Condamné à la mi-mars à vingt ans de prison pour avoir séquestré une famille espagnole dans le cadre d’une action de l’ETA dont il était à l’époque le chef militaire, Mikel Garikoitz Asipazu Rubina, alias ‘Txeroki’, était jugé par le tribunal correctionnel de Pari dans le cadre d’une autre affaire révélée au moment de son arrestation le 17 novembre 2008. Il avait été arrêté en compagnie de Leire Lopez Zurutuza, et tous deux étaient accusés par le tribunal de détention d’armes de poing sans autorisation, d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes terroristes, de recel de véhicules volé, de détention frauduleuse de documents administratifs et de recel de faux documents. Alors que le substitut du procureur réclamait dix ans de prison pour ‘Txeroki’ et sept ans pour Leire Lopez, le premier écope d’une peine de huit ans d’emprisonnement et sa co-accusée de cinq ans. Le tribunal a exigé leur maintien en détention.

Depuis le 18 février, la cour d’assise spéciale de Paris jugeait dix militants se revendiquant de l’ETA. Parmi les accusés, Garikoitz Asiazu, alias ‘Txeroki’, considéré comme l’ancien chef militaire de l’organisation avant son arrestation en 2008. Selon l’accusation, il aurait enlevé et séquestré une famille espagnole afin d’utiliser son camping-car pour une attaque à l’explosif dans une station balnéaire. Jugé coupable, il a été condamné hier à une peine de vingt ans de réclusion criminelle. Trois autres des accusés écopent d’une peine équivalente, et les quatre sont assorties d’une période de sûreté des deux-tiers. Les six autres accusés ont été condamnés à des peines de 8 à 18 ans de prison.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi à Bilbao réclament le rapprochement des prisonniers basques et un changement de la politique pénitentiaire. Les organisateurs ont décompté plus de 100.000 manifestants, autant de manifestants voire même plus que l’année dernière.

Ouvraient la marche des camionnettes qui transportent chaque semaine les proches des prisonniers vers les prisons situées souvent à des centaines de kilomètres du Pays Basque. Suivaient ensuite les proches des prisonniers et une méga banderole avec le slogan : « Droits humains, solution, paix. Les prisonniers basques au Pays Basque. Rapatriez tous les prisonniers basques ». Sur un total d’environ 700 prisonniers, seuls quelques dizaines se trouvent emprisonnés au Pays Basque. Les autres se trouvent dispersés à 750 kilomètres en moyenne de chez eux.

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Dans une conférence de presse cette après-midi, Maite Goyenetxe et Jean Claude Aguerre, deux représentant du parti Batasuna ont annoncé la dissolution de leur collectif. Interdit depuis 2003 en Espagne en raison de ses supposés liens avec l’ETA, le mouvement était toujours autorisé en France même si ses militants sont régulièrement la cible d’opérations de répression menées par les autorités françaises sur demande espagnole.

Le Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK) a annoncé qu’il allait faire de la fin de la dispersion son premier objectif. Une série d’actions qui débute dès ce samedi par un jeûne dans toutes les prisons françaises et espagnoles est organisée en ce sens. En plus du jeûne organisé ce samedi dans toutes les prisons, EPPK organise une “grève de la communication” en refusant toute visite le 12 janvier prochain, jour où une grande manifestation est convoquée à Bilbo. Enfin, pour réclamer la libération des prisonniers sous le coup de la “doctrine Parot” et de ceux conditionnables, le collectif organisera diverses actions tous les troisièmes vendredis de chaque mois.

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Le militant basque Juan Carlos Estevez a déjà été prisonnier d’août 1995 à avril 1999 en France et d’avril 1999 à juin 2001 en Espagne. Arrêté à nouveau en octobre 2008 à Limoges, condamné comme membre d’ETA, il a connu depuis différentes prisons françaises. Sa condamnation prenait fin le 12 décembre, mais un MAE espagnol de dernière minute a entraîné son « arrestation » à l’intérieur de la prison de Muret-Seysses.

Un premier mandat d’arrêt européen avait été demandé contre lui par l’Espagne en 2005, mais il avait été refusé par les juges français. L’Espagne a donc réitéré sa demande à la veille de la libération d’Estevez Paz. Il reste en détention (« préventive » cette fois-ci) à la Maison d’Arrêt de Seysses, en attente de l’audience d’examen du MAE.

A l’annonce hier par la justice espagnole de la demande du paiement d’une caution de 15.000€ pour la libération d’Aurore Martin, des collectes de fonds ont été organisées au Pays-Basque à l’initiative du mouvement Batasuna. Ces collectes ont rencontré un vif succès permettant à la militante de quitter la prison de Soto del Real, près de Madrid ce samedi en milieu d’après-midi. Aurore Martin devrait être ce soir en France, où elle a reçu l’autorisation de résider car il n’y a, selon la justice, ‘aucun risque de fuite ni de dissimulation de preuves relatives aux faits qui lui sont reprochés’. Par contre, elle devra déclarer une adresse postale en Espagne pour recevoir ses convocations judiciaires. Elle sera également soumise à un contrôle judiciaire dans le cadre duquel elle devra pointer entre le 1er et le 5 de chaque mois au tribunal ou au commissariat espagnol le plus proche de son domicile. Aurore Martin reste inculpée et encourt toujours une peine de prison de douze ans pour avoir participé à des réunions publiques du mouvement Batasuna, lequel est autorisé en France mais interdit en Espagne car considéré comme le bras politique de l’ETA.

Aurore Martin

Aurore Martin

L’Audiencia Nacional, qui constitute la plus haute juridiction espagnole, a annoncé qu’Aurore Martin, incarcérée depuis début novembre, va être remise en liberté. Il semblerait que les magistrats aient décidé que contre le versement d’une caution de 15.000€, elle pourrait être libérée dès demain, samedi 22 décembre. Aurore Martin avait été arrêtée le 1er novembre à Mauléon en vertu d’un mandat d’arrêt européen. Les autorités espagnoles l’accusent de ‘faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme’, en l’occurrence d’avoir participé à des réunions publiques en tant que membre du parti Batasuna.

En 2008, le tribunal provincial de Barcelone avait reconnu quatre policiers coupables de torture et d’agression et les avait condamnés à des peines de prison. En février 2012, le gouvernement espagnol a décidé de gracier les policiers en réduisant leurs peines de prison et en annulant la suspension de leurs fonctions. Le gouvernement a décidé maintenant d’accorder une nouvelle grâce afin de remplacer la peine de prison par une amende.

Plus de 200 juges ont dénoncé cette décision à travers un manifeste diffusé ce jeudi matin. « Le pouvoir exécutif a abusé de sa faculté de gracier (…), il s’agit d’une action contre la dignité humaine », ont-ils ajouté, en rappelant que l’Etat est obligé de « poursuivre tout acte de torture, surtout quand ils ont été commis par des agents à son service (…). En utilisant la grâce pour la réalisation de fins contraires à celles qui la justifient, le gouvernement dynamite la séparation des pouvoirs et usurpe le rôle du pouvoir judiciaire ».

Inaki Imaz Munduate, soupçonné d’être un militant de l’ETA et d’avoir, entre autres, stocké des armes et des documents de l’organisation dans son appartement, avait été interpellé et placé sous contrôle judiciaire par le parquet de Pau en août dernier. Ce contrôle l’obligeait à se rendre deux fois par semaine au commissariat de Bayonne. Hier, il y a été interpellé avant d’être immédiatement remis aux autorités espagnoles. Ces dernières avaient émis un mandat d’arrêt européen immédiatement exécutoire, ce qui explique la rapidité de sa remise à l’Espagne, tout comme dans le cas d’Aurore Martin qui a subi le même sort il y a quelques semaines. Depuis le mois de janvier, les autorités françaises ont arrêté 17 membres présumés de l’ETA dans le cadre de leur accord de coopération avec l’Espagne.

Inaki Imaz Munduate

Inaki Imaz Munduate