1. Téléphones fixes

1. 1. Téléphones fixes

Le risque des téléphones fixes est largement connu. Lorsqu’on téléphone, on peut toujours supposer que les forces de la répression puissent écouter. Qu’il s’agisse d’un raccordement analogique traditionnel ou de l’ISDN. D’ailleurs, il est possible d’espionner une pièce par un microphone qui peut être placé dans le téléphone.

1. 2. Fax

Le fax est aussi facilement espionnable.

1. 3. Modem analogique ou ISDN

Il y a eu des essais d’écouter une pièce par le moyen d’un microphone dans un modem. Ces essais ont partiellement eu du succès. Même si le téléphone fixe est débranché, une possibilité d’écoute subsiste.

2. Téléphones mobiles

2. 1. L’écoute des communications

Un téléphone portable peut être intercepté tout comme les téléphones fixes traditionnels. Il en est de même pour les SMS et les MMS. Ces informations passent par la société téléphonique et peuvent y être observées ou enregistrées aisément.

2. 2. L’écoute d’ambiance

L’écoute d’un portable en veille ou même éteint est possible. Exactement par le même chemin qu’emprunte les SMS ou les configurations Internet pour les mobiles. L’ordre (« ouvre ton micro mais sans déclencher la sonnerie ou allumer l’écran ») arrive à la carte SIM qui l’exécute. Il faut que la carte SIM et le téléphone aient été prévus pour, ce qui n’est pas toujours le cas. Il y a ainsi un logiciel sous Symbian (l’OS des smartphones de Nokia), qui permet effectivement de transformer le téléphone en micro d’ambiance. Mais encore faut-il que ce logiciel soit installé sur le mobile, et il n’est possible de le faire que si un policier a pu avoir le téléphone en main quelques instants.
Car il y a bien une seconde méthode pour transformer de nombreux téléphones en espion. Elle consiste à pirater le logiciel du téléphone lui-même. Chaque appel de l’utilisateur déclenche un appel vers un autre utilisateur, en simultané. Il faut pour cela également avoir le gsm le téléphone en main pour le modifier (cela prend trois à quatre minutes dans les cas les plus simples).
Notons que ces logiciels sont en vente (avec comme argument de vente: « transformez votre téléphone en micro espion ») sur des sites comme celui-ci ou celui-ci.

2. 2. Profil de mouvement

Il est possible de surveiller la localisation d’un GSM. Dans les endroits avec de nombreuses cellules, par exemple dans les villes, les mouvements d’un GSM peuvent être observés de manière assez exacte.

2. 3. Saut de cellules

Une cellule est une ou plusieurs antennes qui transmettent les informations du téléphone portable, par exemple lors d’une communication, vers la société téléphonique. Par là, la société téléphonique peut voir quel GSM se trouve dans une certaine cellule. Dès qu’une communication s’établit, que ce soit par appel ou par SMS, le téléphone portable se raccorde à l’antenne assurant la meilleure réception. Si nous sommes en mouvement, nous laissons donc une trace et permettons de voir dans quelle direction nous nous dirigeons. Pour cette raison, il est inutile de nous diriger vers une réunion clandestine et d’éteindre notre GSM une fois que nous sommes arrivés. Si votre téléphone portable est surveillé, dès que vous écrivez un SMS, que vous appelez quelqu’un ou que vous recevez un SMS ping (on y reviendra), on peut voir où vous vous trouvez. Même s’il n’est pas possible d’écouter un GSM qui est éteint et qui se trouve à une réunion, il est important de savoir que, si des GSM surveillés se rencontrent dans un même endroit à une même heure, cet endroit ne doit plus être choisi comme lieu de rencontre après.

2. 4. SMS ping

Le SMS ping est une technique qui est utilisée pour localiser un GSM. La société téléphonique envoie un signal au téléphone, assez similaire à un SMS. Par là, une communication est établie qui permet à nouveau d’observer dans quelle cellule se trouve le GSM. Après ce bref moment, la communication est terminée. Le SMS ping est donc un moyen par lequel une communication est établie avec le téléphone portable sans que cela puisse se voir sur l’écran du téléphone.

2. 5. N° IMSI etc.

Un téléphone portable communique par différents numéros avec le service téléphonique et les cellules. Nous connaissons les numéros d’appel. Cependant, à côté de ce numéro, chaque téléphone a un numéro. Ce numéro est appelé n°IMSI. Grâce à ce numéro, le téléphone est toujours identifiable, même dans le cas du changement de la carte SIM.

2. 6. IMSI Catcher

Le IMSI Catcher est un outil que les policiers peuvent installer dans le coffre de leurs voitures. Il simule la cellule d’une société téléphonique, mais avec un peu plus de puissance. Par ce fait, les téléphones portables ne se connectent pas à la cellule officielle mais à ce IMSI Catcher. Par ce moyen, les policiers peuvent découvrir avec quel GSM on téléphone et prendre connaissance des numéros IMSI et IMEI. Dans ce cas, l’utilisation du GSM de quelqu’un d’autre ou d’un GSM réservé à la militance est inutile.

De plus, par le moyen du IMSI Catcher il est possible d’intercepter directement la communication à partir de la voiture. Les dernières versions connues de cet engin n’ont permis que la communication à partir du téléphone et pas les appels vers le téléphone. Ceci va probablement changer rapidement.

Le désavantage le plus grand pour les policiers est que, s’ils utilisent cet outil, ils doivent mener une filature. Ils doivent donc rester proche du GSM ciblé pour ne pas perdre le contact. Mais comme toutes les autres, cet outil va aller en se miniaturisant.

imsi catcher
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2. 7. Pour être certain…

Pour être certain qu’un téléphone portable n’émet plus de signaux, il est conseillé de retirer la batterie du téléphone. En faisant ceci, on peut être rassuré que le GSM soit éteint et en plus, les changements techniques qui ont peut-être été introduits ne peuvent pas fonctionner sans électricité. Cependant il faut être vigilant. Certains fabricants ont annoncé vouloir mettre sur le marché des GSM qui peuvent fonctionner pendant un certain temps grâce à une deuxième batterie intégrée (pour effectuer des appels d’urgence etc.). Si possible il vaut donc mieux déposer le GSM quelque part et le reprendre après la réunion. Enlever sa batterie sans éteindre le téléphone au préalable peut-être une opération plus discrète car, sauf si il y a une tentative de connexion, l’opérateur (et donc la police) ne recevra pas le signal « coupure du téléphone ». On a vu des dossiers d’instructions dans lesquels le fait d’avoir coupé au même moment son téléphone était un indice fort de complicité.

3. Écoutes directes

3.1. Micros cachés

La pose de micros dans les appartements, voitures ou même lieux publics est une vieille pratique policière. Les policiers ont des scénarios bien rodés pour s’assurer des complicités (pour que les serveurs d’un restaurant posent eux-même un micro sous une table où discutaient des révolutionnaires italiens, les policiers ont affirmé qu’ils enquêtaient sur un réseau pédophile). Les photos ci-dessous montrent un micro avec un émetteur à ondes courtes de 300 mhz retrouvé dans un squat milanais, à l’intérieur d’un compteur électrique fermé et scellé.

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3.2. Micros directionnels

Des micros directionnels amplificateurs permettent d’écouter à distance les conversations. Leur efficacité varie énormément selon les modèles et selon les ambiances. Certains modèles sont particulièrement discrets.

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3.3. Caméras cachées

Ce qui est vrai des micros est aussi vrai des caméras. Voici une caméra cachée par la police chez des activistes à Bruxelles:

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3.4. Vidéosurveillance

Certains réseaux de vidéosurveillance peuvent servir en direct à des filatures. C’est le cas du réseau de caméra de la SNCB qui est, avec plus de trois mille caméras, le plus grand système de vidéosurveillance du pays. Le Security Operation Center de la SNCB travaille 24h sur 24, et un poste de travail y est en permanence réservé à des policiers chargés de ’filer’ des suspects de caméra en caméra.

4. Autres techniques de filature IT

4.1. Surveillance par GPS

De la même manière qu’ils peuvent placer un micro dans une voiture, les policiers peuvent placer une balise GPS dans une voiture. Une simple balise GPS, dotée de sa propre batterie, peut-être cachée en quelques secondes sous la voiture, derrière un pare-choc, etc. Quand il est doublé d’un micro, le dispositif GPS est souvent relié à l’alimentation électrique via les fils de la lumière de l’habitacle intérieur (quand ce n’est pas directement aux fusibles). Le dispositif retrouvé par des militants en Italie était composé d’un téléphone portable modifié, d’une antenne, d’un GPS et d’un micro. L’ensemble était placé entre la carrosserie et le revêtement intérieur, et fixé à l’aide de deux aimants.

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La surveillance des personnes par balise GPS est plus problématique. Des gadget pour VIP existent bien (ceintures contenant une balise GPS invisible) mais placer un tel dispositif à l’insu d’une personne est problématique.

4.2. Surveillance par marqueur RFID

La technologie RFID (radio frequency identification) permet de mémoriser et récupérer des données à distance en utilisant des marqueurs. Ces marqueurs sont des étiquettes ou des capsules, qui peuvent être collés ou incorporés dans des objets ou des organismes. Ils comprennent une antenne associée à une puce électronique qui leur permet de recevoir et de répondre aux requêtes radio émises depuis l’émetteur-récepteur.

C’est ainsi que la carte MOBIB ou le passeport biométrique sont « lus » par les bornes ad-hoc. Les puces RFID ont cet avantage de n’avoir besoin d’aucune alimentation. Cette médaille a aussi son revers: il est besoin d’un lecteur proche capable de communiquer avec la puce. Cela en limite l’usage policier. Ce qui n’empêche pas cette technique d’être utilisées par les « services ». Le département de la Défense US a découvert à plusieurs reprises chez des entrepreneurs du secteurs de la défense des pièces de monnaie dans lesquelles étaient insérées des traceurs RFID.

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4.3. Surveillance par drones

Dernier moyen de surveillance hi-tech: le drone. Plusieurs polices européennes (France, grande-Bretagne…) ont fait des essais de drones comme substitut économique aux hélicoptères (notamment pour le contrôle des manifestations et la surveillance du trafic), et les seuls problèmes rencontrés sont les tourbillons d’air générés par les grandes villes et les risques de collision avec les immeuble qui en résultent. L’usage policier du drone reste cependant, en Europe, exceptionnel ou expérimental.

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Il est cependant appelé à se développer, les drones devenant de plus en plus fiables. Les forces spéciales israéliennes emploient déjà de manière opérationnelle un petit drone silencieux capable de mener une filature de jour comme de nuit en milieu semi-urbain. Le « Ghost » est un drone silencieux d’environ 4 kg, ayant une portée de 4 km, 30 mn d’autonomie, une vitesse d’environ 60 km à l’heure. Il mesure 1m47 de long et le rotor 75 cm, est capable de pénétrer à l’intérieur de bâtiments par les fenêtres.

Fils de paysan, autodidacte, Fransisco Ferrer suit les cours du soir dispensés par les organisations républicaines et les sociétés ouvrières. Se rapprochant des milieux libertaires barcelonais, il découvre les grands théoriciens anarchistes mais s’affirme finalement comme républicain progressiste, finalement franc-maçon. En 1886, il prend part à la tentative insurrectionnelle républicaine du général Villacampa qui échoue. Obligé de s’exiler, il se réfugie à Paris où il vit de petites métiers et milite activement au sein de la Libre-pensée.

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A une période où les attentats anarchistes réalisent des attentats spectaculaires aux quatre coins de l’Europe, Francisco Ferrer s’affirme comme partisan d’une évolution progressive de la société par le développement de l’éducation. Il postule que l’émancipation de l’individu par l’instruction aboutirait naturellement à la transformation de la société. En 1895, Il enseigne l’espagnol dans plusieurs écoles et publie un manuel d’espagnol qui sera fort apprécié et servira de modèle. S’intéressant de plus en plus aux questions pédagogiques, enthousiasmé par la conception de l’éducation intégrale de Paul Robin, Ferrer il retourne en 1901 à Barcelone et pour y fonder une école primaire moderne avec l’héritage que lui a légué une de ses anciennes élèves,

L’Eglise catholique a alors le monopole de l’enseignement, mais Ferrer surmonte tous les obstacles et ouvre les portes de L’Escuela moderna le 8 octobre 1901. Elle accueille 30 élèves : 12 filles et 18 garçons, mais les effectifs augmenteront rapidement. Ferrer résume ainsi son projet : « Fonder des écoles nouvelles où seront appliqués directement des principes répondant à l’idéal que se font de la société et des Hommes, ceux qui réprouvent les conventions, les préjugés, les cruautés, les fourberies et les mensonges sur lesquels est basée la société moderne. » et sa démarche pédagogique : « L’objet de notre enseignement est que le cerveau de l’individu doit être l’instrument de sa volonté. Nous voulons que les vérités de la science brillent de leur propre éclat et illumine chaque intelligence, de sorte que, mises en pratique, elles puissent donner le bonheur à l’humanité, sans exclusion pour personne par privilège odieux. »

L'école moderne
L'école moderne

L’école de Ferrer fait école : de nombreux centres éducatifs rationalistes voient le jour dans tout le pays, suscitant l’hostilité de la réaction. Parallèlement Ferrer subventionne et écrit pour le journal ouvrier La Huelga General (La Grève Générale) de 1901 à 1903 et contribue en 1907 à la création du syndicat Solidaridad Obrera et de son journal. En 1909, il participe à la campagne pour la libération des prisonniers de Alcalá del Valle.

Le 31 mai 1906, le jour du mariage du roi Alfonso XIII, une bombe explose au milieu du cortège, provoquant la mort de 28 personnes. L’auteur de l’attentat, Mateo Morral avait été traducteur et bibliothécaire à l’École Moderne, ce qui suffit à entraîner sa fermeture. Ferrer lui-même est arrêté et accusé d’être l’instigateur de l’attenta. En dépit de nombreuses protestations, il est emprisonné plus d’un an. Son procès tourne court, car aucune charge précise ne peut être retenue contre lui. Il est finalement acquitté, le 10 juin 1907.

L'attentat contre Alfonse III
L'attentat contre Alfonse III

Francisco Ferrer tente vainement d’obtenir l’autorisation de rouvrir l’École Moderne. Il décide alors de retourner à Paris et, pour donner une dimension internationale à son œuvre pédagogique, il séjourne dans plusieurs capitales européennes dont Bruxelles et Londres. Il fonde en avril 1908 la Ligue internationale pour l’éducation rationnelle de l’enfance (Président Honoraire : Anatole France), publie une revue (L’École Rénovée) et dirige une une maison d’édition.

En 1909, au début de la Guerre du Rif au Maroc, le gouvernement espagnol déclare la mobilisation. Le 26 juillet, à Barcelone, Solidarida Obrera et le syndicat socialiste UGT proclament une grève générale pour protester contre la guerre. En quelques heures, la ville est paralysée. Le peuple insurgé déborde les cadres des organisations et, dans la nuit du 27, incendie les églises et les couvents. Le gouvernement proclame la loi martiale et envoie l’armée pour écraser la grève. Mais une partie des militaires et des gardes civils refusent de tirer sur les grévistes et se mutinent. Ce n’est que trois jours plus tard, le 29 juillet, que le gouvernement écrase l’insurrection. La répression, sanglante, dure jusqu’au 2 août. Le bilan de la « semaine tragique » est de 78 morts, 500 blessés et 2.000 arrestations.

Barcelone 1909
Barcelone 1909

Semaine tragique à Barcelone 1909
Semaine tragique à Barcelone 1909

L’évêque de Barcelone déclare responsables de la « semaine tragique » « les partisans de l’École sans dieu, de la presse sectaire et des cercles anarchistes qu’il faut supprimer ». Ferrer, qui n’est pour rien dans les événements, est arrêté et mis au secret. Un mouvement de solidarité se développe aussitôt, notamment en France où, les anarchistes et les républicains démocrates et progressistes mobilisent : Anatole France, Henri Rochefort, Séverine et Maeterlinck s’engagent. L’instruction, à charge, est bâclée et le 6 octobre, Ferrer doit désigner un avocat sur une liste de huit officiers, son défenseur ne peut examiner les 600 pages du dossier qu’à la veille du procès. Le 9 octobre, le tribunal militaire siège : Ferrer a à peine la parole, ses juges refusent l’audition des témoins et la sentence est tenue secrète. Le 11 octobre, Francisco Ferrer est transféré à la citadelle de Monjuich. Le 12 octobre, sa condamnation à mort lui est notifiée. Il est amené le lendemain matin devant un peloton d’exécution auquel il lance: « Mes enfants, vous n’y pouvez rien, visez bien. Je suis innocent. Vive l’École Moderne».

Francisco Ferrer
Francisco Ferrer

Le 13 octobre, lorsque Francisco Ferrer est exécuté, le scandale est énorme. Une manifestation spontanée rassemble à Paris, plusieurs dizaines de milliers de personnes qui investissent l’ambassade d’Espagne. Les policiers à cheval chargent, blessant de nombreuses personnes, certains manifestants sont armés et tirent, un policier est tué. La deuxième manifestation Ferrer, le 17 octobre 1909, instaure une pratique appelée à se développer : l’encadrement conjoint d’une manifestation par ses organisateurs et la police.Dans le bassin de Charleroi, on hisse des drapeaux noirs sur les maisons du peuple. En Argentine, un meeting improvisé par la Fédération ouvrière régionale argentine, réunis 20.000 ouvriers qui appellent à la grève générale. Elle sera effective le lendemain et durera jusqu’au 17 octobre. C’est dans le monde entier une protestation massive qui contraint 50 consuls d’Espagne à démissionner de leurs postes à l’étranger. Surpris par l’ampleur de la réprobation, le gouvernement espagnol démissionne une semaine plus tard. Le procès de Ferrer est révisé en 1911, et la condamnation reconnue « erronée » en 1912.

Monument à Francisco Ferrer
Monument à Francisco Ferrer

28/07/2005

Z

Le film Z est un chef d’oeuvre de Costa-Gavras, un classique du cinéma politique et du cinéma en général. Le film, qui a été tourné en 1969 est un réquisitoire contre la dictature des colonels instaurée le 21 avril 1967 en Grèce. Ζ (zêta) est l’initiale du mot grec ζει/zi, qui signifie « il vit » ou « il est vivant ». Les opposants inscrivaient cette lettre sur les murs pour protester contre l’assassinat de Lambrakis. Le film adapte en effet le roman éponyme de Vassilis Vassilikos fondé sur un fait réel : l’assassinat du député grec Grigoris Lambrakis en 1963.

La Grèce des années ’50 est dans la continuité de l’écrasement de la Résistance (dont la force principale est le Parti Communiste) par la coalition des monarchistes, des anciens collaborateurs des nazis, et du corps expéditionnaire britannique : interdiction du Parti communiste, camps de concentration pour condamnés et « suspects » politiques, etc.

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Le Parti de la Gauche démocratique Unie (Eniaia Dimokratiki Aristera, EDA) créée en 1951, qui est au départ une émanation du PC interdit et clandestin, devient progressivement autonome par l’adhésion de nombreux non-communistes. En 1958, l’EDA atteint 25 % des suffrages, mais retombe à 14 % en 1961. Grigóris Lambrákis, un médecin qui avait participé à la Résistance et qui avait été un athlète célèbre, est élu député de l’EDA en 1961, dans la circonscription du Pirée.

Son mandat est marqué notamment par la marche de Marathon à Athènes le 21 avril 1963, au départ prévue comme manifestation en faveur de la paix ; mais le gouvernement l’ayant interdite (la campagne pour la paix, pour le désarmement atomique, était jugée pro-soviétique), la police intervient pour l’empêcher, arrêtant entre autres le jeune compositeur grec Mikis Théodorakis. Lambrakis, protégé par son immunité parlementaire, l’effectue seul.

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Le mercredi 22 mai 1963, à la sortie d’un meeting du mouvement pour la paix tenu à Thessalonique, Lambrákis est renversé par un triporteur sur lequel se trouvent deux hommes. Gravement touché à la tête, Lambrakis est hospitalisé dans le coma et meurt au bout de cinq jours, le lundi 27. Les funérailles ont lieu le 28. Le trajet de l’église au cimetière s’étend sur 6 km, le long desquels se presse une foule immense dans ce qui est une manifestation anti-gouvernementale de grande ampleur. Les participants ont proclamé Lambrakis « Immortel » en criant : Athanatos. Peu après, apparaîtront sur les murs les « Z », « Il est vivant ». L’instruction du juge Sartzetakis, établit la responsabilité du chef de la gendarmerie de Thessalonique et du commandant de la gendarmerie de la Grèce du Nord, provoquant un scandale politique. Les hommes de mains étaient des collaborateurs des nazis, amnistiés et remobilisés pendant la guerre civile, ils seront à nouveau amnistiés suite au coup d’état des colonels en 1967.

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Au tout début du film on peut lire : « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n’est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE ». Même si le nom du pays n’est pas expressément mentionné, des références évidentes à la Grèce apparaissent dans le film, par exemple les panneaux publicitaires pour la compagnie aérienne Olympic ou la bière Fix.

Un député opposant au régime en place (Yves Montand) est gênant. Des hommes de mains déterminés perturbent sa réunion politique, puis l’agressent à la fin de celle-ci, dans l’indifférence des responsables de la police. Le coup porté est fatal. Un simple juge d’instruction intègre et motivé (Jean-Louis Trintignant) conduit une enquête minutieuse qui établit un vaste réseau de complicités ; il le démantèle en inculpant pour assassinat des cadres importants du régime. L’espace d’un moment plane un semblant de justice, mais se profile alors le coup d’état des colonels (1967).

Costa-Gavras avait proposé le livre de Vassilis Vassilikos à United Artists et obtenu une avance, mais United Artists se retire à la lecture du scénario, qu’elle juge trop politique. Pour le financement, il s’adresse à Eric Schlumberger et à Jacques Perrin qui utilisent leurs contacts en Algérie. En pleine dictature des colonels, il était impossible de tourner le film en Grèce. C’est donc en Algérie, durant l’été 1968, que Costa-Gavras tourna Z, car la ville d’Alger, par son architecture, ressemble beaucoup à Athènes. Par amitié et solidarité, Jean-Louis Trintignant accepte un cachet faible, Yves Montand accepte de jouer en participation, et Mikis Theodorakis, alors emprisonné par le régime des colonels, à qui Costa-Gavras demande d’écrire la musique du film, lui fait passer ce mot : « Prends ce que tu veux dans mon œuvre. » La distribution est remarquable, qui compte aussi Irène Papas, Charles Denner, Jacques Perrin, Julien Guiomar et quelques autres.

Le film rencontre en France un énorme succès. La critique unanime le salue comme le premier grand film politique français. Le film a été récompensé par le Grand Prix de l’Académie du Cinéma, par le Prix du Jury pour Costa-Gavras (à l’unanimité) et le prix d’interprétation masculine (pour Jean-Louis Trintignant) au Festival de Cannes, par l’Anthony Asquith Award de la meilleure musique de film pour Mikis Theodorakis, par le Golden Globe du meilleur film étranger et d’autres prix encore. C’est le premier volet de la trilogie politique de Costa-Gavras, avant L’Aveu (1970) et État de siège (1973).

La nuit du 7 juillet, des membres et des sympathisants du Secours Rouge ont réveillé la prison de Tournai en tirant des feux d’artifice et en lançant au mégaphone des appels à la solidarité avec Jon Lopez Gomez qui y était détenu. Les prisonniers de Tournai ont salué cette intervention avec des acclamations.

Solidarité à la prison de Tournai
Solidarité à la prison de Tournai

Communiqué de l’initiative – format pdf

Le 2 juillet, un grand calicot sur lequel on pouvait lire ‘STEEUN (soutien à) JON & DIEGO’ ainsi que l’étoile rouge à cinq branches (qui, depuis la révolution soviétique, symbolise l’union des travailleurs en lutte des cinq continents) et le drapeau basque, a été accroché avant l’aube, rue Archimède, au sommet d’une grue surplombant le quartier européen. Cette initiative a été réalisée pour soutenir les deux militants de la gauche indépendantiste basque détenus en Belgique.

Banderole pour les militants basques
Banderole pour les militants basques

Les deux militants basques étaient au Palais de justice Bruxelles. Ils avaient assignés en référé le Ministère de la justice pour que soit levé le régime d’isolement total qu’ils subissent. Le comité d’information basque Txalaparta avait appelé à une présence solidaire à l’audience. Une délégation du Secours Rouge s’est donc rendue au Palais de justice rejoindre les membres de ce comité qui portaient des t-shirts ‘ISOLEMENT = TORTURE’.

Devant le palais de justice
Devant le palais de justice

Le Secours Rouge/APAPC diffuse un tract à l’occasion de la journée internationale du prisonnier révolutionnaire et en soutien à Jon Lopez Gomez et Diego Ugarte Lopez De Arkaute, militants basques détenus en Belgique.

Jon Lopez Gomez et Diego Ugarte Lopez De Arkaute
Jon Lopez Gomez et Diego Ugarte Lopez De Arkaute

Voir le tract