Des heurts sanglants ont éclaté, lundi en milieu de matinée dans la ville anglophone camerounaise de Bamenda (Nord-Ouest) entre les forces de maintien de l’ordre et des centaines de manifestants, au premier jour d’une grève annoncée par les enseignants anglophones exigeant de meilleures conditions de vie et de travail. Ces affrontements, dont le nombre de blessés dans les rangs des civils ou de la police n’a pas été communiqué, ont été suivis de nombreuses arrestations. Les enseignants de la région du Nord-Ouest entendaient manifester contre le statu quo observé depuis des mois dans leurs négociations avec le gouvernement. Aussitôt dans la rue, ils ont été rejoints par d’autres mécontents.

En fin de semaine dernière, quatre syndicats d’enseignants camerounais, aussi bien de la maternelle que du secondaire, ont annoncé une grève illimitée dès le 25 novembre pour dénoncer la non application, par le gouvernement, de résolutions arrêtées de commun accord.

Manifestation des enseignants à Bamenda

Manifestation des enseignants à Bamenda

Une manifestation d’étudiants protestant à Kinshasa contre une hausse du taux de change pour le paiement de leurs frais universitaires, décidé par les autorités académiques (pour payer les 300 dollars que coûte l’inscription, le taux de change avait été relevé à 1.122 francs congolais le dollar au lieu de 967 francs) a été brutalement réprimée. Plus d’une centaine de policiers ont quadrillé dans la matinée le site universitaire, lançant des gaz lacrymogènes en direction des salles de cours de l’Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA). Deux véhicules ont été brûlés et les devantures de plusieurs commerces endommagées. 23 étudiants ont été blessés, dont cinq grièvement blessés par balle qui ont été transférés à l’hôpital militaire du camp Kokolo pour une prise en charge conséquente.

Les affrontements de mercredi à Kinshasa

Les affrontements de mercredi à Kinshasa

EDIT (11/11): Deuxième jour d’incidents

De nouveaux affrontements entre policiers et étudiants ont été enregistrés jeudi dans la capitale de la RDC, pour la deuxième journée consécutive, et des blessés sont signalés. A 09h00 locales, des étudiants de l’Institut supérieur des statistiques (ISS) de Kinshasa ont érigé des barricades, brandi des banderoles et perturbé la circulation sur un boulevard reliant les quartiers populaires de l’est de Kinshasa au centre des affaires de la capitale congolaise. Ils dénoncent l’augmentation par les autorités de l’université des frais d’études, désormais fixés à 350 dollars contre 250 l’année dernière.

Environ 30 minutes après le début de la manifestation, des policiers qui avaient quadrillé le périmètre ont tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser, et les étudiants ont riposté par des jets de pierres. Un agent de l’université a été blessé à la poitrine et un étudiant à la tête.

La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes hier mercredi pour disperser les manifestants étudiants exigeant une éducation gratuite, à l’Université du Western Cape au Cap. Un garde de sécurité privée a été violemment battu par des manifestants dans le dernier affrontement et un bâtiment du campus a été incendié. L’université a déclaré qu’elle suspendait ses conférences en classe pour le reste de l’année scolaire, qui se termine en décembre.

Les protestations contre le coût de l’enseignement universitaire, prohibitif en particulier pour les étudiants noirs et devrait augmenter jusqu’à 8% l’année prochaine, ont mis en évidence la frustration aux inégalités qui perdurent, plus de deux décennies après la fin de l’apartheid. Des manifestations ont eu lieu depuis des semaines dans les universités à travers le pays (voir notre précédent article), ce qui a amené le président Jacob Zuma à former une équipe ministérielle la semaine dernière pour aborder la question.

Incidents à l'Université du Western Cape

Incidents à l’Université du Western Cape

Au sein de l’université de Witwatersrand (Wits) à Johannesburg, comme dans celles de Stellenbosch (sud-ouest), de Rhodes à Grahamstown (sud), de Bloemfontein (centre) ou du KwaZulu-Natal (est), des incidents ont éclaté quelques heures à peine, lundi, après la reprise officielle des cours, très perturbés depuis le début du mouvement il y a trois semaines. À Wits, un groupe d’étudiants a attaqué à coup de jets de pierres des policiers et des agents de sécurité privés qui interdisaient l’accès d’un des bâtiments historiques du campus, provoquant leur riposte immédiate.

Les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes, de balles en caoutchouc et de canons à eau pour disperser les manifestants. Les affrontements ont ensuite débordé le campus, pour se propager dans l’après-midi vers un quartier voisin, dans le centre-ville de Johannesburg. Un bus a été caillassé et incendié. Au moins onze personnes ont été arrêtées.

Affrontements à Witwatersrand

Affrontements à Witwatersrand

Des étudiants sud-africains qui réclament la gratuité de l’éducation ont interrompu mardi les cours à l’une des plus grandes universités du pays, affrontant des policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades de surpression et de tirs à balles de caoutchouc. Les heurts ont éclaté sur le campus de l’Université de Witwatersand (ou Wits), à Johannesburg. Les manifestants ont lancé des pavés aux policiers et endommagé une voiture de police. D’autres universités ont été le théâtre d’événements similaires depuis le mois dernier, et certaines ont même dû suspendre leurs cours.

La demande pour la gratuité de l’éducation découle d’une insatisfaction généralisée face aux inégalités sociales en Afrique du Sud. Plusieurs estiment que les universités et d’autres institutions n’ont pas été réformées adéquatement pour profiter à la majorité noire, après la fin du régime raciste de l’apartheid. Le gouvernement a offert une aide financière supplémentaire aux étudiants pauvres en 2017, mais les manifestants ont rejeté la concession. Des manifestations encore plus importantes avaient contraint le gouvernement, en 2015, à renoncer à une hausse des droits de scolarité.

Affrontements à Witwatersand

Affrontements à Witwatersand

Plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées sur les bords du lac Harsadi pour assister à la cérémonie de l’Irreecha qui marque pour les Oromo la fin de la saison des pluies. De nombreux participants brandissaient leurs bras croisés au dessus de la tête, un geste devenu le symbole de la contestation oromo face aux autorités éthiopiennes. Des dirigeants oromo liés au gouvernement ont été pris à partie par la foule, qui a tenté de prendre d’assaut leur tribune. Les manifestants ont lancé des pierres et des bouteilles sur les forces de sécurité, qui ont riposté d’abord à coups de bâton, puis avec des gaz lacrymogènes. Les tirs de gaz lacrymogène ont provoqué un mouvement de panique causant un nombre inconnu de victimes (peut-être plusieurs dizaines).

Le rassemblement pour l’Irreecha

Le rassemblement pour l’Irreecha

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Les habitants du village de Soamahamanina, une commune située à 70 km à l’ouest de la capitale Antananarivo, demandent le départ d’une compagnie minière chinoise installée là depuis un an pour exploiter l’or du sous-sol. Les activités à la mine de la société Juixing Mines sont suspendues, le site est formellement interdit d’accès. Ce jeudi, en fin de matinée, une centaine de gendarmes a fait face à un millier de manifestants. Les affrontements ont fait dix blessés, presque tous à la tête ou au visage, dont six du coté des civils et cinq dans le camp de la gendarmerie. Des blessures, plus impressionnantes que graves, causées par des jets ou des éclats de projectiles ont été constatées. Les affrontements ont commencé lorsque les gendarmes ont voulu dégager au gaz lacrymogène la route occupée par les villageois. Plusieurs manifestants, dont les porteurs de banderole, ont été appréhendés.

Manifestation à Soamahamanina

Manifestation à Soamahamanina

Les étudiants de l’Université Multimédia de Nairobi protestaient après que quatre d’entre eux aient été tués, renversés par un taxi minibus. Ces minibus roulent impunément à toute vitesse sur le campus, occasionnant de nombreux accidents. La police antiémeutes kenyane a tiré à balles réelles et usé de gaz lacrymogènes pour les disperser alors qu’ils bloquaient la route principale en face du campus, stoppant le trafic aux heures de pointe. De nombreux étudiants ont été blessés, six grièvement.

Un étudiant blessé à Nairobi

Un étudiant blessé à Nairobi

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Lundi, des centaines d’étudiants s’étaient rassemblés à la Durban University of Technology (DUT) pour revendiquer la gratuité de l’enseignement supérieur. Mardi, les étudiants du DUT se sont affrontés à la police anti-émeute dans le centre-ville de Durban. Les étudiants, qui avaient manifesté à travers le quartier central des affaires, prenaient le chemin du Campus ML Sultan lorsque les affrontements ont eu lieu. Les étudiants se sont barricadés à l’intérieur du campus, ont lancé des pierres et des briques sur la police de l’autre côté de la clôture. La police a utilisé des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants.

Mercredi, la police a une nouvelle fois utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les étudiants qui convergeaient sur l’Hôtel Coastlands où se tenait une réunion de responsables universitaires supérieurs, leaders étudiants et fonctionnaires du ministère de l’enseignement.

Manifestants du DUT mercredi à Durban

Manifestants du DUT mercredi à Durban

Les étudiantes du lycée de Prétoria manifestent depuis plusieurs jours contre le code capillaire raciste qui leur est imposé. L’événement qui a mis le feu au poudre est qu’une étudiante noire de 13 ans a été punie pour avoir écrit un exposé sur la souffrance des femmes noires et pour avoir eu des cheveux trop « indisciplinés ». Généralement, les étudiantes noires s’entendent régulièrement dire que leurs cheveux sont « naturellement sales« . Vendredi dernier, un groupe d’étudiantes s’est donc rassemblé contre les règles discriminatoires concernant leurs cheveux. « On veut montrer qu’on en a assez de la bigoterie et du racisme » a déclaré une étudiante. Des gardes de la sécurité ont surveillé le meeting de près. Le samedi, les étudiantes se sont à nouveau rassemblées pour tenir une assemblée silencieuse dans une foire qui avait lieu sur les lieux de l’école. Mais cette fois, elles ont été menacées d’arrestations par des gardes armés de mitraillettes AK-47, de revolvers et de chiens.

Le code de l’école n’interdit pas nommément les coiffures afro mais impose que les cheveux soient brossés, que le style soit « conservateur », que les tresses et dreads mesurent au maximum 10mm de diamètre. Ce lundi, la direction tentait de faire continuer les cours normalement, mais des manifestants rejoignent les étudiantes devant l’école alors que le ministre provincial de l’éducation s’est rendu sur les lieux pour « arrêter cette situation avant que ça échappe au contrôle« . Les tensions révèlent également la fracture entre les écoles d’état pauvres et les écoles privées aux règlements racistes. Certaines étudiantes dénoncent même des professeurs qui séparent leurs classes en deux « parce que c’était comme ça avant« .

Des jeunes manifestantes à Pretoria

Des jeunes manifestantes à Pretoria

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