Le 29 juin, une opération de déplacement de populations installées sur un terrain privé avait dégénéré en affrontement avec la police. En plus des protestataires arrêtés le jour même, des cadres de l’ONG anti-esclavagisme IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) avaient été arrêtés à leur domicile ou dans la rue les jours suivants, les autorités les accusant d’être à l’origine des heurts qui ont fait plusieurs blessés parmi les policiers.

Lundi 11 juillet, des soutiens de l’IRA s’étaient rassemblés au centre de la capitale mauritanienne pour demander la libération des membres de l’ONG anti-esclavagisme. Une manifestation dispersée par la police, qui aurait procédé à une dizaine de nouvelles interpellations. Face à cette mobilisation, ce n’est que dans la nuit de lundi à mardi, vers 4h30 du matin, que 23 personnes, militants et dirigeants d’IRA pour la plupart, interpellées au cours des douze derniers jours dans le cadre des heurts du 29 juin, ont été entendues par le parquet. Le procureur a opté pour une procédure de flagrant délit et inculpé ces 23 personnes pour plusieurs motifs, dont agression envers les dépositaires de la force publique et incitation à la violence. Les 23 inculpés ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés à la prison de Dar Naim.

La prison de Dar Naim, à Nouakchott

La prison de Dar Naim, à Nouakchott

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La police zimbabwéenne a recouru aux tirs de semonce et aux gaz lacrymogènes pour disperser les grévistes qui manifestaient la semaine passée contre la crise économique. Dans des banlieues d’Harare mercredi, des manifestants ont brûlé des pneus et bloqué des rues. A Bulawayo, deuxième ville du pays et bastion de l’opposition, les magasins, les banques et même les tribunaux étaient fermés, tandis que les transports en commun étaient paralysés. La police a eu recours aux gaz lacrymogènes contre des manifestants. Dans le sud-est du pays, à Masvingo, la police a dispersé à coups de tirs de sommation des manifestants qui s’étaient rassemblés près d’une gare routière.

Ce débrayage général, à l’appel de plusieurs syndicats et organisations de la société civile, fait suite à plusieurs jours de manifestations dans tout le pays. Mardi passé, les fonctionnaires avaient entamé une grève pour protester contre le non-paiement de leur salaire. Seuls les membres de sécurité ont été payés. La veille, les chauffeurs de bus protestaient contre la corruption policière. Bilan: 113 arrestations et des blessés mordus par les chiens policiers. Et vendredi, 71 personnes ont été interpellées après avoir bloqué le poste-frontière de Beitbridge, limitrophe de l’Afrique du Sud, pour protester contre l’interdiction de l’importation de certains produits de première nécessité.

Barricade lors des manifestations au Zimbabwe

Barricade lors des manifestations au Zimbabwe

Déclenchées en novembre dans la région de l’Oromia, les manifestations antigouvernementales ont fait plus de 400 morts, selon un rapport publié jeudi 16 juin, par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, qui dénonce l’usage répété par les forces de sécurité éthiopiennes de tirs à balles réelles. Un plan d’urbanisme controversé d’extension des limites municipales de la capitale Addis-Abeba avait suscité des craintes d’expropriation de fermiers oromos, le plus important groupe ethnique du pays, qui étaient descendus dans la rue (voir notre article). Le rapport fait état de 400 personnes tuées, de dizaines de milliers d’arrestations et évoque des cas de tortures et de viols.

Pour les autorités, le bilan officiel de ces manifestations est de 173 morts, dont 28 policiers et officiels. Si le projet contesté a été abandonné en janvier, cela n’a pas suffi à calmer les manifestants. Le premier ministre s’est excusé en mars devant le Parlement pour n’avoir « pas suffisamment écouté les doléances du peuple », mais a rejeté la responsabilité des violences sur certains manifestants. Début juin, Amnesty international avait aussi publié un rapport dénonçant la répression en Ethiopie, notamment l’usage de la loi anti-terroriste contre des opposants pacifiques (voir ici).

Manifestation après la mort d’un Oromo tué dans le village de Yubdo

Manifestation après la mort d’un Oromo tué dans le village de Yubdo

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Vendredi matin, un chauffeur de camion remorque qui par une fausse manoeuvre avait légèrement heurté le commandant de la place de la ville de Mali, en Guinée, le colonel Issa Camara, a été sérieusement battu à coups de bottes et de crosses par des militaires sur les instructions du colonel. Des citoyens ont accouru pour s’interposer et tenter de sauver la vie du chauffeur. La brutalité sur le jeune conducteur et les coups de feu ont alerté toute la ville. Les populations sont massivement sorties pour protester contre cet abus en demandant le départ du colonel Camara déjà mis en cause dans des affaires de torture. Le colonel a déclaré l’état de siège dans la ville et défié les autorités centrales qui voulaient le déplacer. Des tirs ont été entendus dans toute la ville et les militaires de Camara ont pillé les commerces. Les forces spéciales ont fini par reprendre le contrôle de la ville et neutraliser le colonel.

La population dans les rues de la ville de Mali

La population dans les rues de la ville de Mali

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Au moins une personne a été grièvement blessée ce vendredi à Katougouma, localité minière située à 20 kilomètres du centre-ville de Boké, où les travailleurs d’une société sous-traitante étaient en grève. Les grévistes qui réclament de meilleures conditions de vie et de travail de la part de leur employeur, ont été dispersés de force par les services de sécurité. Il y a eu des affrontements au cours desquels les forces de l’ordre ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Au moins deux personnes ont été interpellées.

Une image de la grève

Une image de la grève

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Nous avions expliqué le 12 juin que 5.000 enseignants grévistes sénégalais étaient menacés de licenciement par le gouvernement (voir notre article). Un accord entre les enseignants et le gouvernement a finalement été trouvé lundi lors d’une réunion avec le ministre de l’Éducation nationale. Non seulement il n’est plus question de licenciement mais les montants ponctionnés sur les salaires d’avril et de mai seront restitués avant la fin du mois de juin. Ces ponctions avaient frappé tous les enseignants, grévistes comme non-grévistes.

La grève des enseignants au Sénégal

La grève des enseignants au Sénégal

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Dans un communiqué publié vendredi, le porte-parole du gouvernement a fixé aux enseignants grévistes un ultimatum de 24 heures, à partir de lundi, pour se conformer à l’ordre de réquisition des autorités. Des réquisitions ont été envoyées à près de 5.000 enseignants, dans le but de mettre fin aux nombreuses grèves dans les écoles. Ceux qui ne s’exécuteront pas vont s’exposer à plusieurs sanctions. Ils risquent « la révocation, avec suspension du droit à pension » quand il s’agit des enseignants fonctionnaires, ou le « licenciement sans préavis » pour les agents non fonctionnaires.
La menace brandie par le gouvernement a provoqué la colère du Grand cadre des syndicats d’enseignants et du Cadre unitaire des syndicats d’enseignants. Ces deux confédérations syndicales ont décidé de déposer une plainte contre le gouvernement.

La grève des enseignants au Sénégal

La grève des enseignants au Sénégal

De violentes émeutes ont éclaté lundi et mardi, à Hammanskraal, au nord de Pretoria. À l’origine de ces heurts, l’intervention d’une l’agence de démolition privée Red Ants, qui a entreprise de démolir des bâtiments construits illégalement dans ce bidonville de 16.000 hébitants, sans même laisser le temps aux habitants de récupérer leurs affaires. La police est intervenue et les violences se sont étendues. Deux employés de Red Ants ont été tués par les émeutiers, six manifestants ont été blessés par la police et cinq autres arrêtés.

Les pompiers enlèvent la carcasse d'un bus incendié par les émeutiers à Hammanskraal

Les pompiers enlèvent la carcasse d’un bus incendié par les émeutiers à Hammanskraal

Le campus de Vanderbijlpark de la Vaal University of Technology (VUT) a été le théâtre de violents affrontements entre étudiants et policiers. L’université avait été fermée suite à une série de manifestations étudiantes cette semaine et comptait reprendre les cours. Un mémorandum remis à l’université par les étudiants cette semaine, ce qui a exigé la libération des étudiants qui avaient été arrêtés ou suspendus en raison des protestations sur le campus. De violents affrontements ont éclaté, un bâtiment a été inciendié et les policiers ont fait usage de balles en caoutchouc et de grenade de désencerclement. L’université avait annoncé l’intention de reprendre les cours le jeudi, mais elle restera fermée jusqu’à nouvel ordre.

Bâtiment incendié à la VUT mercredi

Bâtiment incendié à la VUT mercredi

Dans la matinée de lundi, à Kidal, des femmes ont pris d’assaut la piste de l’aéroport de la ville pour dénoncer des arrestations arbitraires par les forces étrangères présentes sur le terrain, à savoir les militaires français de l’opération Barkhane. Sur leurs banderoles, on pouvait lire: « Nous sommes fatiguées des arrestations arbitraires de nos enfants ». L’aéroport était sécurisé non pas par des militaires français, mais par des casques bleus de la Minusma. Des jeunes ont vite rejoint les femmes lorsque des casques bleus tentent de disperser ces dernières.

Rapidement, les manifestants ont mis le feu aux installations de la mission de l’ONU sur place. Les casques bleus auraient alors tiré sur les manifestants, tuant deux d’entre eux. Une réunion d’urgence entre la Minusma et la la Coordination des mouvements de l’Azawad (séparatistes touarègues, première force politique à Kidal, qui ont combattu à la fois le gouvernement malien et les jihadistes de l’AQMI), était prévue, ce lundi après-midi, pour faire le point sur ce qui s’est passé à l’aéroport de Kidal.

Emeute à Kidal

Emeute à Kidal

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