Plus d’une semaine après la mort de George Floyd (voir notre article), les initiatives se multiplient à travers le monde pour dénoncer le racisme et les meurtres de policiers. En France, de nombreux rassemblements ont été organisés en soutien aux mobilisations actuelles aux Etats-Unis (voir notre article) mais aussi pour dénoncer les violences et les crimes de la police française. A Paris, un rassemblement à l’initiative du comité Vérité pour Adama a rassemblé près de 40.000 personnes devant le Tribunal de Grande Instance. Celui-ci était interdit par la préfecture et a été dispersé par des gaz lacrymogènes. A Toulouse, Montpellier, Lille, Marseille et ailleurs, des milliers de personnes ont bravé les interdictions de manifestations pour dénoncer les violences policières.

Rassemblement à Toulouse en hommage à George Floyd.

Alexandre El Gamal et Ahmed Berrahal, délégués CGT des dépôts RATP de Vitry et de Flandre, passent en conseil de discipline le 10 juin prochain pour des faits de grève lors de la mobilisation contre la réforme des retraites. Une journée de grève le 10 juin et un rassemblement à 13h devant la cour d’assises de Lachambeaudie sont prévus en leur soutien.

Affiche de soutien aux syndicalistes de la RATP

Suite à un affrontement avec des fascistes en avril 2019 (voir notre article), le militant antifasciste Antonin Bernanos a été arrêté puis incarcéré pendant 6 mois. Il est sorti de prison en octobre dernier, avec un contrôle judiciaire très strict malgré un dossier à charge très faible. Ce vendredi 22 mai, se tenait l’audience d’appel pour la levée de son contrôle judiciaire, audience à laquelle il n’avait pas le droit d’être présent. L’audience s’est soldée par un refus de la levée de son contrôle judiciaire. Antonin Bernanos reste donc assigné à résidence.

Antonin Bernanos

Dans la nuit du vendredi 29 mai, un groupe anarchiste de Besançon a revendiqué avoir incendié la voiture personnelle d’Éric Alauzet, député LREM. Cette attaque fait suite à plusieurs actes de sabotage à Besançon et sa région, dont certains sont également revendiqués par des organisations anarchistes.

Eric Alauzet, député LREM.

Samedi 30 mai, une manifestation de personnes sans papiers s’est tenue à Paris pour le droit et l’égalité pour toutes et tous, la fermeture des Centre de Rétention Administratives (CRA), la régularisation et le droit au logement. Les forces de l’ordre ont tenté, en usant de gaz lacrymogène, d’empêcher le départ de la manifestation qui n’avait pas été autorisée par la préfecture de police, arguant des « risques sanitaires ». Selon la police, 92 personnes ont été interpellées.

Manifestation pour le droit des sans-papiers

Manifestation pour le droit des sans-papiers

Samedi 23 mai, la Campagne BDS France Montpellier étaient présent·es, comme chaque samedi, pour tenir un stand, Place de la Comédie à Montpellier. La police est, à nouveau intervenue pour interrompre l’action en confisquant des pancartes. Deux journalistes de Décolonial News qui filmaient la scène ont été contrôlés (voir la vidéo) par la police qui a tenté de saisir abusivement le téléphone de l’un des journalistes. Un des policier a notamment dit à ce journaliste : « dommage que je sois en tenue » tandis qu’une autre policière prenait les deux journalistes en photo avec son téléphone personnel. Lorsque la hiérarchie a appris que des journalistes engagés, filmaient la scène, les policiers ont reçu l’ordre de se dissimuler le visage. La police de Montpellier avait déjà empêché une action de la Campagne BDS la semaine précédente (voir notre article).

La police empêche à nouveau une action de BDS à Montpellier

Hier, le premier ministre français, Édouard Philippe annonçaient les nouvelles règles dans le cadre de la phase deux du déconfinement. À partir du 2 juin, les collèges, lycées, parcs d’attraction, grands magasins, salles de sport, salle de spectacle, etc seront ré-ouverts. Les personnes pourront sans limite de distance. En extérieur, des rassemblements seront autorisés jusqu’à 5000 personnes, à l’exception des rassemblements de plus de 10 personnes dans l’espace public. Les manifestations sont donc interdites.

Déconfinement, tout est autorisé sauf les manifestations

Déconfinement, tout est autorisé sauf les manifestations

Trois professeurs du lycée Desfontaines de Melle (79) sont suspendus depuis mars pour avoir manifesté contre la réforme du bac. Convoqués par le rectorat mi-mars, ils ont été suspendus pour 4 mois avec interdiction de s’approcher de l’établissement ou d’avoir des contacts avec leurs élèves. Ils sont accusés d’avoir perturbé le déroulement des épreuves de contrôle continu, les épreuves anticipées E3C du bac en février dernier lors du mouvement des travailleurs de l’Education nationale contre la réforme du bac.

Vendredi 22 mai, un groupe de manifestant·es a détruit une statue de Victor Schoelcher située à Fort-de-France à l’occasion de la commémoration des luttes des anciens esclaves pour leur libération. Une autre a été détruite dans la commune qui porte le nom de l’homme politique. Ces actions visaient à rétablir la vérité historique sur l’abolition telle que pensée par Victor Schoelcher. Celui-ci était, en effet, à l’origine du décret qui avait permis l’indemnisation des propriétaires d’esclaves suite à l’abolition de l’esclavage. Les anciens esclaves avaient ainsi dû dans les jours suivants retourner sur les habitations pour être embauchés par leurs anciens maîtres. Victor Schoelcher est célébré dans l’histoire officielle comme un héro ayant permis la fin l’esclavage. En réalité, c’est l’une des multiples révoltes des esclaves pour obtenir leur liberté, qui força le gouverneur de Saint-Pierre à signer le décret d’abolition avant l’arrivé du décret gouvernemental. Plus d’infos ici.

Deux statues de Victor Schoelcher détruites par des manifestant·es

Deux statues de Victor Schoelcher détruites par des manifestant·es

Samedi 23 mai, quelques centaines de personnes dont des Gilets jaunes se sont rassemblées sur la place du Commando à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour protester contre les restrictions à la liberté d’expression et critiquer la gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement. La manifestation ayant été interdite, la police est intervenue, ce qui a donné lieu à des incidents. Les manifestant·es ont lancé des projectiles tandis que la police utilisait des grenades lacrymogènes. Un homme comparaissait devant le tribunal de Saint-Nazaire, ce lundi mai, pour avoir lancé un projectile sur les forces de l’ordre, durant cette manifestation.

Répression d'une manifestation critiquant la gestion gouvernementale de la crise

Répression d’une manifestation critiquant la gestion gouvernementale de la crise