Mardi 14 avril, le centre social « Entre-Murs-Entre-Mondes » à Liège affichait une banderole indiquant « Justice pour Adil, la police tue ». Le lendemain, 6 personnes se disant policiers mais sans aucun signe distinctif (sans numéro de matricule, sans uniforme et roulant à bord de différentes voitures banalisées) sont venues devant le centre pour exiger que cette banderole soit enlevée. Ils citaient comme motif, tantôt un affichage calomnieux, tantôt un flagrant délit d’incitation à l’émeute et déclaraient que le commissaire leur avait donné l’ordre de saisir la banderole. Ils n’avaient pourtant aucun papier officiel avec eux. Les policiers ont également demandé qui était le responsable de ce centre social autogéré, qui avait peint la banderole et menacé de prendre les identités des militant·es présent·es. Pour renforcer la pression, certains d’entre eux sont rentrés dans le centre d’à côté et ont longé les murs du jardin sans toutefois tenter d’entrer. Les policiers ont également exigé que la banderole leur soit remise au motif qu’ils auraient reçu l’ordre de la saisir. Devant le refus des militant·es, ils sont finalement partis. Plus d’infos ici.

La banderole de soutien à Adil

Plusieurs témoignages reçus par la Nouvelle Voie Anticoloniale indiquent que certains policiers en civil font des rondes à Bruxelles aux alentours de 20h pour prendre notes des adresses des personnes participant a l’action de soutiens et d’hommage a Adil en criant des slogans solidaires à 20h. Plus d’infos ici.

Un des témoignages reçus par la NVA

Un des témoignages reçus par la NVA

Mardi 14 avril, un tag en solidarité avec Adil, un habitant d’Anderlecht tué suite à un contrôle de police, a été effectué sur le domaine royal de Laeken. Le tag indique « Adil assassiné par la police Ni oubli ni pardon » » Plus loin sur le mur apparait l’inscription « ACAB » (All Cops Are Bastards). Le Palais a annoncé qu’il ferait retirer le message.

La première partie du tag en solidarité avec Adil

La première partie du tag en solidarité avec Adil

La seconde partie du tag en solidarité avec Adil.jpg

La seconde partie du tag en solidarité avec Adil

Lundi 13 avril, des feux d’artifices ont été à la prison de Saint Gilles/Forest pour soutenir les prisonnières et prisonniers. Aux cris de “Solidarité avec les enfermé.e.s” et “Liberté pour toutes et tous”, les militant·es ont voulu soutenir les oublié·es de la crise liée au  Coronavirus. Cette démonstration fait également écho aux révoltes ayant eu lieu dans pratiquement tous les lieux d’enfermement de Belgique. Les revendications sont notamment : la sécurité sanitaire, la libération des prisonnières et prisonniers ainsi que l’accès au téléphone gratuitement afin de préserver le peu de liens avec l’extérieur. Plus d’infos ici.

Prison de Saint-Gilles

Hier, des émeutes avaient éclaté à Anderlecht suite à la mort d’un jeune dans un contrôle de police (voir notre article). Des cocktails Molotov ont été lancés dont un blessant un policier. Une voiture de police a été encerclée et ses occupant ont fuit le véhicule. Une personne en a alors profiter pour prendre une arme à feu dans la voiture. La scène a été filmée par une caméra de surveillance et la police essaye d’identifier les protagonistes. Vers 20h, la police pensait avoir la situation sous contrôle mais, de nouveaux affrontements avec des jets de pierres sur un commissariat (des vitres ont été brisées) ont éclaté deux heures plus tard. Des rassemblements ont également été signalé à Saint-Gilles (Place Bethléem) ainsi de cocktail Molotov sur le commissariat du Parvis de Saint-Gilles. Au total, plus de 60 personnes ont été arrêtées. Les policiers sont en pleine enquête. Ils analysent notamment les caméras de surveillance afin de pouvoir « leur imputer une infraction ».

Contre le commissariat du Parvis St-Gilles

Ce vendredi soir, un jeune homme de 19 ans est décédé suite à une course-poursuite avec la police à Cureghem (quartier d’Anderlecht). Selon les dires de la police, la personne est décédée lors d’une collision entre son scooter et la patrouilleuse. Des affrontements ont déjà eu lieu la nuit dernière (une voiture aurait été incendiée). D’autres affrontements ont éclaté à plusieurs endroits entre la Gare du Midi et la Maison Communale d’Anderlecht, cet après-midi, suite à des appels à se rassembler à Clémenceau, qui circulaient sur les réseaux sociaux. Au moins deux véhicules de police ont été endommagés avant d’être abandonnés par leurs occupants, des barricades sont dressées à plusieurs endroits. La police ne reconnaît qu’un groupe d’une cinquantaine de manifestants.

La police a déployé un hélicoptère, une autopompe et au moins un véhicule blindé, ainsi que des lignes anti-émeutes autour du quartier, dispositif toujours en place à l’heure d’écrire ces mots. Il y aurait déjà eu plusieurs blessés et arrestations.

Dernière mise à jour 17h40

Le ministre CD&V se fondant sur une circulaire du Collège des procureurs généraux prise dans le cadre des mesures de lutte contre la propagation du covid-19, a expliqué que la police peut procéder à une visite administrative dans un domicile privé lorsque se présente un danger grave et imminent contre l’intégrité physique des personnes, constater l’infraction et y mettre fin, par exemple en interrompant une fête qui s’y donnerait au mépris des règles de confinement et de distanciation. Les policiers devront toutefois recevoir l’autorisation de leur chef de zone en concertation avec le procureur du roi. On sait que les amendes communales (SAC) infligées pour non-respect du confinement étaient illégales (voir notre article). Avec les pouvoirs spéciaux à disposition, les ministres de la justice  et de l’Intérieur ont annoncé la mise en application prochaine d’un arrêté royal « donnant la possibilité d’appliquer les mesures visant à limiter la propagation du COVID-19 par le biais d’une sanction administrative communale ». Le Conseil des ministres a validé ce samedi cet arrêté royal.

Perquisition (archives)

Une équipe du « corps d’intervention » de la police fédérale fait voler au dessus de rassemblement un drone énoncer les mesures de confinement, et notamment celles de « distance sociale ». Il a volé ce midi au dessus des files de personnes attendant la distribution d’un repas gratuit parvis Saint-Gilles. L’équipe est formé de deux policiers dont un opérateur.

Le drone survolant le Parvis StGilles

Le poilicier de gauche tient le drone, celui de droite est le pilote

Aujourd’hui Emmanuel André, virologue et porte-parole interfédéral de la lutte contre le covid-19, a annoncé que le centre de crise envisageait d’utiliser une stratégie de tracking (soit un suivi des déplacements des personnes via leurs téléphones portables) lorsque la pandémie de Coronavirus sera mieux contrôlée. L’idée est de retracer le parcours de chaque cas confirmé afin de voir avec qui cette personne a été en contact. Plusieurs applications sont déjà en cours de développement pour permettre ce suivi. Cependant la mise en place d’une telle stratégie nécessite des moyens humains importants.

Emmanuel André porte-parole interfédéral de la lutte contre le covid-19

Emmanuel André porte-parole interfédéral de la lutte contre le covid-19

Aujourd’hui, une manifestation de soutien aux prisonniers s’est tenue devant la prison de Saint-Gilles. Une trentaine de personnes sont arrivées avec des mégaphones et ont commencé à crier « Libérez les prisonniers! » et « Solidarité avec les prisonniers ». Elles ont du partir après 5 minutes afin de ne pas être arrêté.e.s par la police. Cette manifestation a permis également de soutenir les proches des prisonniers qui, à ce moment-là, étaient en train de faire la file pour livrer leur colis de linge, les visites étant interdites. Bien que l’action se soit passée Saint-Gilles, elle était adressée à toutes les personnes incarcérées dans toutes les prisons du pays.

Prison de Saint-Gilles

Quelques jours avant la fin de mars, les contrôles, les coups de pression et les survols de la ZAD par drones se sont accentués. La police fédérale et la police d’Arlon pourraient profiter de la crise du Covid-19 pour préparer une expulsion à la fin du confinement. A la date du 1er avril, l’accumulation de contrôles, de coups de pression, d’amendes, d’espionnages, d’arrestations arbitraires – voire racistes – en centre-ville, a ramené sur la ZAD, restée calme jusqu’ici, un climat de tension. Des combis de police, dont des fédéraux, ont tourné durant une bonne partie de l’après-midi, en profitant au passage pour nous insulter, nous faire des doigts d’honneur et même nous pointer avec leurs armes de service (des pistolets et des FN303).

A la Zablière