Un manifestant a été tué mardi par une balle des forces de sécurité soudanaise, portant à 125 le nombre de morts de la répression. Le manifestant, un homme dont le corps n’a pas encore été identifié, a été touché par une balle au torse alors qu’il participait à une marche contre le pouvoir militaire dans la banlieue nord-est de Khartoum. Après la révolte de 2019 qui a poussé l’armée à démettre le dictateur Omar el-Bachir, militaires et civils s’étaient engagés à partager le pouvoir pour amener le Soudan vers la démocratie. Le putsch du général Abdel Fattah al-Bourhane a brutalement interrompu cette transition. Si civils et militaires discutent désormais un nouvel accord-cadre pour revenir au statu quo d’avant-putsch, la rue, elle, continue de rejeter en bloc le pouvoir militaire et les civils qui acceptent de s’asseoir à la même table de négociation que les généraux putschistes.

En huit jours, depuis le 20 février, au moins 18 prisonniers ont été exécutés en Iran, dont deux prisonniers politiques. Les bourreaux du régime ont pendu deux prisonniers baloutches, Hadi Arbabi et Mohammad Eshaq Gorgij, détenus depuis 2019, à la prison de Zahedan, lundi 27 février au matin. Le dimanche 26 février, cinq prisonniers dont deux femmes ont été pendus à la prison de Birjand et un autre prisonnier nommé Hamid Rahimi à la prison de Sanandaj. Le 22 février, Mohammad Rassoul Cholaki a été exécuté à la prison d’Ilam. Le 21 février, Davoud Rokjan a été exécuté à la prison de Birjand, et le lundi 20 février, deux frères baloutches, Alireza et Safar Mohammad Pour, ont été pendus à la prison de Torbat-e-Jam. Le 20 février, un prisonnier kurde, Moslem Moradi, a été exécuté à la prison centrale de Sanandaj. L’exécution de cinq autres condamnés, dont les prisonniers politiques Hassan Obayat et Sarkut Ahmadi, avait déjà été annoncée entre les 20 et 22 février.

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Dimanche, deux colons ont été tués lors d’une opération de la résistance près de la ville de Huwara, à Naplouse, en Cisjordanie occupée. Le résistant a percuté la voiture des deux Israéliens, puis est sorti de sa voiture, les a abattus avec un fusil M-16 et a quitté les lieux.  Suite à cette attaque, des bandes de centaines de colons sionistes ont mené des pogroms dans la ville de Huwara. Les colons armés détruisaient et incendiaient les voitures et maisons des Palestiniens. D’autres pogroms ont eu lieu, notamment dans le village de Burin, au sud de Naplouse, où les colons ont incendié l’école. Un Palestinien a été tué dans un pogrom dans le village de Za’tara. Les forces d’occupation se sont contentées d’observer les raids des colons qui ont aussi fait 98 blessés parmi les Palestiniens.

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Cinq mois après le début des manifestations en Iran, le mouvement de contestation se poursuite. Mais il a dû se réinventer en raison de la forte répression de la part des autorités. Depuis la mort de Masha Amini, qui a provoqué la vague de contestation en septembre dernier, la police iranienne a tué quelque 500 manifestants. Les grands rassemblements ont laissé la place, désormais, à des actions ponctuelles mais répétées, et partagées sur les réseaux sociaux. On y voit des personnes taguer des murs, se regroupement pour des rassemblements éclairs, arracher ou brûler des affiches du régime, lancer des cocktails Molotov sur des propriétés d’agents du gouvernement ou encore, pour des femmes, se promener sans voile. Les réseaux sociaux sont pourtant surveillés par 14 000 cyber-policiers du régime qui cherchent les identités qui se postent dans l’anonymat.

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En réaction au décès de Zorbi Bei Ismail Zehi, assassibnée par les forces de répression lors du soulèvement de Zahedan, et dans la poursuite de leur campagne anti-répression, de jeunes insurgés ont mené une dizaine d’activités le 23 février en Iran. Ils ont mis le feu à des centres de la milice du Bassidj à Téhéran et Ispahan et à un centre culturel du régime à Shahryar. Ils ont aussi incendié des panneaux et bannières avec les portraits de Khomeiny, Khamenei et Qassem Soleimani à Téhéran, Chiraz, Arak et Shahryar. Zarbi Bei Ismail Zehi était l’une des blessées du vendredi sanglant de Zahedan. Une balle des pasdarans lui avait sectionné la moelle épinière. Elle est décédée le 20 février au bout de 143 jours.

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Ces 20 et 21 février, les forces d’occupation israéliennes ont mené une campagne d’arrestation massive à travers la Cisjordanie occupée, détenant au moins 27 Palestiniens. Quinze personnes détenus ont été arrêtés dans le camp de réfugiés d’Al-Fawwar à Hébron en Cisjordanie occupée, d’autres arrestations ont eu lieu à Jénine et Naplouse. La police israélienne a également pris d’assaut un certain nombre de maisons palestiniennes à Jérusalem. Les détenus ont été transférés pour être interrogés par les services de sécurité israéliens sur des accusations de participation à la résistance contre les colons et les troupes. A Jénine, les forces israéliennes ont été confrontées à des tirs nourris de la part des combattants de la résistance, ce qui a entraîné des affrontements violents. Les troupes israéliennes ont également pris d’assaut le village d’Urif, dans la ville de Naplouse, et ont arrêté deux Palestiniens recherchés.

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Des demandeurs d’emploi en sit-in ont bloqué la sortie des camions chargés de phosphate à partir de la ville d’Oum Larayes (Gouvernorat de Gafsa) en direction des usines des engrais chimiques. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ont brûlé des pneus en caoutchouc devant l’unité de production de phosphate commercial. Ces affrontements, qui ont eu lieu aux abords de la laverie de phosphate et des quartiers environnants, ont stoppé le processus de chargement des camions démarré mardi matin aux premières heures par la Compagnie des Phosphates de Gafsa qui n’a pu expédier que 7 camions vers les usines du Groupement Chimique Tunisien.

De jeunes Palestiniens du camp de réfugiés de Shuafat à Jérusalem-Est ont bloqué les voies d’accès de la zone dans la nuit de samedi à dimanche et brûlé des pneus. Ces actions s’inscrivent dans un appel à la grève générale et à la désobéissance civile formulé samedi. Depuis l’attaque à un poste de contrôle du camp de réfugiés, la semaine dernière, au cours de laquelle un militaire des forces d’occupation a été tué, les restrictions imposées par les autorités israéliennes se sont renforcées et se multiplient. Des routes ont également été bloquées dans la matinée dans les localités de Issawiya, Jabal Mukabar et Silwan. Les forces d’occupation sont intervenue pour ouvrir les barrages routiers et repousser les manifestants.

Le Liban connaît une crise économique terrible, et la vacance du pouvoir aggrave la situation (le Parlement, divisé, a échoué à élire un président à onze reprises). Depuis 2019, la livre libanaise a perdu plus de 95 % de sa valeur par rapport au dollar, ce qui se traduit par une hausse des prix des produits de base, dans un pays où plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les épargnants n’ont plus accès à leurs économies bloquées dans des banques, qui ont restreint les retraits et transferts d’argent. Ils sont condamnés à voir leur épargne fondre (il y a deux semaines 60 000 livres libanaises valaient un dollar, hier, il en fallait 80 000 pour un dollar.) Dans le quartier de Badaro à Beyrouth, des manifestants ont attaqué les façades d’au moins quatre banques et brûlé des pneus devant celles-ci. Les manifestants se sont ensuite regroupés devant la maison d’un banquier dans la banlieue de Beyrouth. La veille, mercredi, en réaction à la détérioration de leurs conditions de vie, des dizaines de chauffeurs de taxi ont bloqué la route devant le ministère de l’Intérieur à Beyrouth pour protester contre la baisse de leurs revenus.

Depuis un an, les autorités saoudiennes intensifient leur répression ciblant les personnes qui se servent des espaces en ligne pour critiquer le régime. 15 personnes ont été condamnées en 2022 à des peines d’emprisonnement comprises entre 10 et 45 ans, uniquement pour des activités pacifiques en ligne. L’augmentation spectaculaire de la durée des peines de prison prononcées par le Tribunal pénal spécial fait suite à la nomination d’un nouveau juge à la présidence du tribunal en juin 2022. Cet homme faisait partie de la délégation envoyée par les autorités saoudiennes à Istanbul en octobre 2018 pour « nettoyer » les preuves de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, démembré au consulat saoudien…

Ces poursuites récentes coïncident avec des révélations selon lesquelles il a infiltré Twitter afin de recueillir des informations sur les dissident·e·s. En décembre 2022, un tribunal américain a déclaré l’ancien manager de Twitter Ahmad Abouammo coupable d’espionnage au profit de l’Arabie saoudite, l’accusant d’avoir accédé à, surveillé et transmis des informations confidentielles et sensibles susceptibles de permettre d’identifier et de localiser les utilisateurs de Twitter présentant un intérêt pour la famille royale saoudienne. D’après l’acte d’inculpation, Ahmad Abouammo a fourni les noms et les informations de comptes Twitter « publiant des informations critiques ou embarrassantes pour la famille royale saoudienne et le gouvernement de l’Arabie saoudite ». En outre, cet acte indique qu’un responsable saoudien a communiqué avec Ahmad Abouammo pour lui demander de supprimer le compte Twitter d’un utilisateur qui avait « publié des informations critiques sur la famille royale saoudienne et un membre de cette famille » et de lui transmettre des informations personnelles sur ce compte.