En mai 2010, à Adana (sud de la Turquie), la police avait interpellé un jeune homme kurde de 14 ans dans une manifestation pour avoir jeté un cocktail Molotov sur un commissariat de police. Accusé d’avoir blessé un policier, il a été mis en examen pour ‘tentative de meurtre’ et ‘action armée contre la police’. Au cours du procès, à la demande du directeur de la police d’Adana, le parquet a estimé que le cocktail Molotov était une bombe. Ce même directeur a par ailleurs demandé le droit d’ouvrir le feu sur les manifestants qui jettent des cocktails Molotovs. Ce 6 décembre, le parquet a requis 24 ans de prison contre l’adolescent: vingt ans pour ‘tentative de meurtre’, trois ans pour ‘action armée’ et un an pour ‘outrage’.

Cocktail Molotov

Cocktail Molotov

Le 22 novembre dernier, les autorités turques ont procédé à une nouvelle vague d’arrestation visant la communauté kurde. Plus de cent personnes ont été arrêtées à Istanbul, à Diyarbakir et à Kocaeli de manière quasi simultanée. Parmi elles figurent une quarantaine d’avocats d’Ocalan (dirigeant emprisonné du PKK), un journaliste kurde, des étudiants, des membres du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) et du DTK (Congrès pour une Société Démocratique), qui est une plateforme d’associations et de mouvements kurdes. Toutes ces interpellations interviennent dans le cadre de l’affaire KCK (Kurdistan Communities Union) lancée en 2009 suite à son large succès aux élections municipal et à la menace qu’il continue à poser au pouvoir turc qui l’accuse d’être la branche politique du PKK.

Le 28 novembre, au moins quinze personnes ont été arrêtées à Yuksekova (Hakkari) lors d’une manifestation anti-répression. Le 27 novembre, une trentaine de membres du BDP ont été interpellés dans la région de Sirnak. Et selon certaines sources, le gouvernement turc envisagerait actuellement d’enfermer des députés kurdes: ‘Selon les informations qui nous sont parvenues, on cherche à arrêter cinq députés. Ils planifient des complots et les mettront en oeuvre’. Cinq députés du BDP se trouvent déjà actuellement en prison. Selon le BDP, au moins 4 547 personnes ont été arrêtées et environ 2000 personnes parmi elles ont été envoyées en prison, au cours des sept derniers mois dans le cadre de l’affaire KCK. Et cela sans compter toutes celles qui ont été incarcérée pour leurs liens présumés avec le PKK.

Les guérilleros du PKK ont mené une action ce matin dans la province de Bitlis, dans l’est de la Turquie. Ces derniers ont fait explosé des IED au passage de véhicules militaires. L’explosion a fait cinq blessés dans le convoi. Les autorités ont immédiatement déclenché une vaste opération de ratissage afin de retrouver les guérilleros.

Opération de ratissage en Turquie

Opération de ratissage en Turquie

Ce lundi, le tribunal de Van (sud-est), a condamné deux personnes pour ‘avoir fourni des armes à une organisation terroriste’ après qu’ils aient été interpellés et leurs domiciles perquisitionnés. La décision de la cour, qui est sans précédent, a condamné les deux hommes à douze ans et six mois de prison ferme. En 2010, dans le cadre d’une enquête visant la KCK (Kurdistan Communities Union – considérée par les autorités comme la branche urbaine du PKK), les autorités avaient, notamment, placé de nombreux téléphones sur écoute. Sur base de certaines conversations, la police avait interpellés Kadir C. et Hakan Z. et saisi, lors de la perquisition, quatre cocktails Molotovs, seize feux d’artifice et des bouteilles contenant du matériel incendiaire. Dans son arrêt, le tribunal déclare: ‘Le code pénal ne spécifie pas quelles doivent être les quantité ni la qualité du matériel pour qu’il soit considéré comme une arme’.

Ce vendredi, la 4ème cour d’assise d’Erzurum a prononcé son verdict à l’encontre du chanteur Seyithan Karatas, le soliste du groupe Gimgim. Ce dernier était jugé pour avoir, en juin dernier, chanté en kurde lors d’un meeting du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) dans le cadre de sa campagne électorale. Karatas a été déclaré coupable de ‘propagande d’une organisation terroriste et d’être membre de cette organisation’ et a écopé d’une peine de neuf ans et six mois de prison ferme. Son avocat a d’ores et déjà annoncé son intention d’interjeter appel devant la cour de Cassation turque.

Dans le courant de la nuit, un groupe de guérilleros a déclenché une attaque à proximité d’un gisement de pétrole exploité par la société canadienne Transatlantic Petroleum Ltd. Les militants du PKK ont abattu trois hommes, dont deux membres du personnel de sécurité, alors qu’ils sortaient de leur véhicule sur le champ de pétrole Selmo à Kozluk, dans la province de Batman (sud-est). Transatlantic, qui affirme que Selmo est le deuxième plus grand gisement de Turquie, a déclaré avoir pris contact avec les autorités afin de mener une enquête commune. Néanmoins, dès l’aube, une opération terrestre et aérienne a été lancée à la recherche des guérilleros.

Opération aérienne de contre-guérilla

Opération aérienne de contre-guérilla

Un sergent-major a été tué et un officier civil a été blessé dans une attaque armée menée par les guérilleros du PKK dans le district de Nusaybin de la province de Mardin (sud-est) ce lundi. Le gouverneur de la province a affirmé que les guérilleros avaient pris d’assaut les deux soldats dans leur véhicule. Il a par ailleurs confirmé que les forces armées turques avaient lancé une nouvelle opération dans la région.

Hier, les forces militaires turques ont déclenché une vaste opération dans la province de Tuceli. Environ 80 membres présumés du PKK avaient été localisés plus tôt dans la journée dans le district de Hozat. Des soldats du 51ème bataillon d’infanterie et des forces spéciale de la gendarmerie de Hozat ont été largués par hélicoptère au-dessus de plusieurs points stratégiques de la zone, alors que des hélicoptères de combat Cobra bombardaient des cibles désignées. Un bref affrontement a eu lieu lorsque les commandos se sont retrouvés face à des guérilleros, qui sont immédiatement parvenus à se replier dans les forêts avoisinantes. Les Cobra ont bombardé toute sels voies d’issue et des commandos supplémentaires ont été largués sur place. Aucun guérillero n’a été intercepté et la fusillade n’a fait aucun blessé.

Ce matin, la police turque a effectué une rafle visant la KCK (Kurdistan Communities Union) à travers tout le pays. Les autorités accusent l’organisation d’être la branche urbaine du PKK. Selon certaines sources, la police aurait interpellé au moins 65 personnes dans des descentes simultanées à Diyarbakir, à Istanbul, à Izmir et à Bursa. Les autorités turques ont affirmé que toutes ces personnes ont été placées en garde à vue en raison de leurs liens supposés avec le PKK.

Rafle contre la KCK

Rafle contre la KCK

Hier, les forces de l’ordre ont découvert une bombe à proximité d’un oléoduc dans l’Anatolie du sud-est, bombe probablement déposée par des guérilleros du PKK, qui n’ont toutefois qui aucun commentaire. Ce pipeline, qui transporte entre 450000 et 500000 barils de pétrole par jour entre Kirkuk, dans le nord de l’Irak, et le port méditerranéen de Ceyhan, est très régulièrement la cible d’attaques de la guérilla. Hier, les forces de sécurité ont découvert et désamorcé trois charges explosives de plus de 200 kilos.

Le 7 novembre, l’armée turque a une nouvelle fois bombardé deux régions sous contrôle du PKK. Selon les villageois, ainsi que la HPG (Forces de Défense du Peuple), branche armée du PKK, l’artillerie turque a cette fois utilisé des bombes à sous-munitions. Alors qu’il semble de plus en plus évident que les forces turques aient fait usage d’armes chimiques lors de la dernière offensive aérienne dans la région, l’utilisation de ces armes démontré à nouveau la volonté des autorités turques d’intensifier la contre-guérilla. 5 à 45% des sous-munitions n’explosent pas à l’impact et se transforment de ce fait en mines anti-personnelles.

Bombe à sous-munitions

Bombe à sous-munitions