A 3 heures du matin le samedi 29 octobre, le siège des pasdarans de Qazvine, principal organe des gardiens de la révolution dans cette ville, a été attaqué à l’explosif (photo), après que de nombreuses manifestations étudiantes étaient confrontées à la répression dans tout le pays. Le lendemain dimanche, 45e jour du soulèvement, les pasdarans et des miliciens du Bassidj ont mené de nouvelles attaques contre les étudiants au sein des universités et des cités universitaires avec des tirs de gaz lacrymogènes, des balles de plomb et des balles réelles. Malgré les menaces du commandant en chef des Pasdarans Hossein Salami, qui a déclaré hier : « Aujourd’hui, c’est la fin des émeutes, ne descendez plus dans les rues», les étudiants de dizaines d’universités à travers l’Iran ont organisé des sit-in et des manifestations.

Dans la soirée du 31, à Téhéran, dans le quartier d’Ekbatan, les gens ont manifesté comme chaque soir depuis 46 jours. Les forces répressives ont attaqué les maisons des habitants et les ont harcelés afin de se venger de ce quartier devenu l’un des foyers nocturnes du soulèvement. Des agents ont communiqué par haut-parleurs installés sur des véhicules; les habitants ont crié depuis les fenêtres « à bas le dictateur » et les agents ont répliqué en tirant vers leurs fenêtres. La grande ville de Tabriz a été théâtre de manifestations nocturnes pleines de tensions et de violents accrochages sporadiques avec les forces répressives. Les jeunes ont attaqué les agents à coups de cocktails Molotov et de pierres. A Midandoab, des heurts ont eu lieu entre les jeunes et les forces répressives durant la nuit. Des jeunes de Malekshahi d’Ilam ont tiré des rafales sur le commissariat, les services de renseignement et le bureau de l’imam du vendredi. Les manifestations nocturnes ont aussi touché Amol et Yazd. À Arak, les agents ont tiré sur les jeunes qui manifestaient de nuit, des accrochages ont éclaté et de violents affrontements ont secoué la cité Vali-Asr. Les jeunes ont également incendié une base de la milice du Bassidj. Les habitants de Sanandaj et de Marivan ont manifesté de nuit et barricadé des rues. Pour palier la démoralisation des forces répressives face au soulèvement populaire, le parlement des mollahs a augmenté les salaires des forces armées de 20% et accordé aux forces de sécurité de l’État une rémunération supplémentaire « pour les périodes de difficultés ».

 

 

 

Les forces de sécurité iraniennes ont tiré et tué jeudi un jeune homme au cours d’une manifestation à Mahabad, au Kurdistan iranien. Le jeune Kurde a été tué d’une balle dans la tête lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule dans le quartier de Gomrok à Mahabad, après qu’un commissariat de police a été encerclé. « Nous ne devrions pas pleurer nos jeunes, nous devrions les venger », criaient les manifestants.

Ces incidents ont éclaté après l’enterrement d’un autre manifestant, Ismaïl Mauludi, tué mercredi soir, au moment où la foule se dirigeait vers les bureaux du gouverneur, du commissariat 11 et d’autres centres du pouvoir. Les forces de sécurité ont réagi en ouvrant le feu sur des manifestants. Une vidéo publiée en ligne montrait une grande foule scandant devant un bâtiment en feu. Un autre a montré des manifestants bombardant l’entrée du bureau du gouverneur de Mahabad avec des pierres alors que des coups de feu retentissaient en arrière-plan.

Mercredi, des milliers de personnes s’étaient rassemblées autour de la tombe de Mahsa Amini dans sa ville d’origine de la province du Kurdistan, pour un hommage 40 jours après sa mort.

Ce lundi 24 octobre, au 39e jour du soulèvement, Téhéran et diverses villes du pays ont été le théâtre du manifestations étudiantes. A l’Université Khajeh Nasir de la capitale, les étudiants ont accueilli le porte-parole du gouvernement, qui venait dans cette université pour y « mener une débat », au cri de « assassin dégage! ». Les étudiants ont aussi manifesté et organisé des sit-in dans d’autres universités de Téhéran, notamment Sharif, Allameh, Science et Industrie, Al-Zahra, Azad-e-Gharb, Gestion, langue et littérature, Kharazmi, Amir Kabir, la faculté de médecine, ainsi que dans d’autres villes comme l’Université Ferdoussi et des sciences du sport de Machad, de technologie d’Ispahan, d’architecture de Mazandaran, de Dezfoul, Azad de Falavardjan, Azad de Chahrekord et Chamran d’Ahwaz. Ils ont scandé « à bas le tyran, qu’il soit chah ou mollah ». Les étudiants de l’Université de technologie de Hamedan ont protesté contre la mort d’une camarade de classe lors du soulèvement, en criant « malheur à toi qui reste assise, tu es la prochaine Mahsa ». Les enseignants ont aussi manifesté à Sanandaj, Saqqez, Marivan et Divandareh. À Zahedan, des enseignants ont boycotté les cours. D’autres manifestations ont eu lieu: Les médecins de Chiraz ont manifesté en scandant « à bas le dictateur » et des agents leur ont lancé des gaz lacrymogènes. À Téhéran, des femmes ont manifesté avec le slogan « à bas Khamenei » à la station de métro du Théâtre de la Ville et des lycéens ont manifesté en criant « liberté, liberté, liberté » dans le quartier de Bagh-e-Faiz.

La veille, dimanche 23, une bombe a explosé au siège de quatre services de police, dont le service des technologies de l’information et de la communication Faraja (chargé des systèmes de communication et les systèmes numériques de la police, et de fournir des services à la police pour la censure et la répression dans le cyberespace), la sous-direction de soutien et de réserve Fateb (qui fournit véhicules et équipements aux unités répressives et anti-émeutes à Téhéran), l’unité opérationnelle de la police militaire Faraja et le commissariat 150 de Mehrabad. Un rapport confidentiel d’Hossein Salami, commandant en chef du corps des pasdarans, à l’attention d’Ali Khamenei, le guide suprême du régime, a fuité. Ce rapport expose que 9654 personnes ont été arrêtées par les pasdarans, 9545 par la police et 1246 par les services du ministère du Renseignement, au cours des 15 premiers jours du soulèvement. Un certain nombre de personnes arrêtées ont été entre temps libérées mais un nombre bgien plus important ont été arrêtées. Selon ce rapport, 42% des personnes arrêtées ont moins de 20 ans.

Dans la matinée de lundi 17 octobre, au 32e jour du soulèvement, des étudiants ont manifesté notamment à la faculté dentaire, l’Université des sciences médicales et l’Université des sciences sociales de Téhéran, à la faculté de médecine d’Ardebil, l’Université Azad de Chahrekord, celle de Najaf Abad d’Ispahan, celle du Golfe Persique à Bouchehr, celle de Sari, et celle des Arts de Tabriz. Des agents en civil ont attaqué les étudiants d’Ardebil, mais ceux-ci se sont défendus. A Tabriz aussi, des affrontements entre les étudiants et les forces de sécurité a éclaté. À Machad, de jeunes insurgés ont mis le feu à un préfabriqué de la police. Dimanche soir, dans différents quartier de Téhéran, dont Ekbatan, Chouch, Kachani, Tajrish, Jordan, Niavaran, Chitgar, Tehranpars, Seyed Khandan, etc., les gens ont manifesté, allumé des feux et bloqué des rues. Dans la soirée de dimanche, diverses villes, dont Yazd, Ispahan, Machad, Karadj, Shahrekord, et d’autres ont été le théâtre de manifestations nocturnes, de slogans lancés depuis des immeubles et d’affrontements avec les forces répressives. A Ispahan, les jeunes ont bloqué des rues avec des feux tout en criant « à bas le tyran qu’il soit chah ou mollah ». À Yazd, les habitants de la région d’Imamshahr ont affronté les forces de sécurité et allumé des feux sur les routes. Quant aux travailleurs du pétrole d’Assalouyeh, d’Abadan et de Bandar Abbas, ils poursuivent leur grève en soutien au soulèvement.

A Téhéran, les familles des prisonniers ont manifesté devant la prison d’Evine pour protester contre la tuerie de samedi soir. On en sait plus sur ces événements. Alors que les prisonniers des quartiers 7 et 8 étaient en promenade, la Garde spéciale a déclenché une expédition punitive parce que les prisonniers politiques avaient scandés « à bas Khamenei ». Les gardes ont lancé des gaz lacrymogènes, tirés des balles réelles et des plombs et ont chargé les prisonniers à coups de matraque. Les gardes ont emmenés 50 prisonniers du quartier 8, où sont détenus les prisonniers politiques. 15 d’entre eux ont été emmenés à la clinique de la prison en raison de leurs nombreuses blessures et les autres ont été transférés à la prison de Gohardacht et dans des lieux inconnus. Dans le quartier 7, pour parer aux gaz lacrymogènes, les prisonniers ont usé de couvertures. Le quartier 7 a pris feu et plus de 60 personnes ont été tuées et blessées à la suite de tirs de balles réelles. Les prisonniers de quartier 4 (un mix de prisonniers sociaux et politiques) ont forcé la sortie de leur quartier. Les affrontements entre les prisonniers du quartier 8 et les gardes se sont intensifiés. Ces affrontements, ces tirs à plombs ou à belles de guerre, les slogans et les passages à tabac des prisonniers se sont poursuivis jusqu’à une heure et demie du matin. Jusqu’au lendemain, des prisonniers blessés ont non seulement été laissés sans soin, mais ont dû subir de nouveaux coups.

Une soirée d’information est co-organisée, ce vendredi 21 octobre à 19H, au Sacco-Vanzetti (54 chaussée de Forest, 1060 Bruxelles), par le Secours Rouge et le groupe La Lutte. Après un court rappel historique, un camarade iranien, communiste, membre du  Comité de défense de la lutte du peuple iranien, exposera la situation actuelle et répondra aux questions de l’assistance.

 

 

Samedi soir, au terme d’une nouvelle journée de manifestation contre le pouvoir en Iran, la prison d’Evin, au nord de la capitale Téhéran, s’est embrasée. La prison qui a toujours abrité dans des conditions affreuses des prisonniers politiques était pleine des manifestants arrêtés depuis le début du mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini. De nombreuses vidéos publiées dans la soirée de samedi montrent de hautes flammes et des panaches de fumée s’échapper du bâtiment, le tout sous les claquements des tirs d’armes à feu et des bruits d’explosion. On y entend aussi «mort au dictateur». Des détenus on été vu sur les toits. Les forces du NOPO (Forces spéciales des pasdarans), ont pris d’assaut la prison. Les gardiens ont lâché des chiens dans les quartiers de la prison pour attaquer les détenus. Les autorités ne reconnaissent que quatre morts parmi les prisonniers, prétendument en raison de l’inhalation de fumée causée par l’incendie et 61 blessés dont quatre dans un état grave. Des manifestations ont eu lieu dans la nuit en solidarité avec les détenus d’Evin, d’autres vidéos postées montrent en effet un important embouteillage sur la route menant à la prison.

Mercredi, 27e jour du soulèvement, a aussi été émaillé de grèves de commerçants, de manifestations d’étudiants, de lycéens et d’avocats, et dans les heures qui ont suivi, de manifestations et d’affrontements entre jeunes et forces répressives dans des dizaines d’endroits à Téhéran et dans le pays. Mercredi matin, la grève des commerçants et des bazaris s’est largement poursuivie à Sanandaj, Kermanchah, Baneh, Marivan, Sarpol Zahab, Boukan, Dehgolan, Saqqez, etc. Des parties des bazars de Téhéran et Machad ont rejoint la grève. Malgré les menaces et l’arrestation de commerçants, les forces de sécurité n’ont pas pu les contraindre à briser la grève. À Téhéran, les gens se sont rassemblés dans différents points et ils ont manifestés en scandant « à bas le dictateur ». Des accrochages ont éclaté avec les forces de sécurité et les agents en civil. Dans certains endroits comme la place Azadi, les agents ont tiré sur la foule.  Téhéran, un groupe d’avocats s’est rassemblé devant le bâtiment de l’Association du barreau et a scandé « libérez les prisonniers politiques ». Les forces répressives les ont chargés à coups de gaz lacrymogènes. D’autres manifestations ont eu lieu à Saqqez, Chiraz, Ispahan, Babol, Shahinshahr, Machad et Abadeh.

Au Kurdistan iranien, des manifestants ont affronté les forces de sécurité dans dix villes la nuit de mercredi 12 à jeudi 13. Quatre membres des forces de sécurité et trois manifestants ont été tuées à Sanandaj, chef-lieu de la province du Kurdistan iranien, Kermanshah et Mahabad. A Sanandaj, des Bassidji avaient attaqué des manifestants aux côtés d’unités de la police anti-émeutes. Des centaines de policiers anti-émeutes et de miliciens bassidji avaient été transférés d’autres provinces iraniennes pour affronter les protestataires. À Saqez, les Bassidji tirent sur les gens, les maisons, même si ce ne sont pas des manifestants. Les Bassidji, des volontaires qui constituent une force paramilitaire dépendant du corps d’élite des Gardiens de la révolution, pourraient se compter en millions, avec un million environ de membres actifs. À Sanandaj,des centaines de policiers ont été déployés et des unités anti-émeutes ont fouillé des habitations et arrêté des jeunes  en masse. À Kermanshah, deux personnes ont été tuées par des tirs à balles réelles des forces de l’ordre. Trois membres des forces de sécurité ont également été tués dans la ville, et une quarantaine d’autres blessées. Un quatrième membre des forces de sécurité a également été tué à Mahabad, et un manifestant a péri sous les balles des policiers à Sanandaj.

Rassemblement de solidarité avec les insurgés iraniens ce samedi à 14H30 place du Trône, à 1000 Bruxelles

 

Il y a eu une augmentation significative des manifestations samedi (qui est le premier jour ouvrable de la semaine iranienne). Dans la ville de Sanandaj, la population s’est emparée d’un commissariat de police avant d’y mettre le feu. La jeunesse insurgée a incendié la base des pasdaran de la ville et la mairie du village voisin de Naysar. Toujours à Sanandaj, dans la soirée, la jeunesse a pris le contrôle de rues en y allumant des feux, en détruisant les caméras de sécurité et en incendiant de nombreux centres répressifs, comme celui de la « Promotion de la vertu et de la prohibition du vice ». Les pasdaran ont fouillé chaque immeuble et maison de la rue Jam-e-Jam à la recherche de manifestants et ont tiré des salves de balles sur plusieurs portes d’entrée. Plusieurs jeunes manifestants ont été tués. Des agents ont tiré sur le conducteur d’une voiture qui klaxonnait en signe de solidarité avec les manifestants et l’ont tué.

A Machad les gens ont incendié un véhicule des forces répressives et passé à tabac un milicien (bassidj). Sur la place Pajouhech les manifestants scandaient : « Miliciens qui touchez vos rations, mangez bien, c’est la dernière ». Des agents ont lancé des lacrymogènes et tiré des chevrotines, en faisant des blessés, et les jeunes ont répliqué avec des cocktails Molotov. A Javanroud, au Kurdistan, un grand portrait de Khamenei a été incendié et des accrochages ont éclaté toute la nuit, la jeunesse tenant de certaines parties de la ville. À Kamiyaran, les manifestants ont bloqué les rues et se sont heurtés aux forces de répression. Les jeunes de Boukan ont pris le contrôle de quartiers de la ville en barricadant les rues. A Karadj, quatre voitures et deux motos des forces répressives et un grand portrait de Qassem Soleimani ont été incendiés. Les habitants de Hamadan ont fermé le pont stratégique de Qeshlaq. A Kerman, les agents ont ouvert le feu sur la foule.

Des manifestations ont eu lieu dans d’autres villes. Une vidéo d’une femme qui est apparemment dans ses derniers instants après avoir été abattue par les forces de sécurité iraniennes lors d’une manifestation dans la ville de Mashhad samedi est devenue virale sur les réseaux sociaux en Iran. Des centaines de personnes sont mortes depuis le début des émeutes à la mi-septembre – 192 sont identifiées. Des milliers ont été arrêtés. Parmi les personnes tuées lors de la manifestation figuraient deux jeunes femmes âgées de 16 et 17 ans qui, selon le régime, sont tombées des toits lors d’une manifestation, mais selon leurs familles, elles ont été assassinées par le régime avec des passages à tabac brutaux, et cela a même été confirmé par des examens pathologiques selon des rapports obtenus par la BBC. Un célèbre tiktoker encourageait les femmes à s’habiller librement, Hadis Najafi, a également été assassiné par le régime.

Dans le prolongement des manifestations des universités durant toute la journée du lundi 3 octobre, pour la 18e nuit du soulèvement, des affrontements et des manifestations nocturnes ont eu lieu dans de nombreux quartiers de Téhéran, notamment à Pounak, Amirabad Chomali, Ashrafi Isfahani, Tajrish, Shahrara et Shahryar. Des accrochages ont éclaté entre les forces répressives et la jeunesse insurgée qui manifestait de nuit en scandant « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur ». À Tajrish, les gens ont répondu aux menaces et aux propos de Khamenei sur le soulèvement le jour-même avec le slogan « ce dingue de guide est une honte ». À Sanandaj, des manifestants ont mis le feu aux banderoles du régime au carrefour Sharif Abad et du 6-Bahman. Des manifestants et des jeunes rebelles ont manifesté dans le quartier de Nayssar où ils ont affronté des agents à moto. A Chiraz, rue Chamran, les gens ont manifesté de nuit soutenus par un concert de klaxons contre le déploiement massif des forces répressives. Hier, en plus des manifestations de grande ampleur dans des dizaines d’universités, des étudiants ont brûlé l’exposition des miliciens du Bassidj à l’entrée de l’Université d’Ispahan. La cérémonie funéraire d’une jeune insurgée nommée Nika Shakarami, dans la ville de Khorramabad, a tourné à la manifestation. Les forces répressives ont tenté d’y mettre fin en tirant sur les gens et en lançant des gaz lacrymogènes.

Les manifestations contre la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée peu après son arrestation par la police des moeurs, constituent la plus importante expression de rejet des autorités religieuses iraniennes depuis 2019. L’université Sharif, traditionnel foyer de dissidence, est encerclée par des dizaines de policiers anti-émeutes. Une des vidéos diffusée sur les réseaux sociaux montre les forces de sécurité tirant des gaz lacrymogènes pour chasser les étudiants du campus et le son de ce qui semblait être des tirs à distance pouvait être entendu. Une autre vidéo montre les forces de sécurité poursuivant des dizaines d’étudiants coincés dans le parking souterrain de l’université. Dimanche, des étudiants ont manifesté dans de nombreuses universités et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes telles que Téhéran, Yazd, Kermanshah, Sanandaj, Shiraz et Mashhad, les participants scandant « indépendance, liberté, mort à Khamenei ».

Une vingtaine de personnes, notamment des membres des forces de l’ordre, ont été tuées dans des affrontements armés à Zahedan, vendredi 30 septembre. Dans un premier temps, des manifestants ont lancé des pierres contre un commissariat mais ensuite, des hommes armés ont tenté de prendre d’assaut les trois centres des forces de l’ordre. Plusieurs policiers ont été tués ainsi que le numéro deux des services des renseignements des Gardiens de la révolution. Des banques et des centres commerciaux ont été attaqués par les manifestants en colère et la répression des manifestations a été meurtrières (58 morts dénombrés jusqu’à présent). Zahedan est la capitale provinciale du Sistan-Balouchistan est une région déshéritée frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan.

Des manifestations ont eu lieu samedi dans plusieurs universités en Iran pour dénoncer la répression meurtrière du mouvement de contestation. Des rassemblements »ont aussi été organisés sur la place Enghelab près de l’Université de Téhéran, dans le centre de la capitale, où des heurts ont éclaté entre la police et les manifestants dont certains ont été arrêtés. La police iranienne a arrêté plusieurs personnalités qui avaient exprimé sur les réseaux sociaux en faveur des manifestants, dont l’ancien footballeur international Hossein Manahi ou le chanteur Shervin Hajipour, dont la chanson « Baraye » (« Pour »), composée de tweets sur les manifestations, est devenue virale sur Instagram. La police a également arrêté une femme qui avait mangé au restaurant à Téhéran sans foulard dans une image devenue virale sur les médias sociaux. Au moins 29 journalistes ont été arrêtés, dont Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi, des femmes reporters qui ont contribué à exposer le cas d’Amini. A l’étranger, des rassemblements de solidarité, auxquels a participé la diaspora iranienne, se sont tenus samedi dans plus de 150 villes, dont Berlin, Bruxelles, Rome, Madrid, Athènes, Bucarest, Londres, Lisbonne, Varsovie et Tokyo.