La police anti-émeutes turque a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des lances à eau à Istanbul contre des manifestants dénonçant les projets immobiliers du gouvernement et les accusations de corruption qui le visent. Une vaste affaire de corruption a été révélée la semaine dernière impliquant de nombreuses personnes dont des fils de ministres en exercice, des hommes d’affaires et le président directeur général de la banque publique Halbank. La police a saisi 4,5 millions de dollars cachés dans des boites à chaussures au domicile du PDG de Halbank Suleyman Aslan.

Quelque dix mille manifestants se sont rassemblés place Kadikoy sur le versant asiatique de la ville pour réclamer la démission du gouvernement du Parti de la Justice et du Développement (AKP). Certains des manifestants brandissaient des boites de chaussures. Des projets ambitieux d’urbanisme à l’initiative de M. Erdogan, ancien maire d’Istanbul, ont été à l’origine d’un large mouvement de protestation anti-gouvernemental en juin dernier lorsque la police a délogé des manifestants qui occupaient un parc visé par le projet d’urbanisme. Au moins six personnes ont été tuées et 8000 blessées au cours des trois semaines de manifestations et d’affrontements avec la police qui ont suivis.

affrontements à Istanbul

affrontements à Istanbul

La cour d’appel de Paris a prononcé des peines aggravées à l’égard de quinze personnes accusées d’être membres du CHKP-C. Elles ont toutes été reconnues coupables de ‘association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste’ et de ‘financement d’une organisation terroriste’. Les condamnations prononcées vont de deux à sept ans de prison ferme. Dans son jugement le 20 décembre 2012, le tribunal correctionnel de Paris les avait condamné à des peines allant de 18 mois à sept ans de prison. Il avait également ordonné la fermeture de l’Anatolian Culture and Solidarity Association pour ses prétendus liens avec le DHKP-C.

Bahar Kimyongür est actuellement à la station des Carabiniers de Marina di Massa, à 300 kilomètres de la prison de Bergame où il était détenu depuis le 21 novembre. Le 2 décembre, la Cour d’appel de Brescia avait en effet décidé de son assignation à résidence. A dater de l’annonce de l’arrestation de Bahar, les autorités turques disposent de 40 jours pour envoyer leur demande formelle d’extradition. Le procureur général aura alors trois mois pour réagir à la requête d’Ankara. Cela signifie que la prochaine audience dans cette affaire (dont plusieurs pays ont déjà jugé le dossier vide) devrait donc avoir lieu dans quatre mois. En attendant, Bahar restera à Marina id Massa où il dispose d’une liberté de mouvement très restreinte et où il doit demander une autorisation aux Carabiniers dès qu’il veut sortir.

Liberté pour Bahar Kimyongür

Liberté pour Bahar Kimyongür

Il y a quelques mois, les avocats du Premier ministre turc Erdogan avaient déposé une plainte à l’encontre d’un étudiant de 22 ans, Yarkin Atay. Ils l’accusent d’avoir insulté le Premier ministre sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook en marge du mouvement de contestation au mois de mai dernier. Dans ses commentaires, il qualifiait notamment Erdogan de menteur et de provocateur. Jugé en vertu de la ‘Law on Demonstrations and Meetings’, Yarkin Atay disait jusqu’à trois ans de prison. Le tribunal se jeudi a jugé que sa peine pouvait être commuée en amende avec période de probation de cinq ans. L’étudiant écope d’une amende de plus de 7000 lires (2500 euros). Ses avocats ont annoncé leur intention d’aller en appel de cette décision tandis qu’Atay a immédiatement réagi: ‘Je ne vais pas payer cette amende maintenant. Ils veulent que je reste en dehors des manifestations, ils veulent que je ne fasse rien. Mais ça n’est pas possible car notre pays traverse une période difficile. Je prends le risque d’avoir une amende plutôt que de rester à la maison.’.

Yarkin Atay

Yarkin Atay

Le 6 décembre, les forces anti-émeutes ont tué deux manifestants dans leur intervention musclée pour disperser un rassemblement à Yüksekova, dans le sud-est de la Turquie. Tous deux ont été la cible de balles policières alors qu’ils dénonçaient la destruction de tombes de militants du PKK. Le lendemain, de multiples manifestations se sont déroulées à travers le pays pour dénoncer les violences policières. Ce slogan n’a pas empêché les forces de l’ordre d’intervenir, faisant de nombreux blessés parmi lesquels Bemal Tokçu, 25 ans, également à Yüksekova. Immédiatement emmené à l’hôpital, il a rapidement été transféré à l’hôpital de Van en raison de la gravité de ses blessures. Hier, il y est décédé. Le jour même de ces manifestations, le premier ministre truc avait déclaré que ces incidents étaient le résultat de provocation. En 2013, seize personnes ont été tuées par la police turque au cours de manifestations.

Répression policière à Yüksekova

Répression policière à Yüksekova

Les autorités turques ont inculpé 255 personnes, parmi lesquelles sept étrangers dont les noms et nationalités n’ont pas été rendus publics, suite aux mouvements de protestation qui se sont déroulés au mois de juin et qui ont secoué tout le pays. Les accusés devront faire face à divers chefs d’accusation tels que ‘dommages aux biens publics’, ‘participation à des rassemblements illégaux’, ‘provocation d’interruptions des services publics’, ‘dommage à des lieux de culte’,… D’après un communiqué publié par les autorités hier, 308 personnes ont été mises en examen tandis que 36 enquêtes sont toujours en cours dans le cadre d’accusations d’ ‘appartenance à une organisation terroriste et ‘tentative d’empêcher le gouvernement turc de faire son devoir’ en vertu de la loi anti-terroriste. Par ailleurs, d’autres enquêtes se poursuivent pour retrouver d’autres suspects sur base d’allégations similaires. La majorité des accusés comparaîtra devant la 55ème Cour Criminelle de Première Instance. Les autorités ont également déclaré que les poursuites contre dix autres personnes avaient été abandonnées faute de preuve.

Au moins dix personnes ont été blessées à Diyarbakir ce dimanche dans la violente intervention des forces de l’ordre contre une manifestation organisée par le parti pro-kurde Peace and Democracy Party pour dénoncer la mort de deux manifestants kurdes vendredi à Yüksekova. Le cortège a débuté sous une tension extrême alors que la police avait initialement refusé d’accorder l’autorisation de défilé en raison du fait que certains calicots étaient illégaux et que des manifestants portaient des écharpes cachant leur visage. Finalement, plus de 1000 personnes ont marché dans la ville avant d’écouter les discours de membres du BDP affirmant que la profanation de tombes de membres du PKK à Yüksekova était une provocation et dénonçant les violences policières qui ont fait suite aux manifestations dans la ville. A l’issue des discours, les forces anti-émeute sont intervenues pour disperser la foule. Elles ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à rua avant de pourchasser certains manifestants dans les rues adjacentes. Au moins dix personnes ont été blessées et un grand nombre de manifestants interpellé.

Les autorités ont annoncé ce dimanche que quatre soldats auraient été capturés par des guérilleros du PKK dans le district de Lice, dans le Diyarbarkir (sud-est du pays). D’après elles, un groupe de militants avait dressé un poste de contrôle sur une route menant à Lice où ils ont mené des contrôles d’identités. Deux sergents et deux lieutenants de l’armée ont ainsi été identifiés et immédiatement emmenés par les guérilleros. Trois voitures ont également été incendiées. Des équipes spéciales de la gendarmerie ont déclenché une opération pour retrouver les soldats prisonniers.

Des heurts ont éclaté ce samedi à Istanbul et dans le sud-est du pays après le décès vendredi de deux manifestants tués par les forces de l’ordre au cours d’une manifestations à Yükekova. La foule était descendue dans les rues après avoir appris que des tombes de membres du PKK avaient été vandalisées. Les deux hommes ont été atteints respectivement de deux et six balles. A Istanbul, des heurts ont éclaté autour de Taksim Square. 200 personnes s’étaient rassemblées à proximité à l’appel du People’s Democratic Party, un nouveau parti comprenant des Kurdes et un certain nombre de petits partis de gauche. Après une vingtaine de minutes et la lecture d’une déclaration, le groupe se dispersait quand les forces anti-émeutes ont commencé à pourchasser les manifestants dans les rues adjacentes. La police et les manifestants se sont affrontés sur la Tarlabasi Avenue, la foule tirant des feux d’artifices vers les forces de l’ordre. Celles-ci ont tiré des gaz lacrymogène. Toujours hier, de nouveaux heurts ont éclaté à Yükekova alors que des manifestants avaient érigé des barrages de pneus enflammés sur une route. La police est intervenue avec des gaz lacrymogène et des canons à eau. Les manifestants ont répliqué en jetant des pierres.

Heurts à Istanbul

Heurts à Istanbul

Dimanche, près de 150 personnes s’étaient rassemblées devant l’ambassade d’Italie à Bruxelles pour exiger la libération de Bahar Kimyongür à la veille de l’audience devant la justice italienne au cours de laquelle son avocat allait demander qu’il soit libéré. Lundi, une cinquantaine de personnes étaient réunies devant le tribunal de Brescia où comparaissait Bahar. A l’issue de l’audience, le juge a considéré qu’il avait besoin d’informations complémentaires et d’un délai supplémentaire. L’avocat du militant a transmis de nouvelles pièces et le juge devrait statuer dans les cinq jours. Ce dernier a, par ailleurs, refusé de transférer Bahar de Bergame, où il est détenu sur ordre de la Turquie depuis le 21 novembre, à une prison de haute sécurité en Calabre.

UPDATE: Ce mardi 3 décembre, la justice italienne a ordonné l’assignation à résidence de Bahar Kimyongür… Le ressortissant belge devra donc rester en Italie le temps que la Cour d’Appel de Bergame se prononce sur la demande d’extradition turque.