Le révolutionnaire Facundo Molares Schoenfeld, photojournaliste de 47 ans, membre dirigeant du Movimiento Rebelión Popular argentin, qui a combattu comme internationaliste dans les rangs des FARC-EP en Colombie et qui a été emprisonné en Bolivie suite au coup d’État fasciste en Bolivie en 2019, a été tué par la police de Buenos Police ce jeudi 10 août. Il a été battu à mort dans la répression d’une marche organisée dans le centre de la capitale argentine pour dénoncer la farce électorale et réclamer une démocratie populaire. La police a brutalement chargé les manifestants sur la place de la République, Facundo a été battu par des policiers alors qu’il tentait d’éviter l’arrestation de ses compagnons. Six membres du Movimiento Rebelión Popular ont également été arrêtés. Des veillées et des manifestations contre l’assassinat de Facundo et pour la liberté des camarades détenus sont appelées hier 11 août dans la capitale argentine.

Ces dernières semaines, les mobilisations s’intensifient dans la province de Jujuy, en opposition à la réforme constitutionnelle autoritaire du gouverneur Gerardo Morales et pour les salaires. L’opposition à la réforme, qui prévoit notamment de criminaliser les barrages routiers fréquemment organisés dans le cadre des mobilisations, s’est en effet mêlée à la colère sur les salaires, pour lesquels les professeurs se mobilisent depuis le 5 juin. Depuis le 22 mai, date à laquelle ont débuté les travaux de la convention constituante dominée par la droite de Morales, la colère suscitée par cette offensive a donné lieu à des mobilisations massives à l’appel de syndicats, organisations politiques, organisations indigènes et organisations pour les droits de l’homme. Malgré l’approbation de la réforme ce vendredi, les mobilisations continuent dans la province, avec notamment de nombreux barrages routiers. Une colère face à laquelle la répression s’est intensifiée ce samedi, avec des tirs de flashball, de gaz lacrymogènes et de nombreuses interpellations, notamment sur le barrage routier de Purmamarca.

Lundi à midi, lors du changement d’équipe des travailleurs du Terminal Puerto Rosario (TPR), des incidents se sont produits à l’arrivée de la police de la province de Santa Fe. Les policiers sont intervenu contre la manifestation réalisée par les travailleurs du port et leurs famille. Les forces de l’ordre ont lancé des gaz lacrymogènes vers les manifestants et arrêté trois travailleurs.

La grève à Puerto Rosario

Des incidents ont eu lieu dans le centre de la ville de Cordoba jeudi après-midi, lors de la marche du Polo Obrero (PO) qui avait lieu dans le cadre d’une protestation national de la Unidad Piquetera contre la politique économique gouvernementale. Les incidents (y compris quelques pillages) ont eu lieu après la manifestation du Polo Obrero.

 

En plein milieu des négociations entre le parti au pouvoir et l’opposition sur le budget de Kicillof et la « Ley de leyes » (loi des lois), des manifestations devant le Palais de La Plata, le siège de l’Assemblée législative de Buenos Aires, ont abouti à des affrontements. Alors que les parlementaires discutaient du  budget, les membres de la Fédération des syndicats municipaux de Buenos Aires manifestaient. Ils rejettent le budget de Kicillof qui permet aux 135 maires de la province de Buenos Aires de fixer la valeur des allocations familiales avec la possibilité de les réduire. Les manifestants se sont affrontés aux forces de police et ont brisé les vitres de l’Assemblée. Il y a eu plusieurs blessés.

Des dizaines de manifestants non identifiés se sont rassemblés jeudi 18 août après-midi devant le siège du gouvernement, la « Casa Rosada », pour lancer des projectiles et insulter des membres du parti au pouvoir. Alors qu’ils lançaient des feux d’artifice en direction du palais, la police est intervenue avec un renfort de pompiers qui, depuis l’intérieur de la clôture, ont repoussé la manifestation avec de l’eau. Certains manifestants ont allumé des feux d’artifice pour les faire exploser à la porte d’entrée sur la rue Balcarce, et caillassé policiers et pompiers qui défendaient le palais.

Mercredi, le centre de Buenos Aires a été paralysé par des manifestations contre le coût de la vie. La plus importante manifestation, aux abords du Parlement, a eu lieu à l’appel de syndicats, dont la grande CGT (Confédération générale du Travail), traditionnellement alliés du gouvernement péroniste de centre-gauche. Cette marche visait à « défendre le gouvernement et dénoncer ceux qui prennent le pain de la bouche des travailleurs », fustigeant en particulier les « entrepreneurs spéculateurs » accusés d’attiser l’inflation (46,2% depuis janvier, 71% sur un an). Vers 8h30 du matin, de brefs affrontements avaient eu lieu entre des manifestants de la CGT, du syndicat des camionneurs et la police. A trois kilomètres, une autre manifestation sur la Plaza de Mayo, devant le siège de la présidence, s’est rassemblée à l’appel d’organisations de gauche radicale, critiques du gouvernement et de son accord avec le FMI sur la dette. Cet accord prévoit une discipline budgétaire accrue, tendant vers l’équilibre en 2025 (contre un déficit de 3% du PIB en 2021).

Une manifestation a eu lieu mercredi après-midi pour demander justice du féminicide de la jeune Agostina Trigo, retrouvée poignardée à mort mercredi dans un hangar abandonné de la ville de San Martín (province de Mendoza). La marche a commencé peu après 16 heures et a traversé plusieurs pâtés de maisons dans les rues centrales de la ville jusqu’au siège du ministère public.  Là, un procureur adjoint a reçu la grand-mère de la jeune Gladys Domínguez. Alors que la marche se dispersait, un groupe de jeunes manifestantes a affronté la police, jetant des pierres. La police a fait usage de gaz.

 

Jeudi après-midi, des heurts ont eu lieu dans les environs du quartier de Toba de la ville de Rosario, plus précisément sur la route nationale 11, qui passe devant le quartier. Ce quartier est habité de dizaines de familles pauvres, dont beaucoup de femmes et d’enfants, des travailleurs qui ont occupé les terrains vagues pour y construire des habitations précaires. Le coût du loyer en ville est inaccessible pour ces familles aujourd’hui menacées d’expulsion et défendues par des organisations politiques, mais aussi des associations d’étudiants et d’enseignants, des habitants du voisinage, etc. Face aux menaces d’expulsion, les habitants ont bloqué la route et n’ont pas permis aux véhicules de circuler. Lorsque la police est intervenue pour dégager la route, ils ont résisté avec des pierres et des bâtons.

 

De grandes manifestations ont eu lieu contre les féminicides et la violence de genre dans les principales villes argentines, vendredi après-midi, dans le cadre du mouvement qui en est à sa septième année et qui s’intitule « Ni Una Menos » (Pas un de moins). A San Luis, une capitale provinciale, lors de l’une des deux marches de la ville, des manifestantes féministes ont brisé des vitres de l’hôtel de ville, du palais de justice, de magasins et d’églises. En Argentine, un féminicide a été enregistré en moyenne toutes les 35 heures l’année dernière.

Dans la ville de Cordoba