Les autorités turques ont procédé, vendredi 15 janvier, aux arrestations d’une vingtaine d’universitaires ayant signé une déclaration critiquant les opérations militaires au Kurdistan, et appelant à la levée du couvre-feu dans cette région. Le texte, rendu public le 11 janvier, a été signé par un millier de personnalités, dont Noam Chomsky, ainsi qu’une soixantaine d’universitaires français. Sept autres signataires sont recherchés pour ce que le gouvernement turc considère comme de la « propagande terroriste ». Une dizaine d’universités ont parallèlement engagé des poursuites disciplinaires contre plus de soixante autres professeurs ou chercheurs.

« Le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité et en particulier l’interdiction de la torture et des mauvais traitements garanti par la Constitution et par les conventions internationales a été violé », affirme la déclaration. « Nous demandons que l’État cesse son massacre délibéré ». Suite à cet appel, des enquêtes judiciaires ont été ouvertes jeudi pour « propagande terroriste », « insulte aux institutions et à la République turque » et « incitation à violer la loi ». Le président Erdogan et le Premier ministre Davutoglu ont dénoncé cette pétition, parlant de « soutien au terrorisme ».

Opération militaire turque au Kurdistan

Opération militaire turque au Kurdistan

Six personnes ont été tuées et 39 blessées jeudi au Kurdistan dans une attaque à la voiture piégée, dans la nuit de mercredi à jeudi, contre le complexe de la police de Cinar, située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Diyarbakir. Deux personnes ont été tuées dans l’explosion de la voiture piégée et quatre autres, dont un bébé, ont péri dans l’effondrement d’un bâtiment adjacent réservé au logement des policiers et de leurs familles. Après l’explosion du véhicule piégé, une groupe de guérilleros a attaqué le complexe au lance-roquettes et à l’arme automatique, déclenchant une riposte des forces de sécurité.

Le complexe de police de Cinar

Le complexe de police de Cinar

Notre dossier sur le Kurdistan, qui reprend des notes sur les organisations politiques dans les quatre parties du Kurdistan vient d’être largement mis à jour. Les changements concernent principalement le Rojava. Mais d’autres changements concernant le Bakuré ont également été faits (Notamment, le YDG-H qui est devenu YPS).

Voir le dossier « Notes sur le Kurdistan ».

Drapeau du PKK.

Drapeau du PKK.

Depuis plus d’une semaine, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD, alliance formée par les YPG) progressent dans la province d’Alep vers la ville de Manbij. Deux villages (Sakawiyah et Tal Aresh) ont été libérés dans la périphérie de cette ville de 100.000 habitants, 15 djihadistes membres de l’Etat islamique ont ainsi été abattus. Les forces démocratiques sont actuellement concentrées sur le quartier de « Little London » devenu célèbre ces derniers jours dans la presse mainstream pour son importante « communauté » britannique islamiste. Au moins une centaine de djihadistes anglais occupent cette ville aux cotés de l’Etat Islamique. On ignore pour le moment combien de combattants QSD ont été tués ces derniers jours, mais le nombre est probablement élevé: la ville de Manbij est un enjeu extrêmement important pour Daesh qui pourrait perdre toutes ces positions dans la province d’Alep et toutes ces frontières avec la Turquie. Au moins six quartiers-généraux QSD ont ainsi été attaqués par les islamistes.

Sur le front de Raqqa (qui s’étend entre les capitales du Rojava et de l’Etat Islamique) 16 djihadistes ont été tués par les Forces Démocratiques.

Un blindé kurde aux portes de

Un blindé kurde aux portes de

Cette vidéo de « Bakur Revolt » (Bakuré= Kurdistan Nord) résume les 6 derniers mois au travers d’une courte vidéo. Depuis le 20 juillet dernier, date de l’attentat de Suruç qui a débouché sur le retour à la guerre entre le PKK et l’état turc, les divers attentats islamistes ainsi que l’agression militaire turque ont fait 405 morts jusqu’au 10 janvier 2016.

405 civils tués par l'Etat turc et l'Etat islamique en 6 mois en Turquie.

405 civils tués par l’Etat turc et l’Etat islamique en 6 mois en Turquie.

Lors d’un raid effectué par la police turque ce matin dans une habitation de la ville de Van (Anatolie Orientale), 12 personnes agées de 18 à 25 ans ont été tuées d’une balle dans la tête sauf un qui l’a été d’une balle dans l’estomac. Seule une kalachnikov a été saisie par la police.

Le procureur a demandé à ce que les corps soient transférés à Malatya pour des « raisons de sécurité ». Ces dernières semaines, les tensions se sont cristallisées -entre autres- autour de la récupération des corps des personnes tuées par la police par leurs familles. C’est par exemple le cas à Şırnak, Silopi et Cizre.

Des images de l'éxécution à Van.

Des images de l’éxécution à Van.

D’importants affrontements ont eu lieu entre les Forces Spéciale de la police et de l’armée et les Yekîneyên Parastina Sîvîl (YPS) – Groupes de Défense Civils – qui défendent les quartiers insurgés. Les affrontements, qui ont durée du matin au soir, ont été violents entre les groupes d’autodéfense des quartiers et les Forces Spéciales. Dans le même temps, les quartiers ont été la cible de tirs d’obus. C’est suite à ces affrontements que 4 membres de Forces Spéciales ont été tués et 9 autres blessés. Avec la tombée de la nuit, des chars ont commencé les tirs sur six quartiers de la ville, principalement les quartiers de Hasırlı et de Fatihpaşa.

Forces spéciales à Diyarbakir

Forces spéciales à Diyarbakir

Il y a quelques jours, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), forces menées par les YPG, traversaient l’Euphrate pour la première fois en arrachant le Barrage de Tichrin à l’occupation de l’Etat Islamique. Ce faisant, l’objectif des QSD est très probablement de prendre la ville de Jarabulus, ville contrôlée par les islamistes et protégée par la Turquie.

Le premier objectif sur la route des QSD était la ville de Manbij, à une vingtaine de kilomètres de Tichrin. Depuis plusieurs jours, les habitants de Manbij se rebellaient contre l’occupant. L’attaque des QSD a finalement eu lieu cette nuit. Ce ne sont pas les YPG/YPJ qui exercent le commandement de cette bataille cette fois-ci, mais la Jaysh al-Thuwar (Armée des Révolutionnaires), un groupe armé syrien qui combat les islamistes modérés et radicaux aussi bien que le régime et qui n’a ni l’appui des USA ni de la Turquie.

On peut voir le trajet des QSD sur cette carte (le barrage de Tichrin y est traduit en « October Dam »)

Objectifs des QSD entre Alep et Kobané.

Objectifs des QSD entre Alep et Kobané.

Comme nous vous l’annoncions il y a quelques jours, les YPG/YPJ (Unités de Protection du Peuple/des Femmes, milices progressistes kurdes en Syrie) et la coalition qu’ils mènent, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) ont franchit le fleuve Euphrate, pénétrant ainsi dans la province d’Alep, avec pour objectif probable la ville de Jarabulus (et le rattachement de la province de Afrin au reste du Rojava), occupée par les islamistes et protégées par les troupes turques. Cette traversée s’est faite par la libération du barrage de Tichrin.

A 12 kilomètres au nord-ouest de ce barrage, la ville kurde de Manbij attend avec impatience les YPG et manifeste depuis samedi contre l’Etat Islamique qui administre actuellement la ville par la force. Cette nouvelle opération militaire kurde a semé la panique dans les rangs de Daesh qui a dans un premier temps fait venir des troupes de sa capitale, Raqqah. Il semble à présent que les combattants réactionnaires soient en fuite vers Alep. Désespérés, les islamistes ont procédé avec la barbarie qu’on leur connaît en arrêtant de nombreux militants et en kidnappant des femmes.

La libération de Manbij devrait avoir lieu dans les prochaines heures ou prochains jours.

Manifestation à Manbij

Manifestation à Manbij