La fédération générale tunisienne du travail (FGTT) a condamné l’arrestation du syndicaliste Othmen Aloui par les forces de l’ordre lors de la manifestation des travailleurs du COFAT à Tunis. Les travailleurs du COFAT luttent pour l’exercice des droits syndicaux au sein de l’entreprise et la réintégration des agents licenciés le 28 janvier dernier pour fait de grève. La COFAT est une entreprise spécialisée dans la fabrication de systèmes complets de distribution électrique destinés aux véhicules automobiles et utilitaires basée dans la zone de Sidi Hassine Sijoumi (banlieue ouest de Tunis).

Manifestation des travailleurs de la COFAT

Manifestation des travailleurs de la COFAT

Les autorités de Médenine, ville du sud de la Tunisie, ont récemment annoncé l’ouverture d’un centre hospitalier. Or, une rumeur a circulé hier à travers la ville annonçant que l’institution serait plutôt ouverte à Gabès. La population locale est descendue dans la rue pour protester contre cette décision. Les manifestants ont procédé aux blocages des routes et ont brûlé des pneus avant d’être la cible de tirs de gaz lacrymogène par la police. De violents affrontements ont opposé les deux camps durant toute la journée. En début de soirée, le gouverneur de Médenine a réagi sur différentes radios locales en affirmant que le projet en question resterait bien à Médenine.

Des centaines de jeunes chômeurs ont pris d’assaut le siège du bureau du gouverneur régional de Gabès (sud-est) ce vendredi matin. La plupart réclamaient un emploi dans une société relevant du Groupe Chimique Tunisien (GCT) après avoir entendu dire que la société allait lancer une campagne de recrutement. Les forces anti-émeutes sont intervenues en force contre les manifestants. Ces derniers ont répliqué aux gaz lacrymogène par des jets de pierre avant de se faire pourchasser dans les rues voisines. Le Groupe Chimique Tunisien est le principal employeur dans la région et subi la crise de plein fouet, sa production n’étant plus qu’à 30% de son niveau de 2010.

Emeutes à Gabès

Emeutes à Gabès

Le mouvement de contestation déclenché par l’adoption d’une nouvelle redevance sur les voitures s’est élargi ces derniers jours. Outre cette taxe, les Tunisiens dénoncent leurs mauvaises conditions de vie, le sous-développement de certaines régions du pays et la situation économique. Trois ans après l’immolation de Ben Ali à Sidi Bouzid et le ‘printemps arabe’, la population dénonce l’immobilisme des autorités et exige la chute du régime. La région de Kasserine est la plus touchée par le mouvement. A Thala, des manifestants ont attaqué un commissariat mercredi, entraînant la fuite des policiers présents. A Kasserine, dans la nuit, le local du parti au pouvoir a été incendié tandis que le bâtiment des recettes des finances a été pris d’assaut. La police a tiré des gaz lacrymogène tandis que les forces armées ont tiré en l’air pour disperser la foule.

Manifestation à Kasserine

Manifestation à Kasserine

Depuis dimanche, plusieurs villes tunisiennes sont le théâtre de vastes manifestations. La population réclame, entre autre, la suppression de la nouvelle redevance sur les voitures et les récents résultats du concours de recrutement de la fonction public qui seraient truqués. Dimanche soir à El Gtar, dans le gouvernorat de Gafsa, des jeunes ont incendié un commissariat de police après avoir été la cible de gaz lacrymogènes. Dans la soirée de mardi, un cortège en mémoire aux martyrs du mouvement de protestation de 2011 a été violemment réprimé à Thala, dans le gouvernorat de Kasserine. Les manifestants ont jeté des pierres aux policiers qui tiraient des gaz lacrymogènes. Selon un premier bilan, deux policiers auraient été blessés, mais aucune information concernant les civils n’a été communiquée. Aujourd’hui, de nombreuses routes ont été coupées dans plusieurs villes pour y dénoncer la nouvelle redevance entrée en vigueur au début de l’année.

Heurts à Thala

Heurts à Thala

Des habitants de Sidi Bouzid et de la délégation de Menzel Bouzaiane ont mené jeudi, une manifestation suivie d’un sit-in à partir du siège de l’Union régionale du travail (URT) de Sidi Bouzid, jusqu’au district de la garde nationale, pour demander la libération de Abdesselam Hidouri, membre du syndicat régional de l’enseignement secondaire, et Ferid Slimani, professeur, arrêtés mercredi sous l’accusation d’intrusion dans un poste de sécurité et tentative d’incendie.

Weld El 15 était entré dans la clandestinité après avoir été condamné à 21 mois de prison pour ‘outrage a des fonctionnaires, atteinte aux bonnes moeurs et diffamation’ suite à un concert à Hammamet en août dernier. Klay BBJ avait été condamné pour les mêmes faits, mais a depuis été rejugé deux fois pour être finalement relaxé en octobre. Weld El 15 a quant à lui été rejugé ce jeudi par le tribunal cantonal de Hammamet qui l’a condamné à quatre mois de prison ferme. Le chanteur a été immédiatement arrêté, le jugement prévoyant ‘l’exécution immédiate’ de la sentence. Son avocat a déclaré qu’il allait faire appel de cette décision. Il a également indiqué avoir ‘des craintes pour l’intégrité physique de Weld El 15 en prison’.

Weld El 15

Weld El 15

Plusieurs milliers de personnes manifestaient mercredi à l’occasion d’une grève générale à Gafsa, dans le centre de la Tunisie. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes sur quelques dizaines de manifestants qui ont tenté de forcer l’enceinte du bureau du gouverneur régional. Deux autres régions, Siliana (nord) et Gabès (est), étaient aussi paralysées par des grèves générales régionales mercredi. A Siliana, le débrayage marque le premier anniversaire de la violente répression d’un mouvement social qui avait fait 300 blessés, notamment par des tirs de chevrotine. Les affrontements de ce mercredi ont fait des dizaines de blessés (dont une trentaine de policiers). Des véhicules de la police et des bâtiments publics et privés endommagés.

A Gabès et Gafsa, le catalyseur des grèves a été la décision du gouvernement de ne pas les inclure dans la liste des régions où des facultés de médecine et centre hospitaliers universitaires seront bâtis dans les années à venir. Pour les antennes locales du syndicat UGTT, cette décision illustre les disparités de traitement entre les différentes régions du pays, un des facteurs de la révolution de 2011. Gafsa, région stratégique en raison de ses mines de phosphates mais parmi les plus pauvres du pays, a été le théâtre en 2008 d’une insurrection nourrie par la pauvreté et réprimée dans le sang.

Tunisie: Affrontements à Gafsa et à Siliana

En août dernier, le rappeur Klay BBJ avait été condamné à 21 mois de prison ferme pour ‘outrage à des fonctionnaires, atteinte aux bonnes moeurs et diffamation’ après avoir donné un concert. Cette peine avait été réduite à 6 mois de prison ferme en appel au mois de septembre (lire notre article). L’avocat de l’artiste avait introduit un second appel dont l’audience a eu lieu hier. Le juge s’est prononcé en faveur de sa libération, rejetant toutes les accusations. Weld El 15, le rappeur condamné suite à ce même concert est quand à lui toujours dans la clandestinité.

Klay BBJ