et entendues sur le site de la campagne de la Fédération des Anarchistes Germanophones.

Azerbaïjan: Douze ans de prison et de la torture pour des graffitis anarchistes

Samedi, plus de 4000 personnes s’étaient réunies dans le centre de Baku pour dénoncer les résultats des dernières élections. Celles-ci ont reconduit pour un troisième mandat le président Ilham Alijev. La population accuse le gouvernement d’avoir arrangé le scrutin et réclame l’organisation d’un nouveau vote. Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser la foule. Selon des témoins, les policiers ont frappé et battu les manifestants. D’après certaines sources, au moins dix personnes ont été interpellées.

Répression à Baku

Répression à Baku

La répression de la société civile et de la dissidence en Azerbaïdjan s’est agravée au cours des 18 derniers mois. Les autorités ont arrêté des dizaines de militants politiques parmi lesquelles au moins six journalistes, deux défenseurs des droits humains qui ont participé à des efforts pour faire parvenir de l’aide à des victimes d’inondations et un avocat qui a tenté d’obtenir des indemnités pour des personnes expulsées de force de leurs logements. Les autorités ont eu recours à toute une série de fausses accusations, notamment de possession de drogue ou d’armes, de vandalisme, d’incitation à la violence et de trahison, pour emprisonner ces détracteurs.

On signale aussi de nombreuses irrégularités et violations de la légalité des procédures des enquêtes et des poursuites judiciaires. Dans plusieurs cas, les autorités n’ont pas enquêté sur les violences policières passées et les exactions pendant les gardes à vue. Des amendements législatifs accroissent, parfois dans une proportion de 1 à 100, les amendes encourues pour participation à des manifestations non autorisées, qui font passer de 15 à 60 jours la peine de prison maximale prévue pour des infractions mineures à l’ordre public qui sont souvent utilisées pour incarcérer des manifestants.

répression azrbaidjan

répression azrbaidjan

La police azerbaïdjanaise a arrêté dimanche une dizaine de manifestants qui protestaient contre des violences au sein de l’armée, tirant des balles en caoutchouc et utilisant des canons à eau pour repousser la foule. Cette manifestation est l’une des réactions des milieux de l’opposition à la mort soudaine d’un conscrit, le 7 janvier, dans une caserne. Le ministère de la Défense avait déclaré tout d’abord que le jeune homme était mort d’une crise cardiaque, mais sa famille pense qu’il a été battu à mort. La police armée de matraques n’a pas tardé à réprimer la manifestation, qui n’avait pas été autorisée par les autorités.