La police a tiré des gaz lacrymogènes et des flashballs contre 10.000 manifestants rassemblés à Soma, sur le lieu du drame minier dont le dernier bilan est de 301 morts. Au moins cinq personnes sont blessées. Avant l’intervention policière musclée les manifestants ont refusé de se disperser malgré les appels de la police. Ils criaient « gouvernement démission » ou encore « Ne dort pas Soma, n’oublie pas les mineurs ».

La police turque a tiré aujourd’hui jeudi des gaz lacrymogènes pour disperser une foule de 20.000 manifestants qui dénonçaient à Izmir (ouest) la négligence du gouvernement islamo-conservateur dans un grave accident minier. Kani Beko, président d’un des principaux syndicat d’ouvriers du pays DISK (Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie), a été hospitalisé après la violente charge policière. Quatre syndicats ont décrété pour jeudi une journée de grève à travers le pays en hommage aux 282 mineurs tués dans le drame dans la mine de charbon de Soma, située à une centaine de km au nord-est d’Izmir, selon un dernier bilan provisoire. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées jeudi en fin de matinée à Istanbul et Ankara à l’appel des syndicats.

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Une vidéo circulant en Turquie montre Yusuf Yerkel, un des proches conseillers et directeur de cabinet du Premier ministre Erdogan, shooter dans un manifestants maintenu à terre par deux policiers. La scène s’est déroulé hier, lors de la répression d’une manifestation pour protester contre l’accident minier survenu dans un charbonnage privatisé. Le dernier décompte officiel parle de 282 morts et d’une centaine de mineurs toujours portés disparus; des secouristes dénoncent les pressions exercées par la compagnie minière sur les mineurs rescapés qui garderaient le silence par crainte de perdre leur emploi.

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La police turque a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre des manifestants qui protestaient mercredi à Ankara après l’explosion qui a fait au moins 245 morts dans une mine de Soma (ouest du pays). La police est intervenue quand quelque 4.000 manifestants se sont regroupés à Ankara pour dénoncer la mort de ces mineurs. A Istanbul, en début de soirée, les forces de l’ordre ont également tiré des gaz lacrymogènes contre des manifestants.

Les habitants en colère de la ville de Soma ont manifesté contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui s’est rendu sur les lieux, l’appelant à démissionner. Des manifestants s’en sont pris à son véhicule officiel malgré un dispositif policier, lui donnant des coups de pied. M. Erdogan qui est sorti de la voiture sous les huées des protestataires est rentré dans un commerce avant d’en ressortir quelques minutes après.

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Un témoin est venu lundi devant le tribunal de Kayseri (centre) raconter comment quatre policiers en civil, poursuivis pour meurtre, avaient battu à mort un jeune manifestant pendant la fronde antigouvernementale d’il y a un an en Turquie. Lors de la deuxième audience de ce procès emblématique de la répression exercée par le gouvernement turc contre les contestataires, le témoin a battu en brèche la version des accusés, qui ont nié avoir passé Ali Ismaïl Korkmaz à tabac en marge d’une manifestation à Eskisehir (ouest) le 2 juin 2013. Victime d’une hémorragie cérébrale, Ali Ismaïl Korkmaz, un étudiant de 19 ans, est mort le 10 juillet des suites de ses blessures après 38 jours de coma.

Ali Ismaïl Korkmaz

Ali Ismaïl Korkmaz

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Deux militaires turcs, capturés par des combattants du PKK ont été libérés tard jeudi 1er mai. Les deux militaires, qui étaient en bonne santé, ont été remis à des représentants d’un parti politique kurde légal de Lice, la ville aux abords de laquelle ils avaient été kidnappés le 26 avril. La capture des sous-officiers visait à dénoncer la construction dans cette zone d’un poste militaire turc. Le PKK a décrété un cessez-le-feu unilatéral il y a un an et commencé le retrait de ses combattants vers leurs base du nord de l’Irak. Mais ce mouvement a été interrompu, les Kurdes jugeant qu’Ankara n’avait pas respecté ses promesses.

A Izmir, fin avril, neuf personnes ont été arrêtées par les unités anti-terroristes sous l’accusation d’appartenance au MLKP, parmi lesquels la présidente régionale et candidate du Parti Socialiste des opprimés (ESP), Kerim Altınmakas, Pinar Turk, candidate à la mairie d’Izmir pour le Parti Démocratique du Peuple, et une dirigeant du syndicat des travailleurs du textile, Seyithan Korkmaz. Deux autres personnes sont toujours recherchées.

Kerim Altınmakas

Kerim Altınmakas

La police turque a dispersé ce jeudi à coup de canon à eau et de gaz lacrymogènes des centaines de manifestants qui tentaient de défier l’interdiction de se rassembler pour le 1er Mai sur la Place Taksim à Istanbul. La police anti-émeutes a donné l’assaut à l’aide de véhicules équipés de canon à eau contre les manifestants qui tentaient de forcer les barrages dans le quartier de Besiktas pour atteindre la Place Taksim voisine.

Les abords du coeur européen de la mégapole turque avaient été transformés en camp retranché et des dizaines de milliers de policiers –jusqu’à 40.000 selon les médias turcs– étaient mobilisés pour en barrer l’accès. La Confédération du travail Türk-Is a toutefois été autorisée à déposer sur la place Taksim des gerbes à la mémoire des 34 personnes tuées lors d’une manifestation du 1er Mai 1977. Le syndicat a organisé un autre rassemblement du 1er Mai à Istanbul, sur la place de Kadikoy, foyer de l’opposition sur la rive asiatique.

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De nouvelles escarmouches ont eu lieu dans le district de Lice (province de Diyarbakir), des hélicoptères militaires ont ouvert le feu sur un parti de guérilleros du PKK qui ont riposté, touchant un hélicoptère de deux balles. Les négociations de paix piétinent au Kurdistan. Les autorité turques viennent d’annoncer que le transfert d’Abdullah Ocalan en résidence surveillée n’était « même pas à l’étude ».

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