Quelques jours avant la fin de mars, les contrôles, les coups de pression et les survols de la ZAD par drones se sont accentués. La police fédérale et la police d’Arlon pourraient profiter de la crise du Covid-19 pour préparer une expulsion à la fin du confinement. A la date du 1er avril, l’accumulation de contrôles, de coups de pression, d’amendes, d’espionnages, d’arrestations arbitraires – voire racistes – en centre-ville, a ramené sur la ZAD, restée calme jusqu’ici, un climat de tension. Des combis de police, dont des fédéraux, ont tourné durant une bonne partie de l’après-midi, en profitant au passage pour nous insulter, nous faire des doigts d’honneur et même nous pointer avec leurs armes de service (des pistolets et des FN303).

A la Zablière

Le 19 mars, la police a arrêté dans une rue de Minsk un militant anarchiste biélorusse, ancien prisonnier politique, Mikalai Dzyadok. Le motif officiel de la détention était une poursuite pénal fondée sur l’art. 17.1 du Code des infractions administratives (petit hooliganisme). L’affaire a été engagée contre lui pour avoir prétendument écrit des insultes contre la police sur les murs d’une auberge de jeunesse. Mikalai Dzyadok a été emmené au département de police du district de Savetski. Actuellement, il est détenu dans un « centre de pré-détention ». Il avait été condamné à 4,5 ans de prison en 2014 (voir notre article), assorti d’une condamnation supplémentaire d’un an  (voir notre article). L’année passée, il avait été condamné à une amende pour une manifestation non autorisée pour la libération des prisonniers politiques.

Mikalai Dzyadok

Mercredi 25 mars, Nikos Maziotis a été transféré par les forces de police spéciale de la prison de Korydallos vers la prison de Domokos sans qu’il n’ait pu emporter le moindre effet personnel, pas même sa veste. Ce transfert intervient deux jours à peine après le transfert disciplinaire de Pola Roupa qui menait la mobilisation dans la prison des femmes de Korydallos (voir notre article). Dans un texte écrit plus tôt avant son transfert, Nikos Maziotis avait critiqué un décret gouvernemental sur les coronavirus, l’analysant comme un outil pour permettre à l’État de contrôler les citoyens et leurs mouvements à grande échelle.

Nikos sdet Pola à leur procès, avec une délégation solidaire du SR

Pola Roupa a fait parvenir un communiqué sur les circonstances de son transfert disciplinaire (voir notre article)

Vendredi 20 mars, peu de temps après la fermeture de la prison, de membres des forces police spéciales de la police ont fait irruption dans mon quartier pour me faire sortir de Korydallos. Un ordre avait été donné par le ministère pour mon transfert afin de stopper  la mobilisation dans la prison pour femmes de Korydallos, pour soulager les prisons où l’on avait commencé le même jour à garder les portes des cellules ouvertes à midi. C’est la première fois qu’un tel ordre est donné pour briser une mobilisation et cela montre l’extrême autoritarisme du gouvernement, sa perception des détenus et comment il entend faire face à la menace d’un coronavirus mortel. Ils ont emmené avec moi un prisonnier de 65 ans, détenu pour des problèmes financiers, handicapé à 67% qui attendait sa libération. Son transfert était une décision de vengeance du service pénitentiaire. Dans les prisons d’Eleonas-Thebes, nous sommes maintenus en quarantaine à cause du coronavirus, nous y resterons plusieurs jours.
Avec nos textes et notre mobilisation, les détenues des prisons pour femmes de Korydallos ont voulu lancer une mise en garde pour éviter une propagation dévastatrice et meurtrière du virus dans les prisons du pays. Leur décongestion généralisée est la seule solution pour sauver des vies. Cependant, le gouvernement trouve moins important de prendre soin de la vie des détenus que sauver son prestige et de ne pas saper la discipline dans les prisons du pays. Son inquiétude «sincère» à l’égard de la vie des habitants de ce pays se manifeste également par son refus de prendre sous tutelle des hôpitaux privés, montrant ainsi qu’elle ne veut pas entrer en conflit avec le grand capital au milieu de la crise sociale et humanitaire plus large qui se poursuit. Le pays ne cesse de décimer les médecins et infirmières dans les hôpitaux publics infectés par le coronavirus, et qui sont contraints de se battre sans fonds, sans personnel, sans fournitures. Les prisonniers et les prisonniers de tout le pays sont à la merci d’une indifférence criminelle. Mon transfert brutal dès le début de la mobilisation confirme que la stratégie de l’ordre public prime sur la sécurité sociale et la vie humaine elle-même.
Pola Roupa, membre de Lutte révolutionnaire

Pour écrire à la camarade:
Πόλα Ρούπα (Pola Roupa)
Eleonas Women’s Prison
Thebes
T.K. 32200
Greece

Nikos sdet Pola à leur procès, avec une délégation solidaire du SR

Pola Roupa a été transférée dans la prison de femmes parce qu’elle a mené à la prison de Korydallos une mobilisation contre le surpeuplement des prisons et l’adoption de mesures contre l’épidémie dans les prisons. Il y a une possibilité que Niko Maziotis soit transféré à la prison de haute-sécurité de Domokos, sa prison d’attache. Nikos était arrivé à Korydallos en 2015 pour les nombreuses audiences des procès contre « Lutte révolutionnaire », audiences qui se sont succédées pendant 5 ans. Sa détention à Korydallos va prendre fin puisque le 4e procès contre LR se termine. Le verdict de ce procès (concernant les attaques de banque qui ont été attribuées à LR) sera rendu le 28 avril 2020, si il n’est pas reportée pour cause d’épidémie. Le verdict prononcé, Nikos sera probablement transféré à Domokos. Nikos pourraient revenir à Korydallos en 2021, pour la cour d’appel du 5e procès contre LR (concernant la tentative d’évasion par hélicoptère tentée par Pola Roupa en 2015 et deux attaques de banques). Après la verdict d’avril, les 155 ans de condamnations accumulées par Nikos seront fusionnées en 20 ans selon le nouveau code pénal.

Nikos sdet Pola à leur procès, avec une délégation solidaire du SR

Le 10 mars, le juge de la surveillance pénitentiaire a décidé de réduire la semi-dédention (“tercer grado”, permission de quitter la prison la journée, les week-ends plus autres autorisations) de Lisa, et de ne plus permettre que des sorties pour des raisons professionnelles. Cette décision fait suite à l’appel interjeté par le parquet de l’Audience Nationale en novembre dernier qui demandait le retour au « segundo grado » (c’est-à-dire: sortie interdite) du fait que Lisa n’avait pas renié ses idées anticapitalistes et anarchistes. Son avocat a interjeté appel, car la rétrogradation pour des raisons idéologiques n’est pas envisagée dans le droit pénitentiaire. Lisa est une prisonnière anarchiste arrêtée en 2016 pour une action d’expropriation de banque à Aix-la Chapelle en 2014 (voir nos articles ici, ici et ici)

Banderole de solidarité avec Lisa

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Le Secours Rouge Toulouse vous invite à une soirée de soutien aux prisonnier·e·s de Lutte Révolutionnaire le mercredi 25 mars dès 19H30 au Chat Noir (33 rue Antoine Puget – Métro Barrière de Paris ligne B). Pola Roupa et Nikos Maziotis sont deux prisonnier·e·s révolutionnaires du groupe anarchiste “Lutte Révolutionnaire” en Grèce, emprisonné·e·s suite à des attaques répétées contre des organismes de la Troïka (siège du FMI, banques, ministère du travail…) revendiquées par leur organisation. Au programme : projection de “Il n’y a d’autre fin que la révolution” (42min’ VOSTFR), intervention de Nikos Maziotis depuis sa prison, écriture aux prisonnier·e·s anarchistes en Grèce, débat et discussions.

Soirée reportée à cause de l’épidémie de COVID-19.

 

Mercredi 12 février, Chadri Sdiri, un anarchiste tunisien a écrit un texte sur Facebook décrivant le concept de « révolution prolétarienne ». Arrêté le même jour, il a comparu lundi 17 février devant les tribunaux. Au cours du procès, un livre sur la commune de Paris et ainsi que les livres de Garcia Lorca ont été présenté comme pièce à conviction. Il a finalement été condamné à 5 mois de prison avec sursis.

Voici une traduction du post en question :
« Ne peut se prétendre de Gauche que celui qui ne se désolidarise pas de la violence révolutionnaire, de la destruction de l’ordre établi, de la propagande par les faits, de l’annihilation des institutions du Capital et de ceux qui se remplissent la panse sur le dos des miséreux, des actes incendiaires contre les miliciens du pouvoir ou autres actions similaires, visant les possédants, ces usurpateurs qui vont jusqu’à voler la sueur qui perlent sur le front du prolétaire.
Ne pourra se prétendre de Gauche que celui qui, valeureux, offrira la victoire aux pauvres, aux travailleurs, aux agriculteurs, aux chômeurs, à ceux qui se bourre la gueule pour oublier, aux migrants et à ceux qui volent ou vendent quelques barrettes pour survivre.
Ne peut se prétendre de Gauche que celui qui porte en son sein la flamme, la cendre et la fumée.
Ne peut se prétendre de Gauche que l’âme curieuse qui cherche l’information où elle se trouve, celle qui débat, se questionne, analyse. Celle qui interpelle quiconque, fusse-t-il Dieu ou Maitre, pour obtenir une réponse. Celle qui prend la rue afin d’y retrouver ses pairs et d’y porter haut le drapeau. Celui qui écrit, celui qui récite des vers sur les devants de la scène, celui qui peint, photographie et chante l’Homme….et la Révolution !  »

Chadri Sdiri

 

Lundi 10 février, le tribunal militaire de Penza a condamné sept militants antifascistes à de lourdes peines de prison pour leur participation, selon les services secrets (FSB) à un « réseau terroriste d’extrême-gauche ». Dmitry Pchelintsev a été condamné à 18 ans de prison, Ilya Shakursky à 16 ans, Arman Sagynbaev à 6 ans, Andrei Chernov à 14 ans, Vasily Kuksov à 9 ans, Mikhail Kulkov à 10 ans et Maxim Ivankin à 13 ans d’emprisonnement. Les peines vont donc de 6 à 18 ans d’emprisonnement, conformément avec ce qu’avait demandé le procureur de Saint-Petersbourg. Les militants ont tous été condamnés dans l’affaire dite de « The Network ». Cette affaire a commencé en octobre 2017, lorsque le Service fédéral de sécurité russe (FSB) a arrêté six personnes à Penza les accusant de participation à une organisation terroriste «The Network» (voir notre article).

Pour soutenir les prisonniers, il est possible de :
Faire un don à l’Anarchist Black Cross via PayPal (abc-msk@riseup.net). Assurez-vous de préciser que votre don est réservé à la «Rupression».
Faire connaître l’affaire et organiser des événements de solidarité.
Si vous avez le temps et les moyens de concevoir, produire et vendre des marchandises solidaires, veuillez écrire à rupression@protonmail.com.
Concevoir une carte postale de solidarité qui peut être imprimée et utilisée par d’autres pour envoyer des messages de soutien aux détenus. Envoyez vos idées à rupression@protonmail.com.
Écrivez des lettres de soutien aux prisonniers et à leurs proches via rupression@protonmail.com. Plus d’infos ici.

Manifestation de soutien aux prisonniers accusés de faire partie de "The Network"

Le 7 mai 2016, environ 600 personnes manifestaient contre la mise en place par l’Autriche d’un dispositif anti-migrants. Cette manifestation avait mené à de violents affrontements avec de nombreux policiers et carabiniers en tenue anti-émeutes (voir notre article). Cette année, 64 anarchistes, la plupart arrêté·es au cours de la manifestation, passent en procès et de nombreuses peines d’emprisonnement ont été demandées.

Affrontements au Brenner

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