Divers initiatives ont eu lieu hors de Bruxelles à l’occasion de ce 1er mai. Des banderoles ont été accrochées par les anarchistes à Leuven, le Front Populaire a organisé deux petits cortèges: un à pied à Liège et un à vélo à Anvers. Le MLKP s’est manifesté à Anvers également. 11 manifestant.e.s ont été arrêtés aux initiatives du Front Populaire. Toutes les personnes ont été relâchées après prise des identités. A Wavre, une banderole a été apportée devant la maison communale.

Hier mardi, l’administrateur-général de la Sûreté de l’État, Jaak Raes, passait devant la commission de l’Économie de la Chambre pour discuter de la mise en place de l’application de traçage des malades dans le cadre de crise du Coronavirus. Il y a plaidé pour que le développement du projet soit confiée à un opérateur belge afin d’éviter que des États étrangers ou des organisations extérieures ne puissent utiliser les données générées par une telle application. Les parlementaires sont en train de discuter du cadre légal encadrant cette application. Au niveau technique, la KULeuven participe au projet d’un consortium européen DP3T qui repose sur l’échange de codes anonymisés à partir du moment où un patient est testé positif, sans centralisation de données et avec destruction de celles-ci après un délai de 15 jours ou 3 semaines. Il peut supporter une dizaine de millions d’utilisateurs et être mis en place en quelques semaines. Le projet DP3T est soutenu par Google et Apple.

Jaak Raes, administrateur-général de la Sûreté de l’État

Jaak Raes, administrateur-général de la Sûreté de l’État

Le parquet de Namur a décidé de confisquer des téléphones portables en cas de récidive du non-respect des règles de confinement. L’idée est d’utiliser le droit pénal qui permet de saisir les objets qui servent à commettre une infraction. Les GSM sont donc saisis seront exploités pour voir si les rassemblements ont été planifié à l’aide d’échange téléphonique ou de messages. Une confiscation du téléphone (rendant impossible toute rétrocession) est possible ultérieurement si le parquet le demande devant le tribunal.

Contrôle "coronavirus" de la police de Bruxelles

Lundi 20 avril, Kezy, un habitant d’une cité de logements sociaux dans les Marolles (Bruxelles), était arrêté car il fumait une cigarette devant chez-lui. Une dizaine de voitures de police, 29 agents et deux chiens avaient participé à l’opération (voir notre article). Emmené au commissariat central de Bruxelles, il avait été libéré deux à trois heures plus tard et était rentré chez lui. Notons qu’il porte depuis décembre un bracelet électronique qui doit lui être retiré ce jeudi 23 avril. Le lendemain, vers midi, deux autres agents se présentent à l’appartement familial. Kezy est absent, il est parti faire un tour dans la limite du périmètre et des horaires qui lui sont autorisés. Les policiers disent à sa famille qu’ils sont venus lui présenter des excuses, puis repartent. De retour chez lui, Kezy discute avec sa famille et décide d’aller porter plainte. Vers 14 heures, il part vers l’hôpital pour y faire constater les séquelles du contrôle de la veille : coup à la joue, plaies à la tête, douleur à la cheville. Mais il revient un quart d’heure plus tard, essoufflé et anxieux. Il annonce à son famille qu’il a rencontré des policiers qui l’ont menacé de lui retirer son bracelet électronique et de l’envoyer à la prison de Saint-Gilles.

Une patrouille de police ne tarde pas à arriver, parmi laquelle les deux agents venus quelques heures plus tôt « présenter leurs excuses ». À l’intérieur de l’appartement, Kezy téléphone aux agents du Centre de surveillance électronique chargés de vérifier ses déplacements via son bracelet. Ceux-ci lui disent n’avoir constaté aucun écart de sa part et ne rien lui reprocher. Mais pendant ce temps, les policiers ont grimpé sur le balcon et donnent des coups dans la porte de l’appartement. Kezy se laisse donc arrêter. Sa famille ignore où il a été emmené et pour quelle raison. Plus d’infos ici.

Arrestation de Kezy, un habitant des Marolles

Arrestation de Kezy, un habitant des Marolles

Une note superficielle de six pages fait le tour des « menaces » pour la Belgique en lien avec la crise du coronavirus tel que les conçoit la Sûreté de l’État. Quelques pages sur l’extrême-droite qui à coup de fake-news essaie de lier immigration et pandémie, sur le travail d’influence en faveur de la Russie, sur les risques d’espionnage industriel (avec quelques réflexions sur les dangers potentiels des vidéoconférences). La page consacrée à l’extrême gauche mentionne un appel anarchiste incendiaire sur indymedia et le travail du Secours Rouge : usual suspects… Les médias ont reproduit cette note d’une ligne à l’autre sans le moindre examen critique. Là aussi, rien de nouveau… Lire cette note La page "extrême gauche" de la note

Malgré le confinement, une soixantaine de sans-papiers et de militants solidaires ont mené un rassemblement (bref et espacé) au pied de la Tour des Finances de Bruxelles , où se trouve le bureau de Maggie De Block, ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, mais aussi de l’Asile et la Migration. Ils mettaient en avant la situation dramatique des sans-papiers pendant la crise du coronavirus. Travaillant au noir, ils sont dépourvu de tout moyen d’existence pendant le confinement. Le rassemblement s’est dispersé à l’arrivée de la police. Les policiers ont identifiés dix militants solidaires qui devraient recevoir une amende pour non-respect du confinement. Aucun sans-papier n’a été inquiété.

Au rassemblement d'hier