Des affrontements ont opposé dans la nuit de vendredi à samedi des policiers à des manifestants non loin d’un puits de mine d’Anglo American Platinum près de Rustenburg, à 120 kilomètres au nord-ouest de Johannesburg. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser un millier de manifestants qui défilaient en direction d’un puits de la mine de Khomanani, exploitée par Amplats. Les manifestants ont riposté par des jets de cocktails Molotov, endommageant un véhicule de police. Les forces de l’ordre n’ont pas fait état de blessés. Quatre personnes ont été arrêtées.

Une grande partie de l’industrie des mines de platine et d’or est paralysée par des grèves sauvages qui ont commencé début août et se sont intensifiées après que la police a tué 34 grévistes à la mine de platine de Marikana exploitée par Lonmin. Des centaines de mineurs ont également manifesté devant le siège d’Imapala Platinum samedi à Johannesburg pour déposer une liste de doléances.

Afrique du Sud: Affrontements en policiers et mineurs grévistes

La violence va croissant près de la mine d’Anglo American Platinum (Amplats) depuis que le groupe a licencié 12.000 grévistes vendredi dernier. Plus de 40 personnes sont mortes depuis le début du mouvement des mineurs dans le pays en août. Un homme était mort à l’hôpital, probablement touché par deux balles de caoutchouc de la police, qui a aussi utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les grévistes. Un briseur de grève aurait été tué par des grévistes.

Le groupe minier sud-africain Gold One (contrôlé par des capitaux chinois : Baiyin Nonferrous Metal Group et China-Africa Development Bank, notamment) a annoncé mardi le licenciement de plus de 1.435 ouvriers après une grève sauvage entamée le 1er octobre. La direction de Gold One, qui avait d’abord suspendu les grévistes de sa mine d’or d’Ezulwini (ouest de Johannesburg) après avoir obtenu de la justice du travail l’interdiction du mouvement, a conclu que, dans la plupart des cas, il n’y avait pas suffisamment de facteurs atténuants contre la sanction du licenciement. Les 1.435 mineurs concernés, sur un effectif total de 1.900 personnes à Ezulwini, peuvent faire appel jusqu’à jeudi. Gold One avait déjà licencié en juin plus de la moitié des employés de sa principale mine d’or de Modder East (est de Johannesburg) après une grève sauvage.

Le tableau est très similaire pour Atlatsa, qui a la particularité d’être un groupe contrôlé par des capitaux noirs. Les mineurs de Bokoni (nord), site détenu à 51% par Aplatsa et 49% par le numéro un mondial du platine Anglo American Platinum (Amplats), ont jusqu’à mercredi soir pour faire appel. Amplats a annoncé vendredi le licenciement de 12.000 mineurs — plus de 40% de ses effectifs — à Rustenburg, où ses opérations sont quasi paralysées par une grève sauvage depuis le 12 septembre. Le groupe a menacé d’en licencier 8.000 autres à Northam (nord).

Les incidents se multiplient en Afrique du Sud où les chauffeurs grévistes essaie d’intimider les jaunes et les sociétés qui les emploient. Plusieurs camions ont été caillassés ou incendiés. Quarante-cinq personnes ont déjà été interpellées pour avoir jeté des pierres contre des camions. Les négociations salariales entre le syndicat des routiers qui réclame 12% de hausse et le patronat sont interrompues. Ce dernier propose quelque 8%. Environ 20.000 routiers sont en grève, selon leur syndicat Satawu.

Afrique du Sud: Incidents et arrestations dans la grève des chauffeurs

La police poursuit ses opération de répression des ouvriers en lutte de la mine Lonmin, tentant de briser leur résistance par des tirs de balles en caoutchouc à partir de leurs véhicules blindés. Une conseillère municipale, étrangère à la grève, qui faisait ses courses le samedi dans le bidonville Wonderkop, a été touché à l’abdomen et aux jambes et transporté à l’hôpital, où elle est morte hier.. De nombreuses personnes ont été blessées des balles en caoutchouc. A la mine Amplats, un mineur a été renversé et traîné plusieurs mètres par un blindé de la police. L’homme est mort durant la nuit à l’hôpital.

La police a une nouvelle fois violemment dispersé un rassemblement de mineurs employés par la société Amplats. Cette dernière avait menacé, après cette semaine de grève, de licencier tous ses ouvriers qui n’auraient pasrepris le travail ce mercredi. Cela n’a pas empêché les mineurs de se rassembler ce matin près d’un bidonville attenant à la mine. La poice, ayant déclaré ce regroupement illégal, l’a violemment dispersé en utilisant deshalles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Des témoins ont également déclaré avoir vu des blindés de la police charger des manifestants.

Environ 500 policiers ont attaqué les foyers de travailleurs de la mine de platine Lonmin de Karee, près de Marikana, là où la police avait tué 34 mineurs le mois dernier, dans le but annoncé de « saisir des armes ». 6000 ouvriers logent dans ces foyers. Quelques machettes et lances ont été saisis mais les affrontements ont été vifs entre les policiers et les mineurs (toujours en grève) qui protestaient contre ce raid. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Cinq mineurs ont été arrêtés.

Lundi, 162 des 270 mineurs incarcérés depuis le 16 août suite à la fusillade dans la mine de platine de Marikana ont été relâchés après la suspension de leur inculpation pour meurtre de 34 de leurs collègues qui avaient été abattus, selon toute vraisemblance, par la police. Les 108 autres devraient être remis en liberté jeudi. Peu après les violences de la mi-août, une grande partie des personnes interpellées avaient porté plainte contre les abus des forces de l’ordre. Abus qui se sont poursuivis en détention. Plusieurs mineurs se sont exprimés en ce sens à leur sortie de prison: ‘Ils nous ont frappés et nous ont giflés, nous ont marchés sur les doigts avec leurs bottes après nous avoir accusés d’avoir caché un clou dans une cellule’. Un autre mineur a lui expliqué qu’il avait été contraint de rester debout contre le mur, les mains au-dessus de la tête alors que les policiers le frappaient dans les côtes avec les poings et un bâton. Malgré l’enquête lancée après la fusillade par la police des polices sud-africaine, les policiers impliqués dans les violences n’ont toujours pas été inquiétés, malgré les nombreux témoignages de badauds et de journalistes affirmant que les policiers avaient pourchassés les mineurs avant de les abattre de sang-froid et malgré les diverses plaintes déposées depuis lundi par les mineurs libérés.

A Modder East (environ 30 km à l’est de Johannesburg), la mine Gold One avait licencié 1.044 ouvriers (plus de la moitié des employés de la mine) en juin après une grève sauvage organisée par le petit syndicat PTAWU. La justice avait déclaré le mouvement illégal, l’entreprise (contrôlée par des capitaux chinois) avait licencié les grévistes. Les incidents sont survenus alors que le processus de réembauche a commencé, en raison des pressions des anciens grévistes pour être réengager: pressions contre l’entreprise et contre les jaunes.

Ce lundi, quelque 200 hommes armés de bâtons et de barres de fer tentaient de bloquer les accès à la mine. Les forces de l’ordre sont intervenues, reconnaissant avoir fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc en fin de matinée. Quatre personnes ont été hospitalisées, certains auraient été blessées par balles.

Le Parquet sud-africain a annoncé dimanche qu’il allait suspendre l’inculpation pour meurtre de 270 grévistes arrêtés après la fusillade de la mine de Marikana (nord) le 16 août au cours de laquelle 34 de leurs collègues avaient été abattus par la police. Les manifestants vont être remis en liberté conditionnelle et leur cas va être reporté dans l’attente de la conclusion des enquêtes.

Le magistrat n’avait pas indiqué sur quel texte il s’était basé jeudi en les inculpant pour meurtre. Les inculpés faisaient partie des grévistes, armés de lances et de machettes, sur lesquels la police a tiré. De nombreux juristes estiment qu’il a utilisé une loi anti-émeutes de 1956, toujours en vigueur, qui était très prisée du temps de l’apartheid. Le texte prévoit que soit inculpée pour meurtre toute personne arrêtée sur le site d’une fusillade impliquant la police, que les victimes soient des policiers ou non.