Les FARC et l’ELN ont convenu lundi à Quito d’un mécanisme conjoint pour défendre les accords de paix convenus entre ces organisations et le gouvernement. A l’issue d’une réunion de deux jours à Montecristi (ouest de l’Equateur), les délégations de la Force Alternative Révolutionnaire Commune (F.A.R.C.), parti fondé par les FARC a suite à la signature de la paix, et de l’ELN ont en outre dénoncé l’assassinat de défenseurs des droits sociaux et la menace des paramilitaires. Tant la F.A.R.C. que l’ELN ont dénoncé des manquements de la part du gouvernement dans l’application des accords.

Un fonctionnaire des Nations Unies et des armes livrées par les FARC

Des affrontements ont eu lieu entre des manifestants masqués et des policiers anti-émeutes (ESMAD) à l’Université d’Antioquia, dans le nord de Medellin ce mercredi. Des manifestations avaient eu lieu sur le campus et sur la route 67 qui a été barrée. Les activités de l’université ont été suspendues pour la journée. Un véhicule a été incendié. D’autres incidents ont eu lieu au campus de Bogota.

Lacrymogènes sur le campus d'Antioquia

Le ministre de la Défense colombien a déclaré dans son rapport sur les opérations menées par la force publique dans le pays que dans le cessez-le-feu avec l’ELN n’avait été troublé par aucun incident. En jargon cela a donné: « la diminution de la confrontation est de 100% ». C’est dimanche dernier que le cessez-le-feu a prit cours, accompagnés par des délégations des pays associés aux négociations (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Suisse et Suède). Les semaines avant le cessez-le-feu avaient pourtant vu un net accroissement des opérations armées des deux belligérants.

Les forces de sécurité colombiennes ont capturé Alexis Pinillo Canvindo, alias « Carlos », le commandant présumé de la Compagnie « Guernantes del Sindagua » de l’ELN qui opère dans le département de Nariño. Dans l’opération, menée par des troupes de la marine nationale, de l’armée de l’air et de la police, ont également été capturés huit autres personnes, dont quatre membres présumés de l’ELN, à la suite d’une fusillade au cours de laquelle un autre membre présumé de l’ELN a été tué.

D’autre part, des éléments de la Brigade Mobile N ° 23 appuyés par la Force aérienne colombienne sont parvenu à capturer « Henry », commandant en second du Front « Carlos Armando Cacua Guerrier » de l’ELN. « Henry » avait été localisé dans la municipalité de Hacarí. Recherché depuis longtemps, il militait depuis plus de dix ans dans les rangs de l’ELN. Ces opérations anti-guérilla ont été menées alors qu’un cessez-le-feu a été décrété pour le 1er octobre.

La capture du commandant

Dans la matinée de mercredi, des affrontements ont eu lieu à Université pédagogique et technologique de Colombie (UPTC), à Tunja (Boyacá). Les étudiants s’opposent au nouveau mode de calcul des frais et de collecte des frais de scolarité qui devraient s’appliquer aux nouveaux étudiants de premier cycle à partir de 2018. Des dizaines de manifestants se sont affrontés à la police métropolitaine de Tunja, dans et devant le campus, ce qui a provoqué la fermeture de la route nationale qui mène à Paipa au nord, et à Bogota au sud. Des cocktails Molotov et des grenades artisanales ont été lancés sur la police qui a usé de gaz et de canons à eau.

Les affrontements devant l'UPTC, à Tunja

Le gouvernement colombien et l’ELN ont signé lundi le premier cessez-le-feu bilatéral de leur histoire. « C’est le premier grand pas vers la paix avec l’ELN », a déclaré le chef de la délégation gouvernementale, lors d’une conférence de presse retransmise depuis Quito, où se tiennent les pourparlers de paix. Le cessez-le-feu entrera en vigueur le 1er octobre pour une durée initiale de 102 jours, c’est-à-dire jusqu’au 12 janvier prochain, et se renouvellera dans la mesure où il sera respecté, et si les négociations avancent sur les autres points.

Un militaire a disparu et trois autres ont été blessés dans l’attaque d’une patrouille fluviale attribuée à des guérilleros de l’ELN. c’est une patrouille du 52e Bataillon d’Infanterie de Marine qui a été attaquée à l’IED alors qu’elle participait à une opération contre la contrebande de carburant sur la commune d’Arauquita (département de l’Arauca, frontalier du Venezuela). Mercredi, une autre action attribuée par l’ELN a coupé les principaux oléoducs de Colombie, obligeant à suspendre le pompage du brut.

Ces attaques ont lieu pendant les pourparlers de paix qui se déroulent depuis février à Quito, capitale de l’Equateur voisin. Les négociateurs des deux parties avaient annoncé lundi qu’ils étaient « déterminés » à conclure un cessez-le-feu provisoire avant la visite du pape la semaine prochaine, du 6 au 10 septembre. Par ailleurs, deux membres de l’ELN qui levaient l’impôt révolutionnaire chez des entrepreneurs de Yopal (Casanare) ont été arrêtés. Ils sont inculpés d’extorsion.

Patrouille fluviale dans l'Arauquita

L’ELN a annoncé depuis Quito (Équateur) qu’elle acceptait le cessez-le-feu. Depuis février dernier, le gouvernement et l’ELN discutaient en Équateur en vue d’engager un processus similaire à celui des FARC. Pablo Beltran, le principal négociateur de l’ELN dans les pourparlers de paix avec le gouvernement colombien, a accepté le cessez-le-feu en Colombie. L’un des engagements, à la cessation des hostilités est d’arrêter les attaques contre les oléoducs. Ils confirment également la suspension des enlèvements et de l’installation de mines antipersonnel. Pour l’ELN, le cessez-le-feu signifie suspendre les opérations offensives et maintenir les positions défensives de leurs territoires.

Le vendredi encore, des affrontements avaient eu lieu dans le département du Cauca contre les membres du Front « Comuneros del sur » de l’ELN. Un soldat et deux guérilleros ont été blessés lors des affrontements entre des membres de l’ELN et les forces de sécurité du département du Cauca. Les affrontements du vendredi 18 août se sont produites lors d’une opération conjointe de l’armée, de la police et de la Force Aérienne.

Les affrontements entre les mineurs artisanaux et les forces anti-émeutes (ESMAD) se sont poursuivis à Segovia et à Remedios, dans le nord-est de l’Antioquia. Il y a quatre semaines que le mouvement de lutte a commencé, émaillé de nombreux incidents (voir notre article). Mardi après-midi, un manifestant âgé de 18 ans a été tué par balle dans le quartier de Reversadero, dans des circonstances encore non éclaircies. A Segovia, les barrages dressés par les mineurs ont créé des pénuries et paralysé la ville, les écoles et les commerces sont fermés. Les mineurs luttent pour le maintient de leurs petites exploitations artisanales et contre la perspective de concessions faites à une multinationale minière, la Gran Colombia Gold, pour exploiter les gisements locaux. Gran Colombia Gold a déjà acquis 36 contrats d’exploitations et emploie 2 500 mineurs.

Colombie: Un mort dans les manifestions de mineurs de l’Antioquia

Trois militaires ont été blessés à Tame, dans l’Arauca, lundi soir. lorsque les guérilleros de la « Commission Martha Elena Barón » du Front « Domingo Lain Saenz » de l’ELN ont fait exploser un IED à leur passage. Les militaires ont été blessés par des éclats, dont un sous-officier qui a été transporté à l’hôpital San Antonio à Tame. Des forces de l’armée nationale ont été déployées dans le secteur.

Des renforts militaires ont été déployés sur la zone