Les engins lanceurs d’eau (ELE), couramment appelé canons à eau en France (et auto-pompes en Belgique) se retrouve en première ligne dans les manifestations. Ces canons pulvérisent différents liquides. De l’eau, bien sûr, mais aussi plus généralement des émulsifs. Soit le même liquide mousseux que celui employé par les pompiers, qui peut être coupé avec différents additifs, ajoutés directement dans la citerne. Le plus courant pourrait être un gaz lacrymogène, mais de récents problèmes techniques en ont limité l’usage.

Le 1er mai, à Paris, c’est une mousse très spéciale qui a été utilisée. Le canon projetait ainsi des protéines de viande macérées, mélange de sang séché et d’os broyés, à l’odeur pestilentielle, ce qui a surpris les manifestants. À terme devraient également être mis en œuvre des PMC, des produits de marquages codés, comme l’indique une touche spécifique dans le cockpit des engins. Inodores et invisibles, ils peuvent rester jusqu’à trois semaines sur la peau, beaucoup plus sur les vêtements (voir notre article). Il suffit d’un éclairage ultraviolet pour les mettre en évidence, ce qui est même possible depuis un hélicoptère. Alors qu’il avait été évoqué une possible expérimentation discrète le 1er mai, une analyse en laboratoire d’échantillons de liquides projetés, diligentée par le site Taranisnews, a montré qu’ils n’en contenaient pas. Pour cette fois.

ELE en France
ELE en France

La technologie de reconnaissance faciale en temps réel de la police de South Wales (Pays de Galles), connu aussi sous le nom de système AFR Locate, aurait été spectaculairement améliorée grâce à un nouvel algorithme fourni par l’entreprise technologique japonaise NEC. Sur les 44 468 visages scannés par les forces de l’ordre puis analysés par le logiciel de reconnaissance faciale en marge du « Biggest Weekend » qui s’est déroulé dans la ville de Swansea en mai dernier, il n’y aurait eu que dix faux positifs.

Une version moins récente de ce logiciel avait été utilisée l’an dernier à Cardiff, lors de la finale de la Ligue des Champions (voir notre article). À cette occasion, près de 170 000 personnes avaient afflué aux abords du stade de la ville et AFR Locale avait identifié 2470 suspects potentiels, dont 2297 faux positifs : il se trompait dans 92 % des cas. Le système AFR Locate aurait déjà permis à Cardiff l’arrestation de 16 entre le 31 mai et le 22 décembre 2017 et de 13 autres personnes entre le 3 et le 24 juin 2018. Au total, cette technologie de reconnaissance faciale en temps réel aurait déjà conduit à l’arrestation de plus de 450 personnes depuis juillet 2017.

Une des camionnettes du système
Une des camionnettes du système

Cent trente-six ans après sa création par le Français Alphonse Bertillon, la police technique et scientifique (PTS) organise son congrès mondial à Lyon du 27 au 31 août. Pour cet évènement, pas moins de 800 spécialistes seront réunis pour échanger, débattre et analyser leurs différentes méthodes de recherche et d’investigation. L’enquête sur l’affaire Maëlys sera au cœur de toutes les discussions. La PTS a fourni un immense travail pour détecter les plus petites taches de sang, même recouvertes auparavant par des produits chimiques. Cette semaine, ce sera aussi l’occasion pour les scientifiques du monde entier d’échanger leurs différentes innovations comme le portrait-robot génétique. Cette technique à la pointe de la technologie se base sur les traces d’ADN recueillies sur une scène de crime. Grâce à elles, la police scientifique peut dresser le portrait-robot d’un suspect.

PTS
PTS

CloudWalk Technology, start-up chinoise, avait besoin d’images de visages de personnes noires pour perfectionner son logiciel de reconnaissance faciale, biaisé jusqu’ici, car reconnaissant mieux les visages clairs. L’accord, qui donne à la start-up chinoise l’accès aux informations biométriques des citoyens zimbabwéens, est entré vigueur le 30 juillet. Le président zimbawéen Mnangagwa a décidé de donner accès aux informations de ses citoyens (sans leur consentement bien entendu), en échange de l’installation de tout un dispositif de surveillance made in China.

CloudWalk Technology n’est pas la seule à voir ses algorithmes modelés par les biais raciaux : d’après une étude du MIT Media Lab publiée en février 2018, les trois principaux logiciels de systèmes de reconnaissance faciale (IBM, Microsoft, Megvii) avaient en moyenne moins de 1 % de chances de se tromper lorsqu’il s’agissait d’un homme blanc, tandis que ce pourcentage grimpait à presque 35 % lorsqu’il s’agissait d’une femme noire. Inacceptable pour la Chine (dont le gouvernement finance CloudWalk Technology à hauteur de 301 millions de dollars), qui veut devenir leader mondial en IA d’ici 2030.

Démonstration de reconnaissance faciale au stand de CloudWalk Technology à la Foire de Shanghaï
Démonstration de reconnaissance faciale au stand de CloudWalk Technology à la Foire de Shanghaï

Les négociateurs du Parlement européen et des Etats membres ont adopté mardi trois règlements visant à développer le système d’information Schengen (SIS), une base de données policière regroupant plus de 70 millions de signalements introduits par 30 pays européens. Le SIS a été créé en 1995 pour contribuer à maintenir la sécurité intérieure, mais aussi à combattre la criminalité transfrontalière et la migration irrégulière dans l’espace Schengen (26 pays dont 22 membres de l’UE).

De nouvelles ‘alertes’ sur les menaces terroristes et les enfants en danger seront notamment ajoutées dans le SIS. Les règles convenues comprennent également un volet visant à améliorer le retour des migrants en situation irrégulière, avec entre autres adopté une obligation pour les pays d’enregistrer dans le SIS toutes les décisions de retour émises. Des règles renforcées sur la protection des données, notamment davantage de moyens de contrôle pour les autorités de protection des données, sont aussi prévues dans le compromis, qui améliore en outre l’accès au SIS pour Europol et l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. L’accord va désormais devoir être adopté de façon formelle par la commission des libertés civiles, le Parlement dans son ensemble et le Conseil avant de pouvoir entrer en vigueur.

L'espace Schengen aujourdhui (en orange, les futurs membres)
L'espace Schengen aujourdhui (en orange, les futurs membres)

Nous avions parlé de la pétition de travailleurs de Google demandant que l’entreprise renonce à offrir ses compétences au Pentagone pour améliorer l’efficacité des drones (voir notre article). Il s’agissait plus précisément, dans le cadre du programme Maven, du logiciel ouvert d’apprentissage automatique TensorFlow qui permettait par exemple d’identifier de manière automatisée des bâtiments, des véhicules ou des humains figurant sur des images. Un contrat à plusieurs dizaines de millions de dollars qui constituait un pas vers les drones-tueurs autonomes.

C’est finalement plus de 4.000 travailleurs de chez Google qui ont signé la pétition et ils ont eu gain de cause: Google a décidé de ne pas renouveler ce contrat avec la Pentagone quand il arrivera à échéance, c’est à dire l’an prochain. Reste que, a priori, des technologies issues du programme Maven ont déjà été utilisées en opération. Cela ne va pas dire que Google renonce à toute relation avec le Pentagone. Ainsi, membre du conseil d’administration d’Alphabet (la maison-mère de Google), Eric Schmidt fait partie du Conseil d’innovation de la Défense, tout comme Milo Medin, l’un des vice-présidents de Google.

Image prise d'un drone-tueur Reaper
Image prise d'un drone-tueur Reaper

Saint-Ghislain, en province du Hainaut, la police a testé un véhicule permet de surveiller les grands rassemblements pendant les festivités de l’Ascension. La vitesse du véhicule atteint les 45 km/h. A l’intérieur de l’engin, léger, électrique et silencieux, un policier est placé dans un habitacle qui peut s’élever à 4 mètres, il peut voir à 360 degrés à l’aide de quatre caméras. En France, plusieurs polices municipales l’utilisent déjà. Le véhicule est reconnu et a reçu les autorisations au niveau européen, il reste à voir au niveau belge quelles sont les dispositions qui doivent être remplies pour l’utiliser sur la voie publique. Le test va durer une semaine.

L'engin en test à Saint-Ghislain
L'engin en test à Saint-Ghislain

Suite aux affrontements du 1er Mai à Paris, il est à nouveau question de l’utilisation prochaine, par la police et la gendarmerie françaises, de produits de marquage codés (PMC) pour identifier les « fauteurs de trouble ». Ces marqueurs chimiques incolores et inodores peuvent être mêlés à des gaz lacrymogènes ou à l’eau des autopompes et être pulvérisés, sans que les cibles ne s’en aperçoivent, sur les habits et sur la peau. Il n’y a plus qu’à faire passer les individus soupçonnés sous une lampe à ultraviolet qui fait apparaître les traces éventuelles de PMC qu’ils portent sur eux. Les PMC demeurent détectables jusqu’à quatre semaines après leur projection sur la peau, et même plusieurs mois après sur les vêtements, en dépit des lavages. Ils disposent d’un codage propre à chaque marqueur.

A l’origine conçus pour lutter contre la contrefaçon, les PMC sont de plus en plus fréquemment utilisés dans le domaine de la sécurité. Plusieurs centre commerciaux en ont déjà un usage régulier, notamment pour identifier des braqueurs. Certains musées les vaporisent sur des œuvres : le voleur, sans même s’en apercevoir, s’imprègne ainsi de la substance, unique et tracée, et peut donc être confondu aisément.

Lire le rapport scientifique sur les PMC de février 2017 sur le site de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie Nationale

Marquage au PMC
Marquage au PMC

L’armée américaine, dans le cadre de son programme de développement d’armes non létales, le Joint Non-Lethal Weapons Program, a révélé un prototype de laser capable de produire des sons. Ce Laser-Induced Plasma Effect, ne diffuse pas ces bruits à partir d’un enregistrement: il les produit lui-même. Il s’appuie sur un laser femtoseconde qui produit des impulsions ultra-courtes pendant 10 à 15 secondes. Lors de ce laps de temps, le laser frappe les électrons des molécules d’air pour créer un champ de plasma: une matière constituée de charges électriques libres très sensible aux effets électromagnétiques. Ce champ est ensuite traversé par un deuxième nanolaser dont les impulsions permettent de générer du bruit et de la lumière.

La différence de cette solution par rapport à un haut-parleur type LRAD déjà utilisés par les polices (voir notre article) ? Au lieu de “sortir” d’une enceinte, elle produit les sons à un point spécifique et distant dans l’espace. Si bien que les personnes situées entre la cible et l’arme n’entendent rien des bruits qu’elle produit. En fonction de sa taille, l’appareil pourrait générer des sons à une distance de 5 à 30 kilomètres. D’ici trois ans, le laboratoire espère pouvoir produire non plus de simples sons mais des mots intelligibles ou des imitations de sons précis. En simulant par exemple le bruit d’une balle.

Voir la vidéo de démonstration[->]

Le Laser-Induced Plasma Effect
Le Laser-Induced Plasma Effect