>> Marco a été libéré le 10 mars 2017!

1. Contexte: Le nucléaire et les luttes antinucléaires en Suisse

La politique énergétique nucléaire en Suisse adoptait la forme du « projet Manhattan » aux USA. Peu après Nagasaki et Hiroshima, les autorités suisses lançait la propagande pour le dual use (civil et militaire) du nucléaire. La création d’une bombe atomique suisse était un objectif déclaré, auquel la Fédération donnait un crédit d’une importance jusqu’alors inconnue pour un projet de recherche avec l’usuel entrelacs entre industrie privée et institutions publiques (universités), au bénéfice des premières.
En 1946, BBC, Sulzer et Escher-Wyss (industries mécaniques) fondent la Commission d’Études Energie Nucléaire et le Consortium de Travail Réacteur Nucléaire, ou plus tard participent aussi Motorcolumbus et Elektrowatt. En 1963, la NOK (Nordostschweizerische Kraftwerke, maintenant partie de Axpo), BBC et Westinghouse, construisaient la centrale nucléaire de Beznau, avec un réacteur américain. Ensuite furent construites les centrales de Beznau II, Mühleberg, Gösgen, Däniken et Leibstadt. Avec la participation de toutes les grandes entreprises mécaniques suisses, en 1960 on projetait la construction d’une centrale de conception suisse à Lucens, subventionnée par l’Etat, mais le projet avorta avec l’explosion d’une barre combustible dans la centrale souterraine.
Une vaste mobilisation populaire contre les centrales nucléaires, allant jusqu’à des actions de sabotage, des incendies d’automobiles et de villas des lobbyistes du nucléaire. En 1973 à Olten il y eu la plus grande manifestation contre le nucléaire. Il y aura ensuite l’attaque contre le bureau de planification de la centrale de Verbois, contre les transformateurs à Verbier, l’occupation du chantier à Kaiseraugst, etc. Le 25 juin 1977 une intervention brutale de la police étouffe la première tentative d’occupation du chantier de la centrale de Gösgen.
Après cela, il y a beaucoup d’attentats antinucléaires (contre les CFF, contre le transformateur de Leibstadt, contre les pavillons d’information de Kaiseraugst et Gösgen, contre des pylônes) de la branche anticapitaliste (liées aussi à la révolte des jeunes et du mouvement étudiant des années ’60), mais aussi l’institutionnalisation d’une partie mouvement anti-nucléaire. Ces actions ont toujours encouragé, accompagné et anticipé les actions de masse.

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2. Premières actions, première condamnation

Marco Camenisch naît le 21 janvier 1952 en Suisse, à Schiers, un village dans les Alpes Rhétiques du canton Grison.
Il commence par son travail politique avec le soutien aux prisonniers en lutte et en 1978 il participe à la résistance antinucléaire. Au début du 1980, Marco est arrêté pour deux dynamitages: celui d’un pylône de la ligne à haute tension de la société électrique NOK (une des grandes sociétés qui exploitaient les centrales nucléaires disséminées sur tout le territoire Suisse) et celui du transformateur et pylône de la centrale de transformation électrique Sarelli.
Marco fut très lourdement condamné à dix ans de prison. La condamnation « normale » à ce moment-là en Suisse aurait été de quatre-six ans et même la presse réactionnaire s’est étonnée de la sévérité de la peine, qui à cette époque ne se donnait que pour homicide. Mais cette rigueur est due surtout à l’uniformisation répressive au contexte européen et international en général avec ses forts mouvements de guérilla révolutionnaire (Italie, Allemagne, etc.) et l’augmentation de la répression qui en découlait.

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Lire la déclaration de Marco à son procès (.pdf)

3. Evasion, cavale arrestation et détention en Italie

Le 17 décembre 1981, Marco Camenisch et quelques prisonniers italiens s’évadèrent de la prison de Regensdorf. Un gardien est tué et un autre blessé.
Pendant dix ans Marco Camenisch vit en cavale, continue son activité antinucléaire et écrit des articles pour la presse anarchiste.
Décembre 1989: un garde frontière à la frontière italo-suisse est tué et la presse et les autorités désignent immédiatement Marco Camenisch comme auteur. Marco Camenisch a toujours rejeté cette accusation. La longue cavale de dix ans termine le 5 novembre 1991 à cause d’un simple contrôle de papiers dans la province de Massa. Dans la fusillade, un carabinier et Marco sont blessés, tous le deux aux jambes.
Il rejette toute collaboration avec la justice et en mai 1992, il est condamné à 12 ans pour la fusillade avec les carabiniers et le dynamitage d’un pylône de la ligne à haute tension La Spezia-Accaiolo qui transporte le courant des centrales nucléaires françaises. Selon le «tarif terrorisme» italien c’était une peine relativement modérée. La raison de cette prudence relative des autorités locales est due à l’enracinement profond, historique et du moment, de la résistance radicale militante dans une zone pleine de bases OTAN et d’industries de guerre. Par exemple, juste après l’arrestation et tout près du lieu de celle-ci, un hôtel de luxe sera dynamité (vide pour cause de morte-saison) comme mise en garde aux autorités contre tout mauvais traitement envers Marco Camenisch.
Cette région a toujours connu un fort mouvement ouvrier (industrie du marbre), une forte résistance des partisans anti-fascistes, et aussi la présence d’une forte colonne des Brigades Rouges, dont la répression ne réussit à découvrir et arrêter que peu de militants. Dans la période de l’arrestation, l’écologisme furent part de la résistance populaire. Comme les grandes mobilisations contre l’usine chimique Montedison à Marina di Carrara, qui au début des années `90 avait massivement empoisonné la région avec la dioxine. Ou la résistance contre les différents incinérateurs construits et prévus sur le territoire, ou encore contre la pollution électromagnétique de la ligne à haute tension déjà mentionnée. Autres exemple de résistance de cette région : la lutte contre les expulsions et la spéculation immobilière qui conduisit aux dynamitages d’entreprises et de villas de luxe en bord de mer.

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Lire la déclaration de Marco sur son évasion (.pdf)

Lire le texte de Marco envoyé à un journal anarchiste italien (.pdf)

4. Extradition, procès et détention en Suisse

A la fin de sa peine italienne, en avril 2002, Marco Camenisch est extradé en Suisse pour purger les huit années restantes de sa première condamnation, et pour comparaître au procès pour l’évasion et la fusillade à la frontière. La procédure dure de 2002 à 2004 et le procès – qui fut l’occasion d’une vaste campagne de solidarité – finissait avec l’acquittement pour la mort du gardien et mais la condamnation à 17 ans pour la mort du garde frontière. Cette condamnation est attribuable au manque de «repentir» et à sa revendication résolue de la nécessité toujours plus urgente d’une subversion révolutionnaire de l’ordre mondial capitaliste et impérialiste. Ces 17 ans ont été infligés en ouverte violation (dans ce cas spécifique) du code pénal suisse. En mars 2007 la peine devait être réduite au maximum juridiquement possible (dans ce cas spécifique) de 8 ans et la somme est de 30 ans de taule avec fin de la peine en mais 2018.

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Lire « L’esthétique du choix », un document de Marco (.pdf)

Lire la déclaration de Marco à son procès italien (.pdf)

5. Une interminable détention

En Suisse, les prisonniers ont droit à une sorte conditionnelle au deux tiers de la peine en cas de bonne conduite. Marco a maintenant dépassé ce seuil et cette sortie lui est refusée non pas pour « mauvaise conduite » mais pour « mauvaise pensées ». Son identité verte anarchiste n’a jamais été brisée. Le fait qu’il ne renie rien est ouvertement utilisé comme motivation par les instances de la justice zurichoise pour toute libération. Marco se dit toujours anarchiste et « serait de l’avis que la société se trouve en guerre », voilà la motivation officielle de ces autorités.
Mais malgré la prison, Marco participe aux luttes des prisonnières et prisonniers politiques et sociaux et par ailleurs confirme la nécessité de la résistance solidaire contre ce système de domination. Il a un rôle actif dans l’union de différentes situations de lutte (anarchistes, écologistes et groupes qui construisent le Secours Rouge International) et dans la construction de relations fortes, de solidarité et de proximité.
Pour cette raison, de nombreuses forces en Suisse, en Italie et ailleurs se sont rapprochées entre elles à l’occasion de mobilisations de soutien à Marco.
Dans ces années Marco a toujours été au côté des luttes. Sa voix, sa pensée, son travail de traduction incessant et important, ses nombres de contributions et grèves de la faim solidaires transmettent une solidarité, qui, avec un réseau presque mondial de communication e de solidarité pratique avec les prisonnières et prisonniers révolutionnaires, est libre de sectarisme et dogmatisme. Ses nombreux textes contribuaient et contribuent toujours à la croissance et au renforcement d’un parcours de lutte contre toute forme d’oppression et d’exploitation.
En avril 2010, trois anarchistes italiens sont arrêtés et condamnés en Suisse pour tentative d’attentat contre le centre de recherche en nano-technologie d’IBM. Marco formera depuis avec eux une communauté de lutte, menant notamment plusieurs grève de la faim collectives solidaires.

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Lire la déclaration de Marco sur son extradition d’Italie vers la Suisse (.pdf)

Lire une déclaration de grève de la faim de Marco, Silvia, Billy et Costa (.pdf)

6. Annexe: La solidarité avec Marco en Belgique

La solidarité internationale avec Marco compte littéralement des centaines d’initiatives: manifestation devant les prisons où il était détenus ou devant les représentations suisses, affiches et tags, dynamitages de pylônes, éditions de ses textes, etc. En Belgique cependant, les initiatives restent rares (merci de nous signaler les oublis pour compléter ce dossier).
18 janvier 2003: manifestation devant la chancellerie de Suisse co-organisée par l’Anarchist Black Cross de Gand et le Secours Rouge.

Manifestation pour Camenisch

Manifestation pour Camenisch

3 novembre 2003: Manifestation devant la chancellerie de Suisse co-organisée par les mêmes; la police intervient, interpelle dix manifestants, confisque les calicots et empêche le rassemblement.

16 novembre 2003: La porte de la chambre de commerce suisse à Bruxelles est cadenassée et barricadée avec un panneau.

Bombage pour Camenisch

Bombage pour Camenisch

8 mars 2007: L’agence de la société (suisse) d’interim ADECCO à Uccle est taguée.

Bombage pour Marco Camenisch

Bombage pour Marco Camenisch

2011: Marco est un des quatre prisonniers révolutionnaires non-repentis de longue durée emblématiques mis en avant, en Belgique comme ailleurs, dans une campagne du Secours Rouge International. Collages à Bruxelles.

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juillet 2012: Publication d’un Cahier du SR consacré à Marco

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29 août 2012: Marco Camenisch est en grève de la faim. La façade de la représentation de la Suisse auprès de l’Union Européenne est taguée en solidarité à Bruxelles.

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2013: Nouvelle affiche du Secours Rouge International avec collages à Bruxelles.

Affiche du SRI pour Marco Camenisch

Affiche du SRI pour Marco Camenisch


Collages à Bruxelles (2013)

Collages à Bruxelles (2013)

20 février 2015: Meeting pour la libération de Marco au Pianofabriek.

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23 juin 2015: Le siège des sociétés énergiques/nucléaires AREVA et ABB est tagué à Bruxelles en solidarité avec Marco (lire le communiqué)

Nelson Mandela est devenu membre du Congrès National Africain (ANC) en 1944, afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale. Devenu avocat, il participe à la lutte non violente contre les lois de l’apartheid. C’est dans les luttes des années ’50 que se forme la triple alliance entre l’ANC, le COSATU (l’union des syndicats) et le parti communiste sud-africain (SACP, interdit depuis 1950). En 1960, après le massacre de Shaperville, (69 manifestants désarmés tués par la police) Mandela défend l’usage de la violence : « La dure réalité, c’est que cinquante années de non-violence n’ont rien apporté d’autre aux Africains qu’une législation plus répressive et de moins en moins de droits.»

Le massacre de Sharpville

Le massacre de Sharpville

L’option de la lutte armée fut mis sur la table par Mandela dans une réunion en juin 1961 avec le principal dirigeant du SACP, Moses Kotane. Celui-ci critiqua cette proposition avec les arguments habituelles dans les PC pro-soviétiques (la lutte armée était une « réaction désespérée », le fruit d’un « manque de patience, de détermination et d’imagination dans l’emploi des vieilles méthodes », etc.). Mandela lui répondit qu’il reproduisait l’erreur du Parti communiste de Cuba sous Batista qui, sous prétexte que « les conditions n’étaient pas réunies » avait laissé l’initiative aux castristes. A l’intérieur de l’ANC, Mandela dû batailler pour imposer l’idée de la lutte armée (notamment face aux Sud-Africains d’origine indienne, fort imprégnés de gandisme).

Mandela emporte la décision et est chargé de développer la lutte armée. Il fonde l’Umkhonto we Sizwe (La lance de la nation ou MK), une organisation militaire dont les militants proviennent du SACP, de l’ANC et du COSATU. Le commandement est formé de Mandela et Walter Sisulu (pour l’ANC) et de Joe Slovo (pour le SACP). Le 16 décembre (jour où les Sud-Africains blancs célébraient la victoire des Boers sur les Zoulous en 1838) 1961, les premières bombes de la MK explosent dans des centrales électriques et des bureaux du gouvernement à Johannesburg, Port Elizabeth et Durban.

sabotage de l'uMkhonto weSizwe

sabotage de l’uMkhonto weSizwe


Affiche de la MK

Affiche de la MK

Après 17 mois de clandestinité (comprenant un voyage de formation militaire et de recherche de soutien en Chine, en Algérie et en Ethiopie), Mandela est arrêté le dimanche 5 août 1962, en compagnie de Cecil Williams, un Blanc, directeur de théâtre et membre de MK, sur une route les menant à Johannesburg. Il est condamné à 5 ans de prison.

Les services secrets sud-africains parviennent à infiltrer la MK et le 11 juillet 1963, la police arrête plusieurs dirigeants de l’ANC et de la MK, parmi lesquels Walter Sisulu. Un nouveau procès à lieu pour sabotages, trahison, liens avec le SACP, et complot d’une invasion du pays par l’étranger. Le « procès de Rivonia » débute le 9 octobre 1963 à Pretoria. Dans sa déclaration pour sa défense le 20 avril 1964, devant la Cour suprême à Pretoria, Nelson Mandela défend le recourt à la lutte armée. Les accusés sont condamnés (sauf un) à la détention à perpétuité.

Les inculpés du procès de Rivonia

Les inculpés du procès de Rivonia

L’infiltration des services secrets sud-africain avait porté de grands coup à la MK mais n’arriva pas à la déraciner. Commandée par le seul Joe Slovo (futur secrétaire général du SACP), la MK revendique entre 1961 et 1963 environ 134 actions amées. Le 1er mai 1963, le gouvernement prit un décret qui donnait le pouvoir à tout officier de police d’arrêter sans mandat toute personne soupçonnée de crime politique. Ceux qui étaient arrêtés pouvaient être détenus, sans procès, sans chef d’inculpation, sans possibilité de contacter un avocat pendant 90 jours, cette détention pouvant être prolongée indéfiniment.

Les membres présumés de la MK furent systématiquement battus et torturés à l’électricité, par étouffement, etc. Des peines (de cinq ans de prison jusqu’à la peine de mort) punissaient pour ceux qui « favorisaient les objectifs » des organisations interdites. La reproduction de toute déclaration d’un membre de l’ANC ou du SACP était ainsi interdite et la possession d’une publication interdite était passible de deux ans de prison. Et comme le disait Mandela: « Pendant les moments les plus tristes, Amnesty International ne faisait pas campagne pour nous parce que nous avions utilisé la lutte armée et cette organisation ne défendait aucune personne qui avait choisi la violence. »

Mandela dans sa cellule

Mandela dans sa cellule

En 1965, La MK installe des bases dans les pays limitrophes, dont notamment en Angola, et en Tanzanie où ses combattants sont formés par des instructeurs soviétiques et cubains. Certains élèves reçoivent une formation en URSS, en Allemagne de l’Est ou en Tchécoslovaquie. La MK relance la guérilla rurale et urbaine. L’action la plus dévastatrice survient le 20 mai 1983. Une voiture piégée vise siège voisin de la South African Air Force. La bombe explose quelques minutes trop tôt, tuant les deux combattantes de la MK et 15 autres personnes (dont 7 de la SAAF), en blessant 217 autres (84 de la SAAF). Le régime réplique par les escadrons de la morts qui qui assassineront des centaines de personnes et frapperont jusqu’en Europe (assassinat de Dulcie September en France en 1988).

Combattant de la MK en formation en Tanzanie

Combattant de la MK en formation en Tanzanie


L'attentat de Churchstreet

L’attentat de Churchstreet

En février 1985, le président Pieter Botha avait proposé à Nelson Mandela la liberté conditionnelle en échange d’un renoncement à la lutte armée, ce que Mandela avait rejeté en disant : « Seuls les hommes libres peuvent négocier ». En juin 1988 a lieu le concert hommage des 70 ans de Nelson Mandela à Wembley, regardé par six cents millions de téléspectateurs dans 67 pays, qui expose au niveau mondial la captivité de Mandela et l’oppression de l’apartheid. Mandela mis en résidence surveillée le 7 décembre 1988 et relâché le 11 février 1990. Mandaté par l’ANC, il entame en déclarant à la presse: « il n’y a aucune contradiction entre mon soutien à la lutte armée et ma demande de négociations. C’était la réalité et la menace de la lutte armée qui avaient amené le gouvernement au seuil des négociations. »

Il mène les négociations avec le gouvernement qui aboutissent au cessez-le-feu, au démantèlement du système d’apartheid. En 1993, il reçoit, avec le président de Klerk le prix Nobel de la paix. En 1994, il devient le premier président noir d’Afrique du Sud en 1994. A ce moment, l’ANC est encore sur la liste des « organisations terroristes » des USA. Elle n’en sera rayée qu’en 2008…

Winnie Mandela, Nelson Mandela, Joe Slovo

Winnie Mandela, Nelson Mandela, Joe Slovo

Victor Serge, de son vrai nom Viktor Kibaltchitch est né en Belgique en décembre 1890 de parents russes émigrés politiques. Dès l’âge de quinze ans, alors qu’il était apprenti photographe, il milita dans la Jeune Garde socialiste, à Ixelles. Très anti-militariste et anti-colonialiste, il commence en 1906 à fréquenter les milieux anarchistes de Bruxelles. Tout en vivotant de métiers variés il écrivait dans diverses publications libertaires et participait aux manifestations contestataires qui finissaient en bagarre avec la police, ce qui lui valut perquisitions et arrestations.

En 1909, il quitte la Belgique pour Paris, où il continue à écrire dans la presse anarchiste et à tenir des conférences de tendance anarchiste-individualiste. Pour avoir hébergé les principaux membres de la bande à Bonnot et refusé de les dénoncer, il fut condamné en 1912 à cinq ans de réclusion, qu’il effectua de 1912 à 1916. Il évoqua plus tard cette expérience dans son roman, Les Hommes dans la prison.

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Expulsé à l’issue de sa peine, il rejoint Barcelone, y devint ouvrier-typographe, écrivit pour le périodique anarchiste Tierra y Libertad (où il adopte le pseudonyme de Victor Serge) et participe en juillet 1917 à une tentative de soulèvement anarchiste avant de revenir clandestinement en France, où il fut à nouveau emprisonné. Pendant son internement, il tente de rejoindre la Russie révolutionnaire, est arrêté et emprisonné. En janvier 1919, il fut échangé avec d’autres prisonniers dans le cadre d’un accord franco-soviétique et put gagner la Russie soviétique. Il évoqua cette période dans son livre Naissance de notre force.

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Victor Serge adhéra au parti communiste russe en mai 1919. Son passage de l’anarchisme au marxisme, considéré comme un reniement par certains libertaires, l’amena à beaucoup écrire pour défendre le régime soviétique vis-à-vis de ses anciens camarades. Tout en expliquant ce qu’il considérait comme des erreurs de la part des anarchistes russes, il s’efforçait d’atténuer la répression à leur encontre. Mobilisé à Pétrograd au moment de l’offensive des armées blanches de Youdenitch (épisode qu’il raconta dans La Ville en danger), c’est pendant le siège de la ville qu’il se voit confier la garde des archives de la police politique tsariste, l’Okhrana. Il est chargé de les évacuer vers Moscou ou, le cas échéant, de les dynamiter pour empêcher les Blancs victorieux de récupérer leurs fichiers. Après la défaite des blancs, il exerça diverses fonctions pour le parti.

En 1920 et 1921, il assista aux congrès de l’Internationale communiste et collabora dans les années suivantes à l’Exécutif de l’Internationale. Dans les années vingt, il écrivit des articles pour la presse communiste internationale, et notamment une série de trois articles est publiée en novembre 1921 à Paris sur les méthodes de l’Okhrana.

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Ces trois articles formeront la première partie (chapitres 1, 2 et 3), la plus longue, de Ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur la répression. Victor Serge les a écrit à Moscou, où il travaille au commissariat des Affaires étrangères. C’est d’abord une longue description du fonctionnement de l’Okhrana. Ses archives révèlent, outre des techniques classiques – filatures, écoutes téléphoniques, interceptions de courrier, procédés anthropométriques –, une utilisation extraordinaire de l’infiltration et de la provocation. C’est sur cette base que se fondent les conseils de Serge aux révolutionnaires internationaux, conseils gardant une grande actualité

En 1921, Serge part pour l’Europe centrale. A Berlin, où il travaille à la rédaction de l’Inprekorr (l’agence de presse de l’internationale communiste), il assiste à l’écrasement de l’insurrection communiste d’octobre 1923, en Saxe, en Thuringe et à Hambourg. C’est à Vienne que Victor Serge rédige en 1925 la seconde partie (le chapitre 4) de ce qui deviendra de Ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur la répression. Intitulée Le problème de la répression révolutionnaire, elle sera publiée à Paris. Le livre complet sera publié dans son ensemble en 1926. Immédiatement publié à 3.000 exemplaires, cet ouvrage devenu un grand classique de l’anti-répression sera réédité plusieurs fois réédité, parfois à des tirages astronomiques.

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En 1923, il devient membre de « l’opposition de gauche » dans le parti et dénonce la politique staliniste en URSS et dans l’Internationale communiste. Cela entraîna en 1928 son exclusion du parti pour « activités fractionnelles ». Placé sous surveillance, sa situation matérielle se dégrada. L’autorisation d’émigrer lui est refusée et, en 1933, Victor Serge fut condamné à trois ans de d’exil sous surveillance dans l’Oural. Une campagne internationale fut menée en sa faveur, animée par les trotskistes. C’est finalement grâce à une intervention directe de Romain Rolland auprès de Staline qu’il est libéré, déchu de sa nationalité soviétique et banni d’URSS en 1936. Depuis la Belgique, puis la France, Victor Serge continua de dénoncer l’URSS de Staline (notamment dans le journal socialiste de Liège, La Wallonie). Il passa la guerre réfugié au Mexique et y mourut dans le dénuement en 1947.

Lire Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression (.pdf)

La nuit du 7 juillet, des membres et des sympathisants du Secours Rouge ont réveillé la prison de Tournai en tirant des feux d’artifice et en lançant au mégaphone des appels à la solidarité avec Jon Lopez Gomez qui y était détenu. Les prisonniers de Tournai ont salué cette intervention avec des acclamations.

Solidarité à la prison de Tournai

Solidarité à la prison de Tournai

Communiqué de l’initiative – format pdf

Le 2 juillet, un grand calicot sur lequel on pouvait lire ‘STEEUN (soutien à) JON & DIEGO’ ainsi que l’étoile rouge à cinq branches (qui, depuis la révolution soviétique, symbolise l’union des travailleurs en lutte des cinq continents) et le drapeau basque, a été accroché avant l’aube, rue Archimède, au sommet d’une grue surplombant le quartier européen. Cette initiative a été réalisée pour soutenir les deux militants de la gauche indépendantiste basque détenus en Belgique.

Banderole pour les militants basques

Banderole pour les militants basques

Les deux militants basques étaient au Palais de justice Bruxelles. Ils avaient assignés en référé le Ministère de la justice pour que soit levé le régime d’isolement total qu’ils subissent. Le comité d’information basque Txalaparta avait appelé à une présence solidaire à l’audience. Une délégation du Secours Rouge s’est donc rendue au Palais de justice rejoindre les membres de ce comité qui portaient des t-shirts ‘ISOLEMENT = TORTURE’.

Devant le palais de justice

Devant le palais de justice