Difficile de suivre l’immense vague répressive qui secoue toute l’opposition turque depuis la tentative de coup d’état qui a eu lieu il y a quelques jours. L’AKP qui prétendait au départ viser des putschistes gülenistes a licencié des dizaines de milliers de personnes dans tous les secteurs (armée, fonctionnaires, secteur privé, éducation), emprisonné, exécuté sommairement (certains soldats ont été décapités en pleine rue) et torturé des centaines d’autres. Les militants galvanisés d’AKP attaquent des quartiers kurdes et alévis qui ne se laissent pas faire. Dans certains cas, les villageois qui se défendaient ont simplement été qualifiés de « putschistes » et emprisonnés.

A présent, l’état turc veut empêcher les putschistes « cachés » dans les milieux universitaires de s’échapper. Le haut conseil de l’éducation a donc interdit aux enseignants de quitter le pays et a demandé à ceux qui se trouvent à l’étranger de revenir au plus vite. Selon la police (pro-erdogan), certains profs seraient selon l’AKP, en contact avec des cellules putschistes endormies. Les purges dans l’enseignement ont déjà eu lieu: la totalité des 1.577 doyens ont été suspendus, les licences de 21.000 enseignants privés ont été révoquées. Les purges sont tellement massives qu’il est difficile de donner des chiffres précis, mais au moins 70.000 personnes ont été relevées de leur fonction en à peine quatre jours. La répression pourrait encore s’intensifier puisque l’état turc souhaite rétablir la peine de mort contre les « putschistes ».

Ce mercredi, l’armée de l’air turque a également repris ses bombardements contre les bases du PKK dans le nord de l’Irak.

Une estimation de l'étendue des purges (20 juillet 2016)

Une estimation de l’étendue des purges (20 juillet 2016)

Suite au coup d’état raté contre le régime turc, Wikileaks vient de publier 294.548 e-mails liés à l’AKP, le parti d’Erdogan. Malheureusement, à l’heure actuelle, une attaque informatique massive -probablement orchestrée par l’AKP ou l’un de ses alliés- rend la consultation de ces documents impossible. En guise d’apéritif, quelques ‘chanceux’ ont pu accéder brièvement aux documents avant l’attaque et en parler sur Twitter, on y parle notamment du trafic de pétrole avec l’Etat Islamique. Plus d’informations dans les prochaines heures donc.

Vous pouvez tenter votre chance sur wikileaks.org/akp-emails/

Wikileaks publie 300.000 e-mails d'AKP

Wikileaks publie 300.000 e-mails d’AKP

Communique du Bataillon international sur l’attentat de Nice du 14 juillet 2016

Le sang a à nouveau coulé. Une fois de plus, les bandes fanatiques de Daesh ont frappé et pris pour cibles, comme à leur habitude, des civils désarmés, femmes, hommes, enfants, sans distinction d’âge. A l’heure qu’il est, le nombre de victimes ne nous est pas connu avec précision. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est que le gouvernement a failli à déjouer cet attentat, malgré son arsenal de lois liberticides.

Ceci est un appel aux militants de gauche, à ceux qui refusent de s’en remettre a l’Etat français pour combattre Daesh. Nous invitons ceux qui le peuvent a nous rejoindre, ici, au Rojava, pour porter le coup de grâce au Califat autoproclamé. Car l’attentat de Nice ne doit pas nous tromper. Si les bandes de Daesh peuvent encore tuer des civils, elles reculent sur tous les fronts lorsqu’il s’agit d’affronter des soldats en armes. Elles ont perdu Sheddadi, elles sont en train de perdre Manbij, nous sommes a cinquante kilomètres de Raqqa: l’Etat islamique est vaincu!

Mais il n’est pas nécessaire de venir jusqu’ici et de porter les armes. Vous pouvez, en France, combattre Daesh et leur idéologie mortifère. Il s’agit aussi de refuser de se ranger derrière un gouvernement en sursis qui va avoir beau jeu, une fois encore, de jouer la carte de l’unité nationale à son compte. Il n’est pas question d’unité nationale derrière les Hollande, Sarkozy, Le Pen ou Gattaz! Le temps n’est pas au recueillement ou a l’unité nationale, il est à l’action.

Nous adressons enfin un message aux combattants de Daesh. Ceux-ci doivent savoir que le temps de la passivité est révolu. Nous, combattants du Bataillon International, jurons de venger l’ignoble attentat de Nice. Nous vous rendrons coup pour coup. Ou que vous alliez, ou que vous vous terriez, nous vous traquerons, nous vous trouverons et nous vous tuerons, sans répit et jusqu’à la victoire!

An serkeftin, an serkeftin ! Vive la solidarité internationaliste !

Pour participer à la campagne de financement de pansements au Bataillon: rojava.xyz

Notre Celox au Rojava

Notre Celox au Rojava

La tentative de coup d’état a déclenché une immense offensive de la part de l’AKP contre toute l’opposition. Mis à part les purges géantes qui ont lieu dans l’armée et le système judiciaire et les manifestations pro-Erdogan qui défilent en scandant « Allah Akbar », des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes du pays entre pro et anti-AKP.

Dans cette vidéo, on peut voir les habitants d’Armutlu (Province de Yalova) qui mettent en fuite les militants islamistes:

A Gazi, le quartier rouge d’Istanbul, massivement habité par des Alévis et des Kurdes, les militants d’AKP ont été escortés par la police, ses blindés et ses autopompes, lors d’une manifestation pro-Erdogan. Les manifestants islamistes ont rapidement été chassés par les habitants et des émeutes ont suivi durant la nuit.

L'auto-défense armée à Gazi

L’auto-défense armée à Gazi

Six membres des forces armées turques ont été tués aujourd’hui dimanche dans deux attaques menées par les combattants du PKK. Quatre soldats ont été tués dans l’explosion d’un IED au bord de la route et activé par les guérilleos au passage du véhicule dans lequel ils circulaient entre Semdinli et Aktutun dans la province de Hakkari, le long de la frontière irakienne. Un soldat a également été blessé dans cette attaque qui s’est produite à 12h05.

L’explosion d’une voiture piégée a tué un militaire et un paramilitaire anti-guérilla, et fait dix blessés dans les rangs de l’armée, aux abords d’un poste militaire du district d’Ercis, dans la province de Van. Ces attaques interviennent après l’annonce de la mort de Fehman Huseyin (accusé par la Turquie d’être le chef des TAK), un important chef militaire du PKK, qui aurait été victime d’une attaque à la bombe contre la voiture dans laquelle il circulait dans le nord-est de la Syrie vendredi. Le PKK a depuis nié ce décès.

Le lieu de l'embuscade sur la route Semdinli-Aktutun

Le lieu de l’embuscade sur la route Semdinli-Aktutun

La ville de Manbij, dont la libération a commencé le 30 mai dernier, est toujours le théâtre d’affrontements entre les QSD (représentés sur place par le ‘Conseil Militaire de Manbij’) et Daesh. Les combats sont difficiles et ont lieu dans le centre-ville. L’issue de la bataille ne fait aucun doute, mais l’Etat Islamique inflige de lourdes pertes aux combattants QSD, de très nombreux combattants ont probablement été tués depuis le début de l’opération il y a 6 semaines sans que l’on ait de chiffres exacts. La ville est totalement encerclée par les QSD, et un autre front est ouvert à l’ouest.

Les Forces Démocratiques Syriennes ont déployés des unités de snipers dans le centre-ville:

Les QSD arrachent le centre-ville de Manbij à Daesh.

Les QSD arrachent le centre-ville de Manbij à Daesh.

Deux militaires turcs et un civil ont été tués, dans l’attaque par la guérilla kurde d’un poste de gendarmerie de Cevizlik, village de la province de Mardin proche de la frontière syrienne. Les combattants du PKK ont d’abord fait exploser une voiture piégée, avant de mitrailler le poste. L’attaque a également blessé 12 militaires, dont un est dans un état critique. Hier, l’armée turque aurait tué 19 combattants kurdes à Semdinli, dans la province de Hakkari et deux autres à Baskale, dans celle de Van.

L'attaque du poste de gendarmerie de Cevizlik

L’attaque du poste de gendarmerie de Cevizlik

Une délégation internationale comprenant des membres du Secours Rouge International s’est récemment rendue au Rojava et a pu remettre en main propre un premier lot de pansements hémostatiques Celox, ainsi que du matériel médical et informatique au service médical du Bataillon international. D’autres livraisons suivront. A l’heure actuelle, près de 8.000€ ont été récoltés par les organisations participantes dont 2.600€ ont déjà été convertis en pansements et 1.000€ donnés en cash au Bataillon International de Libération.

Notre Celox au Rojava

Notre Celox au Rojava

Le soutien au Rojava est actuellement difficile. Certains présentent les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) comme une marionnette américaine, mais il n’en est rien: le « soutien » américain se limite aux frappes contre l’État islamique. De soutien politique il n’y en a pas, il n’y en aura jamais, le projet du Rojava est un projet révolutionnaire et anticapitaliste. Les représentants du Rojava ne sont considérés comme des « alliés » qu’à l’intérieur des frontières syriennes, face à Daesh. Les représentants du PYD se voient refuser l’accès aux Etats-Unis, les internationalistes qui ont combattu aux côtés des YPG/YPJ sont inquiétés en Europe alors que les combattants sont emprisonnés et parfois torturés par le régime de Barzani au Kurdistan irakien et en Turquie. Les Etats-Unis ont distribué armes et entraîneurs à de nombreuses officines islamistes (dont le Front al Nusra, la succursale syrienne d’Al Qaeda…).

Alors que les QSD sont en train de devenir la première force politico-militaire en Syrie et la seule qui résiste efficacement à l’Etat Islamique, la totalité des autres forces voisines s’accordent à l’étouffer dans l’embargo. Au nord, la Turquie impose un blocus féroce, tout en assassinant des centaines de civils dans les villes kurdes de Turquie; à l’est le Kurdistan irakien, dirigé par des forces féodales liées à l’impérialisme, mène aussi un embargo contre le Rojava, ne laissant pas même passer les convois humanitaires.

Malgré ces difficultés, notre campagne a su apporter un soutien réel à ceux qui portent un projet révolutionnaire au Rojava et dans le nord de la Syrie, à ceux qui combattent l’Etat Islamique et à ceux qui ont aujourd’hui plus que jamais besoin de notre soutien. Pour participer à cette campagne de solidarité: continuez à envoyer vos dons. Nous remercions ceux qui ont déjà fait un don.

Notre Celox au Rojava

Notre Celox au Rojava

Des combattants du PKK ont tué vendredi six soldats turcs lors de deux attaques distinctes. C’est lors d’une opération militaro-policière faite vendredi matin à 6h20 (heure locale) pour capturer des membres du PKK dans le quartier Bayir de la commune Derik (province de Mardin), que deux soldats ont été mortellement blessés dans une fusillade. Moins d’une heure plus tard, quatre soldats turcs ont été tués par l’explosion d’IED sur la route Hakkari-Çukurca, près du village Çimenli, dans la province de Hakkarin, dans l’extrême sud-est.

Le lieu de l'embuscade, sur la route Hakkari-Çukurca

Le lieu de l’embuscade, sur la route Hakkari-Çukurca

La police a dispersé samedi soir une manifestation de protestation dans le centre d’Istanbul après une attaque menée la veille par des islamistes contre des fans de Radiohead réunis pour écouter le dernier disque du groupe, en plein ramadan. La police a fait usage de canons à eau et a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes, dispersant quelque 500 manifestants dans le quartier de Cihangir. Les manifestants, qui s’étaient retrouvés en début de soirée, ont crié des slogans tels « tous ensemble contre le fascisme » ou qualifiant le président Erdogan de « voleur » et de « meurtrier ». Ils se sont dispersés après moins d’une heure dans des petites rues du quartier, suffoquant sous l’effet des gaz lacrymogènes.

Les incidents hier à Istanbul

Les incidents hier à Istanbul