Au moins vingt-trois personnes ont été tuées au cours de combats entre l’armée philippine et la guérilla communiste dans le sud de l’archipel. Au moins dix militaires, un policier ainsi qu’un responsable de la sécurité du site ont également été blessés. La guérilla communiste a lancé, mercredi, une attaque contre un site d’exploitation de bois à Mindanao, tuant douze personnes dont huit soldats.

Hier lundi, des fusillades ont eu lieu entre maoïstes et forces de sécurité à trois endroits du district de Midnapore. Elles auraient duré entre trois et quatre heures, mais les lieux exacts de leur déroulement ainsi que leurs conséquences ne sont pour l’instant pas connus. Le gouvernement s’est empressé d’annoncer que 3.500 nouveaux agents de police ont été nommés à travers le pays. Ces forces seront déployées dans la zone de Jangalmahah, mais également à nouveau dans des zones civiles.

Ce mardi, sept guérilleros maoïstes ont été tués lors d’une fusillade avec les forces de sécurité dans le district de Dantewada. Selon la police, une des victimes aurait été identifiée comme étant Nandu, commandant d’une section militaire des maoïstes. Sur le lieux du combat, les forces de sécurité auraient récupéré deux fusils .303, un revolver, une arme automatique ainsi que des explosifs.

Quatre paramilitaires ‘jawans‘ de l’Eastern Frontier Rifle (EFR)ont été tué dans un assaut surprise tandis qu’ils patrouillaient près du bazar Gidhni dans la subdivision Jhargram du Midnapore occidental, tard dans la nuit de dimanche à lundi. L’attaque est survenue quelques heures après que le Premier ministre du Bengale, Buddhadeb Bhattacharjee, ait juré de combattre l’insurrection maoïste dans l’Etat. Bhattacharjee a exclu tout pourparler avec les maoïstes dans la région, et a affirmé qu’une opération serait bientôt lancée. Le dirigeant maoïste Koteshar Rao Kishanji a revendiqué l’exécution des quatre paramilitaires. ‘Nous avons abattus quatre jawans parce qu’ils avaient torturé d’innocents écoliers qui avaient manifesté dans le secteur samedi, en exigeant que les forces répressives quittent les institutions éducatives‘.

La vaste opération contre les bases de la guérilla maoïste a repris la semaine dernière dans le district de Gadchiroli, largement occupé par les naxalites. 18 compagnies des forces paramilitaires centrales (CPMF – Companies of Central Paramilitary Forces) ont été déployées dans les zones identifiées pour l’offensive à la jonction triangulaire des districts Maharashtra-Andhra Pradesh-Chhattisgarh. Les commandos CPMF ont commencé leurs recherches en coopération avec les forces de sécurité des zones concernées. Les 1.800 hommes sont arrivés sur place mercredi dernier et se sont positionnés pour leur déploiement.

L’Opération Green Hunt est définie par les autorités comme étant à l’opposé total de l’Opération Lalgargh (photo), qui s’était soldée il y a peu par un cinglant échec des forces de sécurité. L’objectif officiel est de pénétrer les zones occupées afin de les ‘nettoyer’ et de les maintenir pour que d’autres agences gouvernementales puissent commencer un travail de ré-implantation des instances de l’Etat. Les autorités prévoient une opération de deux ans, laps de temps nécessaire afin de convaincre ‘le coeur et l’esprit du peuple’. Chaque commando CPMF a d’ores et déjà entamé les recherches visant les maoïstes en collaboration avec les SAG (Special Action Group) et des équipes d’action spéciales anti-naxalites de l’agence de sécurité de l’Etat. Les compagnies CoBRA (Commando Battalion for Resolute Action) pourraient être appelées en renfort. La perspective d’un déploiement d’hélicoptères pour les opérations de secours des troupes est également évoquée.

Opération Lalgargh

Opération Lalgargh

Le premier volet de l’opération Green Hunt annoncée par le gouvernement indien et présentée comme une gigantesque action contre la guérilla s’est déroulée, comme prévu, à la fin de du mois de septembre. Une équipe d’enquête s’est rendue dans les villages où sont passées les forces de sécurité afin de se rendre compte de ce qui s’est réellement passé sur place, notamment le 17 septembre et le 1 octobre.

Le fait que durant ces deux jours, les forces de l’ordre ont effectué des saccages impressionnants, ont tué, pillé et brûlé des maisons est l’autre face de cette opération ‘Green Hunt’, face cachée à l’opinion publique par le gouvernement. L’équipe, à qui les camps de police situés sur la route menant à ces villages a longtemps refusé la permission de passage a finalement pu se rendre à Nendra (un village réhabilité). Elle a pu y rencontrer des témoins et des victimes de plusieurs villages pris d’assaut. Son rapport constitue un recueil de faits:

Le 17 septembre, six villageois ont été assassinés par les forces de sécurité à Gachanpalli, après avoir été torturés, parfois devant témoins. Toutes les maisons ont été pillées, détruites puis brûlées. Les familles se sont réfugiées dans la forêt ou se sont abritées chez des parents. Un jeune homme de Singanpalli, parti travailler le matin du 17 a disparu. Deux jours plus tard, un habitant d’un village voisin informait la famille que le garçon avait été tué par balle par les forces de sécurité et que son corps avait été brûlé. Un vieillard faisait paître son bétail le même jour. Il a été capturé, battu et traîné dans le village. Les forces de sécurité l’ont pendu à un arbre, au-dessus d’une bassine d’huile bouillante dans laquelle elles l’ont lâché la tête la première. Après l’en avoir sorti, elles l’ont aspergé d’eau, entraînant de graves brûlures. Six villageois, dont trois femmes, ont été attachés et exhibés dans les villages traversés par les forces de sécurité. Toutes les familles touchées par les massacres, les tortures et dont les maisons ont été brûlées ont fui leur village et se sont réfugiées dans la forêt. Les conditions de ceux qui sont restés ne sont pas meilleures, les villages entiers ayant été terrorisés par les forces de l’ordre.

L’opération du 1er octobre s’est soldée par le meurtre par les force de sécurité de neuf villageois à Gompad. Leurs corps ont été abandonnés sur place. Lorsque les membres des familles ont souhaité récupérer les corps, on leur a signifié que les ‘naxalites’ les avaient emportés. L’équipe d’enquête a recensé pas moins de dix meurtres pour la date du 1er octobre, mais craint qu’il n’y en ai eu beaucoup d’autres, car de nombreux villages n’ont pu être contactés. Dix jeunes hommes ont également été enlevés ce jour-là et se trouvent actuellement en prison. Le 1er octobre a également été le théâtre de nombreux pillages, destructions d’habitations, essentiellement incendiées. Des témoins rapportent de nombreux cas de harcèlement de la part des forces de sécurité.

L’équipe d’enquête n’a pu rencontrer que quelques villageois et témoins, ce qui laisse supposer que l’ampleur des faits perpétrés par les forces de sécurité est beaucoup plus grande, que ce soit pour le nombre d’assassinats que pour les cas de tortures et de détentions. Ce qui est clair, c’est que les opérations conduites par les forces de sécurité ont forcé les villageois à la fuite. Le gouvernement, sous le couvert du combat contre les maoïstes, laisse libre court aux forces paramilitaires meurtrières.

Un nouveau volet de l’opération Green Hunt devrait débuter en novembre, il sera coordonné depuis New Delhi et impliquera des dizaines de milliers de paramilitaires. Ce seront les forces de sécurité régionales qui constitueront les premières lignes de l’opération. Le déploiement de gardes frontières d’élite ainsi que l’apport d’un appui logistique et d’importante ressources ont été promis par le gouvernement central. Cette action permettrait de redonner confiance aux États engagés depuis des années dans une lutte anti-insurrectionnelle qui s’avère impuissante.

Villageois victime de la contre-guérilla

Villageois victime de la contre-guérilla

Chhatradhar Mahato, un dirigeant du Comité Populaire Contre des Atrocités de Police (PCAoPA) avait été arrêté le 26 septembre dans le cadre de la vague de répression contre le soulèvement maoïste. Le PCAoPA étant une organisation anti-répression défendant les peuples tribaux contre les violences de l’armée et de la police indiennes, elle est considérée par les autorités comme une allié de la guérilla maoïste. L’arrestation de Mahato a été faite en violation de la loi indienne, par des policiers déguisés en journalistes dépourvus de mandat d’arrêt. Il a été jugé dans un procès médiatisé sans avoir eu la possibilité d’organiser sa défense. Il est tenu au secret et ne peut conférer avec un avocat, conformément à la Loi pour la Prévention des Activités Illégales. La police a ouvert environ 20 dossiers contre Mahato. Son arrestation, et ses prétendues ‘confessions’ sont utilisées pour terroriser ceux qui ont soutenu le mouvement des peuples minoritaires dans le Lalgarh, en alléguant qu’ils ont aidé le ‘terrorisme maoïste’. Le gouvernement du Bengale occidental a même déclaré début octobre que ceux qui exigeaient la libération de Mahato étaient punissables selon cette même Loi pour la Prévention des Activités Illégales.

Chhatradhar Mahato

Chhatradhar Mahato

Quatre policiers de la Central Industrial Security Forces (CISF) ont été tués dimanche par une mine alors d’une attaque maoïste « naxalite » à environ 250 km de Raipur, la capitale de l’Etat de Chhattisgarh. Deux autres policiers ont été tués dans l’explosion de leur jeep. Dans un autre combat avec la police, six guérilleros présumés, dont une femme, ont été tués au cours d’une fusillade avec la police. Une cache d’armes et d’explosifs a été découverte. Les dispositifs de sécurité ont été renforcés dans Raipur. Les autorités croient savoir que les maoïstes se sont dotés de lance-roquettes et qu’ils pourraient lancer des raids contre les zones urbaines pour perturber les opérations contre eux dans la région du Bastar.

Véhicule de contre-guérilla

Véhicule de contre-guérilla

Trois soldats ont été blessés dimanche lors d’une attaque de la guérilla maoïste contre la base contrasubversiva Nº 42 de Unión Mantaro. Le village d’Union Mantaro (un peu plus de 500 habitants) et est situé 335 kilomètres au sud-est de Lima, dans la province de Huanta-Ayacucho. La garnison « antiterroriste » de la base Mantaro compte un peu plus de 50 soldats de l’Armée. Les combats ont durés plusieurs heures. Un hélicoptère militaire a décollé de la base militaire de Pichari, dans la région Cusco, mais il n’a pas pu atterrir en raison des tirs des guérilleros. Cette garnison avait déjà été attaquée en août; deux soldats avaient alors été blessés. Depuis un an, le gouvernement reconnait la perte de 40 soldats dans les combats avec la guérilla maoïste dans cette région. 154 militaires attaqués entre morts et blessés. Le PCP revendique pour la même période et dans la même région avoir mis hors de combat (tués ou blessés) 154 militaires.

Patrouille de l’armée

Patrouille de l'armée

Mardi 20, les combattants maoïstes capturaient un officier de police. Ils ont proposé au gouvernement un échange entre la libération de ce prisonnier et la libération de quinze militantes détenues par les forces du régime. Ce 22 octobre, les quinze femmes ont été libérées sous caution par le tribunal de Jhargram. Conséquemment, la guérilla maoïste a libéré l’officier de police.