Lundi, 162 des 270 mineurs incarcérés depuis le 16 août suite à la fusillade dans la mine de platine de Marikana ont été relâchés après la suspension de leur inculpation pour meurtre de 34 de leurs collègues qui avaient été abattus, selon toute vraisemblance, par la police. Les 108 autres devraient être remis en liberté jeudi. Peu après les violences de la mi-août, une grande partie des personnes interpellées avaient porté plainte contre les abus des forces de l’ordre. Abus qui se sont poursuivis en détention. Plusieurs mineurs se sont exprimés en ce sens à leur sortie de prison: ‘Ils nous ont frappés et nous ont giflés, nous ont marchés sur les doigts avec leurs bottes après nous avoir accusés d’avoir caché un clou dans une cellule’. Un autre mineur a lui expliqué qu’il avait été contraint de rester debout contre le mur, les mains au-dessus de la tête alors que les policiers le frappaient dans les côtes avec les poings et un bâton. Malgré l’enquête lancée après la fusillade par la police des polices sud-africaine, les policiers impliqués dans les violences n’ont toujours pas été inquiétés, malgré les nombreux témoignages de badauds et de journalistes affirmant que les policiers avaient pourchassés les mineurs avant de les abattre de sang-froid et malgré les diverses plaintes déposées depuis lundi par les mineurs libérés.

A Modder East (environ 30 km à l’est de Johannesburg), la mine Gold One avait licencié 1.044 ouvriers (plus de la moitié des employés de la mine) en juin après une grève sauvage organisée par le petit syndicat PTAWU. La justice avait déclaré le mouvement illégal, l’entreprise (contrôlée par des capitaux chinois) avait licencié les grévistes. Les incidents sont survenus alors que le processus de réembauche a commencé, en raison des pressions des anciens grévistes pour être réengager: pressions contre l’entreprise et contre les jaunes.

Ce lundi, quelque 200 hommes armés de bâtons et de barres de fer tentaient de bloquer les accès à la mine. Les forces de l’ordre sont intervenues, reconnaissant avoir fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc en fin de matinée. Quatre personnes ont été hospitalisées, certains auraient été blessées par balles.

La police criminelle mauricienne a convoqué les syndicalistes accusés de non-respect de l’ordre d’arrêt des préparatifs de grève, émis le 3 août par le tribunal du travail pendant les négociations avec le patronat au début du mois. Les syndicalistes dénoncent la partialité du président de ce tribunal. Malgré l’ordre d’arrêt, les syndicalistes de l’industrie sucrière avaient maintenu l’exercice de vote à bulletin secret en faveur de la grève, le lundi suivant. Un accord avait été arraché in extremis entre employés et employeurs le 16 août et la grève n’a pas été déclenchée. Mais la procédure judiciaire anti-syndicale a donc commencée.

mauricesucre.jpg

Le Parquet sud-africain a annoncé dimanche qu’il allait suspendre l’inculpation pour meurtre de 270 grévistes arrêtés après la fusillade de la mine de Marikana (nord) le 16 août au cours de laquelle 34 de leurs collègues avaient été abattus par la police. Les manifestants vont être remis en liberté conditionnelle et leur cas va être reporté dans l’attente de la conclusion des enquêtes.

Le magistrat n’avait pas indiqué sur quel texte il s’était basé jeudi en les inculpant pour meurtre. Les inculpés faisaient partie des grévistes, armés de lances et de machettes, sur lesquels la police a tiré. De nombreux juristes estiment qu’il a utilisé une loi anti-émeutes de 1956, toujours en vigueur, qui était très prisée du temps de l’apartheid. Le texte prévoit que soit inculpée pour meurtre toute personne arrêtée sur le site d’une fusillade impliquant la police, que les victimes soient des policiers ou non.

Au début du mois d’août, de violentes affrontements se sont déroulés en marge de la grève sauvage entreprise par les mineurs de la mine de platine de Marikana. 34 grévistes ont été tués et 78 autres blessés par les forces de police le 16 août lorsque celles-ci ont ouvert le feu sur un groupe d’ouvriers rassemblés pour obtenir une augmentation de salaire. Suite à ces violences, les autorités ont interpellé et incarcéré 270 grévistes, lesquels ont brièvement comparu lundi dernier avant que le juge ne renvoie le dossier à ce lundi 27. En début de semaine, il s’est prononcé en inculpant pour meurtre tous les mineurs arrêtés. Cette décision intervient alors qu’il a été confirmé que les victimes avaient été abattues par la police et que les rapports d’autopsie publiés lundi indiquent clairement que dans la majorité des cas, la balle est sortie du corps par la poitrine, laissant croire que les hommes ont été abattus d’une balle dans le dos alors qu’ils fuyaient.

Affrontements à la mine de Marikana

Affrontements à la mine de Marikana

Plusieurs centaines de foreurs ont débrayé mercredi pour réclamer des augmentations dans une autre mine de platine voisine de celle de Marikana et appartenant à l’exploitant sud-africain Royal Bafokeng Platinum. Une autre mine de platine est aussi sous la pression de ses salariés à Thembelani, exploitée par le géant anglo-sud-africain Anglo American Platinum (Amplats) sommé de répondre d’ici vendredi à tout un cahier de doléances.

La situation à Marikana, où aura lieu l’une des cérémonies d’hommage aux victimes jeudi, était calme. Plusieurs foreurs y sont toujours en grève, expliquant vouloir la libération des 259 mineurs arrêtés le 16 août et les hausses de salaires réclamées. Mardi, sous la pression politique, l’entreprise a levé sa menace de licencier les grévistes.

Les 259 grévistes sud-africains arrêtés après les violences de la semaine dernière dans la mine de platine de Marikana ont brièvement comparu lundi devant la justice, notamment pour meurtre, avant un renvoi du dossier à lundi prochain. Seul l’un d’entre eux, hospitalisé, n’a pas été présenté au juge.

Le juge leur a lu devant une salle comble les faits reprochés, allant de la violence publique au meurtre ou à la tentative de meurtre. Dix hommes, dont deux policiers, avaient été tués entre le 10 et le 12 août dans des affrontements intersyndicaux suscités par le déclenchement d’une grève sauvage pour obtenir des augmentations de salaires. Jeudi, la police avait tué 34 grévistes et blessés 78 autres. Épouses, soeurs, filles, au total une centaine de personnes ont hué la police, pleuré et prié avant d’être évacuées vers une rue adjacente où elles ont continué à manifester. Tous les prévenus ont été placés en détention provisoire.

La société minière Lonmin a sommé dimanche les grévistes de Marikana de reprendre le travail lundi matin, sous peine de « possibles licenciements », trois jours après la fusillade qui a fait 34 morts sur ce site d’extraction de platine. « L’ultimatum final a été repoussé au lundi 20 à la suite des événements de jeudi », indique le porte-parole de Lonmin, « l’ultimatum final donne aux employés une dernière chance de reprendre le travail ou de s’exposer à un possible licenciement ». Les mineurs en grève ont déclaré qu’ils refuseraient de reprendre le travail par respect pour leurs 34 camarades tués par la police et si la direction ne répondait pas à leurs revendications salariales. L’intervention policière a fait 34 morts et 78 blessés selon la police qui a aussi arrêté 259 personnes.

south-africa-m_0.jpg

Une première enquête a été ouverte samedi sur les responsabilités de la police dans la fusillade qui a fait 34 morts et 78 blessés jeudi à la mine de Marikana. Samedi matin, des experts de la police des polices sont arrivés à la mine de platine exploitée par Lonmin, près de Rustenburg. A quelques centaines de mètres des lieux du massacre, toujours bouclé par les forces de l’ordre, plusieurs centaines de mineurs se sont de nouveau rassemblés samedi, dans le calme. Comme la veille, nombre d’entre eux portaient des bâtons ou des barres de fer. Un hélicoptère de la police survolait les environs. De nombreuses familles étaient toujours à la recherche d’un proche, sans savoir s’il était mort, blessé ou simplement au nombre des quelque 500 personnes arrêtées après les violences.

lonmin.jpg

Un conflit social d’une extrême violence a lieu dans la grande mine de platine de Karee (près de Rustenburg). Des afrfrontements ont opposés des affiliés du Association of Mineworkers and Construction Union (Amcu), appelant à la poursuite d’une grève, lancée vendredi passé par 3000 mineurs, pour une augmentation de salaire, et ceux du National Union of Mineworkers (NUM) qui a appelé à une reprise du travail. L’AMCU a rassemblé environ 25,000 personnes réunies samedi après-midi, près de Nkaneng. Quatre syndiqués appartenant à l’un ou l’autre syndicat ont été blessés par balle, et deux autres tués, par des commandos que l’on pense être du syndicat rival. Deux gardes de la mine ont également été abattus dimanche par un groupe qui voulait s’attaquer aux installations de la mine qui appartient au groupe Lonmin, le troisième producteur de platine du monde.

Jeudi matin, plusieurs centaines d’hommes armés de gourdins, de barres de fer et de machettes s’étaient de nouveau regroupés à l’extérieur de la mine. Des négociations entamées la veille avec les forces de l’ordre et les responsables de la mine n’avaient rien donné. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les mineurs en grève. Selon plusieurs témoignages, des mineurs auraient répliqué avec des armes à feu et la police aurait alors tiré à balles réelles. Plusieurs mineurs (18 selon un journaliste sur place) gisaient au sol jeudi à la mine. Aucun bilan officiel n’a encore été fourni.

voir la vidéo de la fusillade

Mine de platine en Afrique du Sud

Mine de platine en Afrique du Sud