Les combats entre les forces de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) et les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental se sont intensifiés ces derniers jours. Les attaques des combattants sahraouis contre les forces d’occupation marocaines se sont succédées le long du mur de sable, depuis la reprise de la guerre pour la libération du Sahara occidental, le 13 novembre 2020. Le mur de sable érigé par l’armée marocaine s’étend sur 2700 kilomètres. Il sépare les territoires occupés par le Maroc des territoires libérés par le Front Polisario. Sept millions de mines sont enfouies le long de ce mur de sable. Le 8 janvier, les forces de l’ALPS ont mené des attaques contre des positions de l’armée marocaine dans les régions de El Aaria, à Laâgued, dans les régions de Aagued Argane et Sebkhat Tnouched (Mahbès), mais aussi dans le secteur de Haouza, notamment dans les régions de Akajkal et le nord de Glib Diret.

Combattants saharaouis

Les appels se multiplient pour la libération des dix-neuf prisonniers politiques sahraouis du groupe dit « de Gdeim Izik », emprisonnés depuis maintenant 12 ans. Ils ont condamnés pour leur participation présumée aux violences meurtrières qui ont éclaté le 8 novembre 2010, quand la police marocaine a démantelé un campement de manifestants au Sahara occidental. Les procès ont été entachés par le fait qu’ils se sont appuyés sur des « aveux »  extorqués sous la torture et que les accusés avaient réfutés. Le Comité contre la torture des Nations Unies a d’ailleur condamné, l’an passé, des violations de la Convention contre la torture dans trois affaires concernant des accusés de Gdeim Izik.

En 2013 un tribunal militaire a condamnés 23 accusés à des peines d’au moins 20 ans d’emprisonnement, et deux à des peines déjà purgées. En 2016, la Cour de cassation a annulé cette décision au motif qu’elle était fondée sur des preuves peu concluantes. En 2017, la Cour d’appel de Rabat a confirmé toutes les déclarations de culpabilité, mais elle a allégé les peines prononcées contre deux accusés qui ont été remis en liberté. Un des 25 accusés qui était en liberté conditionnelle depuis 2011 pour raisons de santé est décédé en 2018. À la suite du procès de 2017, les autorités ont dispersé les 19 prisonniers de Gdeim Izik dans six prisons situées à un millier de kilomètres au moins d’El Ayoun, où vivaient la majeure partie d’entre eux. Ils ont mené plusieurs grèves de la faim contre la privation de soins et de visites.

 

Le Comité contre la torture de l’ONU (CAT) a condamné le Maroc pour des faits de torture et de mauvais traitements sur Mohamed Bourial, un prisonnier politique sahraoui du groupe de Gdeim Izik. Mohamed Bourial avait été arrêté le 8 novembre 2010, le jour du démantèlement du campement pacifique de protestation de Gdeim Izik dans la banlieue de Laâyoune au Sahara occidental (voir notre article). Il a été condamné par une Cour militaire en 2013 et confirmé en appel en 2017, à 30 ans de prison. C’est la troisième fois que cette instance de l’ONU condamne le Maroc, la première décision concernait Naâma Asfari, lui aussi prisonnier du groupe de Gdeim Izik, (décision prise le 16 novembre 2016) et la deuxième Omar N’dour (décision prise le 19 novembre 2021).

Détenus depuis 12 ans sur base de procès fondés sur la torture, la situation des prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik est encore plus difficile depuis le dernier procès en appel de juillet 2017. Au nombre de 19, ils sont dispersés dans 6 prisons, loin de leurs familles. Ils ont été privés de toute visite familiale pendant les deux ans du Covid, mesure toujours en vigueur à ce jour. Deux prisonniers, Hassan Dah et Zaoui Elhoussine, ont entamé une nouvelle grève le 1er avril pour réclamer leur droit au transfert auprès de leurs familles, ce que les prisonniers demandent depuis 2017, date de la fin du procès en appel.

Les forces marocaines ont réprimé lundi soir dans la ville de Dakhla, dans les sahraouis occupés occupée, des manifestants qui réclamaient que justice soit rendue dans l’affaire de l’assassinat de Lahbib Aghrichi. Les Sahraouis manifestaient dans le cadre d’un mouvement lancé depuis quelques jours pour exiger des autorités de l’occupation de dévoiler les circonstances de ce crime et punir ses auteurs. Les forces marocaines, appuyées par des policiers en civil ou portant des uniformes officiels et des forces auxiliaires, ont réprimé la manifestation, procédé à de nombreuses arrestations, et vandalisé des maisons et des voitures des habitants. Parmi les Sahraouis enlevés par les forces marocaines, l’ancien prisonnier politique Rachid Asseghir.

Ces manifestations ont été déclenchées après la disparition depuis quelques semaines, de Lahbib Aghrichi. Après avoir refusé d’ouvrir une enquête sérieuse sur cette disparition, les autorités marocaine ont annoncé, il y a deux jours, dans un communiqué, l’assassinat de ce citoyen sahraoui sans en clarifier les circonstances. La famille de la victime dénonce le fait que les autorités marocaines rechignent à élucider cette affaire, notamment après que des détails ont émergé sur l’implication de parties influentes proches des autorités marocaines. Cette implication se confirme par l’assassinat du seul témoin qui a été vu en compagnie de Lahbib Aghrichi avant sa disparition.