Dans le cadre de sa guerre de basse intensité contre le Rojava, la Turquie utilise comme arme le contrôle du débit de l’Euphrate, enfreignant l’accord signé avec la Syrie en 1987. Cet accord stipule que la Turquie doit libérer 500 mètres cubes d’eau par seconde, une ressource ensuite partagée avec l’Irak. Après que les Forces Démocratiques Syriennes aient reprise, en 2015,  les barrages de Tişrîn et de Tabqa à l’État islamique, la Turquie a commencé à réduire le débit de l’eau de l’Euphrate à seulement 200 mètres cubes par seconde. Avec la hausse des températures estivales, la consommation d’eau augmente et l’évaporation intensifie les problèmes de pénurie et de pollution de l’eau.

La réduction du débit a des répercussions importantes sur l’agriculture, ainsi que sur l’électricité, car la priorité est donnée à l’eau potable, suivie de près par les besoins agricoles (140 et 160 mètres cubes d’eau sont utilisés chaque seconde pour l’irrigation). Cela signifie une diminution du débit conscacré aux centrales hydroélectriques. La difficulté à obtenir l’eau nécessaire menace d’endommager 90 000 hectares de de céréales et de vergers. Depuis l’été 2020, 400 000 hectares de terres agricoles sont sans eau. 600 000 hectares de terres agricoles le long de l’Euphrate pourraient être endommagés en raison de la diminution continue de l’eau du fleuve par la Turquie.

L’incendie des récoltes compte parmi les formes de guerre de basse intensité menée par le fascisme turc et les gangs islamistes contre le Rojava. Les formes les plus courantes sont les incendies provoqués l’explosions d’obus tirés par dessus la frontière turco-syrienne et l’actions de saboteurs locaux. Ces derniers temps, une nouvelle série d’incendies délibérés de récoltes ont été déclenché par des inconnus. Ces actes menacent la sécurité alimentaire de la région et causent d’importantes pertes matérielles à la population locale. Les forces de sécurité du Rojava ont récemment arrêté un incendiaire. Celui-ci a reconnu a reconnu des incendies et des tentatives de racket. Il recevait, d’un réseau basé en Turquie, des cartes SIM et les coordonnées de fermiers locaux appartenant aux communautés assyrienne et kurde dans la région de Tal Tamir.

 

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Philip O’Keeffe a été arrêté par la police britannique alors qu’il transitait par l’aéroport d’Heathrow à Londres pour se rendre en Irlande. Il s’y rendait pour assister la famille d’un autre internationaliste, l’irlandais Finbar Cafferkey, qui a été tué récemment en Ukraine.  Philip O’Keeffe et Finbar Cafferkey se connaissaient bien, ils avaient combattu ensemble contre l’État islamique en Syrie dans les rangs des YPG. C’est pour cet engagement avec les Kurdes que Philip a été détenu pendant environ six heures en vertu de l’article 7 de la loi de 2000 sur le terrorisme, une loi qui permet à la police d’interroger les voyageurs jusqu’à six heures sans motif pour déterminer s’ils peuvent être un terroriste. En vertu de la loi, les détenus n’ont pas le droit de garder le silence et sont tenus de répondre aux questions. Ils sont également tenus de remettre les éventuels mots de passe de leurs appareils électroniques.

Philip a refusé de remettre les mots de passe de ses appareils, ce qui a conduit la police à l’accuser d’entrave à la justice et à prolonger sa détention du jour au lendemain. Il a ensuite été libéré sous caution avant une audience à Londres la semaine prochaine où il apprendra s’il sera poursuivi. La police métropolitaine a conservé le téléphone et d’autres appareils de M. O’Keeffe. L’avocat de M. O’Keeffe  a déclaré que son client avait été interrogé lors de sa détention initiale sans aucune représentation légale, la police ayant déclaré ne pas pouvoir trouver d’avocat. L’article 7 a fait l’objet de critiques répétées, notamment pour son utilisation contre des militants de gauche. Le mois dernier, la police métropolitaine a utilisé la loi pour arrêter un éditeur français, Ernest Moret, alors qu’il arrivait à Londres avant de le détenir lorsqu’il refusait de remettre ses mots de passe. Ernest Moret aurait été arrêté pour son implication dans les manifestations contre la loi sur l’âge de la retraite en France.

Voici la déclaration faite par notre camarade G. lors de son procès pour son engagement internationaliste au Rojava:

« Aujourd’hui on m’accuse de service militaire à l’étranger. La grande question semble être de savoir si oui ou non j’ai contribué à la résistance des Unité de Défense du Peuple (YPG) lors de mon séjour. En tant que militant communiste suisse, le but de mon voyage était de voir une révolution de mes propres yeux et d’y participer.
Aujourd’hui, la Confédération suisse me juge par votre biais car j’aurais violé la «fameuse» neutralité helvétique en me rendant au nord de la Syrie et j’aurais porté atteinte à la puissance défensive du pays. A se demander si la Suisse a tant d’intérêt commun avec l’État Islamique ou le fascisme turc ?
Deux rapports de police disent clairement qu’il n’est pas possible de savoir ce que j’aurais fait durant mon séjour. Les preuves manquent à l’évidence. A contrario, les preuves que la neutralité suisse n’est qu’un mythe bien utile à la bourgeoisie sont nombreuses.
Quand la Suisse vend des armes ou des composants d’armes à l’État fasciste turc la neutralité importe peu, seul le profit compte. Ces armes servent à réprimer les mouvements progressistes en Turquie. Certaines se sont aussi retrouvées dans les mains de l’Etat Islamique.
Quand la Suisse extrade des militants et militantes progressistes turques et kurdes à la demande du régime d’Erdogan ou d’autres Etats européens, où est donc la neutralité ?
Quand les plus grandes banques du pays investissent chaque année plusieurs milliards dans l’industrie de l’armement, qui alimente les conflits du monde entier, où est donc la neutralité ?
L’État suisse n’est pas neutre. Il a choisi son camp depuis longtemps, celui de l’impérialisme occidental. Moi aussi j’ai choisi mon camp, celui des opprimés.
Depuis deux siècles s’est développée une tradition de solidarité révolutionnaire internationale. En me rendant au Rojava, j’y ai soutenu le camp des peuples qui luttent pour leur liberté. Il n ‘ y a qu’une solidarité internationale, ses formes sont multiples et toutes sont légitimes. Une révolution ne peut se construire sans projet de société et elle ne peut vivre si elle ne peut pas se défendre.
En suivant l’exemple donné par Norman Bethune ou Barbara Kistler , j’ai continué cette tradition. De même que toutes celles et ceux qui ont participé, d’une manière ou d’une autre, à la lutte de peuples qui n’était pas le leur. De la résistance antifasciste en Espagne à la lutte pour la libération de l’Algérie ou de la Palestine, nombreux et nombreuses sont les camarades qui ont porté leur engagement au niveau international. Cet engagement a pris différentes formes, toutes ayant leur importance.
En me rendant au Rojava, j’ai soutenu la construction d’une société basée sur des principes de justice sociale, de féminisme et d’écologie. Une société qui aujourd’hui lutte toujours contre le fascisme turc et ses soutiens occidentaux.
Mon choix est un choix politique, tout comme celui que l’État Suisse fait en me faisant passer, sur mandat de l’exécutif, devant ce tribunal. Sans preuves concrètes, je suis amené à comparaître devant vous, ceci sur un simple et seul avis des Service de renseignement de le Confédération, qui n’ont visiblement pas daigné fournir les fondements de leurs allégations.
Partout en Europe, la solidarité avec le mouvement kurde est attaquée. Le peuple du Kurdistan nous montre qu’une révolution est possible et bien réelle. C’est pour cette raison que notre solidarité et les liens que nous construisons sont vus comme dangereux.
Quelque que soit l’issue de ce jugement, je n’ai aucun regret. Je continuerai à soutenir la lutte révolutionnaire au Kurdistan car comme le dit un de leur proverbe : « La résistance, c’est la vie ! »
En tant que militant révolutionnaire et internationaliste, je tiens à finir ma déclaration en saluant le camarade Alfredo Cospito et toutes celles et ceux qui luttent contre le régime d’isolement 41bis en Italie.
Je salue aussi Georges Ibrahim Abdallah et les prisonniers et prisonnières de la cause palestinienne.
Je salue Pola Roupa et Nikos Maziotis emprisonnés en Grèce pour leur engagement révolutionnaire.
Je salue aussi les milliers de prisonnières et prisonniers politiques actuellement dans les geôles du régime fasciste turc.
Je salue l’engagement de celles et ceux qui crient tous les jours dans les rues d’Iran, «Jin, Jîyan Azadî» et se font emprisonner ou tuer.
Je salue Serge, militant français dalns le coma qui lutte pour garder la vie. Il y a deux semaines, il a été gravement blessé par la police lors des manifestations contre le projet écocidaire des mégas-bassines dans l’ouest de la France.
Tous ces militants et militantes nous démontrent que même en faisant face à la plus dure des répressions, la lutte pour un monde meilleur continue.
Comme l’a très bien dit le camarade Fred Hampton : «On peut emprisonner un révolutionnaire, mais on ne peut pas emprisonner la révolution.»« 

La déclaration en anglais

Ce 14 avril, s’est tenu Sion le procès, devant la justice militaire suisse, d’un militant du Secours Rouge de Genève. Il est accusé « d’atteinte à la puissance défensive du pays » et de « service militaire à l’étranger ». L’État suisse lui reproche d’avoir pris les armes, pendant environ six mois entre 2015 et 2016, pour défendre la révolution au Rojava contre le Daesh. Une mobilisation solidaire a eu lieu pendant l’audience, devant le tribunal (photo). La justice a conclu que notre camarade s’était bien rendu au Rojava, mais que les preuves de sa participation à des combats armés ont été jugées insuffisantes. Le verdict est donc un acquittement. Les coûts de la procédure ainsi que les frais d’avocat sont à la charge de la Confédération.

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En 2018, la Turquie a attaqué le canton Afrin et occupé cette région du Rojava où se trouve la ville Jindires, qui avait été épargnée jusqu’alors par la guerre civile syrienne. Auparavant, Afrin était à près de 90% kurde et était un bastion de la lutte de libération. Depuis l’occupation, les islamistes règnent sur la région et environ 300.000 personnes en ont été chassées. La population kurde et d’autres minorités sont violemment réprimées ou ont quitté la région. La Turquie installe de manière ciblée des familles de combattants islamistes afin de modifier la démographie. Les moyens de subsistance des poplations kurdes (comme les oliveraies) sont détruites.

Mardi, les Kurdes de Jindires fêtaient le Newroz (nouvel an kurde) lorsque les miliciens islamistes qui servent de supplétifs à l’armée turque ont ouvert le feu sur la foule, tuant quatre personnes et en blessant plusieurs autres. Depuis, des manifestations ont lieu dans la ville pour demander la fin de l’occupation et le départ des milices islamistes. C’est la première fois depuis longtemps que la résistance civile s’exprime dans la région.

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Ahmet Şoreş (Zeki Gürbüz), l’un des principaux responsables du MLKP a été tué dans une opération des services secrets turcs au nord de la ville de Hasakah. Un jeune commandant de la guérilla, Fırat Neval (Özgür Namoğlu), a également été tué dans cette opération. Cette double exécution extra-judiciaire a été revendiquée par l’Organisation nationale du renseignement, le MIT. Le MIT accusait Zeki Gürbüz d’avoir notamment planifié plusieurs opérations de guérilla dont l’attaque contre un véhicule transportant du personnel pénitentiaire à Bursa le 20 avril 2022 (un gardien de prison avait été tué) ou une attaque au missile contre les forces de sécurité à la frontière le 16 août 2022. Zeki Gürbüz avait été arrêté en Grèce en février 2013. Après avoir rejeté la demande d’extradition turque, la Grèce l’avait libéré en avril 2013. Plus tard, Zeki Gürbüz avait quitté la Grèce pour l’Irak, puis pour le Rojava. Zeki Gürbüz est le deuxième commandant militaire du MLKP a avoir été assassiné par une opération du MIT. En mars 2019, Baran Serhat (Bayram Namaz) avait été tué par une bombe placée dans sa voiture.

 

Les bombardements turcs sur le Rojava se poursuivent, les tirs d’artillerie lourde sur les villages frontaliers s’ajoutant aux raids aériens. En riposte, des roquettes ont été tirées par dessus la frontière et la base de la police turque du district d’Öncüpınar (province de Kilis), a été attaquée. Plusieurs membres des forces de répression ont été tués dans l’attaque. Les combats sont aussi durs dans le canton occupé d’Afrin ou 5 membres de la guérilla kurdes et 7 militaires et policiers turcs ont été tués. Les appels à des manifestations de solidarité se multiplient (voir ici l’appel de riseup4rojava).

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Koçero Batman (nom de guerre d’Hasan Demirtaş) est né en 1983 dans la province kurde du nord de Batman. En 2001, il a rejoint le mouvement de libération kurde. En tant que combattant de la guérilla, il a séjourné dans de nombreuses régions différentes, des montagnes de Zagros au Dersim. Lorsque le Daesh a attaqué Kobanê en 2014, il a fait partie des combattants expérimentés du PKK venu au Rojava et a défendu la ville contre les islamistes. Après la bataille de Kobanê, il a participé en tant que commandant aux offensives de libération à Raqqa, Manbij, Ain Issa et Tabqa. Combattant courageux, il a été blessé à plusieurs reprises. Il commandait les forces des YPG du canton de Kobane.