Les manifestations organisées à Bogota par « Première Ligne » ont commencé à 8 heures du matin le 28 octobre avec comme points de concentration étant le Pont de la Dignité à Usme, l’Université Pédagogique à Teusaquillo et l’Université Nationale. Les manifestants sont descendus dans la rue notamment pour exiger la libération des personnes arrêtées lors des précédentes manifestations. La police anti-émeute, les ESMAD, sont intervenus et il y a eu des affrontements en deux points de la ville, devant l’Université nationale et devant le bureau du procureur général. Des routes et des stations de métro ont été bloquées et le trafic perturbé dans la capitale.

Les forces de sécurité iraniennes ont tiré et tué jeudi un jeune homme au cours d’une manifestation à Mahabad, au Kurdistan iranien. Le jeune Kurde a été tué d’une balle dans la tête lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule dans le quartier de Gomrok à Mahabad, après qu’un commissariat de police a été encerclé. « Nous ne devrions pas pleurer nos jeunes, nous devrions les venger », criaient les manifestants.

Ces incidents ont éclaté après l’enterrement d’un autre manifestant, Ismaïl Mauludi, tué mercredi soir, au moment où la foule se dirigeait vers les bureaux du gouverneur, du commissariat 11 et d’autres centres du pouvoir. Les forces de sécurité ont réagi en ouvrant le feu sur des manifestants. Une vidéo publiée en ligne montrait une grande foule scandant devant un bâtiment en feu. Un autre a montré des manifestants bombardant l’entrée du bureau du gouverneur de Mahabad avec des pierres alors que des coups de feu retentissaient en arrière-plan.

Mercredi, des milliers de personnes s’étaient rassemblées autour de la tombe de Mahsa Amini dans sa ville d’origine de la province du Kurdistan, pour un hommage 40 jours après sa mort.

Ce lundi 24 octobre, au 39e jour du soulèvement, Téhéran et diverses villes du pays ont été le théâtre du manifestations étudiantes. A l’Université Khajeh Nasir de la capitale, les étudiants ont accueilli le porte-parole du gouvernement, qui venait dans cette université pour y « mener une débat », au cri de « assassin dégage! ». Les étudiants ont aussi manifesté et organisé des sit-in dans d’autres universités de Téhéran, notamment Sharif, Allameh, Science et Industrie, Al-Zahra, Azad-e-Gharb, Gestion, langue et littérature, Kharazmi, Amir Kabir, la faculté de médecine, ainsi que dans d’autres villes comme l’Université Ferdoussi et des sciences du sport de Machad, de technologie d’Ispahan, d’architecture de Mazandaran, de Dezfoul, Azad de Falavardjan, Azad de Chahrekord et Chamran d’Ahwaz. Ils ont scandé « à bas le tyran, qu’il soit chah ou mollah ». Les étudiants de l’Université de technologie de Hamedan ont protesté contre la mort d’une camarade de classe lors du soulèvement, en criant « malheur à toi qui reste assise, tu es la prochaine Mahsa ». Les enseignants ont aussi manifesté à Sanandaj, Saqqez, Marivan et Divandareh. À Zahedan, des enseignants ont boycotté les cours. D’autres manifestations ont eu lieu: Les médecins de Chiraz ont manifesté en scandant « à bas le dictateur » et des agents leur ont lancé des gaz lacrymogènes. À Téhéran, des femmes ont manifesté avec le slogan « à bas Khamenei » à la station de métro du Théâtre de la Ville et des lycéens ont manifesté en criant « liberté, liberté, liberté » dans le quartier de Bagh-e-Faiz.

La veille, dimanche 23, une bombe a explosé au siège de quatre services de police, dont le service des technologies de l’information et de la communication Faraja (chargé des systèmes de communication et les systèmes numériques de la police, et de fournir des services à la police pour la censure et la répression dans le cyberespace), la sous-direction de soutien et de réserve Fateb (qui fournit véhicules et équipements aux unités répressives et anti-émeutes à Téhéran), l’unité opérationnelle de la police militaire Faraja et le commissariat 150 de Mehrabad. Un rapport confidentiel d’Hossein Salami, commandant en chef du corps des pasdarans, à l’attention d’Ali Khamenei, le guide suprême du régime, a fuité. Ce rapport expose que 9654 personnes ont été arrêtées par les pasdarans, 9545 par la police et 1246 par les services du ministère du Renseignement, au cours des 15 premiers jours du soulèvement. Un certain nombre de personnes arrêtées ont été entre temps libérées mais un nombre bgien plus important ont été arrêtées. Selon ce rapport, 42% des personnes arrêtées ont moins de 20 ans.

Des rassemblements avec blocages de grandes axes de Bogota (l’Avenida Ciudad de Cali et Villavicencio) ont eu lieu dimanche à l’initiative du groupe « Primera Línea » pour exiger la libération des personnes privées de liberté pour les perturbations lors de la dernière grève nationale. La police anti-émeute (les Esmad) sont intervenus, ce qui a provoqué quelques affrontements. D’autres blocages ont eu lieu dans le centre de la ville. Une personne arrêtée lors de la grève a été libérée mais la police a procédé à deux nouvelles arrestations. Cependant, ces deux manifestants ont été à leur tour libérés par la police nationale, faute d’éléments pour étayer un dossier pénal.

Le collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah a organisé, comme chaque année, un rassemblement devant la centrale pénitentiaire de Lannemezan à l’occasion de l’anniversaire de son arrestation, en octobre 1984. Aujourd’hui âgé de 71 ans, Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis une vingtaine d’années…  Samedi 22, ce sont donc plus de 1000 personnes qui ont manifesté devant la prison de Lannemezan où est détenu Georges Abdallah. Grâce à la mobilisation de très nombreuses organisations venant de différentes villes, ce fut une très belle marche en soutien à ce militant communiste libanais emprisonné en France depuis 1984 pour son engagement résolument anti-impérialiste. En arrivant devant les portes de la prison de Lannemezan, la foule a scandé « Georges Abdallah, tes camarades sont là » en allumant des feux d’artifices afin d’être vus et entendus jusque dans l’intérieur du centre pénitentiaire.

Ce weekend à Saïda et Beyrouth au Liban, plusieurs rassemblements étaient organisés pour la libération de Georges Abdallah emprisonné en France depuis 1984. De nombreuses organisations palestiniennes et libanaises étaient présentes aux côtés de la famille de Georges Abdallah afin de dénoncer le maintien en détention de celui qui est devenu le plus ancien prisonnier politique d’Europe. L’ancien prisonnier et leader de la résistance libanaise Anwar Yassine était également présent à Saïda. D’autres initiatives ont eu lieu à Hambourg, à Charleroi, à Montréal et ailleurs

Lire ici toutes les initiatives

Lire ici (en trois langues) la Salutation d’un prisonnier de l’Organisation d’action anarchiste en Grèce pour les événements de solidarité internationale avec  George Abdallah

 

 

Une étudiante de l’école normale rurale de Panotla est en état de mort cérébrale depuis l’après-midi du vendredi 21 octobre, quelques heures après les affrontements entre ses camarades de classe avec des policiers. Les affrontements ont commencé lorsque les étudiants ont tenté de bloquer l’autoroute El Trébol, près de l’autoroute Tlaxcala-Texmelucan, et que les agents ont essayé de les en empêcher. La jeune femme de 21 ans, qui était en septième semestre, a reçu un coup violent sur le crâne dans le cadre des affrontements entre les normaliens d’Ayotzinapa (Guerrero), et de Panotla (Tlaxcala) avec les policiers. Les policiers ont essuyés des jets de pierres et de cocktails Molotov. Quatre personnes ont été arrêtées et depuis libérées.

De violents heurts ont eu lieu à Ndjamena et dans plusieurs autres villes du Tchad, ce jeudi 20 octobre, entre les forces de l’ordre et des manifestants qui s’opposaient au maintien au pouvoir du président de la transition, Mahamat Déby, arrivé l’an dernier après la mort de son père, Idriss Déby, en avril 2021. Les violences ont éclaté lorsque certains ont commencé à ériger des barricades et ont incendié le siège du parti au pouvoir. Plusieurs centaines de personnes étaient sorties dans les rues de la capitale dès ce jeudi matin, même si la manifestation avait en effet été interdite par les autorités. Les premiers tirs ont commencé dès le milieu de la nuit dernière, et qu’aux premières heures du matin, les premiers tirs de grenades lacrymogènes ont retenti. Ensuite, ce sont des tirs à balles réelles qui ont été entendus, et ce pendant de très longues heures. Après une accalmie en milieu de journée, à l’heure de la prière, les manifestations ont repris en soirée. La police a été déployée, mais aussi l’armée, et en plus des forces de l’ordre, des hommes en civil à bord de voitures teintées ont été aperçus tirant sur des manifestants. Le chef du gouvernement a décrété un couvre-feu entre 18 heures et 6 heures du matin dans quatre villes : Ndjamena, Moundou, Doba et Koumra. Jusqu’au « rétablissement total de l’ordre ». Il a aussi annoncé la suspension de toute activité d’importants groupes d’opposition. La répression des manifestations a fait une cinquantaine de morts, surtout à Ndjamena, Moundou et Koumra, et près de 300 blessés.

 

 

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Les populations autochtones de Colombie sont fréquemment victimes de racisme et prises pour cibles par les groupes armés financés par les narcotrafiquants. Selon l’Organisation nationale indigène de Colombie, au moins 2 200 membres du peuple Embera ont été déplacés par les violences. Des centaines d’entre eux vivent dans des conditions précaires depuis 2020 à Bogota, où ils sont arrivés après avoir été chassés de leurs villages dans les départements de Choco (nord-ouest) et Risaralda (centre-ouest). Pendant des mois, ils ont campé dans le Parc National, au cœur de la capitale, avant d’être transférés en mai dans un foyer où ils vivent dans de mauvaises conditions, abandonnés des pouvoirs publics. Ils ont manifesté et affronté les policiers mercredi à Bogota, blessant 14 d’entre eux. 16 autres personnes, dont 11 fonctionnaires de la mairie de Bogota, ont également été blessées. Suite aux affrontements de mercredi, la police a publié une affiche avec des photographies de 18 des personnes impliquées dans les violences, et a offert une récompense d’environ 10 000 dollars pour des informations permettant de les interpeller.

Le président Gustavo Pedro a rendu visite aux policiers rossés par les autochtones

Des affrontements ont éclaté hier mardi 18 en fin de journée dans le cortège de la manifestation organisée par plusieurs syndicats pour réclamer une hausse des salaires et le respect du droit de grève. Près de 300.000 personnes ont manifesté (selon la CGT, 100.000 selon le ministère de l’Intérieur) à l’appel de la CGT, organisatrice avec FO, Solidaires, la FSU et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et la Vie lycéenne. A Paris, le cortège – de plus de 70.000 manifestants selon la CGT, 13.000 selon la police – s’est élancé derrière une banderole appelant à des augmentations de salaires et au « respect du droit de grève ». Des incidents sont survenus en fin de journée, avec quelques vitrines brisées (ainsi un concessionnaire BMW) et des affrontements, notamment à coup de projectiles, entre des manifestants et les forces de l’ordre. Il y a eu onze interpellations à Paris, quatre en province. La CGT a elle déploré six blessés à la suite d’une charge policière. Au niveau national, pas moins de 150 manifestations ont été recensées à travers toutes les grandes villes de France.

 

Dans la matinée de lundi 17 octobre, au 32e jour du soulèvement, des étudiants ont manifesté notamment à la faculté dentaire, l’Université des sciences médicales et l’Université des sciences sociales de Téhéran, à la faculté de médecine d’Ardebil, l’Université Azad de Chahrekord, celle de Najaf Abad d’Ispahan, celle du Golfe Persique à Bouchehr, celle de Sari, et celle des Arts de Tabriz. Des agents en civil ont attaqué les étudiants d’Ardebil, mais ceux-ci se sont défendus. A Tabriz aussi, des affrontements entre les étudiants et les forces de sécurité a éclaté. À Machad, de jeunes insurgés ont mis le feu à un préfabriqué de la police. Dimanche soir, dans différents quartier de Téhéran, dont Ekbatan, Chouch, Kachani, Tajrish, Jordan, Niavaran, Chitgar, Tehranpars, Seyed Khandan, etc., les gens ont manifesté, allumé des feux et bloqué des rues. Dans la soirée de dimanche, diverses villes, dont Yazd, Ispahan, Machad, Karadj, Shahrekord, et d’autres ont été le théâtre de manifestations nocturnes, de slogans lancés depuis des immeubles et d’affrontements avec les forces répressives. A Ispahan, les jeunes ont bloqué des rues avec des feux tout en criant « à bas le tyran qu’il soit chah ou mollah ». À Yazd, les habitants de la région d’Imamshahr ont affronté les forces de sécurité et allumé des feux sur les routes. Quant aux travailleurs du pétrole d’Assalouyeh, d’Abadan et de Bandar Abbas, ils poursuivent leur grève en soutien au soulèvement.

A Téhéran, les familles des prisonniers ont manifesté devant la prison d’Evine pour protester contre la tuerie de samedi soir. On en sait plus sur ces événements. Alors que les prisonniers des quartiers 7 et 8 étaient en promenade, la Garde spéciale a déclenché une expédition punitive parce que les prisonniers politiques avaient scandés « à bas Khamenei ». Les gardes ont lancé des gaz lacrymogènes, tirés des balles réelles et des plombs et ont chargé les prisonniers à coups de matraque. Les gardes ont emmenés 50 prisonniers du quartier 8, où sont détenus les prisonniers politiques. 15 d’entre eux ont été emmenés à la clinique de la prison en raison de leurs nombreuses blessures et les autres ont été transférés à la prison de Gohardacht et dans des lieux inconnus. Dans le quartier 7, pour parer aux gaz lacrymogènes, les prisonniers ont usé de couvertures. Le quartier 7 a pris feu et plus de 60 personnes ont été tuées et blessées à la suite de tirs de balles réelles. Les prisonniers de quartier 4 (un mix de prisonniers sociaux et politiques) ont forcé la sortie de leur quartier. Les affrontements entre les prisonniers du quartier 8 et les gardes se sont intensifiés. Ces affrontements, ces tirs à plombs ou à belles de guerre, les slogans et les passages à tabac des prisonniers se sont poursuivis jusqu’à une heure et demie du matin. Jusqu’au lendemain, des prisonniers blessés ont non seulement été laissés sans soin, mais ont dû subir de nouveaux coups.

Une soirée d’information est co-organisée, ce vendredi 21 octobre à 19H, au Sacco-Vanzetti (54 chaussée de Forest, 1060 Bruxelles), par le Secours Rouge et le groupe La Lutte. Après un court rappel historique, un camarade iranien, communiste, membre du  Comité de défense de la lutte du peuple iranien, exposera la situation actuelle et répondra aux questions de l’assistance.