Ce lundi, quelques heures avant le second anniversaire du meurtre de Michael Brown par un policier à Ferguson, le Ministère de la Justice (Department of Justice, DoJ) américain a détaillé le fonctionnement du nouveau système de comptabilisation des morts « liées à l’intervention d’un membre des forces de l’ordre ». Le système précédent était relativement absurde: le FBI se contentait de prendre note des dossiers que les agences locales lui transmettaient volontairement. Pour imaginer à quel point ça ne fonctionnait pas, sur les 105 plus grosses agences locales (sur près de 20.000), 550 homicides n’ont pas été comptabilisés entre 2007 et 2012.

Le nouveau système est inspiré de ‘The Counted’, un projet de comptabilisation indépendant mené par le journal britannique The Guardian. Les 19.450 agences de maintien de l’ordre états-uniennes devront faire des rapports trimestriels indiquant lieu, date, ce qui a provoqué la mort, le comportement de la victime avant sa mort, la raison initiale de l’intervention de la police, ainsi que l’age, le genre et la couleur de peau de la victime. Si une agence ne communique pas, elle s’exposera à une perte de 10% de ses financements. Les médecins et enquêteurs qui ont à faire à des corps de personnes abattues par des policiers devront également rapporter au DoJ.

Ferguson, le 10 août 2015

Ferguson, le 10 août 2015

L’une des stratégies de cyber-guerre de la NSA est de constituer un stock de failles 0-Day (Une faille Zero Day est une faille de sécurité informatique qui n’a pas été publiée, documentée et corrigée et pour laquelle une attaque est donc théoriquement aisée) dont elle peut se servir pour attaquer ces cibles, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières états-uniennes. Vu le budget très conséquent de l’agence pour acheter ces failles aux hackers qui les découvrent, le stock de 0-Day de la NSA est parfois imaginé comme astronomique, il n’en serait en fait rien selon Jason Healey, un chercheur de l’Université de Columbie. Ce nombre se compterait en dizaines, pas plus, et seule une poignée serait ajoutée chaque année au tas. Il a présenté ses recherches à la dernière Defcon de Las Vegas et a assuré que s’il ne pouvait pas être sûr de ce qu’il avançait il en avait la conviction. L’un des arguments de sa recherche est que la NSA est depuis peu « obligée » de communiquer un certains nombres de ces failles aux fabricants, et qu’on a pas pour autant vu un ras-de-marée de failles critiques arriver. La NSA communiquerait 91% des failles, et des 9% restants, un certain nombre constitue des failles qui sont entre temps découvertes par d’autres chercheurs. Notons que ce chiffre n’inclut pas les failles possédées par d’autres agences comme le FBI.

L’image des Aventuriers de l’Arche Perdue est couramment empruntée pour désigner les stocks de la NSA

L'image des Aventuriers de l'Arche Perdue est couramment empruntée pour désigner les stocks de la NSA

Parmi le club très fermé des applications ultra-sécurisées, TOR occupe une place de choix en offrant à ses utilisateurs de naviguer le web anonymement en redirigeant leur connexion à travers un réseau de volontaires (leurs machines sont appelés nodes ou nœuds). Une course permanente l’oppose toutefois aux services de renseignements américains qui tentent régulièrement de faire apparaitre une masse critique de relais-espions à l’intérieur du réseau TOR. Lors d’une première époque, les attaquants tentaient d’intervenir entre le dernier node et la page de destination pour intercepter des données, mais la stratégie est à présent d’augmenter la proportion de nodes compromis pour être capable de suivre la connexion d’un utilisateur à travers plusieurs nodes et éventuellement retrouver son point de départ pour le désanonymiser, ce sont des attaques Sybil. Les services de renseignements n’ont probablement eu qu’un succès mitigé dans ce genre de stratégie, puisqu’ils étaient rapidement repérés par le réseau TOR à l’aide de « honeypots » (des appâts) que seul un node espion pourrait vouloir espionner. Les espions sont toutefois de plus en plus efficaces, ce qui a poussé des chercheurs du MIT (l’université) et de l’Ecole Polytechnique de Lausanne a développé une alternative à TOR qui se renforce là où TOR faiblit, son nom est Riffle.

De base, Riffle utilise le même principe que TOR ainsi que du réseau .onion, mais il disperse et mélange les paquets de données avant de les envoyer à travers le réseau de telle façon à ce qu’un node compromis qui intercepterait plusieurs paquets ne pourrait pas même les replacer dans le bon ordre et identifier des données. Un protocole de chiffrement/signature permettra également de vérifier les données et d’identifier une éventuelle manipulation par un attaquant externe. Bonus, en plus d’être plus sécurisé, Riffle sera plus rapide (10X plus) et consommera moins de ressources processeur que son grand-frère. Riffle est présenté à la Privacy Enhancing Technologies Symposium qui se déroule du 19 au 22 juillet à Darmstadt. Pour en lire plus, voir le document publié sur le site du MIT.

Riffle

Riffle

La police de Cleveland a arrêté 17 manifestants accusés d’avoir entravé son intervention devant de la Convention nationale républicaine mercredi après-midi. Deux sont accusés d’avoir résisté violemment aux policiers et 15 d’avoir refusé de se disperser. Les policiers sont intervenus lorsque des membres du Parti Communiste Révolutionnaire des USA ont mis le feu à un drapeau américain devant l’entrée de la Quicken Loans Arena où se tenait la Convention. Cet acte n’étant pas illégal, la charge de la police est controversée – le chef de la police de Cleveland l’a justifiée en raison du risque de brûlure qu’encourraient les manifestants…

L’incendie du drapeau américain à Cleveland

L'incendie du drapeau américain à Cleveland

Il semble se confirmer que l’homme qui a abattu trois policiers dimanche à Baton Rouge, en Louisiane, un jeune noir qui avait servi dans les Marines en Irak, voulait riposter contre les meurtres policiers en série. L’année dernière, Gavin Eugene Long avait fait légalement procéder au changement de son nom pour devenir Cosmo Ausar Setepenra, une façon de marquer son appartenance à un courant revendiquant une nation souveraine pour les Afro-Américains aux États-Unis. Son compte twitter dénonçait l’oppression des Noirs aux USA et affiramait: « La violence n’est pas LA réponse (c’est une réponse) ».

Baton Rouge a été marquée par de nombreuses manifestations contre les violences policières après la mort début juillet d’Alton Sterling, un vendeur ambulant noir abattu par un policier. Outre les trois policiers tués, trois ont été blessés, dont l’un se trouve dans un état critique. La semaine dernière, la police de Baton Rouge avait annoncé avoir arrêté trois personnes qui avaient pour projet d’assassiner des policiers.

Le lieu de la fusillade à Baton Rouge

Le lieu de la fusillade à Baton Rouge

De grandes manifestations contre les violences policières après la mort de Philando Castile, 32 ans, dans la banlieue de Minneapolis, dans le Minnesota, et d’Alton Sterling 37 ans, mardi à Bâton Rouge, capitale de la Louisiane, deux Noirs tués par les forces de l’ordre.

À Minneapolis, les manifestants se sont vus interdire l’accès à un festival de musique, puis ont bloqué un grand axe de circulation en début de soirée pendant environ deux heures. En dépit des consignes de dispersion de la police, les manifestants ont jeté pierres, bouteilles, armatures de construction sur la police, blessant au moins trois agents. Plusieurs personnes ont été arrêtées et la police a fait usage de fumigènes, de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de cartouches de marquage pour disperser la foule. À Bâton Rouge, des altercations ont eu lieu entre la police et des militants des Black Panthers, dont certains portaient une arme, comme la loi le permet. Près de 30 personnes ont été arrêtées.

À Nashville, dans le Tennessee, les manifestants ont momentanément bloqué une route, comme à San Francisco, en Californie, où le trafic a été interrompu sur une bretelle d’autoroute, rapportent les médias locaux. À New York, où les manifestants ont rejoint Union Square sous la pluie depuis le City Hall, certains dans la foule chantaient : « Pas de police raciste, pas de justice, pas de paix. » La police de New York a annoncé avoir arrêté une dizaine de manifestants qui bloquaient un axe autoroutier.

Arrestation ce dimanche

Arrestation ce dimanche

Vendredi, l’homme qui a tiré sur des policiers à Dallas (voir notre article) et qui s’était retranché a été tué par une charge explosive déposée par un robot télécommandé. La police de la ville dispose d’un robot Northrop Grumman Andros conçu pour les équipes de démineurs et l’armée. C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police – un appareil baptisé Marcbot ayant déjà été employé de la même façon par les troupes en Irak. Dans l’armée américaine, les robots terrestres transforment le visage de la guerre depuis plusieurs années déjà. Ils sont notamment capables de récupérer et désactiver une charge explosive, à l’aide d’un bras téléguidé par des soldats restés à l’abri du danger. Ils semblent voués à être désormais de plus en plus employés par les forces de l’ordre. En Chine, l’université de la défense nationale a conçu un appareil baptisé AnBot, destiné à avoir un rôle anti-terroriste et anti-émeutes. AnBot dispose d’un « outil intégré anti-émeute électrisé » (ressemblant certainement à un Taser ou à un aiguillon pour bétail) télécommandé.

Le Northrop Grumman Andros

Le Northrop Grumman Andros

Lors d’une énième manifestation contre les violences policières suite à la mort de deux Afro-américains abattus par des policiers dans le Minnesota et en Louisiane, cinq policiers ont été abattus par ce que la police pense être un groupe de 4 snipers dont l’objectif était d’attaquer en représailles aux très nombreux meurtres policiers contre des Noirs. A l’heure actuelle, trois suspects ont été arrêtés et un quatrième est toujours retranché dans un garage, il prétend avoir caché des bombes dans la ville.

Édit 13h: Le dernier tireur à été tué par les SWAT, six policiers ont été blessés dans les fusillades.

La police se prend des balles à Dallas

La police se prend des balles à Dallas

Le 30 juin, Eric King a été condamné à 10 ans de détention dans une prison fédérale par un tribunal du district fédéral à Kansas City (Missouri). Eric a accepté de plaider coupable pour « utilisation de matériaux explosifs pour commettre un incendie criminel ». Il a reconnu avoir usé d’un marteau pour briser la vitre du bureau (vide) d’un membre du Congrès des Etats-Unis, et d’avoir jeté deux cocktails Molotov par cette fenêtre dans la nuit du 11 septembre 2014 (voir notre article). Il a revendiqué cette action, et dénoncé le gouvernement raciste, classiste et patriarcal. Ayant déjà passé près de deux ans d’incarcération avant le procès, il lui reste un peu plus de huit ans à purger. Un certain nombre de personnes solidaires s’étaient rassemblées dans la salle d’audience. Il sera détenu dans la prison du Corrections Corporation of America (CCA) Leavenworth, connu pour ses conditions de détention horribles.

Eric King et sa compagne

Eric King
27090045
CCA Leavenworth
100 Highway Terrace
Leavenworth, KS 66048

Le site de solidarité

Eric King et sa compagne