Le FBI adopte un radar pour voir à travers les murs. Mis au point par la société Maxentric Technologies, en collaboration avec le Département de la Sécurité intérieure, il est capable de détecter une silhouette humaine, même immobile ou allongée. Le système, nommé DepLife, pour “Detect Presence of Life”, se compose du boîtier-radar proprement dit (un système MIMO UWB-IR 8 GHz, qui émet des impulsions électromagnétiques à des fréquences spécifiques pour créer une scène de l’emplacement des réflecteurs)  et d’un smartphone pour le contrôler. L’opérateur peut ainsi obtenir un rendu 3D des environs, avec les silhouettes des êtres humains présents mises en évidence sur une carte couleur multi-portées en vue aérienne, avec des icônes annotant les résultats de l’algorithme. Quatre visualisation différentes sont disponibles, affichant des résultats filtrés différents des données radar brutes. Le système pourrait intéresser le service fédéral pour sa capacité à détecter une personne cachée, dans un faux plafond par exemple ou pour servir d’outil de surveillance passive. Ce n’est pas le premier outil de la sorte (voir notre article) mais la technologie progresse spectaculairement.

Condamné à 22 ans de prison en 2009, Marius Mason est un prisonnier politique écologiste et anarchiste. À l’occasion de l’appel annuel pour la Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et toustes les prisonnier·es anarchistes de longue durée (voir ici), qui a lieu chaque année le 11 juin, le militant a publié une déclaration (lire en intégralité).

[…] L’année a été intense pour toutes les communautés de résistance, qu’il s’agisse de la guerre contre Gaza ou de la guerre contre les immigrés. Nous avons eu du mal à apporter notre soutien à ceux d’entre nous qui ont souffert des attaques croissantes contre les femmes, les immigrés, les trans et les personnes queers. Les six derniers mois ont été une marche militaire en arrière dans l’évolution humaine, car même les accords sociaux les plus fondamentaux sur les droits des individus dans une société ont été violés à maintes reprises. Les droits garantis lors de la signature de la Magna Carta — droits qui étaient au cœur du conflit entre l’Angleterre et les anciennes colonies — sont systématiquement éventrés. Il a été dit que si nous ne tirons pas les leçons de l’histoire, nous sommes condamnés à la répéter. Nous avons déjà vu les prémices du fascisme et nous devrions les reconnaître aujourd’hui. Ces temps sont donc un défi pour tous ceux qui aspirent à une véritable liberté, qui épousent passionnément la justice, qui honorent et respectent la dignité humaine et qui persistent à croire que nous sommes responsables les uns des autres, les uns envers les autres et envers notre maison commune, cette Terre. La force de relever ce défi viendra de la solidarité… c’est toujours notre arme secrète contre les brutalités vénales du fascisme. […]

Un grand jury fédéral a inculpé un étudiant de Parkville, Owen McIntire, accusé d’avoir mis le feu à deux Tesla Cybertrucks chez un concessionnaire de Kansas City en mars (voir notre article). L’acte d’accusation porte sur la  « possession illégale d’un engin destructeur non enregistré » et « destruction malveillante de biens ». Les procureurs ont demandé au juge de révoquer la libération sous caution d’Owen McIntire. Dans le cadre de l’enquête contre Jamison Wagner, accusé des incendies au concessionnaire Tesla et au siège du Parti républicain du Nouveau-Mexique (voir notre article), les enquêteurs fédéraux ont déposé ce mois-ci des demandes de mandats de perquisition pour examiner les données cellulaires afin de voir si le téléphone de Wagner émettait des bips dans ces zones au moment des incendies.

Arrestations, inculpations et menaces de condamnations absurdement lourdes – 20 ans de prison (voir notre article) — ne semblent pas suffisament dissuasives. La police de Vallejo, le FBI et le Bureau fédéral de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) sont intervenus samedi 10 mai suite à une tentative d’incendie criminel chez le concessionnaire Tesla de Vallejo, en Californie (photo).

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La police et les agences fédérales ont trouvé un nouveau moyen de contourner les lois limitant l’usage de la reconnaissance faciale : un modèle d’IA qui peut suivre les personnes à l’aide d’attributs tels que la taille du corps, le sexe, la couleur et la coupe de cheveux, les vêtements et les accessoires. L’outil, appelé Track et développé par la société Veritone, est utilisé par 400 clients, dont des services de police d’État et locaux et des universités partout aux États-Unis. Le système est également en pleine expansion au niveau fédéral : les procureurs américains du ministère de la Justice ont commencé à utiliser Track pour les enquêtes criminelles en août dernier.

Ryan Steelberg, PDG de Veritone, explique franco l’origine de Track : « Si nous ne sommes pas autorisés à suivre les visages des gens, comment pouvons-nous contribuer à identifier potentiellement des criminels ou des comportements ou activités malveillants ? » En plus de suivre les individus là où la reconnaissance faciale n’est pas légalement autorisée, explique Steelberg, Track permet de suivre les personnes lorsque les visages sont masqués ou non visibles. C’est le premier exemple d’un système de suivi non biométrique utilisé à grande échelle aux États-Unis.

Le 1er mai, le prisonnier politique Kevin « Rashid » Johnson membre de la section Prison du New Black African Panther Party (voir nos articles précédents sur Rashid ici et ici) a été transféré à l’établissement correctionnel Perry en Caroline du Sud. Pendant le transport, il a subi une grave blessure à la jambe gauche, probablement une fracture, mais il n’a reçu aucun soin médical. Placé en isolement, il dort sur une dalle de béton nue et n’est autorisé qu’à passer un seul appel téléphonique par semaine. Un soutien s’efforce de le connecter via l’application « GTL Getting Out » afin qu’il puisse communiquer avec le monde extérieur. Dès son arrivée, Rashid a entamé une grève de la faim pour protester contre le traitement inhumain qu’il a subi et subit encore. Ses soutiens et les défenseurs des droits de l’homme attirent l’attention sur son état et exigent des soins médicaux immédiats, ainsi que l’arrêt des traitements inhumains.

Un juge fédéral américain a ordonné, ce vendredi 9 mai, la libération immédiate de l’étudiante turque, devenue un symbole de la volonté de l’administration Trump de museler le mouvement de solidarité avec les palestiniens de Gaza. L’arrestation filmée en direct de Rumeysa Ozturk le 25 mars avait suscité l’indignation (notre article ici). L’administration Trump avait demandé son expulsion du territoire au seul motif d’avoir cosigné un article critiquant la gestion de l’université face au mouvement de protestation contre le génocide de Gaza. Un juge fédéral a ordonné vendredi « au gouvernement de la relâcher immédiatement ».

Elle était incarcérée dans un centre de détention géré par ICE depuis plus de six semaines en Louisiane, elle a suivi l’audience du tribunal par visioconférence où le juge a refusé d’assortir cette libération de restrictions de mouvement suggérées par le gouvernement. Rumeysa Ozturk est « libre de retourner chez elle au Massachusetts ». Elle devra néanmoins se rendre dans un centre municipal de réinsertion des détenus et reste sous le coup d’une procédure d’expulsion.

Dans une affaire similaire, un autre juge fédéral du Vermont a ordonné, le 30 avril, la libération de Mohsen Mahdawi, étudiant palestinien impliqué dans le mouvement à l’université Columbia contre la guerre à Gaza. Mohsen Mahdawi est le cofondateur d’un groupe d’étudiants palestiniens à l’université Columbia, avec Mahmoud Khalil, figure de la mobilisation estudiantine pro palestinienne aux Etats-Unis que l’administration de Donald Trump tente d’expulser depuis son arrestation le 8 mars (lire notre article). Le président a lancé une offensive contre les universités américaines, les accusant de laisser prospérer sur leurs campus des mouvements de soutien aux Palestiniens face à l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, qu’il assimile à des manifestations d’antisémitisme.

La police new-yorkaise a procédé, ce mercredi 7 mai, à au moins 70 arrestations lors d’une manifestation pro-palestinienne à l’université de Columbia. Les manifestants réclamaient la libération de la Palestine et la libération de Mahmoud Khalil, meneur du mouvement étudiant pro-palestinien. L’ex-étudiant a été interpellé le 8 mars et placé en détention à Jena, en Louisiane, où il est menacé d’expulsion ( nos articles ici et ici). Les autorités américaines le soupçonnent d’avoir des liens avec le mouvement palestinien Hamas. Depuis son arrestation pour son rôle de porte-parole de la contestation contre la guerre à Gaza, Mahmoud Khalil est devenu le symbole de la volonté du président américain de museler ce mouvement étudiant.

Un groupe d’étudiants pro palestiniens se nommant « Students United for Palestinian Equality and Return ( SUPER) » ont occupé une partie du campus de l’université de Washington ce lundi 5 mai. Le bâtiment occupé est consacré à l’ingénierie, l’université avait reçu pour sa construction une dotation de 10 millions de dollars de la part de Boeing, les étudiants ont appelé l’UW  à couper ses liens avec l’avionneur accusé de fabriquer des armes utilisées à Gaza. Les forces de l’ordre en tenue anti-émeutes ont violemment évacué le bâtiment aux alentours de 23 heures et procédé à 30 arrestations musclées. Les personnes interpellées, mises en garde à vue, sont accusées d’intrusion, destruction de propriété, désobéissance et association de malfaiteurs.

« Aujourd’hui j’ordonne au Bureau des prisons, ainsi qu’au ministère de la Justice, au FBI et au ministère de l’Intérieur de rouvrir, agrandir substanciellement et reconstruire Alcatraz pour enfermer les criminels les plus dangereux et violents » a écrit le président Trump sur Truth Social, estimant que la remise en fonction de l’établissement fermé en 1963 sera un « symbole de loi, d’ordre et de justice ». Forteresse transformée en prison fédérale de haute sécurité en 1934, le pénitencier Alcatraz a plutôt été le symbole de l’inhumanité du système carcéral américain. Fermée en 1963, elle avait été occupée par des militants amérindiens de 1969 à 1971.