Des dizaines d’hectares de forêts ont été détruits dans la région kurde de Dersim en raison des opérations de l’armée turque. Le paysage naturel de Dersim est confronté à une destruction absolue en raison des bombardements justifiées par le gouvernorat affirmant qu’il existe des « opérations militaires en cours » (le Dersim est un région ou la guérilla du PKK, mais aussi celles des organisation communistes révolutionnaires turques (TKPML, MLKP) sont actives. Le centre-ville de Dersim était couvert de fumée en raison de l’incendie. La direction des affaires forestières n’est pas intervenu alors que les gens étaient empêchés d’utiliser leurs propres moyens pour étreindre l’incendie sous prétexte qu’il y aurait des opérations militaires en cours dans la région. L’incendie des forêts pourrait être une mesure délibérée (et non le simple effet de bombardements tactiques), visant à priver les guérilleros du couvert de la végétation.

Végétation en feu au Dersim (archive)

Végétation en feu au Dersim (archive)

Des combats ont éclatés lors d’une opération de contre-guérilla dans la zone rurale du district d’Adakli, dans la province kurde de Bingol. Dans la vallée de Maltepe, deux militaires ont été blessés. Héliportés à l’hôpital universitaire de Firat à Elazig, l’un des blessés a succombé à ses blessures. Les autorités turques revendiquent la mort de quatre guérilleros kurdes à Lice dans la province de Diyarbakir, et à Kagizman dans la province de Kars. 3 fusils d’assaut AK-47 et des munitions et des équipements auraient été récupérés lors de l’opération. Enfin, l’aviation turque a effectué des bombardements sur le Kurdistan irakien, ciblant la région d’Avasin-Basyan.

L'aviation turque a encore bombardé le Kurdistan (archive)

L’aviation turque a encore bombardé le Kurdistan (archive)

La justice turque a confirmé le refus de la demande de libération conditionnelle de Loup Bureau, journaliste français détenu depuis fin juillet en Turquie. Loup Bureau a été interpellé le 26 juillet au Kurdistan, à la frontière entre l’Irak et la Turquie, après que des photos le montrant en compagnie de combattants des YPG ont été trouvées en sa possession. Il a été placé en détention provisoire le 1er août pour soupçon d’appartenance à « une organisation terroriste armée ».

Des rassemblements de soutien à Loup Bureau ont été organisés ces dernières semaines à Paris et à Nantes, et un autre est prévu le 16 septembre à Bruxelles, où le reporter, qui a déjà travaillé pour les chaînes TV5 Monde, Arte et le site Slate, vit depuis trois ans, suivant des études de journalisme à l’IHECS. Rassemblement Place de la Bourse, samedi 16 septembre de 11 heures à 13 heures.

solidarité avec Loup Bureau

solidarité avec Loup Bureau

Ceren Çoban, co-présidente de l’organisation SGDF (Fédération des Associations de Jeunesses Socialistes, organisation de jeunesse du Parti Socialiste des Opprimés) est emprisonnée depuis 8 jours en Turquie au motif de publications sur Facebook. Deux autres personnes ont été arrêtées lors de la même opération policière qui a eu lieu le 29 août à Istanbul. Pour rappel, c’est la SGDF qui avait été victime d’un massacre orchestré par Daesh avec la complicité des services secrets turcs à Suruç le 20 juillet 2015, faisant 33 morts et une centaine de blessés parmi les centaines de jeunes rassemblés pour soutenir la ville proche de Kobané.

Ceren Çoban

Ceren Çoban

Les autorités turques ont accusé l’ex-soldat britannique Joe Robinson, arrêté le mois passé en Turquie, d’avoir commis des infractions terroristes. il est accusé d’avoir rejoint les YPG dans leur lutte contre l’Etat islamique et a été placé dans un prison de haute sécurité. Robinson avait déjà été arrêté au Royaume-Uni à son retour du Rojava en novembre 2015 en vertu du « Terrorism Act ». Il a été libéré sous caution, mais avait quitté le Royaume-Uni pour le Rojava d’où il était pour pour rejoindre la famille de sa fiancée en Turquie.

Robinson, qui a précédemment combattu avec des troupes britanniques en Afghanistan, a été arrêté après avoir partagé sur les médias sociaux des post sur son séjour au Rojava avec les YPG en 2015. La fiancée de Robinson, Mira Rojkan et sa mère, ont également été arrêtées à Didan le mois dernier. Les deux femmes ont été libérées mais Mira Rojkan, originaire de Bulgarie et étudiante à l’Université de Leeds, a été accusée de propagande terroriste pour le partage de matériel pro-kurde sur les réseaux sociaux, à savoir le drapeau du Kurdistan irakien, une vidéo YouTube d’une chanson kurde de la Syrie et une photo de combattants kurdes au Rojava. Elle a été détenue pendant six jours avant d’être libérée sous contrôle judiciaire.

Joe Robinson

Joe Robinson

Il y a environ un mois, deux agents des services de renseignements turcs ont été arrêtés par le PKK près de la ville kurde irakienne de Souleimaniye (au Barrage de Kudan, entre Qandil -région contrôlée par le PKK- et Souleimaniye -région contrôlée par le PUK). Les agents du MIT étaient présents au Bashur pour tenter d’assassiner des membres de la guérilla du PKK dont Cemil Bayik, un des trois dirigeants exécutifs du PKK. Le dossier est très sensible et à la source de tensions entre le régime d’Erdogan, le PUK (Union Patriotique du Kurdistan, parti de centre gauche relativement favorable au PKK et relativement hostile envers la Turquie) qui se serait bien passé de cette histoire sur une région qu’il administre officiellement, et le PKK, clandestinement actif dans le Kurdistan irakien et particulièrement dans la région de Qandil. Vu cette tension, les informations apparaissent au compte-goutte. Les deux agents du MIT voyageaient avec des passeports diplomatiques, ils ont convaincu leur hiérarchie qu’ils avaient des opportunités d’enlèvements et d’assassinats contre des cadres du PKK au Bashur, mais leur opération a échoué, peut-être à cause d’une fuite dans leur organisation. Des membres des staffs des deux agents ont également été arrêtés.

L’opération était potentiellement importante pour le régime d’Erdogan. Le soir de l’opération, plutôt que d’apprendre le succès de l’opération, ils ont appris la capture de leurs agents. Une rencontre a aussitôt été provoquée à Ankara entre des responsables du MIT et du PUK, les premiers demandant aux seconds de retrouver leurs agents. Le PUK a à son tour demandé une rencontre au KCK (le parapluie politique du PKK), rencontre qui a eue lieu rapidement à Souleimaniye. Le PKK a refusé de remettre les deux agents au PUK et a argumenté qu’ils pourraient être liés au meurtre de Sakine Cansiz, et que la seule raison pour laquelle les agents n’avaient pas déjà été liquidés étaient précisément pour éviter une crise entre le PKK et le PUK.

Lorsque l’administration d’Erdogan a compris qu’elle ne récupérerait pas ses agents, elle a tenté de faire pression sur le PUK: tenant des réunions parallèles avec le PDK (parti de droite au Kurdistan irakien qui administre la région d’Erbil), fermant les bureaux du PUK à Ankara et expulsant le représentant de ce parti, Bahroz Galali, hors du territoire turc. Ce diplomate a déjà fait la médiation lors de nombreux conflits entre la Turquie et la guérilla du PUK ou entre la Turquie et la guérilla du PKK. De son côté, le PDK a indiqué qu’il était impuissant puisque les faits ne se déroulent pas dans la partie du Bashur qu’il administre.

Médiatiquement, la Turquie est tout à fait silencieuse sur le sujet, puisqu’elle s’attend à ce que des photos, vidéos, et déclarations des deux agents soient publiées et se prépare à les réfuter aussitôt. Côté PUK: même si une certaine branche du parti préférerait que les agents soient rendus à la Turquie, la base militante et les habitants de la ville de Souleimaniye sont généralement heureux d’apprendre qu’une opération du MIT dans leur région a échoué. De son côté, le PKK a annoncé que les deux agents ne seraient pas libérés.

Cemil Bayik, cible du complot du MIT.

Cemil Bayik, cible du complot du MIT.

A Paris et à Zurich, la mort du Commandant du TKP/ML Tikko au Rojava, Nubar Ozanyan, tué en combattant Daesh, a été commémorée. A Zurich, une centaine de militants de différents partis et organisations étaient présents, dont le Revolutionarer Aufbau, le Secours Rouge de Suisse et plusieurs organisations révolutionnaires turques et kurdes. A Paris également, une centaine de militants de différents groupes, dont l’OCML-VP, Partizan et KCK. Un hommage a également été rendu dans les deux villes aux martyrs du MKP (Parti Communiste Maoïste).

Commémoration à Zurich

Commémoration à Zurich

Commémoration à Paris

Commémoration à Paris

Aujourd’hui, une cérémonie a eu lieu à Raqqa en hommage au combattant et commandant TIKKO Rojava Nubar Ozanyan (voir notre article).

Cette cérémonie organisée par le Bataillon International de Libération – IFB a commencé par une minute de silence. Puis le commandant de l’IFB et combattant TIKKO, Mahir Bakırcıyan, a poursuivi par un discours rappelant l’engagement de Nubar Ozanyan durant 40 années au service de la révolution et de l’internationalisme. Discours ensuite traduit en anglais et en français.

Commémoration pour le commandant TIKKO Rojava, Nubar Ozanyan

Commémoration pour le commandant TIKKO Rojava, Nubar Ozanyan

Dans la région d’Iskenderun (Hatay), les forces de sécurité qui menaient une opération de contre-guérilla sur les monts Amanos se sont heurtés à un groupe de combattants du PKK. Un soldat, blessé dans l’accrochage, est mort à l’hôpital public d’Iskenderun où il avait été transféré. C’est le septième soldats turcs tués dans les opérations de ces derniers jours (12 autres ont été blessés). Comme à l’habitude, les autorités turques rapportent des bilans extravagants (des dizaines de combattants du PKK tués à chaque opération…) mais auraient effectivement localisés et détruits 8 refuges et dépots de la guérilla sur le mont Kato (Sirnak) et dans la commune de Yuksekova (Hakkari).

Opération anti-PKK à Sirnak

Opération anti-PKK à Sirnak

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville kurde de Lice, était avec sa mère et son fils de 2 ans, lorsque des policiers ont voulu l’arrêter en pleine rue. En voulant s’opposer à l’arrestation de sa fille, Rezan Zuğurli et sa mère ont été tabassées ainsi que des passants s’étant interposés. Rezan Zuğurli, son fils de 2 ans et un des passants ont été arrêtés. La police a, par la suite, transférée Rezan Zuğurli et son fils à la prison de type E de Diyarbakir.

Rezan Zuğurli, co-maire de Lice élue en 2014, membre du parti BDP (§ Parti de la paix et de la démocratie) représenté au parlement par le HDP, a été destituée et remplacée par un préfet de l’État turc. Elle avait déjà passée 13 mois en prison en 2011-2012 pour avoir participé à des manifestations en soutien à des prisonniers kurdes. Elle a été condamnée à 4 ans et 2 mois de prison ferme pour avoir « commis un crime au nom d’une organisation avec des membres d’une organisation terroriste » (le PKK). Elle a été arrêtée pour purger le restant de sa peine.

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice