Une vidéo tournée à Minsk montre deux policiers brandissant des matraques et un manifestant recroquevillé sur le sol alors que des passants demandent bruyamment sa libération. L’un des agents se tourne vers la caméra, seuls ses yeux visibles derrière une cagoule, et en quelques secondes, un ordinateur produit la photo et les données personnelles du policier. La vidéo, qui a recueilli plus d’un million de vues, a été publiée sur YouTube le 24 septembre par Andrew Maximov, un artiste numérique américain né à Minsk. Il veut montrer comment l’intelligence artificielle peut être utilisée pour démasquer les forces de l’ordre impliquées dans la violente répression des manifestants depuis la réélection contestée de Loukachenko le 9 août dernier. Naturellement, ce qui est possible pour identifier un policier l’est pour identifier un manifestant…

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Les forces de sécurité biélorusses ont procédé à l’arrestation de centaines de participantes d’une manifestation de femmes qui avait lieu ce samedi à Minsk, la capitale du pays. Les personnes interpellées ont été rapidement traînées dans des véhicules de police avant d’être exfiltrées. Au moins deux mille personnes participaient à cette marche de femmes contre le président Alexandre Loukachenko dont la réélection du 9 septembre dernier est contestée. La mobilisation des femmes biélorusses contre Alexandre Loukachenko a commencé après les violences commises contre des militants d’opposition dans les centres de détention.

La répression de la mùanifestation

 

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Minsk pour protester contre le président Alexandre Loukachenko, dimanche 13 septembre. L’opposition fait descendre chaque week-end plus de 100.000 personnes dans les rues de la capitale, depuis la présidentielle du 9 août. Elle a une nouvelle fois fait face dimanche à un déploiement massif des forces de sécurité, équipées de blindés et de canons à eau, notamment devant la présidence, l’un des lieux du rassemblement.  Dès les premiers moments du défilé, intitulé « Marche des héros » en référence aux victimes de la répression, la police a annoncé avoir procédé à l’arrestation d’« environ 250 personnes ». Le week-end précédent, plus de 600 personnes avaient été arrêtées en marge d’un rassemblement à Minsk et dans d’autres villes. Plusieurs dizaines de femmes, participant à une marche féminine, ont par ailleurs été brutalement arrêtées samedi 12 septembre.

Répression ce dimanche à Minsk

Hier, mardi 25 août, plusieurs vitres de l’ambassade de Biélorussie à Parie ont été brisées, et des bouteilles de peintures ont été lancées contre la façade. Le communiqué indique qu’il s’agit d’un action solidaire des manifestants en lutte en Biélorussie et qui sont confronté à la répression. Le communiqué appelle aussi à la libération des anarchistes Alexander Frantskevich, Akihiro Khanada et Nikita Yemelyano emprisonnés par le régime de Loukachenko (voir notre article).
Lire le communiqué

L'ambassade de Biélorussie à Paris

L’ambassade de Biélorussie à Paris

Le 12 août, les anarchistes Alexander Frantskevich et Akihiro Khanada ont été arrêtés en Biélorussie. Frantskevitch est un ex-prisonnier politique, emprisonné de 2010 à 2013 pour des accusations d’attaque de bâtiments gouvernementaux (voir notre article). La police l’a désigné comme le « leader du groupe anarchiste le plus radical du pays, Action Révolutionnaire ». Il est actuellement inculpé pour « organisation d’émeutes de masse », risquant de 5 à 15 années dans les prisons de la dictature. Concernant le second anarchiste emprisonné, Akihiro Hanada, nous ne savons pas encore de quoi il est accusé. Les télévisions d’État ont directement accusé les anarchistes russes et biélorusses d’être les « coordinateurs des émeutes » Frantskevich et Akihiro risquent donc une longue peine d’enfermement pour avoir combattu la dictature. Rappelons que l’anarchiste Nikita Yemelyanov est toujours emprisonné en Biélorussie, condamné à 4 ans de prison pour avoir mené des actions symboliques contre des bâtiments judiciaires ainsi qu’une unité d’isolement à Minsk. Vous pouvez envoyer vos témoignages de soutien à : revolutionaruaction@riseup.net

Les anarchistes emprisonnés en Biélorussie

 

Les autorités biélorusses ont annoncé mercredi la mort d’un homme interpellé lors d’un rassemblement contre la réélection du président Alexandre Loukachenko et la police a dit avoir ouvert le feu à balles réelles à Brest (sud-ouest), faisant un blessé. Dans l’hyper-centre de la capitale, les stations de métro étaient fermées dans la soirée de mercredi et la circulation interdite. De nombreux policiers étaient également déployés dans de grandes artères quasiment vides. Près de la station Ouroutché, au nord-est de Minsk, des manifestants ayant formé une chaîne humaine ont été dispersés et frappés par des policiers, au milieu des cris. Des dizaines de femmes, vêtues de blanc, ont également formé des chaînes humaines dans d’autres endroits de la capitale pour dénoncer la répression policière visant les protestations contre la réélection le 9 août du président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos montraient des dizaines de manifestants rassemblées ou barrant temporairement des rues de Minsk, sur fond des klaxons de véhicules. Lors des trois nuits de protestation précédentes, les forces de sécurité ont arrêté quelque 6.000 personnes à travers le pays, sans que l’on sache combien sont encore détenues. Depuis dimanche soir, la police use de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc contre les protestataires et au moins 250 blessés ont été admis à l’hôpital.

Manifestant arrêté à Minsk

Édit 13 août 2020 : Nous annoncions la mort d’un manifestant à Minsk. Il avait été écrasé par un véhicule de police. Il semble cependant qu’il ait survécu à ses blessures.

Suite à la tenue de la présidentielle, des émeutes nocturnes ont éclaté dimanche soir dans plusieurs villes de Biélorussie. Les chiffres officiels, créditent Loukachenko de 81,35% des voix, ce que conteste la candidate de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa. Dans le centre de la capitale, Minsk, les protestataires ont érigé des barricades. Pour déloger les manifestants, la police a eu recours à du gaz lacrymogène, à des canons à eau et à des grenades assourdissantes. Les heurts ont fait un mort et plusieurs personnes ont dû être hospitalisées. Ce lundi soir 11 août, les manifestations et les interpellations ont repris. Des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes ont à nouveau été utilisées à Minsk.  Dans d’autres villes du pays, des manifestations se tiennent également.

Les affrontements à Minsk

Le 19 mars, la police a arrêté dans une rue de Minsk un militant anarchiste biélorusse, ancien prisonnier politique, Mikalai Dzyadok. Le motif officiel de la détention était une poursuite pénal fondée sur l’art. 17.1 du Code des infractions administratives (petit hooliganisme). L’affaire a été engagée contre lui pour avoir prétendument écrit des insultes contre la police sur les murs d’une auberge de jeunesse. Mikalai Dzyadok a été emmené au département de police du district de Savetski. Actuellement, il est détenu dans un « centre de pré-détention ». Il avait été condamné à 4,5 ans de prison en 2014 (voir notre article), assorti d’une condamnation supplémentaire d’un an  (voir notre article). L’année passée, il avait été condamné à une amende pour une manifestation non autorisée pour la libération des prisonniers politiques.

Mikalai Dzyadok

Jeudi 26 décembre, un procureur de Saint-Petersbourg a exigé une peine de prison de 6 à 18 ans pour sept militants accusés de faire partie d’une organisation anarchiste appelée « The Network ». S’ils sont reconnus coupables, tous sauf deux purgeront leur peine dans une colonie carcérale de haute sécurité. L’affaire Network avait commencé en octobre 2017, lorsque le Service fédéral de sécurité russe (FSB) avait arrêté six personnes à Penza, dans l’ouest de la Russie, les accusant de participation à une organisation terroriste appelée « The Network ». Deux autres habitants de Penza avaient disparus et avaient été inscrits sur la liste des personnes recherchées par le FSB avant d’être emprisonnés à Moscou. En janvier 2018, deux autres personnes ont été arrêtées dans la même affaire et, en avril de la même année, des accusations ont été portées contre une personne de plus. La plupart des accusés dans l’affaire Network sont des antifascistes et des anarchistes. Ils sont accusés d’avoir participé à une « communauté terroriste anarchiste » créée en 2015 dans le but de déclencher une « déstabilisation du climat politique dans le pays » en posant des bombes lors des élections présidentielles russes de 2018 et de la Coupe du monde de football. Le Réseau aurait des cellules fonctionnant à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Penza et en Biélorussie.

Les militants ont affirmé qu’ils avaient été torturés pour leur extorquer des aveux et que des armes et autres preuves incriminantes avaient été installées par la police russe dans leurs appartements et leurs voitures. Notons que le FSB a admis avoir électrocuté un des militants le justifiant comme une « nécessité professionnelle ». Le procès a commencé devant trois juges du tribunal militaire du district de la Volga en avril 2019, en présence de policiers anti-émeutes, de policiers et de personnes venues soutenir les accusés. La prochaine audience, au cours de laquelle la défense sera entendue, est prévue pour le 13 janvier 2019.

Pour soutenir les prisonniers, il est possible de :
Faire un don à l’Anarchist Black Cross via PayPal (abc-msk@riseup.net). Assurez-vous de préciser que votre don est réservé à la «Rupression».
Faire connaître l’affaire et organiser des événements de solidarité.
Si vous avez le temps et les moyens de concevoir, produire et vendre des marchandises solidaires, veuillez écrire à rupression@protonmail.com.
Concevoir une carte postale de solidarité qui peut être imprimée et utilisée par d’autres pour envoyer des messages de soutien aux détenus. Envoyez vos idées à rupression@protonmail.com.
Écrivez des lettres de soutien aux prisonniers et à leurs proches via rupression@protonmail.com.
Plus d’infos ici.

Manifestation de soutien aux prisonniers accusés de faire partie de "The Network"

Au moins 700 arrestations ont eu lieu samedi lors d’une manifestation pacifique, mais non autorisée par les autorités à Minsk. Les arrestations – moins nombreuses – se sont poursuivies dimanche.

Le mouvement de protestation prend sa source dans l’introduction d’une nouvelle taxe imposée aux chômeurs. Surnommée «taxe des parasites», elle est exigée de 470.000 Biélorusses, ce qui situe le taux de chômage à 5%, alors qu’il n’est officiellement que de 0,9%. Au cours des deux premières semaines de la contestation, les autorités ont laissé les gens manifester. Devant leur détermination, elles ont instauré un moratoire d’un an sur la taxe. Le ton a changé le 3, puis le 15 mars, avec des premières interpellations de journalistes et d’activistes (voir notre article). La manifestation de ce samedi était aussi une dénonciation de la répression du 15 mars.

Arrestation ce samedi à Minsk

Arrestation ce samedi à Minsk