Samedi 2 mai 2020, les autorités égyptiennes ont annoncées la mort de l’artiste et activiste Chady Habach. Il avait 22 ans et les circonstances exactes de sa mort restent encore indéterminées à ce jour. Chady Habach purgeait une peine de 2 ans après avoir été arrêté en 2018 suite à la réalisation d’une vidéo dénonçant la politique du président Abdel Fattah al-Sissi.

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Mardi soir, de nouveaux affrontements ont éclaté, comme la veille, entre manifestant·es et militaires à Tripoli et à Saïda (voir notre article). Les manifestant·es ont jeté des pierres et des pétards sur les soldats qui ont lancé des grenades lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc. Les manifestant·es ont également coupé plusieurs routes à l’aide de pneus enflammés, réclamant que les personnes arrêtées la veille soient libérées, que les fonds pillés soient rendus et que des élections législatives anticipées aient lieu. L’armée a arrêté 19 personnes. À Saïda, tout comme la veille, les manifestants ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles contre le bâtiment de la Banque du Liban et ont saccagé des agences bancaires dans la rue des banques. La situation restait tendue peu avant minuit alors que l’armée poursuivait les contestataires pour les disperser. À Choueifate, des cocktails Molotov ont été lancés sur la branche de la Byblos Bank en soirée. À Beyrouth, une manifestation a également lieu devant le siège de la Banque du Liban. Au total, on dénombre 81 soldats blessés. On ignore le nombre de blessé·es parmi les manifestant·es.

Émeutes à Tripoli et Saïda

Émeutes à Tripoli et Saïda

Lundi 27 avril, des manifestations se sont déroulées à Beyrouth, Tripoli et Saïda contre la dégradation des conditions sociales et économiques alors que la livre libanaise continue à s’effondrer face au dollar. À Tripoli, un transport militaire a été incendié par un cocktail molotov, alors que les manifestants tentent de se rassembler place Al Nour. Les forces de sécurité et l’Armée Libanaise ont ouvert le feu. Plusieurs personnes ont été gravement blessées dans les affrontements. Une manifestation a également lieu dans le quartier de Bab Tebbaneh. Les manifestant·es ont endommagé la succursale locale d’une banque, située au niveau du Port de la ville. Des gaz lacrymogènes ont été tirés par les forces de sécurité en charge de la protection du domicile d’un député. Des affrontement ont également eu lieu à Beyrouth au niveau de Fanar ou encore dans le quartier de Hamra. À Saïda, les manifestant·es ont caillassé la façade de l’agence locale de la Banque du Liban. Des pétards ont également été lancé, provoquant l’intervention d’unités de l’armée pour les disperser. Par ailleurs, des manifestant·es ont bloqué l’axe autoroutier Beyrouth-Jounieh au niveau de la localité de Zouk Mosbeh.

Enfin, deux banques ont été visées par des attaques à l’explosif à Tyr et à Saïda dans la nuit de samedi à dimanche. La première attaque s’est déroulée aux dernières heures de la nuit de samedi à dimanche. Trois cocktails Molotov ont été lancé contre la façade de la branche du Crédit libanais à Tyr. Samedi soir, c’est un engin explosif qui a été lancé contre la façade de la branche de la Fransabank située dans le centre-ville de Saïda. La façade de la banque a été brisée et le faux-plafond surplombant le distributeur automatique de billets s’est effondré à cause de la déflagration. Dans un communiqué circulant sur les réseaux sociaux, un nouveau groupe se faisant appeler le « Tribunal de la révolution armée » a revendiqué ces attaques. Il a également menacé les banquiers et leurs familles en écrivant des graffitis « vous êtes en danger » sur la façade de plusieurs banques à Saïda.

La Fransabank après l'attaque à l'explosif

La Fransabank après l’attaque à l’explosif

Mardi soir, les habitant·es de la région d’al-Golaa, dans le district de Douz-Nord (sud de la Tunisie), ont manifesté devant la mairie contre les conditions d’hébergement des malades dans un centre de quarantaine dans la ville de Sousse (centre est). Les forces de sécurité sont intervenues pour disperser les manifestants en lançant notamment des grenades lacrymogènes. Les manifestant·es ont répliqué en lançant des pierres et en incendiant une voiture de police. Les manifestant·es protestaient contre le choix des autorités d’établir le centre de confinement dans une école de tourisme au lieu d’un hôtel touristique comme cela était initialement prévu. Dans l’école, les conditions d’hébergement sanitaire correctes ne sont pas garanties. Les malades se retrouvent dans des chambres non individuelles inconfortables qui ne remplissaient pas les conditions d’isolation.

Manifestation à al-Golaa contre les conditions d'hébergement des malades

 

Remis en liberté le 17 mars 2020 (lire notre article), Esmail Abdi a dû se présenter à la prison le 21 avril et a été maintenu en détention. Esmail Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran, condamné en 2016 à six ans de prison pour « organisation et participation à des rassemblements illégaux », découlant de ses activités syndicales. Après une grève de la faim en 2017 (voir notre article), il avait été libéré provisoirement début 2018, mais renvoyé à la prison d’Evin le 20 janvier 2018.

Esmail Abdi

Esmail Abdi

Mardi 21 avril, le gouvernement irakien a levé partiellement les mesures de confinement liées au Coronavirus. Des manifestant·es anti-gouvernementaux, qui s’opposent depuis octobre 2019 à l’élite politique au pouvoir corrompue et à l’ingérence de pays étrangers, ont immédiatement repris la rue à Bagdad. Des affrontements ont éclaté près de la place Tahrir. Au moins un manifestant a été abattu. Plusieurs autres personnes ont été blessées lors des affrontements qui ont éclaté mardi près du rond-point d’Al-Khulani, dans la capitale.

Manifestants à Bagdad

Irak – 31 manifestant·es tué·es et plusieurs centaines de blessé·es (archive)

Depuis plusieurs mois, le Liban connait un soulèvement populaire d’une ampleur inédite contre la classe dirigeante et la corruption dans le pays (voir notre article). L’épidémie de Coronavirus a cependant fortement perturbé la mobilisation. Le parlement libanais avait par ailleurs suspendu ses sessions et ne s’était plus réuni depuis le 3 mars. Il a cependant décidé de se réunir à nouveau pour une session spéciale de trois jours. Plusieurs de centaines de manifestant·es anti-gouvernementaux ont donc décider d’organiser une manifestation depuis leurs voitures afin d’éviter une propagation de la maladie.

Des manifestant·es anti-gouvernementaux libanais manifestent depuis leur voiture

Des manifestant·es anti-gouvernementaux libanais manifestent depuis leur voiture

Le 17 avril est la journée internationale de soutien aux prisonnières et prisonniers palestiniens. Depuis 1967, plus d’un million de Palestiniens ont été emprisonnés par l’occupation israélienne. Aujourd’hui, 5000 Palestiniens sont détenus dont Ahmad Sa’adat, secrétaire général du FPLP. L’épidémie de COVID-19 rend la situation critique dans les prisons de l’occupation où déjà un prisonnier a été testé positif à sa sortie de prison sans que ses anciens co-détenus ne soient placés en quarantaine. Pour célébrer cette journée tout en respectant le confinement, de nombreux webinaires ont été organisés cette semaine avec l’association palestinienne Addameer et le réseau international Samidoun.

 

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Le 14 avril 2020, le procureur de Khorramabad, accompagné de nombreux membres des forces de répression, a lancé un raid sur Falakedine, un quartier populaire de cette ville pour en détruire des habitations que les habitants pauvres avaient réussi à construire avec des matériaux de base. Les agents se sont mis à frapper les gens qui refusaient la démolition, et dans certains cas ont blessé des personnes âgées alors que des décombres leur tombaient dessus. Ces habitations détruites appartenaient pour la plupart aux habitants qui lors des inondations de l’an dernier avaient perdu tous leurs biens, maison y compris, et qui s’étaient reconstruit un abri. Ces habitants vivent sous le seuil de pauvreté et ne possèdent pas le minimum de revenus ni de moyens de subsistance. Des centaines de membres des forces répressives, dont des membres des unités spéciales et les miliciens du Bassidj, soutenus par hélicoptère, ainsi que d’autres agents ont été déployés par la mairie, avec des engins niveleurs, des pelles mécaniques et des canons à eau, ont été mobilisés pour cette opération. Les jeunes du quartier se sont opposés aux forces répressives pour les empêcher de détruire les maisons. Les miliciens du Bassidj et les unités spéciales les ont couverts de coups et ont tiré en l’air pour les disperser. Les jeunes ont riposté en leur lançant des pierres et ont brisé les vitres de leurs véhicules.

Affrontements à Khorramabad