Ibrahim Ayhan et Gülser Yildirim, tous deux membres du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party), étaient détenus depuis 2010 dans le cadre de l’affaire KCK, du nom de l’organisation accusée par les autorités turques d’être la branche urbaine du PKK. Les deux députés, élus aux élections de juin 2011, avaient introduit une demande de libération sur base de leurs droits d’élus et invoquant la longueur excessive de leur détention préventive. Un tribunal de Diyarbakir a ordonné hier leur libération, déclarant que la durée de leur détention préventive violait leurs droits fondamentaux. Plusieurs autres membres du BDP sont toujours incarcérés, tout comme des dizaines de militants et de citoyens kurdes, pour leur suspectée implication ou leurs prétendus liens avec le KCK ou le PKK.

Les districts de Merkez, Seyhan, İlçesi’nin, Hürriyet, Denizli, Dağlıoğlu, Şakirpaşa et 19 Mayıs ont été le théâtre d’affrontements le 28 décembre entre les manifestants kurdes sympathisants du PKK et la police anti-émeute turque. Des barricades de cables, blocs de béton et bidons ont été érigées et les manifestants ont affrontés les blindés et auto-pompes de la police avec des pierres et des cocktails Molotov.

émeute kurde à Adana

émeute kurde à Adana

La police turque a interpellé une femme dans la province de Manisa (ouest du pays) le 29 décembre en marge d’un discours prononcé par la Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Nurhan Gül a montré une boîte à chaussures depuis son balcon durant la prise de parole du politicien en référence aux millions découverts dans des boîtes à chaussures dans le cadre de l’enquête pour corruption qui secoue le gouvernement. Quelques minutes après son geste, des policiers et des agents privés ont fait irruption dans son appartement et l’ont emmenée au commissariat local. Après plus de deux heures d’interrogatoire, Nurhan Gül a été libérée dans l’attente de son procès.

La police a violemment réprimé les manifestants qui étaient descendus dans les rues d’Istanbul ce vendredi pour dénoncer un gouvernement turc corrompu. Des centaines de personnes scandaient ‘Partout corruption’ en tentant de se rassembler sur Istikal Avenue, dans la zone de Taksim. La police a tiré des gaz lacrymogène et des jets d’eau contre les manifestants pour les disperser. Elle a ensuite tiré des balles en caoutchouc sur la foule qui exigeait une démission du gouvernement suite aux récentes révélation de corruption et la démission de trois ministres. Certains manifestants ont répliqué en tirant des feux d’artifice sur les forces de l’ordre. Aucun bilan n’a été établi, mais selon plusieurs témoins, de nombreuses ambulances et plusieurs camions de pompiers ont été envoyés sur place.

Manifestation contre la corruption du gouvernement turc

Un tribunal d’Istanbul a accepté cette semaine l’acte d’accusation du bureau du procureur général suite au vaste mouvement de protestation des mois de mai et juin dernier. Celui-ci avait débuté contre un projet urbanistique du parc Gezi à Istanbul avant de prendre une ampleur nationale et de devenir un mouvement antigouvernemental. Six personnes, dont un policier, sont décédés dans les affrontements qui ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre. L’acte d’accusation inculpe 255 manifestants, dont sept étrangers, pour de multiples faits tels que ‘participation à une manifestation illégale’, ‘perturbation des services publics’, détérioration d’un lieu de culte’, ‘dommages aux biens publics’, … La majorité des inculpés, chacun faisant face à une ou plusieurs accusations, seront jugés par la 55th Criminal Court of First Istance. La première audience du procès devrait avoir lieu la première semaine du mois de mai 2014.

La police anti-émeutes turque a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des lances à eau à Istanbul contre des manifestants dénonçant les projets immobiliers du gouvernement et les accusations de corruption qui le visent. Une vaste affaire de corruption a été révélée la semaine dernière impliquant de nombreuses personnes dont des fils de ministres en exercice, des hommes d’affaires et le président directeur général de la banque publique Halbank. La police a saisi 4,5 millions de dollars cachés dans des boites à chaussures au domicile du PDG de Halbank Suleyman Aslan.

Quelque dix mille manifestants se sont rassemblés place Kadikoy sur le versant asiatique de la ville pour réclamer la démission du gouvernement du Parti de la Justice et du Développement (AKP). Certains des manifestants brandissaient des boites de chaussures. Des projets ambitieux d’urbanisme à l’initiative de M. Erdogan, ancien maire d’Istanbul, ont été à l’origine d’un large mouvement de protestation anti-gouvernemental en juin dernier lorsque la police a délogé des manifestants qui occupaient un parc visé par le projet d’urbanisme. Au moins six personnes ont été tuées et 8000 blessées au cours des trois semaines de manifestations et d’affrontements avec la police qui ont suivis.

affrontements à Istanbul

affrontements à Istanbul

Il y a quelques mois, les avocats du Premier ministre turc Erdogan avaient déposé une plainte à l’encontre d’un étudiant de 22 ans, Yarkin Atay. Ils l’accusent d’avoir insulté le Premier ministre sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook en marge du mouvement de contestation au mois de mai dernier. Dans ses commentaires, il qualifiait notamment Erdogan de menteur et de provocateur. Jugé en vertu de la ‘Law on Demonstrations and Meetings’, Yarkin Atay disait jusqu’à trois ans de prison. Le tribunal se jeudi a jugé que sa peine pouvait être commuée en amende avec période de probation de cinq ans. L’étudiant écope d’une amende de plus de 7000 lires (2500 euros). Ses avocats ont annoncé leur intention d’aller en appel de cette décision tandis qu’Atay a immédiatement réagi: ‘Je ne vais pas payer cette amende maintenant. Ils veulent que je reste en dehors des manifestations, ils veulent que je ne fasse rien. Mais ça n’est pas possible car notre pays traverse une période difficile. Je prends le risque d’avoir une amende plutôt que de rester à la maison.’.

Yarkin Atay

Yarkin Atay

Le 6 décembre, les forces anti-émeutes ont tué deux manifestants dans leur intervention musclée pour disperser un rassemblement à Yüksekova, dans le sud-est de la Turquie. Tous deux ont été la cible de balles policières alors qu’ils dénonçaient la destruction de tombes de militants du PKK. Le lendemain, de multiples manifestations se sont déroulées à travers le pays pour dénoncer les violences policières. Ce slogan n’a pas empêché les forces de l’ordre d’intervenir, faisant de nombreux blessés parmi lesquels Bemal Tokçu, 25 ans, également à Yüksekova. Immédiatement emmené à l’hôpital, il a rapidement été transféré à l’hôpital de Van en raison de la gravité de ses blessures. Hier, il y est décédé. Le jour même de ces manifestations, le premier ministre truc avait déclaré que ces incidents étaient le résultat de provocation. En 2013, seize personnes ont été tuées par la police turque au cours de manifestations.

Répression policière à Yüksekova

Répression policière à Yüksekova

Les autorités turques ont inculpé 255 personnes, parmi lesquelles sept étrangers dont les noms et nationalités n’ont pas été rendus publics, suite aux mouvements de protestation qui se sont déroulés au mois de juin et qui ont secoué tout le pays. Les accusés devront faire face à divers chefs d’accusation tels que ‘dommages aux biens publics’, ‘participation à des rassemblements illégaux’, ‘provocation d’interruptions des services publics’, ‘dommage à des lieux de culte’,… D’après un communiqué publié par les autorités hier, 308 personnes ont été mises en examen tandis que 36 enquêtes sont toujours en cours dans le cadre d’accusations d’ ‘appartenance à une organisation terroriste et ‘tentative d’empêcher le gouvernement turc de faire son devoir’ en vertu de la loi anti-terroriste. Par ailleurs, d’autres enquêtes se poursuivent pour retrouver d’autres suspects sur base d’allégations similaires. La majorité des accusés comparaîtra devant la 55ème Cour Criminelle de Première Instance. Les autorités ont également déclaré que les poursuites contre dix autres personnes avaient été abandonnées faute de preuve.

Au moins dix personnes ont été blessées à Diyarbakir ce dimanche dans la violente intervention des forces de l’ordre contre une manifestation organisée par le parti pro-kurde Peace and Democracy Party pour dénoncer la mort de deux manifestants kurdes vendredi à Yüksekova. Le cortège a débuté sous une tension extrême alors que la police avait initialement refusé d’accorder l’autorisation de défilé en raison du fait que certains calicots étaient illégaux et que des manifestants portaient des écharpes cachant leur visage. Finalement, plus de 1000 personnes ont marché dans la ville avant d’écouter les discours de membres du BDP affirmant que la profanation de tombes de membres du PKK à Yüksekova était une provocation et dénonçant les violences policières qui ont fait suite aux manifestations dans la ville. A l’issue des discours, les forces anti-émeute sont intervenues pour disperser la foule. Elles ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à rua avant de pourchasser certains manifestants dans les rues adjacentes. Au moins dix personnes ont été blessées et un grand nombre de manifestants interpellé.