L’ancien responsable d’ETA, Mikel Albisu Iriarte, « Mikel Antza », a purgé sa peine de vingt ans en France samedi dernier. Il a quitté la prison française de Réau pour un centre de détention de Paris jusqu’à ce que sa décision d’expulsion soit exécutée de France en Espagne. Il a alors été transféré de Paris à l’aéroport de Barajas, où il est arrivé vers huit heures de l’après-midi et remis à la police espagnole qui, après s’être assuré qu’il n’y avait aucune poursuite contre lui l’a laissé en liberté. Une fois libre, il s’est rendu à Saint-Sébastien avec des parents et des proches qui s’étaient rendus à Madrid pour l’accueillir.

Mikel Antza, âgé de 57 ans et originaire du quartier El Antiguo de Saint-Sébastien, était emprisonné depuis octobre 2004, date à laquelle il avait été arrêté par la police française dans une ferme à Salies-de-Béarn, lors de l’une des opérations les plus importantes contre ETA. Auteur connu et primé au pays basque, il était passé à la clandestinité en 1985, et a eu les plus hautes responsabilités dans ETA à partir de 1992. En mai 1999, il fut l’un des interlocuteurs de l’ETA dans le dialogue ouvert en Suisse avec les émissaires du gouvernement espagnol. Cette tentative, dans laquelle ETA a demandé des avancées sur le droit à l’autodétermination, avait échouée.

Mikel Albisu Iriarte
Mikel Albisu Iriarte

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi au Pays basque, en Espagne et en France, en faveur du rapprochement des prisonniers d’ETA, actuellement dispersés à travers l’Espagne et la France. Les deux marches ont eu lieu à Bilbao, au Pays basque espagnol, et à Bayonne, au Pays basque français. A Bilbao, quelque 76.000 manifestants, selon les organisateurs, ont défilé dans une avenue du centre de la capitale de la Biscaye, aux cris de « Euskal presoak etxera » (« Les prisonniers basques à la maison ») ou de « presoak kalera amnistia osoa » (« les prisonniers dans la rue, amnistie totale »).

A Bayonne, ils étaient environ 9.000 personnes, à défiler sous le slogan « Orain presoak », ou « les prisonniers maintenant », pour réclamer un meilleur sort pour les 265 prisonniers basques. Moins d’une dizaine des 218 prisonniers d’ETA détenus par l’Espagne se trouvent actuellement au Pays basque et que la grande majorité d’entre eux sont dispersés dans des régions telle que l’Andalousie (sud), Murcie et Valence (sud-est), ou encore en Estrémadure (sud-ouest), à des centaines de kilomètres de leurs proches. 46 membres d’ETA sont détenus en France et un au Portugal.

La manifestation de Bilbao
La manifestation de Bilbao

La vieille ville d’Iruñea (Pampelune) a été le théâtre de trois journées consécutives de manifestations et d’incidents à la suite de la fermeture du palais Marqués de Rojalejo, devenu un centre social occupé sous le nom de Gaztexte Mazravillas. Les manifestants dénonçaient aussi la présence policière massive dans ce quartier. Les incidents ont commencé lorsque a atteint Navarrería, où se trouve le palais. Des projectiles ont été lancé sur la police, des barricades construites. la police a procédé à plusieurs charges.

Incidents autour du squat évacué
Incidents autour du squat évacué

L’augmentation de l’âge moyen et de la durée des détentions fait en sorte que le pourcentage de prisonniers basques malades se multiplie. À ce jour, Jaiki Hadi compte 21 prisonniers atteints de maladies graves et incurables; 15 sont sur la liste publique et 6 préfèrent réserver leur anonymat pour le moment. On peut évoquer le cas de Kepa Arronategi qui souffre d’une grave maladie psychique, les autorités espagnoles elles-mêmes ayant reconnu cette situation avec son transfert à Zuera.

Cette liste comprend également Gurutz Maiza, 69 ans et Joseba Erostegi (Antzuola, 66 ans, souffrant de plusieurs pathologies graves. Ils sont ajoutés aux cas connus de Txus Martin, Josetxo Arizkuren, Gari Arruarte, Iñaki Etxeberria, Aitzol Gogorza, Ibon Iparragirre, Ibon Fernández Iradi, Jagoba Codó, Gorka Fraile, Joseba Borde, Mikel Arrieta et Mikel Otegi. Les six autres, anonymes souffrent des problèmes aussi graves: cancer de la prostate, spondylarthrite ankylosante, tumeur des testicules, dépression sévère … ils ont 40 et 61 ans et la plupart sont détenus depuis presque 20 ans.

La carence des soins et les maladies psychiques, en raison de leur nature destructrice de l’esprit et des changements irréversibles qu’ils engendrent, sont préoccupants. L’année passée a vu le suicide à Puerto de Xabier Rey. Le cas de Kepa del Hoyo, décédé en juillet 2017 à Badajoz, est le résultat d’une précédente crise cardiaque qui n’a pas été diagnostiquée correctement en prison.

Les funérailles de Kepa del Hoyo, mort des suite d'un infarctus ni détecté ni soigné
Les funérailles de Kepa del Hoyo, mort des suite d'un infarctus ni détecté ni soigné

Le 26 décembre, les employés d’Azkoiengo Huerta de Peralta, société de maraîchage navarraise, ont entamé une grève illimitée pour demander la réintégration de quatre travailleurs licenciés. Les travailleurs s’étaient organisés afin d’améliorer leurs conditions de travail. Leurs principales revendications concernent les journées interminables, le salaire payé en dessous du montant prévu dans l’accord de travail et l’impossibilité d’obtenir des congés. Suites aux élections sociales, des représentants syndicaux avaient été élus au sein de l’entreprise. Suite au travail syndicale mené dans l’entreprise, les dirigeants de Huerta de Peralta ont licencié 4 travailleurs syndicalistes « par vengeance ».

Depuis le début de la grève, les travailleurs ont menés plusieurs manifestations. Le 28 décembre, quatre travailleurs manifestants ont été blessés à Iruñea (Pampelune) par la Foruzain (Police de la communauté de Navarre). Le syndicat LAB, majoritaire au sein du comité d’entreprise, a appelé à la démission de la directrice Maria Jose Beaumont, conseillère à la présidence de Navarre.

LAB a appelé à une manifestation le 12 janvier à Iruñea et le 4 janvier, une journée de solidarité à Azkoia sera organisée.

Manifestation des travailleurs grévistes d'Azkoiengo Huerta de Peralta
Manifestation des travailleurs grévistes d'Azkoiengo Huerta de Peralta

Les juges ont rendu le délibéré du procès des cinq personnes arrêtées à Ossès en 2015 (voir notre article). Les trois habitants d’Ossès n’auront pas à aller en prison, alors que les deux membres d’ETA ont écopé de peines de prison ferme. Grazi Etchebehere est condamnée à 18 mois de prison avec sursis, Terexa Lekumberri et Jeff Mateo à six. En ce qui concerne les deux prévenus actuellement incarcérés, Xabier Goienetxea et Iñaki Reta, la justice les a condamnés à sept ans de prison, avec une sûreté de deux tiers de la peine.

Les juges ont également prononcé contre les deux l’interdiction définitive du territoire français et leur inscription sur le fichier Fijait. Ils ont également ordonné pour Xabier Goienetxea la confusion des peines avec celle de 14 ans prononcée par la Cour d’assises en 2017. Les peines sont légèrement moins élevées que les réquisitions du procureur.

La perquisition à Ossès
La perquisition à Ossès

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Mercredi 21 novembre, la cour d’appel de Bastia a confirmé le jugement de 500 euros d’amende à l’encontre de trois militants nationalistes, Stéphane Tomasini, Félix Benedetti et Jean Marc Dominici. Ils avaient refusé en 2017 de se plier aux obligations (notamment en termes de prélèvement d’ADN et d’empreinte biologique) liées à leur inscription au Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes.
Les trois militants, avaient été interpellé en mai 2017 dans le cadre des poursuites liées aux manifestations nationalistes d’octobre 2016 (voir notre article).

Les affrontements à Bastia (archive)
Les affrontements à Bastia (archive)

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Le lundi 6 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme a dénoncé le procès qui a conduits en prison Arnaldo Otegi, Rafa Díez, Sonia Jacinto, Miren Zabaleta et Arkaitz Rodriguez, la cour précisant que la juge de l’Audience nationale, Angela Murillo, n’avait pas été impartiale.

En juin et juillet 2011, Otegi et quatre camarades avaient été condamnés à 6 ans de prison dans le procès connue comme celui de « Bateragune ». Ils avaient été accusés d’avoir voulu reconstruire le mouvement Batasuna. A la tête de ce tribunal se trouvait la présidente Angela Murillo contre laquelle la défense présenta un recours. En 2010, le tribunal suprême avait prononcé un non-lieu suite au comportement de la juge pour une affaire différente concernant Otegi. Lors de l’affaire de 2011, le recours avait été rejeté, les cinq camarades ont passé six ans en prison avant de pouvoir présenter un recours à Strasbourg.

Miren Zabaleta, Arnaldo Otegi, Rafa Díez, Sonia Jacinto et Arkaitz Rodriguez.
Miren Zabaleta, Arnaldo Otegi, Rafa Díez, Sonia Jacinto et Arkaitz Rodriguez.

La Cour européenne des droits de l’Homme a accepté un des trois motifs du recours présenté par Santiago Arrozpide, Alberto Plazaola et Francisco Mujika après que l’État espagnol ait refusé de ne pas tenir compte des années de prison accomplies dans l’État français. Strasbourg a acté que l’État espagnol a violé l’article 6 concernant le droit d’avoir un procès juste. Il précise que le fait que le tribunal constitutionnel ait rejeté les recours présentés par les prisonniers avait entravé le droit d’accès au tribunal. Pour cela, il a condamné l’État espagnol à verser une indemnisation globale de 4 000 euros : 2 000 euros pour Santiago Arrozpide et 1 000 euros pour Alberto Plazaola et Francisco Mujika.

Néanmoins, La Cour européenne des droits de l’Homme considère que les articles 5.1 de la Convention des droits de l’Homme [le droit de liberté et sécurité] et l’article 7 [le droit à ne pas être condamné dans le cadre de la législation en vigueur] n’avaient pas été violés.

Les juges de La Cour européenne des droits de l'homme
Les juges de La Cour européenne des droits de l'homme

40.000 personnes ont participé samedi après-midi à la manifestation en faveur des droits des prisonniers politique basque à Donostia (San Sebastián). La marche à laquelle avait appelé l’initiative « Orain Presoak » a débuté après 17h15. Plus de 85 autobus sont arrivés à Gipuzkoa en provenance de différentes régions du pays basque pour participer à la manifestation qui revendiquait la fin de la politique de détention dans des prisons éloignées du pays basque, la libération des prisonniers gravement malades, et l’admission aux réduction de peine normales.

La manifestation d'hier samedi
La manifestation d'hier samedi