Dans la nuit du 28 juillet, les YPG ont exécuté un chef du groupe Feylaq Sham à Afrin (voir la vidéo). Le groupe Feylaq Sham est un des groupes, alliés à l’état turc, qui occupent le canton d’Afrin depuis le 18 mars. Ce groupe participe au régime de terreur et d’épuration ethnique, visant à remplacer les habitants par des arabes sunnites organisés par les salafistes. Les YPG avaient déjà exécuté un des responsables de ce groupe en mai (voir notre article).

Combattants et combattantes des YPG (archive)

Les YPG ont annoncé ce mardi leur retrait de Manbij (Minbej), une ville qu’elle avait prise aux jihadistes du groupe Etat islamique en 2016 (voir notre article) dans une dure bataille où était notamment tombée une combattante du Bataillon international de Libération (voir notre article). Cette annonce intervient au lendemain d’une réunion entre le secrétaire d’Etat américain et son homologue turc, qui a abouti à un accord concernant Manbij, selon le département d’Etat. Les YPG forment l’épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS ou QSD) qui avaient formé un « Conseil militaire de Manbij » avec des forces locales.

Depuis plusieurs semaines, le président turc Erdogan menaçait de lancer ses forces contre la région de Manbij, où sont pourtant stationnées des militaires français et américains soutenant les FDS dans leur lutte contre l’Etat islamique. Ces menaces survenant après l’offensive turco-jihadiste sur Afrin. Située à une trentaine de kilomètres de la frontière turque, la région de Manbij est hautement stratégique. Les escarmouches s’étaient multipliées entre les FDS et les forces turques, essentiellement sous la forme de tirs d’artillerie.

Combattants et combattantes des YPG (archive)

Le 4 mai, les YPG ont réalisé une embuscade contre Jamal al-Zakhlool, responsable de la sécurité au sein du groupe jihadiste Faylaq al-Rahman et collaborateur du MİT, les services de renseignement turcs. L’embuscade a eu lieu sur la route entre les villages de Kurzalah et de Basutah, dans le canton d’Afrin, trois combattants du Faylaq al-Sham ont également été tués et deux véhicules détruits.

Zakhlool était responsable de l’organisation de l’installation des djihadistes qui se sont récemment retirés de la région de Ghouta orientale pour occuper la région d’Afrin, dans le cadre de la politique turque de transformation de la démographie de la région au profit d’arabes sunnites organisés par les salafistes. Ceux organisent un régime de terreur avec l’aide du MIT. Chaque semaine, des habitants du canton d’Afrin sont victimes d’enlèvements et de tortures. Parfois les familles sont rançonnées et doivent payer des milliers de dollars aux jihadistes pour retrouver leurs proches vivant. Parfois les personnes enlevées sont assassinées. 140.000 personnes ont été déplacées d’Afrin et on ne leur permet pas de rentrer chez elles. Depuis la mi-mars, environ 71.000 personnes ont été transportées dans le nord-ouest de la Syrie depuis la Ghouta orientale et l’est du Qalamoun.

Un camp de transit créé par les turcs pour accueillir les jihadistes de la Goutha et leurs familles destinés à remplacer les populations kurdes d’Afrin

Un camp de transit créé par les turcs pour accueillir les jihadistes de la Goutha et leurs familles destinés à remplacer les populations kurdes d'Afrin

Le 1er mai, les Forces démocratiques syriennes (FDS), ont lancé leur offensive « Tempête de Cizire » contre les dernières positions encore tenue par l’État islamique (ou Daesh) sur la rive orientale de l’Euphrate, près de la frontière avec l’Irak. Cette offensive avait été suspendue en raison de l’invasion d’Afrin par l’armée turque: les SDF avaient alors massivement transféré des forces à Afrin pour renforcer la résistance à l’invasion. Quelques attaques lancées par les forces du régime syrien contre les SDF dans la province de Deir ez-Zor, le long de l’Euphrate, dont elles occupent la rive occidentale, avaient aussi retardé cette offensive.

Les jihadistes occupent deux poches à l’est de Deir ez-Zor province, celle de Hajin et celle d’al-Dashisha (le long de la frontière). Ces dernières semaines, profitant de l’affaiblissement des SDF consécutif à l’invasion d’Afrin, ils avaient repris l’initiative en lançant des raids. L’offensive lancée le 1er Mai a inversé la tendance. L’avancée des SDF est facilitée par 40 frappes aériennes des USA (et une française) contre des bâtiments occupés par les jihadistes. Les SDF progressent lentement, 21 km en dix jours, moins à cause de la résistance (pourtant effective) des jihadistes qu’à cause des mines et pièges. Elles sont à seulement 2 km de Baxoz, sur les rives de l’Euphrate.

Combattants des SDF

Combattants des SDF

Ce 27 avril, le Ministère des Affaires étrangères à Bruxelles a été recouvert de faux sang contre l’invasion turque à Afrin et en solidarité avec les Forces Démocratiques Syriennes qui résistent à l’envahisseur. Les militants solidaires ont aspergé de faux sang l’enceinte puis l’ont escaladé pour accrocher une banderole « Belgium & Fascist Turkey Allied Together to Kill – Free Afrin, Rojava and Syria » et allumer des fumigènes.

Long live the revolution – Afrin – Free Rojava from Rojava free on Vimeo.

Bruxelles: Le Ministère des Affaires Étrangères ensanglanté en solidarité avec Afrin

Le 22 avril dernier, le collectif anarchiste Rouvikonas a attaqué à le peinture les locaux de l’ambassade et du consulat de France à Athènes. L’action a eu lieu en pleine journée et à quelques mètres de policiers, le bâtiment est situé tout près du parlement grec dans un quartier très surveillé. Les participants à l’action étaient plusieurs dizaines et sont arrivés sur les lieux en moto. Rouvikonas a revendiqué l’action en solidarité avec la Zad, les étudiants et grévistes partout en France et contre l’intervention impérialiste en Syrie.

Attaque à la peinture contre l’ambassade de France à Athènes

Attaque à la peinture contre l'ambassade de France à Athènes

L’armée turque et ses alliés djihadistes mettent en œuvre des politiques de nettoyage ethnique, d’assimilation et de colonisation. Des milliers de djihadistes ont été transférés de la Ghouta à Afrin pour créer des changements démographiques et installer un ordre islamo-turc. La guérilla des forces YPG-YPJ dans le canton d’Afrin se poursuit. Au cours de la dernière semaine, les YPG/YPJ ont mené des actions sur la colline de Mame Gur (district de Bilbile, 30 mars), à Dayr Sawan (district de Shera, 31 mars), dans le centre-ville d’Afrin (2 actions, 1er avril) avec pour bilan 5 soldats turcs et 37 miliciens islamistes tués, et un char détruit.

Les conditions de vie des personnes déplacées d’Afrin dans la région de Shehba sont toujours très précaires. Cependant, les travaux de construction des camps et des distributions de provisions et d’aide humanitaire sont organisées par l’Auto-Administration démocratique du nord de la Syrie et le Croissant-Rouge du Kurdistan. Deux camps de réfugiés ont été construits dans le district de Sherawa et dans la région de Shehba. Les réfugiés sont ainsi repartis : 24.000 à Til Rifat, 40.000 dans le camp de Fafînê, plus de 37.000 à Ehres, 10.000 dans le district de Kefernayê, 30.000 dans le district de Sherawa d’Afrin, plus de 25.000 dans le sous-district de Nûbûl-Zehra d’Alep. Et elles estiment à 100.000 le nombre des personnes déplacées dans le centre d’Alep. Enfin, la Turquie a fermé le barrage de l’Euphrate, coupant l’approvisionnement en eau de Manbij, ce qu’elle n’a jamais fait pendant les années où la ville était aux mains du Daesh…

Un minibus transportant des miliciens islamistes au service des Turcs détruit à Afrin avant-hier 6 mars; trois de ses occupants ont été tués.

Un minibus transportant des miliciens islamistes au service des Turcs détruit à Afrin avant-hier 6 mars; trois de ses occupants ont été tués.

Venues de Belgique et des pays voisins, 2.000 manifestants ont défilé cet après-midi de la station Yser jusqu’au Rond-point Schuman, en solidarité avec les peuples d’Afrin dont la ville est occupée depuis plusieurs jours par l’armée turque et ses alliés djihadistes.

Des manifestants du Comité Rojava, du Secours Rouge et de l’EÖC

Des manifestants du Comité Rojava, du Secours Rouge et de l'EÖC

Environ 300 manifestants se sont rassemblés à Bruxelles, Place du Luxembourg, ce 21 mars, jour du Newroz (nouvel an perse et kurde). Des événements ont lieu quasi-quotidiennement à Bruxelles et dans les grandes villes d’Europe en solidarité avec les peuples d’Afrin, dont la ville vient de tomber aux mains des rebelles salafistes et de l’armée turque. La Plateforme de Solidarité avec Afrin en Belgique avait choisi de faire de cette journée du 21 un événement plus tourné vers les internationalistes, avec une intervention de notre section du Secours Rouge. Entre nos deux interventions (voir plus bas), un document audio a été diffusé, il s’agissait du témoignage audio du Bataillon international YPG à Deir Ezzor qui racontait le parcours de Kendal Breizh, internationaliste au Rojava tombé sous une frappe aérienne turque, voir la vidéo Youtube plus bas. La manifestation a duré plus de trois heures, vers la fin de la manifestation des jeunes militants et militantes kurdes ont lancé des chansons populaires kurdes reprises par les manifestants.

Lire notre intervention.

300 personnes rassemblées pour les martyrs internationalistes

300 personnes rassemblées pour les martyrs internationalistes

Jeudi 15 juin, Hêlîn Qereçox (Anna Campbell) est tombée à Afrin lors d’un raid aérien mené par les forces turques. Originaire de Lewes, dans le Sussex de l’Est (Sud de l’Angleterre), elle est arrivée au Rojava en mai 2017 et y a suivi le cours d’entraînement militaire obligatoire d’un mois du YPJ pour rejoindre ensuite une division d’infanterie, composée de combattants kurdes et internationalistes.

« Après les premières attaques contre Afrin, le camarade Helîn a insisté pour rejoindre l’opération de défense d’Afrin », a déclaré Nesrin Abdullah, commandant et porte-parole des YPJ. « Le martyre de Hêlîn est une grande perte pour nous car avec son âme internationale, son esprit révolutionnaire qui démontre le pouvoir des femmes, elle a exprimé sa volonté dans toutes les actions qu’elle a accomplies… Au nom des unités de défense des femmes YPJ, nous exprimons nos plus sincères condoléances à [sa] famille et nous promettons de suivre la voie qu’elle a suivie. Nous la représenterons dans l’ensemble de nos luttes… Pour nous, en tant que YPJ, le camarade Helîn sera toujours un symbole en tant que femme internationaliste pionnière. Nous allons vivre selon ses espoirs et ses croyances. Nous poursuivrons pour toujours son but de lutter pour les femmes, pour les communautés opprimées. »
Hêlîn était une militante engagée et luttait depuis longtemps dans sa ville et en Angleterre.

Hêlîn Qereçox

Hêlîn Qereçox