Hier, les habitant·es de Minneapolis sont descendus à plusieurs milliers dans les rues pour protester contre le meurtre de George Floyd par la police (voir notre article). Des voitures de police avaient été détruites et le commissariat pris pour cible. Des manifestant·es avaient également encerclé la maison du meurtrier. Celui-ci avait commandé plusieurs fois des repas depuis chez lui de peur de sortir mais les livreurs avaient systématiquement refusé de le livrer. Aujourd’hui, les habitant·es révolté·es sont à nouveau descendus dans les rues. Le commissariat et des voitures de police ont, à nouveau, été attaqués tandis que des manifestant·es scandaient des slogans réclamant l’abolition de la police. Des caméras de surveillance ont également été attaquées à la tronçonneuse. Par ailleurs, plusieurs bâtiments ont été incendiés, des pillages massifs de grandes surfaces ont eu lieu. Les policiers, dépassé ont tiré à plusieurs reprises des grenades lacrymogènes et flashbang depuis les toits des immeubles. Ils ont également utilisé des balles en caoutchouc. La garde nationale a également été déployée tandis que des des milices d’extrême droite armées de fusils d’assaut ont fait leur apparition. On signale des mouvements de révoltes ont également été signalé dans d’autres villes comme Los Angeles.

Deuxième jour de révolte à Minneapolis

Deuxième jour de révolte à Minneapolis

Lundi 25 mai, la police de Minneapolis a arrêté un homme noir du nom de George Floyd suspecté d’avoir utilisé un faux billet dans un supermarché. Alors qu’il avait été mis à terre sur le ventre et menotté dans le dos, un policier a placé son genou au niveau de son cou pendant 10 minutes, le privant d’oxygène. Il est mort à l’hôpital. George Floyd a supplié plusieurs fois le policier de relâcher sa pression annonçant qu’il ne pouvait plus respirer. Plusieurs témoins, assistant à la scène ont également supplié le policier d’arrêter sa prise, en vain. Les témoins qui ont tenté d’intervenir ont été menacé par un second policier, un des témoin cependant a enregistré la scène sur son téléphone. Le meurtre a donc été filmé en direct.

Mardi, une manifestation d’hommage au défunt et contre les crimes policiers et le racisme a eu lieu à Minneapolis. Des milliers de personnes se sont rassemblées, des voitures de police ont été détruites et le commissariat pris pour cible. Des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc ont été tirées contre les manifestant·es. L’un des slogans de cette marche était « Je ne peux pas respirer », les derniers mots du défunt.

Le meutre de George Floyd filmé en direct

Le meutre de George Floyd filmé en direct

Les habitant·es révolté·es attaquent une voiture de police de Minneapolis

Les habitant·es révolté·es attaquent une voiture de police de Minneapolis

Des anarchistes ont incendié une camionnette d’Amazon dans le comté de Los Angeles pour dénoncer la collaboration de l’entreprise avec la répression des migrants aux USA. Amazon fournit les serveurs cloud qui hébergent la base de données utilisée par l’U.S. Immigration and Customs Enforcement’s (ICE). Ces données  publiques et privées sont compilées et croisées pour suivre et expulser les migrants. Les serveurs d’Amazon hébergent aussi le système de gestion des enquêtes de l’ICE.  C’est Palantir – un logiciel cofondé par Peter Thiel, milliardaire et conseiller de Trump – qui permet aux agents de l’ICE sur le terrain d’accéder facilement à des données sur les personnes ciblées, incluant des photos du permis de conduire, les relations familiales et l’historique de leur parcours d’immigration.

L’ICE est une agence particulière agressive et répressive, contournant les lois pour expulser en masse les migrants, quitte à séparer les familles. Un mandat d’expulsion délivré par l’ICE ne suffit pas aux agents pour pénétrer chez quelqu’un sans son consentement, afin de l’arrêter. Pour contourner la loi, les agents de l’ICE procèdent à des descentes aux aurores, en s’identifiant mensongèrement sur le palier au cri de « police ! » et en portant de vestes et de tee-shirts similaires à ceux des forces de l’ordre pour nourrir la confusion… Les agents font aussi usage de diverses ruses (montrer la photo d’une personne inconnue au migrant ciblé en prétendant devoir vérifier que personne ne correspond à cette description à l’intérieur du domicile, se faire passer pour un membre d’un cabinet de procureur pour convenir d’un rendez-vous dans un lieu public, prétendre au téléphone vouloir rendre une pièce d’identité perdue pour attirer la personne ciblée, etc.).

Vendredi 24 avril, les prisonnières de l’unité 3 de la prison d’El Borbollón, en Argentine, se sont révoltées. Elles ont déclenché des incendies et brulé des draps et des couvertures. Elles exigeaient l’accélération de la mise en place des mesures sanitaires et de semi-liberté afin d’éviter d’être contaminées par le Coronavirus. Les prisonnières dénonçaient également la mauvaise qualité de la nourriture est non comestible, le fin des visites et le manque de produit d’hygiène de base. Les forces de sécurité son intervenues pour réprimer l’émeute. Des coups de feu ont été entendu. Dimanche, les prisonnières étaient toujours privées, d’électricité et d’eau courante. Mardi 28 , quelques 200 prisonniers de la prison de Chimbas se sont révoltés. Les gardiens ont tiré avec des balles en caoutchouc et utilisé leurs matraques pour réprimer le mouvement. On dénombre 5 prisonniers blessés dont un dans un état grave. La veille, un groupe de prisonniers, des prisons de Las Breñas et de Charata, a pris en otage deux gardiens avec des armes blanches. Le même jour, les prisonniers de la prison de la ville de Mendoza, se sont révoltés. Les prisonniers sont montés sur les toits avec des objets à la main et criant « nous sommes tous unis ». Ils exigeaient eux-aussi l’accélération  de la mise en place des mesures de semi-liberté afin de désengorger les prisons surpeuplées.

Au États-Unis, 40 jeunes prisonniers du centre de détention juvénile de Bridge City en Louisiane ont déclenché une émeute ouvrant leurs portes à coups de pied. Des hélicoptères ainsi qu’une équipe SWAT sont intervenus pour réprimer le mouvement en utilisant notamment du spray au poivre. On dénombre au 150 cas de Coronavirus parmi les jeunes prisonniers pour l’ensemble du pays. Les chiffres réels sont cependant probablement plus élevés étant donné le manque de test disponibles. Pour éviter la propagation du virus, les jeunes prisonniers sont à l’isolation 23 heures par jour. Ils ne peuvent recevoir de visites de leurs proches et n’ont plus accès aux programmes éducatifs.

Au Pérou, les prisonniers de la prison de San Juan de Lurigancho à Lima ont organisé une manifestation, mardi, pour exiger des tests de dépistage au Coronavirus. Il s’agit de la prison la plus surpeuplée du pays. Les prisonniers sont montés sur le toit pour afficher des banderoles annonçant notamment que plusieurs d’entre-eux présentaient des symptômes de la maladie. Les prisonniers ont également dénoncés les traitements inhumains subits de la part des gardiens qui n’hésitent pas à profiter de la situation en vendant par exemple des masques à 25 soles (8 $) à l’intérieur de la prison. La veille, les prisonniers la prison de Miguel Castro Castro se sont également révoltés. Cette révolte s’est déclenchée suite à la mort de deux prisonniers, dimanche, des suites du Coronavirus. Les prisonniers sont montés au sommet des pavillons pour montrer, avec affiches et slogans, leur désespoir face à la contagion. Ils ont également incendié des matelas et détruit du matériel. Quelques 200 policiers sont intervenus pour réprimer le mouvement, lançant de grenades de gaz lacrymogène et tirant à balles réelles. Au moins 9 prisonniers sont morts. La prison de Castro Castro abrite 5 500 personnes malgré le fait que sa capacité est inférieure à 2 000.

Une prisonnière de la prison d'El Borbollón

Une prisonnière de la prison d’El Borbollón

Whole Foods Market, une chaîne de supermarchés biologiques, filiale d’Amazon, emploie 95.000 salariés aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Elle surveille ses magasins pour tuer dans l’œuf toute possibilité de syndicalisation. Sur une carte des États-Unis, 510 points représentent les magasins Whole Foods. Une note est attribuée à chacun d’eux en fonction de la probabilité que leurs employés forment ou rejoignent un syndicat. Les notes les plus hautes sont signalées par des points rouges, ce sont les magasins dont le « risque de syndicalisation » est le plus élevé. Pour ce faire, l’entreprise utilise une vingtaine d’indicateurs parmi lesquels on trouve la « loyauté des employés », le roulement des effectifs, le nombre de fois où la ligne de signalement des ressources humaines a été jointe, la proximité d’un bureau syndical et même « la diversité raciale ». Les facteurs économiques et démographiques locaux tels que le taux de chômage ou encore le pourcentage de familles de la région vivant sous le seuil de pauvreté alimentent également cet indice de risque de syndicalisation. Plus d’infos ici.

Whole Foods Market

Whole Foods Market

Le projet de loi EARN IT (Eliminating Abusive and Rampant Neglect of Interactive Technologies – Loi sur l’élimination des négligences abusives et rampantes des technologies interactives) est un projet de loi déposé en mars qui vise à réduire les protections légales des applications et des sites Web dont le but déclaré est d’éradiquer l’exploitation des enfants en ligne. Si les entreprises ne respectent pas ces règles, elles pourraient perdre une certaine protection en vertu de l’article 230 de la Communications Decency Act, qui protège les entreprises de toute responsabilité vis-à-vis des publications des utilisateurs. Plusieurs organisations et législateurs s’opposent à cette nouvelle loi. De son côté, Signal a averti mercredi 8 avril qu’une éventuelle adoption de cette loi saperait le chiffrement de bout en bout. Dans un billet sur son blog, Signal a déclaré qu’en cas d’adoption du projet de loi, l’application serait dans l’obligation de quitter le marché américain. En plus de l’ensemble de personne qui, à travers le monde, utilisent Signal, cette application est recommandé par l’armée américain et est également utilisé par des sénateurs américains ainsi que des membres de la Commission Européenne.

Signal

Signal

The Intercept a publié un rapport à propos d’une enquête menée par le FBI sur le Mouvement de solidarité internationale (ISM), une organisation pro-palestinienne. Cette enquête tentait d’associer cette organisation à des activités terroristes et visait les militants de l’ISM, leurs associés et d’autres organisations avec lesquelles l’ISM a travaillé, en utilisant des informateurs ainsi qu’une surveillance physique et des télécommunications. Débuté en mars 2004, peu après le meurtre de membres de l’ISM par l’armée israélienne, l’enquête a coïncidé avec une campagne du gouvernement israélien visant à délégitimer l’ISM. Ce sont des agents du FBI d’au moins 11 villes qui ont été impliqués dans l’espionnage de divers militants de l’ISM et d’organisations connexes.

Un juge a ordonné jeudi 12 mars la libération de l’ex-informatrice de WikiLeaks, Chelsea Manning qui, la veille, avait tenté de se suicider depuis la prison où elle était détenue en raison de son refus de témoigner devant un grand jury. Ce grand jury ayant été dissous, « le tribunal considère que la comparution de Mme Manning n’est plus nécessaire et que son maintien en détention ne répond plus à un objectif de coercition », a décidé le juge Anthony Trenga. Les pénalités financières qui avaient été fixées pour la forcer à témoigner sur WikiLeaks et son fondateur Julian Assange restent néanmoins valables, et elle devra payer 256 000 dollars d’amendes.

Chelsea Manning, 32 ans, a tenté de se suicider mercredi. Les autorités étaient intervenues à temps et elle a été transférée à l’hôpital. En 2010, le soldat Manning, alors connu sous le prénom de Bradley, avait fait fuiter plus de 700 000 documents confidentiels ayant trait aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, dont plus de 250 000 câbles diplomatiques qui avaient plongé les Etats-Unis dans l’embarras. L’ex-analyste du renseignement avait été condamnée en 2013 à trente-cinq ans de prison par une cour martiale, mais sa peine avait été commuée par le président Barack Obama. Elle avait été libérée en mai 2017 après sept ans de prison, durant lesquels elle avait entamé sa transition vers le sexe féminin. En mars 2019, elle avait de nouveau été incarcérée parce qu’elle refusait de témoigner sur Julian Assange devant un grand jury.

Chelsea Manning

La bonne nouvelle … L’an passé Mumia souffrait d’une perte de la vue très inquiétante, au point qu’il n’était plus en capacité de lire et d’écrire. Diagnostic : cataracte aux deux yeux plus un glaucome. Pas suffisant pour préoccuper l’Administration pénitentiaire de Pennsylvanie Mais la mobilisation internationale a imposé une première opération de la cataracte en août 2019 et une deuxième programmée pour fin septembre … Elle a finalement été réalisée, avec succès, cinq mois plus tard, le 22 février dernier.

Saisie par Maureen Faulkner, veuve du policier assassiné dont le meurtrier désigné fut Mumia Abu-Jamal, la Cour suprême de Pennsylvanie vient de suspendre le droit d’appel accordée à ce dernier en décembre 2018 au terme d’une très longue procédure judiciaire (voir notre article). Ainsi la Cour donne-t-elle crédit à une prétendue partialité en faveur de Mumia dont le procureur de Philadelphie Larry Krasner ferait preuve au lieu de s’opposer à la procédure d’appel, comme le demandent Maureen Faulkner et le syndicat mafieux de la police (FOP). Dans l’attente de se prononcer définitivement, la Cour suprême a décidé de nommer un magistrat enquêteur pour examiner le présumé conflit d’intérêt dont se serait rendu coupable le procureur Krasner, ce qui dans ce cas, comme le réclame Maureen Faulkner, pourrait conduire à le dessaisir de l’affaire Mumia pour la confier au procureur général de Pennsylvanie, assurément plus enclin à suivre les recommandations de la police que de rendre justice.

Un rassemblement de protestation contre la décision de la Cour suprême a eu lieu à Philadelphie vendredi 28 février. Le prochain rassemblement à Paris pour la libération de Mumia aura lieu mercredi 4 mars à proximité de l’ambassade des Etats-Unis place de la Concorde (angle rue de Rivoli / Jardin des Tuileries).

Mumia Abu-Jamal

Mumia Abu-Jamal

Mardi 25 février, deux blocages étaient organisés en solidarité avec les Wet’suwet’en et les Mohawk de Tyendinaga. Un premier situé près de la gare Go de Kipling, dans l’ouest de Toronto, avait causé des retards sur le réseau Metrolinx. Le deuxième avait été mis en place près de l’aréna Lambton, toujours dans l’ouest de Toronto. Plusieurs dizaines de personnes bloquaient les voies dans le secteur alors que des centaines d’autres se sont tenues le long des voies ferrées pour les soutenir. La police a arrêté 37 personnes participant au blocage des voies, 12 d’entre elles font face à des accusations pénales, et les 25 autres ont été relâchées sans conditions. Les 12 manifestant·es sont accusé·es de « méfait » et pour 7 d’entre-eux « d’infraction à la Loi sur la sécurité ferroviaire ». Ces blocages s’organisent dans le cadre de la campagne pour soutenir la nation wet’suwet’en dont le territoire subit une invasion de la Gendarmerie royale du Canada (voir notre article).

 Un blocus ferroviaire près de l'aréna Lambton dans l'ouest de Toronto.