Après avoir rasé le squat Kentavros, c’est le squat Centauros qui a été rasé dans le même quartier de Nea-Philadelphia, à Athènes. Les deux squats, tenus par les anti-autoritaires, venaient en aide aux centaines de réfugiés que compte la ville d’Athènes, les deux ont été détruits par des bulldozers municipaux. Ce n’est qu’un exemple de la répression qui frappent les milliers de migrants qui affluent du Moyen-Orient -principalement de Syrie- ces dernières semaines. Il y a quelques jours, la police anti-émeute a dégagé l’entrée d’un commissariat en déchargeant des extincteurs sur les sans-papiers qui venaient demander l’autorisation de passer vers Athènes à Kos.

Le squat Centaure

Le squat Centaure

Quelques jours après une rencontre entre le Ministre des Affaires Etrangères grec et le Ministre des Finances israélien ainsi qu’avec Benjamin Netanyahu, où le ministre grec a souligné « l’importance d’Israël pour la stabilité de la région ». Une rencontre entre les ministres de la défense israélien et grec a eu lieu, débouchant sur un accord protégeant légalement les militaires des deux pays lorsqu’ils sont en mission dans l’autre pays. Comme on peut s’en douter, de façon générale dans le monde, un militaire n’a pas le droit d’exercer sa profession dans un autre pays que le sien en-dehors de missions militaires. A partir de maintenant, les soldats grecs pourront s’entraîner en Israël, et inversément, en étant légalement protégés. Si cet accord peut sembler être une formalité légale, il faut rappeler que l’état hébreux n’a conclu cet accord qu’avec un seul autre pays, les Etats-Unis. Le Ministre de la Défense israélien (Moshe Ya’alon, connu pour son agressivité militaire particulière) a cru bon de déclarer à cette occasion que « cela souligne l’importance de cette relation pour [les] deux pays », ce a quoi son homologue grec a répondu en prétendant que « le peuple grec se sent très proche du peuple d’Israël », en soulignant l’importance de cet accord pour combattre le terrorisme.

Cet accord est particulier à plusieurs égards : il n’avait pas été signé par les précédents gouvernements (du Parti Socialiste ou de la Nea-Demokratia libérale), plusieurs membres de la gauche de Syriza (dont le Ministre des Affaires Etrangères a été élu sur leur liste éléctorale) étaient à bord de la flottille qui avait été attaquée par la marine israélienne en 2010. En janvier dernier, les officiels israéliens s’inquiétaient de l’arrivée au gouvernement d’un parti de ‘gauche radicale’ en Grèce, rassuré quelques jours plus tard par l’ambassadeur grec en Israël qui avait déclaré « Je ne vois que des choses positives [entre nous] dans le futur ». Effectivement.

Les ministres de la défense grec et israélien.

Les ministres de la défense grec et israélien.

Evi Statiri est toujours détenue depuis le 2 mars dernier, elle avait été arrêtée car elle est la compagne de Gerasimos Tsakalos, membre emprisonne de la Conspiration des Cellules de Feu. Ce 14 juillet, elle vient à nouveau de se voir refuser sa libération et reste donc en détention préventive. La libération de Evi Statiri était l’une des promesses du gouvernement de Syriza aux prisonniers politiques grecques. Entre autres promesses non-tenues, Savvas Xiros n’est lui non plus toujours pas libre.

Banderole pour Athena Tsakalos, Evi Statiri et Nikos Romanos, Athènes 30 juin

Banderole pour Athena Tsakalos, Evi Statiri et Nikos Romanos, Athènes 30 juin

Des milliers de personnes ont manifesté aujourd’hui dans toute la Grèce alors que le parlement grec s’apprêtait à voter l’accord avec les créanciers, accord qui mènera a un troisième mémorandum. A la Place Syntagma, devant le parlement, la manifestation a tourné à l’émeute dans la soirée, quarante manifestants ont été arrêtés, un fourgon de la télévision a été incendié, les vitrines des magasins chics ont été brisées, les distributeurs automatiques ont été endommagés. Et bien entendu, une quantité considérable de cocktails molotov a été lancée sur la police anti-émeute qui a aspergé les manifestants de gaz lacrymogènes. Une fois la place évacuée, les manifestants se sont rassemblés au siège de la police. Il ne semble plus y avoir de manifestation à l’heure qu’il est.

Quatre anarchistes ont été arrêtés par la sécurité et remis à la police alors qu’ils étaient rentrés dans le QG de Syriza pour y accrocher des banderoles. Pour l’anecdote, même le mouvement de jeunesse de Syriza participait à la manifestation contre l’accord… A l’heure qu’il est (minuit), le parlement grec est toujours en plein débat.

Le site Prisoners Voice a publié la traduction en français du dernier texte de Nikos Maziotis, prisonnier de l’organisation Lutte Révolutionnaire, au sujet de la faillite de la Grèce. Il peut être consulté ici.

Manifestations contre l’accord avec les créanciers à Athènes.

Manifestations contre l'accord avec les créanciers à Athènes.

Un meeting du Socialist Workers Party invitant un membre du Comité Central de SYRIZA a été perturbé par un groupe d’anarchistes qui est intervenu sur la scène en déployant une banderole « Solidarité avec les anarchistes emprisonnés, pas avec Syriza ! » et en scandant des slogans anti-carcéraux. En s’en allant, les solidaires ont été attaqués par l’assistance : cheveux tirés, banderole volée, insultes, vêtements déchirés… Le groupe de solidaire déclare d’ailleurs dans son communiqué qu’il ne s’attendait pas à une telle réaction.

Nikos Romanos, prisonnier anarchiste en Grèce.

Nikos Romanos, prisonnier anarchiste en Grèce.

Ce vendredi 3 juillet, des dizaines de milliers de manifestants s’étaient rassemblés à Athènes pour soutenir le « Non » au référendum de dimanche, et/ou plus généralement contre l’austérité, l’Union Européenne et le capitalisme. Dans une vidéo, on peut voir l’un des incident qui a émaillé la journée d’hier, les policiers tentant d’arrêter une personne sont attaqués de tous les cotés à coups de bâtons et de pétards par quelques manifestants pratiquement invisibles à la caméra tant ils sont rapides, ensuite ce sont des centaines de manifestants qui attaquent les policiers qui s’extraient tant bien que mal de la rue.

Le mouvement anarchiste appelle généralement à s’abstenir au référendum de dimanche, mais était présent à la manifestation du « non », avec l’appel suivant : « Le gouvernement nous invite à choisir la forme du 3ème mémorandum qui sera signé. Le dilemme posé par le référendum est factice puisque il ne refuse dans aucun cas l’exploitation salariale et le mode de production capitaliste. Comment pourrait-il le faire ? Ces problèmes ne peuvent être attaqués que par la lutte des oppressés, collectivement, sans hiérarchie, sans médiation. […] Soyons la crise du capitalisme, le début de la révolution sociale, et envoyons l’état et le capital aux oubliettes. »

De nombreux manifestants ont été arrêtés hier et étaient jugés ce matin à 11h en comparution immédiate (trouble à l’ordre public, non-respect de la loi sur les armes, coups et blessures contre la police, rébellion,…). Dés 10h, un rassemblement solidaire aura lieu devant le tribunal. 35 anarchistes ont également perturbé la manifestation pour le « Oui » (200 personnes) en lançant des tracts, déployant des banderoles et en scandant plus fort qu’eux. Les manifestants de droite ont également été arrosés de yahourts et d’oeufs, et leur banderole « Nous vivons en Europe » a été taguée « Nous vivons dans les Balkans ».

Des manifestants affrontent la police à la Place Syntagma (archive)

Des manifestants affrontent la police à la Place Syntagma (archive)

Le tribunal de Thessalonique dont la quatrième et dernière audience a eu lieu le 26 juin, a rendu son verdict dans le procès contre les anarchistes Vaggelis Botzatzis, Ilias Nikolaou, Dimitra Syrianou et Kostas Halazas. Ils étaient accusés d’incendies contre un concessionnaire automobile et un siège de la compagnie publique d’électricité. Vaggelis Botzatzis a été condamné à six ans et demi, Ilias Nikolaou à quatre ans, Dimitra Syrianou à trois ans et trois mois. Kostas Halazas a été acquitté. Les peines sont cependant suspendues jusqu’à décision de la cour d’appel.

Palais de justice de Thessalonique

Palais de justice de Thessalonique

Un communiqué signé « Anarchie combattive/FAI-IRF » a revendiqué l’attaque incendiaire contre les bureaux de Syriza à Kypseli. « Nous avons incendié les bureaux de ces politiciens opportunistes comme une première réponse au rejet du congé-éducation de notre camarade Nikos Romanos (voir ici) et de la prolongation de la prise d’otage de l’épouse du camarade de la Conspiration des Cellules de Feu, Gerasimos Tsakalos. » Le communiqué revendique également l’incendie d’une voiture diplomatique à Ano Pefki en solidarité avec les prisonniers chiliens.

Nikos Romanos

Nikos Romanos

Ce lundi 22 juin, 40 anarchistes du collectif « Rouviconas » se sont introduit dans une manifestation de droite réunissant 5000 personnes pour l’Union Européenne, le FMI et la politique d’austérité devant le parlement, place Syntagma. Les anarchistes ont brûlé des drapeaux européens, déployé une banderole, jeté des tracts et crié des slogans. Ils ont affronté quelques manifestants de droite. La police anti-émeute est intervenue et a arrêté tous les manifestants anarchistes.