La justice mexicaine a ordonné vendredi l’arrestation de l’ancien procureur général du pays ainsi que de 64 policiers et militaires pour la disparition en 2014 de 43 étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa. L’ex-procureur général Jesus Murillo Karam a été appréhendé à son domicile de Mexico pour « disparition forcée, torture et délits contre l’administration de la justice ». Des mandats d’arrêt ont aussi été lancés contre 20 responsables de l’armée, 44 policiers, 14 membres du cartel de narcotrafiquants Guerreros Unidos et cinq fonctionnaires pour leur implication présumée dans cette affaire. Murillo Karam, qui avait exercé ses fonctions sous le président Enrique Peña Nieto (2012-2018) qui avait dirigé une première enquête controversée sur ces disparitions, est un ancien poids lourd du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a gouverné le Mexique pendant 71 ans sans interruption jusqu’en 2000. Les autorités mexicaines ont par ailleurs fait savoir qu’elles insistaient pour obtenir l’extradition de Tomas Zeron, ex-chef de l’agence d’enquêtes criminelles du bureau du procureur général. Ayotzinapa a en effet fui en Israël, où il a demandé l’asile.
Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, un groupe d’étudiants de l’école de formation des instituteurs d’Ayotzinapa, dans l’État de Guerrero, s’était rendu jusqu’à la ville proche d’Iguala afin d’aller à Mexico pour une manifestation. Selon l’enquête, 43 jeunes ont été arrêtés par la police locale en collusion avec Guerreros Unidos, puis tués par balles et brûlés dans une décharge. La première enquête officielle, dirigée par Murillo Karam blanchissait les autorités et accusait les narcotrafiquants d’avoir tué les étudiants en les prenant pour les membres d’une bande rivale. Le nouveau rapport officiel a établi que des militaires mexicains avaient une part de responsabilité dans la disparition et l’exécution des étudiants, mais aussi dans le meurtre de six autres personnes.
Militaires en faction devant le domicile de l’ancien procureur général