Les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), la coalition militaire qui englobe les YPG et les YPJ viennent de lancer la « Bataille de Raqqa », qui verra sa libération. C’est l’aboutissement de sept mois d’offensive pour libérer la région de Raqqa et encercler la ville éponyme. Raqqa était avant la guerre de Syrie la sixième ville du pays avec approximativement 200.000 habitants. Raqqa était avant la guerre une ville majoritairement arabe sunnite et l’est aujourd’hui encore plus après les nettoyages ethniques opérés par Daesh. La ville avait d’abord été prise entre mars et juin 2013 par la rébellion syrienne avant de passer dans les mains de Daesh, la ville est finalement devenue sa capitale. Les QSD ont d’ores et déjà annoncé que Raqqa ne sera pas incorporée à la Fédération du Nord de la Syrie (le nouveau nom du Rojava) après avoir été débarrassée de Daesh. La ville sera administrée par un conseil militaire particulier, le choix d’un rattachement ultérieur au Rojava sera éventuellement proposé plus tard. Ces précautions sont prises pour éviter que la ville et ses habitants ne soient dans l’impression d’une occupation « étrangère » par les Kurdes. Mais la bataille de Raqqa promet d’être difficile, la ville est fortifiée, 3.000 à 5.000 djihadistes y sont prêts à combattre les 15.000 combattants QSD qui arrivent. 80.000 civils ont déjà quitté la ville, certains se réfugiant au Rojava par le nord, d’autres fuyant vers les territoires contrôlés par Daesh au sud. L’état major de Daesh a très probablement déserté la ville pour se retrancher à Mayadin, dans le gouvernerat de Deir Ezzor.

En pratique, les QSD sont en mouvement ce soir même. L’offensive a d’abord été lancée à l’est sur le quartier de Mechleb à l’est de la ville. Peu de temps après, offensive au nord de la ville. Et enfin, il y a peu également à l’ouest de la ville. Nous vous informerons régulièrement des développements à Raqqa. Les internationalistes sont présents à Raqqa et ont toujours besoin de notre soutien, apportez leur votre aide sur rojava.xyz

Situation à Raqqa ce 6 juin au soir.

Situation à Raqqa ce 6 juin au soir.

Le commandement QSD fait l'annonce historique de l'assaut final sur Raqqa

Le commandement QSD fait l’annonce historique de l’assaut final sur Raqqa

La guérilla du PKK a revendiqué ce vendredi avoir abattu l’hélicoptère militaire turc qui s’est écrasé mercredi avec 13 soldats à bord dans la province kurde de Sirnak. L’hélicoptère a été pris sous le feu d’une des unités de guérilla qui se trouvait dans la zone. L’hélicoptère, un Eurocopter de type Cougar, qui participait à une opération anti-PKK, a été touché et s’est écrasé en voulant s’éloigner. L’état-major turc avait affirmé mercredi que l’appareil s’était écrasé après avoir accidentellement heurté une ligne à haute tension.

Le lieu du crash

Le lieu du crash

Ce lundi 29 mai, Ayşe Deniz Karacagil est tombée en martyre dans l’opération pour libérer Raqqa. Elle combattait dans les rangs du MLKP et de l’International Freedom Battalion. Les combattantes et combattants des QSD (Forces Démocratiques Syriennes) sont dans la dernière phase d’approche de Raqqa, la capitale auto-proclamée de l’Etat Islamique. Les Forces approchent à présent par le sud de la ville. Un autre internationaliste, İbrahim Tufan Eroğluer, combattant des BÖG (Bataillon Unifié de Libération, composante de l’IFB) est également tombé en martyr ce lundi matin.

İbrahim Tufan Eroğluer

İbrahim Tufan Eroğluer

Ayşe Deniz Karacagil

Ayşe Deniz Karacagil

Deux enseignants, Nuriye Gulmen et Semih Özakça sont en grève de la faim depuis plus de deux mois, après avoir été été limogé avec 100.000 autres personnes dans le cadre des purges qui ont suivi le putsch. Alors qu’ils étaient en grève de la faim, ils ont été arrêtés ce lundi 22 mai et sont depuis emprisonnés dans l’attente de leur procès à Ankara pour « appartenance à une organisation terroriste » (le DHKP-C). Les deux enseignants déclaraient quelques jours avant leur arrestation « pour nous, la résistance continuera en prison, la résistance doit se poursuivre à l’extérieur ». Leurs avocats ont également été arrêtés.

Un rassemblement aura lieu à Bruxelles ce samedi. Heure et lieu à préciser.
EDIT: La manifestation est reportée à samedi 3 juin, 14H00-17H00 Place de la Monnaie

Nuriye Gulmen et Semih Özakça

Nuriye Gulmen et Semih Özakça

Depuis le début de la campagne de soutien aux internationalistes au Rojava (voir rojava.xyz), nous recevons parfois des messages pour nous demander « comment aller au Rojava ». Premièrement, nous devons préciser que nous ne sommes pas le Bataillon International de Libération (ni son bureau de recrutement), nous ne sommes pas une organisation kurde, nous ne sommes pas situés au Rojava. Les organisations qui prennent part à la campagne sont basées en Europe et font de la solidarité internationale. Il est donc inutile de nous envoyer des candidatures.

Nous suivons de près l’actualité au Rojava et au Moyen-Orient, et nous avons donc un point de vue assez global sur la situation géo-politique sur place. Nous allons donc répondre à quelques questions qui nous sont régulièrement posées sur bases d’informations accessibles à tous.

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1. Puis-je me rendre au Rojava depuis la Turquie ? La Syrie ? Le Liban ? L’Iran ? L’Irak ? Le Kurdistan irakien N’importe quel autre endroit ?
La réponse est très simple: ne tentez pas de rejoindre le Rojava depuis la Turquie. Ne tentez pas de rejoindre le Rojava depuis le Liban ou depuis une zone contrôlée par le régime syrien. Ne tentez pas de rejoindre le Rojava depuis l’Iran. Ne tentez pas de rejoindre le Rojava depuis la partie de l’Irak contrôlée par l’armée irakienne ou par le PDK. Ne tentez pas de rejoindre le Rojava depuis une zone contrôlée par Daesh.

2. Puis-je compter sur l’aide du Kurdistan irakien ? Du PDK ? Du PUK ?
Réponse courte: non. Le Kurdistan irakien est un pays féodal en transformation. Il y a plusieurs forces armées, et les limites entre elles ne sont pas claires. Le PDK (qui contrôle l’ouest du pays et l’aéroport d’Erbil) est très hostile à la révolution au Rojava et allié de la Turquie. Le PUK (qui contrôle Souleimaniye) a des relations amicales avec le Rojava, mais son pouvoir est limité. Ne demandez pas de l’aide à des fonctionnaires irakiens sous prétexte qu’ils sont au PUK. Au mieux, ils ne sauront pas vous aider. Au pire, vous allez vous faire arrêter.

3. Puis-je aller au Rojava seul ? Qui peut m’aider ?
N’espérez pas passer la frontière vers le Rojava seul. N’espérez pas sauter la clôture, vous risquez de vous faire tuer par un garde-frontière. Si vous voulez rejoindre le Rojava, contactez les YPG. Ce sont eux qui contrôlent le Rojava, ce sont eux qui décident qui y rentre malgré le blocus du PDK. Pour cela, vous devez utiliser PGP. Une fois que vous savez utilisez PGP, contactez les via leur adresse e-mail, ici.

4. Est-ce illégal selon le pays où je vis ?
Le simple fait de se rendre sur place peut être illégal selon votre pays d’origine et vos intentions. Mais ce qui pourrait l’être c’est ce que vous y faites. Qui plus est, même si cela n’est pas illégal, les autorités de votre pays pourraient tenter de vous empêcher d’y aller. Evitez donc de parler de votre voyage, avant, pendant et après, surtout sur les réseaux sociaux.

5. Quelle devrait être la première étape ?
Informez-vous. La situation au Moyen-Orient change tous les jours. Vous ne pouvez espérez passer à travers un blocus de cette ampleur sans avoir une idée relativement précise des situations politiques, religieuses, territoriales, linguistiques, etc. de la région. Si vous voulez allez au Rojava, donnez-vous en les moyens, informez vous intensivement. Notre site est un bon moyen de commencer avec notre dossier sur le Kurdistan, notre vidéo « Guerre en Syrie: Décryptage » et nos actualités quotidiennes.

6. Y a t’-il d’autres façons de soutenir ?
Participer à la campagne en faisant un don sur rojava.xyz.

Neuf internationalistes qui ont combattus Daesh dans les rangs des YPG ont été arrêtés par la police du PDK alors qu’ils rentraient du Rojava pour retourner chez eux. Les internationalistes états-uniens, italiens et espagnols Callum Ross, Ozgan Ozdil, Anthonî Degatto, Justin Schnepp, Mirko Bruna, Paola Andolina, Damien Rodriguez, Fernando Sanches Grassa ont été arrêtés à un checkpoint à 1,5km de Erbil (Hewler en kurde). Il arrive fréquemment que des combattants rentrant par l’Irak soient arrêtés par les Peshmergas du PDK (Parti Démocrate du Kurdistan). Les étrangers sont rapidement repérés par le visa expiré (maximum 1 mois) qui figure dans leur passeport.

La frontière de Semalka, entre le Kurdistan irakien et le Kurdistan syrien

La frontière de Semalka, entre le Kurdistan irakien et le Kurdistan syrien

Ce sont finalement 12 guérilleros du TKPML/TIKKO, et non 8 comme nous l’avions annoncé en décembre dernier (voir notre article) qui ont été tués dans le Dersim. C’est lors d’une opération de l’armée turque du 24 au 28 novembre 2016 que les douze combattants ont été assassinés. Les conditions de l’hiver et des problèmes de communication dans le secteur occupé n’avaient pas permis au TKPML/TIKKO d’informer plus tôt sur l’identité des victimes. Parmi elles, Yetiş Yalnız né en France et ancien dirigeant de YDG France (Nouvelle Jeunesse Démocratique). Des cérémonies d’hommages sont organisées et notamment dimanche prochain à Strasbourg au 26 rue de l’Ardèche dès 14h00.

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Mesale Tolu est née en Allemagne et y a grandit, elle y a fait des études de langue espagnole et s’est engagée dans l’Union des Femmes Socialistes (Sosyalist Kadinlar Birligi) ainsi que dans l’a Fédération Allemande des Travailleurs Immigrés (Almanya Göçmen İşçiler Federasyonu). Elle s’est ensuite installée en Turquie afin de travailler comme traductrice pour l’agence de presse Etha. Mesale a été arrêtée ce 5 mai, suite à l’enterrement de femmes tuées par Daesh. Elle avait également participé à la cérémonie de condoléances en mémoire à Ivana Hoffman (martyre allemande tuée au Rojava en combattant Daesh), qui était par ailleurs son amie. Le mari de Mesale a lui été arrêté il y a un mois pour des raisons similaires. Serkan, leur fils de 2 ans est toujours en Turquie, sa famille essaie de le rapatrier en Allemagne. Un rassemblement a déjà eu lieu à Paris ce 6 mai.

Manifestation pour Mesale à Paris ce 6 mai

Manifestation pour Mesale à Paris ce 6 mai

Sila Abalay, une militante de gauche de 18 ans a été exécutée par la police durant une perquisition à son domicile à Istanbul. Sila avait déjà été emprisonnée en 2015 -elle était alors âgée de 16 ans- à la suite d’une vague répressive qui avait suivi l’attaque par le DHKP-C du tribunal de Caglayanle. Elle avait alors été accusée d’appartenir à une « organisation illégale » et d’avoir participé à des actions armées. Durant son emprisonnement, elle a fait une longue grève de la faim pour avoir le droit d’être traitée comme une prisonnière politique. Les journaux turcs prétendent que l’exécution a résulté d’un affrontement avec la police.

Sila Abalay

Sila Abalay

Notre article sur le 1er mai à Istanbul annonçait qu’un manifestant de 57 ans a perdu la vie, écrasé par une arroseuse de la police (voir cet article). C’était une erreur commise par CNN Turquie et produite d’une confusion: un ouvrier d’usine âgé de 57 ans est bien décédé le 1er Mai, mais après avoir été écrasé par un engin de travail. Merci au Kedistan qui nous a signalé l’erreur (le site du Kedistan)

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