La situation stratégique du Rojava a beaucoup évolué même si, paradoxalement, la ligne de front n’a pas bougé. Le Gouvernement de transition syrien (GTS), les islamistes d’Al-Nosra et leurs alliés, avait annoncé une « Conférence de dialogue national » qui excluait 35 partis politiques, dont les principaux partis syriaques, kurdes et druzes et l’Administration autonome du nord-Est syrien (AANES). Mais le GTS a sous-estimé la résistance des communautés non arabo-sunnites. Un soulèvement armé des Alaouites a fait des centaines de morts de part et d’autres parmi les combattants dans la région côtière. Ces combats ont été suivis par des massacres d’un millier de civils alaouites par les islamistes devenues « forces de sécurité » du GTS. Outres ces massacres, il y a eu des arrestations de masses, des mauvais traitements et des pillages (photo).

Les Druzes de la région de Souweïda (dans le Sud-Ouest, où ils sont majoritaires) ont rejetté l’autorité du GTS et leurs milices d’autodéfense ont refusé de rendre les armes aux « forces de sécurité » du GTS. Israël a tenté d’instrumentaliser cette résistance en se posant en défenseur (potentiel) des Druzes syriens, et a étendu son occupation du plateau du Golan. Ces difficultés ont contribué à ce qu’hier, le premier ministre du GTS signe avec le commandant en chef des FDS un accord de principe sur l’incorporation des organismes politiques (AANES) et des forces armées (FDS) du Rojava dans un état syrien démocratique et garantissant tous les droits à toutes ses communautés. Le flou extrême de ce texte (voir ici) permet toutes les interpétations, mais le spectre du conflit armé entre le GTS et le Rojava s’est éloigné pour cette année.

Dans le Nord, l’offensive de la Turquie contre le Rojava, via ses proxys de la prétendue « Armée Nationale Syrienne » (ANS), a commencé comme une promenade militaire (chute rapide de Manbij en décembre) et s’est terminée sur une défaite totale sur l’Euphrate. Les FDS n’ont pas simplement tenu la ligne du fleuve (ce qui est militairement relativement facile) mais aussi d’importantes têtes de pont sur la rive occidentale (ce qui, considérant le rapport de force, est militairement un exploit). L’ANS a subi de très lourdes pertes. Individuellement ou collectivement, les effectifs de l’ANS désertent celle-ci pour rallier le GTS de Damas.

La proposition de « paix démocratique » faite par Ocalan à la Turquie, qui impliquerait la dissolution du PKK et l’arrêt de la lutte armée (voir notre article), est en attente d’une réponse de la Turquie. Le PKK a simplement annoncé un cessez-le-feu (sauf en cas d’attaque) et une demande de liberté de mouvement pour Öcalan pour qu’il puisse mener les discussions (y compris dans le PKK). Pour les Kurdes, ces négociations n’impliquent que la Turquie et l’Irak, alors que les Turcs en parlent comme si le Rojava était inclus dans la discussion. L’éventualité de négociations n’a pas stoppé ni même réduit les bombardements quotidiens du Rojava par l’aviation, l’artillerie et les drones turcs.

Les révolutionnaires de Syrie commémorent le 16 février l’assassinat d’Omar Aziz. Né à Damas, où il est revenu d’exil au début de la révolution syrienne Omar Aziz était un économiste, anarchiste et père de famille, il s’est engagé à 63 ans dans la révolution. Il a travaillé aux collectes pour aider les banlieues de Damas attaquées par le régime. Par ses écrits et son activité, il a promu l’autonomie locale, l’organisation horizontale, la coopération, la solidarité et l’entraide. Il fut l’un des fondateurs du premier comité local, à Barzeh (Damas). Les agents des services de renseignements sont venus l’arrêter chez lui et il a été assassiné dans les prisons-abattoirs du régime baasiste le 16 février 2013. pour en savoir plus

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Depuis un mois des civils sont venus et mènent une résistance historique sur le corps du barrage de Tishreen font face aux attaques continues de l’État turc contre le nord et de l’est de la Syrie, ils protègent le barrage vital pour la vie. Les manifestations autour du barrage de Tishreen ont commencé le 8 janvier, un convoi de civils était alors parti de la province de l’Euphrate, trois des provinces de Tabqa, Raqqa et Deir ez-Zor, et six convois de la province de Jazira. À ce jour, La Turquie n’a cessé de lancer des attaques agressives contre le barrage ( voir nos articles ici, ici et ici ), ciblant les manifestants, entraînant la mort de 24 civils, hommes et femmes, et faisant plus de 200 blessés.

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Voila plusieurs semaines que les lignes ne bougent pas au Rojava, – ce qui ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. Les supplétifs de la Turquie (les islamistes de l’Armée nationale syrienne) continuent leurs attaques pour passer à l’Est de l’Euphrate, mais ils sont toujours repoussés par les SDF qui tiennent une petite tête de pont sur la rive occidentale. Des civils se sont rassemblés sur le pont-barrage de Tichrine, un des deux points de passage, non loin de la ligne de front, pour marquer leur soutien aux SDF. Ces manifestations sans armes, ont été bombardées à deux reprises par des drones turcs. Les bombardements turcs se sont intensifiés sur tout le Rojava, frappant les forces armées, les infrastructures économiques, les administrations et les populations civiles.

À Damas, le nouveau pouvoir installé par les anciens dirigeants d’al-Qaida/al-Nosra bénéficie d’un intense ballet diplomatique. La Turquie se montre particulièrement assidue, avec des visites à différents niveaux (diplomatique, militaire, etc,). Les premières rencontres entre le nouveau régime et les représentants du Rojava démocratique ont débouché sur des échecs.

 

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Ce jeudi 16 janvier, les manifestant.es regroupé.es autour du barrage de Tishreen (Tişrîn) ont été la cible d’une nouvelle attaque turque tuant plusieurs civil.es et en blessant dix autres. Pour le deuxième jour consécutif, des avions de guerre turcs et des drones de combat ont pris pour cible des sit-in organisés près du barrage de Tishreen, au sud de Manbij, où des civils se regroupent pour réclamer la fin des attaques de l’occupation turque et de ses factions de mercenaires.

Selon les témoins sur place, le bombardement pose un risque grave d’effondrement du barrage, ce qui pourrait entraîner l’inondation de dizaines de villages et entraîner une panne totale d’électricité dans toute la région, privant des millions de personnes d’électricité et démultiplierait les risques de crises humanitaires dans la région.

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Ce mercredi 15 janvier, un convoi de civils se rendant au barrage de Tishreen a été atteint par une double attaque de drones turques faisant 4 morts et 23 blessés. C’est la deuxième attaque contre des civils à proximité ou sur le barrage de Tishreen depuis le 8 janvier (voir notre article).

Depuis le 8 janvier, la population de différentes régions de l’AANES se relaient au barrage pour protéger le lieu et soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les Unités de défense des femmes (YPJ) contre les attaques de l’ANS soutenu par la Turquie qui tentent de prendre le contrôle du barrage de Tishreen et d’avancer vers Kobané.

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Des milliers de personnes venant de différentes région (Hasakah, Raqqa, Jazira) de l’Administration Autonome du Nord-Est Syrien (AANES) était en route, ce mercredi 8 janvier, avec comme objectif de se rassembler au sommet du barrage de Tishreen pour protester et condamner les attaques militaires turques en cours. Sur la route du barrage, le convoi a été attaqué par un drone turc faisant 5 morts et blessants 15 personnes.

L’attaque n’a pas arrêté le convoi et des manifestants sont arrivés sur le barrage. Une déclaration de l’AANES a été lu appelant la coalition internationale à trouver une solution aux problèmes du nord et de l’est de la Syrie et à mettre fin aux attaques de la Turquie et des groupes mercenaires alliés contre la région.

Le barrage risque de s’effondrer depuis plus d’un mois en raison des bombardements turcs incessants alors qu’il est crucial pour la région. Il renferme environ 1,9 milliard de mètres cubes d’eau et génère une grande quantité d’électricité et d’énergie dans la région dont dépend des dizaines de milliers de personnes.

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Le principal changement de ces derniers jours est qu’après avoir repoussé, en lui infligeant des lourdes pertes, l’ANS dans ses tentatives de passer à l’Est de l’Euphrate, les Forces Démocratiques Syriennes sont passées à leur tour à l’offensive. Elles ont établi de nouvelles têtes de pont sur la rive Ouest, et repris plusieurs localités perdues il y a deux semaines (sur la photo – deux combattants des SDF sur un char pris à l’ANS). Il semblerait que les forces turques soient intervenues aujourd’hui directement sur le terrain, pour aider leurs supplétifs en difficulté. Les bombardements turcs par avions, drones et artillerie, meurtriers, ne cessent pas tandis que les USA tentent toujours de négocier un cessez-le-feu et ont augmenté leurs effectifs sur place. Les puissances occidentales et la Turquie ont ouvert des négociations avec le nouveau pouvoir islamiste de Damas.

Ces derniers jours, les opérations militaires se limitent à des accrochages répétés et meurtriers entre les Forces Démocratiques Syriennes et l’ANS (supplétifs de la Turquie), les premières repoussant les tentatives répétées de la seconde de franchir l’Euphrate, notamment au barrage de Tichrine (photo). Il y surtout de nombreux bombardements turcs par avions, drones et artillerie sur tout le Rojava. Les USA tentent de négocier un cessez-le-feu.

Cependant les menaces se précisent :
– La Turquie et ses supplétifs de l’ANS préparent une offensive sur la ville de Kobané à partir de la frontière turque et à partir de l’enclave de Serekanie (occupée par l’ANS). Des engins de l’armée turque ont déjà démonté des segments du mur-frontière pour favoriser l’invasion.
– Le nouveau pouvoir islamiste de Damas s’est lui aussi montré menaçant. Leur dirigeant a déclaré que « la Syrie ne sera pas divisée et il n’y aura pas d’entités fédérales”, et que  “la région que contrôlent actuellement les FDS sera intégrée à la nouvelle administration du pays”.
– Il y a une recrudescence des activités de terrorisme et de guérilla des cellules clandestines du Daech.

Par ailleurs, les forces islamistes de Damas ont attaqué les forces du Front populaire de libération de la Palestine qui voulaient les empêcher de démanteler le centre du FPLP dans la ville de Qousaya.

Des négociations ont lieu dans tous les sens, mobilisant aussi bien les acteurs syriens que la Turquie ou les États-Unis. Il est impossible pour l’instant de savoir vers quoi tendent les accords définitifs – plusieurs fausses informations circulent. La Turquie continue à exprimer ses intentions hostiles envers le Nord-Est syrien autonome et démocratique. Ses supplétifs de l’ANS ont remporté une victoire dans la région de Manbij après 15 jours de combats (un cessez-le-feu a permis le retrait des FDS qui y résistaient encore) mais comptent aussi plusieurs échecs en tentant de progresser à l’ouest de l’Euphrate (avec plus de 200 tués et la perte de plus de 70 véhicules dont six tanks).

Dans les pourparlers entre le nouveau pouvoir islamiste de Damas et l’administration autonome du Nord-Est syrien, le premier exige le passage sous son contrôle de toutes les villes à majorité arabe et la seconde la reconnaissance de l’autonomie de la région.