Samedi 15 novembre à Londres, une banderole a été déployée depuis le pont de Westminster, sur laquelle on pouvait lire : « Nous soutenons les grévistes de la faim. Nous soutenons Palestine Action. » Six prisonniers pour la Palestine mènent actuellement une grève de la faim illimitée pour exiger la levée de l’interdiction de Palestine Action et dénoncer la complicité britannique avec le principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems (voir notre article). Cinq personnes ont été arrêtées en vertu de la loi antiterroriste après avoir déployé cette banderole.

Depuis la prison de Trente, l’anarchiste italien Massimo Passamani a annoncé qu’il renonçait volontairement pendant une semaine à sa permission de sortie pour travailler. Un geste destiné à exprimer sa solidarité avec les membres de Palestine Action détenus au Royaume-Uni, actuellement en grève de la faim, ainsi qu’avec Luca Dolce, lui aussi engagé dans cette lutte collective (voir notre article). Passamani explique que cette décision n’est pas adressée à l’administration pénitentiaire, mais à toutes celles et ceux qui, dans le monde, se mobilisent contre le génocide du peuple palestinien. Dans une déclaration (lire en entier), il évoque la force qu’il puise dans les luttes menées par les prisonniers palestiniens et les militants incarcérés en Grande-Bretagne, soumis à une répression féroce.

[…] La force qui me parvient depuis les prisons britanniques — et qui reflète à son tour la ténacité de cette résistance que les prisons sionistes et les centres de détention administrative ne parviennent pas à briser, malgré l’isolement, la torture et les viols — prend non seulement la forme d’une communauté d’éthique et d’idéaux, mais aussi celle de l’intensité des émotions que je ressens en lisant les déclarations des grévistes de la faim.

Je suis convaincu, parce que je le sens dans chaque fibre de mon être : l’élan mondial contre le génocide à Gaza et contre le système global qui le rend possible est un nouveau départ, un commencement.

En plus de ce qui s’est passé dans les rues, dans les ports, dans les universités ; en plus des sabotages menés jour et nuit, les protestations qui relient les prisonniers par-delà les barreaux, les pays et les continents en sont également un signe important.

Avant tout parce que la relation qui se tisse entre « dedans » et « dehors » est une relation de réciprocité et de circularité, et non un simple soutien allant de « l’extérieur » vers « l’intérieur ». Le fait que la fermeture de tous les établissements d’Elbit Systems au Royaume-Uni fasse partie des revendications des Prisoners for Palestine montre la volonté de ne pas séparer son propre destin de la libération de la Palestine — un objectif qui exige rien de moins que la subversion mondiale des rapports de pouvoir et d’exploitation, dont le colonialisme de peuplement sioniste est un élément essentiel. […]

Afin de soutenir les prisonniers pro-palestiniens en grève de la faim depuis le 2 novembre (voir notre article), Prisoners For Palestine appelle à se rassembler devant plusieurs prisons britanniques ce weekend. Actuellement, 6 prisonniers mettent leur vie en danger et exigent que le Royaume-Uni rompe ses liens avec Elbit Systems, mette fin à l’interdiction de Palestine Action, garantisse la libération sous caution immédiate des 33 prisonniers britanniques pour leur engagement pro-palestinien et la fin de la censure en détention.

Âgé de 33 ans et militant du mouvement Palestine Action, Sean Middlebrough est actuellement en fuite après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle de quatre jours le 23 octobre à l’occasion du mariage de son frère. Il était en détention provisoire en lien avec une action menée en août 2024 contre le site du principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems à Filton, près de Bristol (voir notre article). Cela a notamment entraîné la destruction de drones largement utilisés par l’armée israélienne lors de son agression génocidaire à Gaza. Dans une déclaration publique, il a affirmé :

« Je ne suis pas en fuite. J’agis simplement avec bon sens, refusant d’être détenu comme un prisonnier de guerre d’Israël dans une prison britannique. […] Vingt-trois de mes coaccusés, héroïques et honorables, restent enfermés après notre enlèvement par la police antiterroriste. »

Alors que la grève de la faim entre dans sa deuxième semaine, un sixième prisonnier, Kamran Ahmed, se joint au mouvement. Détenu en détention provisoire depuis novembre 2024, Kamran fait partie des Filton 24 (voir notre article). Il se joint à ses camarades dans une grève de la faim illimitée, tandis que le gouvernement n’a toujours pas répondu aux revendications collectives des prisonniers.

Avant de se joindre à la grève de la faim, Kamran Ahmed a déclaré : « Le 10 novembre, je prévois d’entamer ma grève de la faim, incha’Allah, conformément aux revendications formulées, mais aussi en solidarité avec ceux qui vivent des conditions de détention provisoire plus difficiles que les miennes. J’espère que le gouvernement reviendra sur sa décision d’engager ce procès inéquitable et nous permettra d’expliquer nos raisons au jury, car je crois sincèrement qu’aucune personne raisonnable ne nous condamnera. »

Les six premiers prévenus du groupe des Filton 24 seront jugés à partir du 17 novembre, pour une durée de dix semaines. En août 2024, Jordan, Sam, Ellie, Fatema Zainab, Lottie et Zoe ont réussi à déjouer la sécurité du nouveau site secret du plus grand fabricant d’armes israélien, Elbit Systems. Ce site, présenté officiellement comme un centre de « recherche et développement », abritait en réalité d’importantes quantités d’armes en cours de conception et de stockage. Au cours de leur action, les six militants ont démonté et neutralisé une cargaison de drones utilisés par Israël lors des offensives sur Gaza. Depuis cette opération, ils sont détenus depuis plus d’un an en vertu de la législation antiterroriste britannique. À ce jour, 24 personnes restent en détention provisoire dans le cadre de cette affaire, sur un total de 33 personnes emprisonnées pour leur engagement en faveur du peuple palestinien.

Le procès se tiendra au Woolwich Crown Court le 17 novembre, de 9h30 à 16h30. À cette occasion, un large appel à la mobilisation a été lancé par leurs soutiens.

Samedi 8 novembre, à la prison de Sanremo, le prisonnier anarchiste Luca Dolce a annoncé entamer une grève de la faim. Celle-ci est organisée en soutien à la grève de la faim collective et tournante organisée par différents prisonniers pro-palestiniens au Royaume-Uni (voir notre article). Actuellement, 6 personnes y participent dans plusieurs prisons britanniques et exigent que le Royaume-Uni rompe ses liens avec Elbit Systems, mette fin à l’interdiction de Palestine Action, garantisse la libération sous caution immédiate des 33 prisonniers britanniques pour leur engagement pro-palestinien et la fin de la censure en détention. Parallèlement, des actions se multplient dans le monde afin de les soutenir, comme à Toulouse (voir photo).

Pour lui écrire : Luca Dolce · c/o Centro di detenzione di Sanremo · Via Armea, 144 · 18038 Sanremo (IM)

T. Hoxha est la cinquième détenue à rejoindre la grève de la faim illimitée qui a débuté le 2 novembre dans les prisons britanniques (voir notre article). Il y a quelques mois, elle avait déjà participé à une grève de la faim pour dénoncer la détérioration de ses conditions de détention (voir notre article). Aujourd’hui, elle rejoint quatre autres prisonniers dans d’autres prisons pour exiger que le Royaume-Uni rompe ses liens avec Elbit Systems, mette fin à l’interdiction de Palestine Action, garantisse la libération sous caution immédiate des 33 prisonniers britanniques pour leur engagement pro-palestinien et la fin de la censure en détention.

Jakhi McCray est un militant pro-palestinien et abolitionniste de New York et du New Jersey. Il est poursuivi par les autorités fédérales pour avoir prétendument incendié des véhicules de police. Jakhi s’est rendu à la police le lundi 21 juillet 2025. Le lendemain, il a été libéré grâce au paiement d’une caution de 300 000 dollars. Depuis, il est assigné à résidence à son domicile familial dans le New Jersey. À 21 ans, Jakhi est accusé d’un crime passible d’une peine minimale de 5 ans d’emprisonnement et d’une peine maximale de 20 ans. Suite à l’annonce de la grève de la faim de prisonnières pro-palestiniennes au Royaume-Uni (voir notre article), il a publié une déclaration saluant l’initiative.

Je souhaite à ces prisonniers beaucoup de courage et de force dans leur lutte pour leurs revendications. Afin d’attirer l’attention et de témoigner de ma solidarité envers leur action, j’entamerai dans quelques jours un jeûne durant lequel je ne mangerai rien jusqu’à la fin de la grève des prisonniers britanniques. J’ai la chance d’être assigné à résidence, ce qui rendra ce jeûne moins éprouvant que de se laisser mourir de faim dans les geôles de l’État, mais je vois ce jeûne de solidarité comme un excellent moyen de faire connaître davantage le mouvement « Prisonniers pour la Palestine » et d’accroître la pression sur le gouvernement britannique.
Je demande également que tous les dons collectés pour moi durant cette période soient reversés à Shine White, prisonnier et citoyen de New Afrika, qui observe une grève de la faim depuis plusieurs semaines pour protester contre la répression et les violences ciblées dont il est victime au cœur même du système carcéral [voir ici]. J’adresse tout mon soutien à Shine et aux prisonniers britanniques. Nous serons tous libres un jour.

Jon est le quatrième prisonnier à se joindre aux actions de grève de la faim qui ont lieu dans les prisons britanniques (voir notre article). Jon est en détention provisoire depuis le 3 juillet 2025, car il est accusé d’avoir participé à une action qui a mis hors service deux avions militaires. Les quatre grévistes de la faim exigent la libération immédiate sous caution des 33 prisonniers de la cause palestinienne détenus dans les prisons britanniques, mais aussi la fermeture des usines du principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems ou encore la fin de l’interdiction du groupe Palestine Action.